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LES PRINCIPAUX EFFETS LIES AU TEMPS

Dans le document Appréhender le social (Page 137-139)

LA CONSTRUCTION DES FAITS PERTINENTS

PROFESSION MOYENNE MEDIANE ETENDUE ECART-TYPE

1. LES PRINCIPAUX EFFETS LIES AU TEMPS

Les changements dans les phénomènes sociaux en fonction du temps sont généralement classés en trois types :

 Les effets de période : ce sont les changements liés à un événement particulier et qui

touchent tout le monde à un moment donné du temps. Par exemple, si on avait pu faire des enquêtes juste avant et juste après le 11 septembre 2001, on aurait certainement vu des changements d’attitude dans l’ensemble de la population des pays occidentaux : croissance d’un sentiment d’insécurité, méfiance par rapport à l’avion, plus grande crainte de la guerre, etc. Ces phénomènes ont certainement touché toutes les catégories de la population, même si c’est sans doute de manière différenciée selon les âges, les niveaux d’étude, etc.

 Les effets de génération : ce sont les caractéristiques d’une génération liées au

contexte dans lequel cette génération a vécu sa socialisation. Par exemple, parmi tous ceux qui ont vécu le 11 septembre, il est probable que les plus jeunes, ceux qui sont encore en phase de socialisation (et, en particulier, la première socialisation), conserveront des traces de longue durée. Ainsi, après une période de plusieurs années marquées par la crainte du terrorisme ou la crainte de la guerre, si la situation s’améliore sensiblement, les plus âgés garderont moins de trace de cette période que ceux qui étaient encore à l’âge où ils formaient leur système de valeur. Souvenons-nous du raisonnement symétrique d’Inglehart : ceux qui ont vécu leur socialisation durant une période de forte croissance économique et de paix continue auront, tout au long de leur vie, des valeurs différentes de ceux qui ont vécu cette socialisation durant une période

de crise et de guerre. C’est ainsi qu’Inglehart explique la progression du post- matérialisme (voir chapitre 2). Les plus âgés sont plus matérialistes parce qu’ils ont été socialisés dans une période de plus grande insécurité physique et économique.

On peut imaginer d’autres types d’effets de génération : par exemple, l’attirance pour un certain type de musique (le rock, la dance, la techno…) est en partie liée au fait que l’on était adolescent au moment où cette musique était en vogue. On peut dire, par exemple, que la génération née dans les années 40, qui avait entre dix et vingt ans à la naissance du rock’ n roll classique, sera plus sensible à cette musique, tout au long de sa vie, que la génération née dans les années 70, au moment où cette musique était largement passée de mode (avec des « come-back », bien sûr : c’est le principe du « rétro »).

Un effet de génération se mesure donc simplement : on voit si les résultats évoluent en

fonction de l’année de naissance, à âge constant. Si les gens de cinquante ans

aujourd’hui n’ont plus les mêmes attitudes que les gens de cinquante ans il y a trente ans, il y a beaucoup de chances qu’il y ait un effet de génération en jeu.

 Les effets de cycle de vie.

Ce sont les transformations dans les attitudes et pratiques sociales liées au fait que les gens vieillissent. Il faut concevoir l’idée de « vieillissement » non simplement comme vieillissement physique, mais aussi comme passage d’une situation à une autre dans la vie sociale.

Le vieillissement physique impose des changements : la nourriture d’un tout jeune enfant n’est pas la même que celle d’un adulte ; la sexualité a vingt ans est plus active – en général – qu’à septante (et en tout cas, la préoccupation pour la contraception disparaît, chez les femmes, avec la ménopause) ; la pratique du sport est également différente à vingt ans ou à septante ; la consommation médicale également, etc… Mais le vieillissement « social » impose des changements également : à quinze ans, on est presque toujours dépendant financièrement de ses parents, on a peu à se préoccuper de gagner sa vie ; à trente ans, au contraire, on est en plein concerné par les problèmes de sécurité d’emploi, de qualité de travail, etc. A septante ans, on est surtout préoccupé par les problèmes concernant la sécurité sociale : pension, assurance maladie…

On aura donc un effet de cycle de vie si, à l’inverse du cas précédent, on voit qu’un phénomène évolue avec l’âge en maintenant l’année de naissance constante. Quelle que soient leur année de naissance, les gens de cinquante ans ont des attitudes (ou des caractéristiques) différentes des gens de vingt ans.

Dans pas mal de circonstances, les trois effets peuvent jouer en même temps. Prenons par exemple la mode.

- En première analyse, c’est un effet de période : lorsque la mode change, cela concerne tout le monde.

- Mais cet effet de période va se manifester différemment en fonction des âges des différents individus : les plus âgés ont tendance à ne pas suivre la mode et à s’habiller « neutre » quoi qu’il arrive, alors que les plus jeunes ont tendance à « switcher » tout de suite d’une façon de s’habiller à une autre. Là, on est devant un effet de cycle de vie : c’est parce qu’ils sont plus conformes et plus indifférents que les plus âgés vont continuer à s’habiller de la même façon.

- Enfin, on peut aussi se trouver devant un effet de génération : par exemple, il n’est pas impossible que le « piercing » passe de mode mais qu’il reste pratiqué par ceux qui l’ont découvert durant leur vie d’adolescent ou de jeune adulte. Autrement dit, il y a deux possibilités : soit on arrête le piercing en vieillissant (effet de cycle de vie) ; soit ceux qui ont commencé continuent, mais après un certain temps, la mode cesse de faire de nouveaux adeptes (effet de génération). Mais comment va-t-on reconnaître les différents effets ? Dans quelles circonstances un chercheur est-il amené s’il est devant un effet de période, un effet de cycle de vie ou un effet de génération ? Et comment va-t-il interpréter les données ?

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