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Preuve contre les adversaires arbitraires : dépermuter la sortie

4.4 Analyse des protocoles d’échantillonnage d’états mixtes

4.4.2 Preuve contre les adversaires arbitraires : dépermuter la sortie

Afin de conclure que les protocoles d’échantillonnage qui satisfont la définition 4.3.1 fonctionnent comme voulu, il faut montrer qu’une relation de la forme de (4.9) tient, même lorsqu’on retire la permuta-

tion aléatoire de la sortie de ERSaccN→Sn. Il se trouve que l’énoncé assez intuitif « si l’état de sortie permuté

est approximé par un état idéal, alors l’état de sortie non permuté l’est aussi » est assez délicat à démon- trer. Nous insistons sur le fait que cette étape est nécessaire si nous voulons un protocole d’échantillonnage naturel qui ne requiert pas de physiquement permuter les registres et qui reste sûr dans les applications où une telle permutation n’est pas permise.

Le lemme 4.4.3 ci-dessous est la première étape de cette preuve. Ce lemme montre que la propriété d’être idéal, c’est-à-dire d’admettre une purification dans un sous-espace à peu d’erreurs, est une propriété invariante sous la permutation, ou plutôt sous la « dépermutation », des registres.

Lemme 4.4.3. Soit  > 0 et soit σSn ∈ D(H⊗nS ) tels que 1

n!

P

π∈SnπSnσSnπ

Sn est -idéal, alors σSn est

aussi -idéal.

Démonstration. Soit r = n. On doit montrer que si ¯σSn := 1

n!

P

π∈SnπSnσSnπ

Sn a une purification dans

HR⊗∆r(|ϕi⊗nPnSn) pour un certain registre R, alors σSna aussi une telle purification dans HR⊗∆r(|ϕi⊗nPnSn).

Soit |¯σRPnSni ∈ HR⊗ ∆r(|ϕi⊗nPnSn) la purification de ¯σSn qui existe par supposition et soitPipi|iSnihiSn|

la décomposition spectrale de σSn. Définissons l’état pur

|¯σΠPnSni = r 1 n! X π∈Sn |πiΠ⊗ X i √ pi|iPni ⊗ πSn|iSni !

où {|iPni}i est une base de HPn. Remarquons que cet état est une purification de ¯σSn, donc il existe

une isométrie VΠPn→RPn telle que VΠPn→RPn|¯σΠPnSni = |¯σRPnSni ∈ HR⊗ ∆r(|ϕi⊗nPnSn). On peut exprimer

|¯σRPnSni comme : |¯σRPnSni = (VΠPn→RPn⊗1Sn)|σΠPnSni =X π,i r pi n!VΠPn→RPn|πiΠ|iPni ⊗ πSn|iSni = X π,i r pi n!|ξπ,iiRPn⊗ πSn|iSni

où les vecteurs |ξπ,iiRPn := VΠPn→RPn|πiΠ|iPni sont orthogonaux deux à deux. En extrayant la permuta-

tion π des registres RPn et en défaisant cette permutation sur les registres Pn et Sn, on obtient l’état

X π,i r pi n!(1R⊗ π −1 Pn)|ξπ,iiRPn⊗ |iSni (4.13)

Notons que l’action sur RPnSn décrite plus haut est isométrique et que, avant et après l’application de cette isométrie, l’état des registres Pn et Sn a support dans le sous-espace ∆r(|ϕi⊗nPnSn) puisque ce celui-ci

est invariant sous la permutation des registres PS. La preuve est complétée puisque l’état (4.13) est une purification de σSn qui appartient au sous-espace HR⊗ ∆r(|ϕi⊗nPnSn).

Nous avons maintenant tous les outils nécessaires pour prouver notre résultat principal, le théo- rème4.4.1ci-dessous. Sa preuve combine le corollaire4.4.1et le lemme4.4.3pour montrer que la sortie du

protocole d’échantillonnage est arbitrairement près d’un état post-sélectionné sur le registre de purification d’un état idéal.

Théorème 4.4.1. Soit Eacc

RSN→Sn la sortie d’un protocole d’échantillonnage qui satisfait la définition4.3.1

et soit ρRSN ∈ D(HR⊗ H⊗NS ). Pour tout  > 0, il existe un vecteur sous-normalisé

˜ ψR0PnSn E ∈ HR0⊗ ∆n(|ϕi⊗nPnSn) et un CPTN ˜KR0Pn→C tels que E acc RSN→Sn(ρRSN) − cN,d2( ˜KR0Pn⊗ idSn)( ˜ψR0PnSn) 1≤ negl(N )

Démonstration. Soient ψSn et σSn tels que définis dans l’énoncé du corollaire4.4.1, c’est-à-dire tels que

1 n!

X

π∈Sn

πSnERSaccN→Sn(ρRSN)πS∗n ≤ cN,d2· ψSn+ σSn (4.14)

et où kσSnk1 ≤ negl(N ). Définissons l’opérateur τSn := ψSn + c−1

N,d2 · σSn qui correspond à la partie

droite de (4.14) multipliée par le facteur c−1N,d2. Puisque ψSn est -idéal, il existe une purification de ψSn

qui vit dans le sous-espace à peu d’erreurs HR0⊗ ∆n(|ϕi⊗n

PnSn), soit |ψR0PnSni cette purification. Par la

proposition2.3.2, il existe une purification |τR0PnSni de τSn telle que kψR0PnSn− τR0PnSnk1 ≤ negl(N ). À

partir de (4.14) et de la proposition2.9.1on peut montrer qu’il existe un super-opérateur complètement positif KR0Pn→Π qui produit un registre classique Π à partir des registres de purification R0Pn avec la

propriété que 1 n! X π∈Sn |πihπ|Π⊗ πSnERSaccN→Sn(ρRSN)πS∗n= cN,d2(KR0Pn→Π⊗ idSn)(τR0PnSn) . (4.15)

Supposons maintenant qu’on soumette les deux côtés de l’égalité ci-dessus à l’opération quantique suivante : mesurer le registre Π et défaire la permutation ainsi observée sur le registre Sn. Le côté gauche de (4.15) deviendrait Eacc

RSN→Sn(ρRSN), tandis que le côté droit deviendrait

cN,d2·

X

π∈Sn

(hπ|Π⊗ π−1Sn)(KR0Pn→Π⊗ idSn)(τR0PnSn)(|πiΠ⊗ (πS−1n)∗) .

Nous montrons maintenant comment représenter cet opérateur d’une manière qui correspond à l’énoncé que nous souhaitons prouver, c’est-à-dire comme un opérateur post-sélectionné sur le registre de purifi- cation d’un état presque idéal. Dans ce but, définissons3 une isométrie U

R0Pn→ZΠ qui purifie l’action de

3. Il est toujours possible de définir une isométrie et un projecteur de ce type pour n’importe quel super-opérateur complètement positif EA→B. En effet, soit E(σA) = PkEkσAEk∗ où Ek ∈ L(HA, HB) sont les opérateurs de Kraus de E

et définissons l’isométrie UA→BZ qui transforme un état pur arbitraire |ψiA en

P

kEk|ψiA|kiZ+q1 − PkE∗kEk|ψiA|⊥iZ

où |⊥iZ est choisi comme étant orthogonal à |kiZpour tout k. Alors PZ=

P

k|kihk|Zest le projecteur qui complète cette

représentation de E car trZ((1B⊗ PZ)UA→BZσAUA→BZ∗ ) =

P

KR0Pn→Π, c’est-à-dire telle que pour n’importe quel état νR0Pn,

KR0Pn→ΠR0Pn) := trZ((PZ⊗1Π) · UR0Pn→ZΠ· νR0Pn· (UR0Pn→ZΠ)∗)

pour un certain projecteur PZ. En utilisant cette représentation, l’opérateur post-échantillonnage peut

être exprimé comme Eacc RSN→Sn(ρRSN) = cN,d2· trZ (PZ⊗1Sn) · X π∈Sn [URπ0Pn→Z⊗ πS−1n](τR0PnSn) ! (4.16)

où URπ0Pn→Z:= (1Z⊗ hπ|Π) · UR0Pn→ZΠet où [U ](ρ) est une notation concise pour U ρU∗.

Définissons l’opérateur ˜ ψZSn:= X π∈Sn (URπ0Pn→Z⊗ πS−1n)ψR0PnSn(URπ0Pn→Z⊗ πS−1n)∗ .

où ψR0PnSn est la purification de ψSn définie plus haut. En utilisant le fait que ψSn est invariant sous les

permutations, on remarque que ˜ψSnest tel que ψSn = 1

n!

P

π∈SnπSn

˜

ψSnπ∗Sn. Puisque ψSna une purification

dans le sous-espace à peu d’erreurs, le lemme4.4.3 implique que ˜ψSn admet aussi une purification dans

ce sous-espace. Soit | ˜ψR0PnSni cette purification et soit ˜KR0Pn→C le super-opérateur qui envoie d’abord

| ˜ψR0PnSni vers ˜ψZSn et qui applique ensuite l’opération σZ7→ trZ(PZσZ) au registre Z. Alors, en utilisant

la définition de ˜ψR0PnSn et de ˜KR0Pn, et puisque les opérations quantiques n’augmentent pas la norme de

trace, nous avons que E acc RSN→Sn(ρRSN) − cN,d2( ˜KR0Pn⊗ idSn)( ˜ψR0PnSn) 1 = cN,d2· trZ (PZ⊗1Sn) · X π∈Sn [URπ0Pn→Z⊗ πS−1n]  τR0PnSn− ψR0PnSn  ! 1 ≤cN,d2· kτR0PnSn− ψR0PnSnk1 ≤ negl(N ) où dans première inégalité, Eacc

RSN→Sn(ρRSN) est remplacé par (4.16) et la dernière inégalité découle de

notre choix de |τR0PnSni.

À l’aide de la remarque2.9.1, on peut exprimer le résultat du théorème4.4.1en une inégalité d’opé- rateurs, tel que suggéré par l’équation (4.2) de la section 4.2, plutôt que par post-sélection. En fait, la proposition2.9.1montre que ces deux points de vue sont équivalents.

Corollaire 4.4.2. Soit Eacc

RSN→Sn la sortie d’un protocole d’échantillonnage qui satisfait la définition4.3.1

et soit ρRSN ∈ D(HR ⊗ H⊗NS ). Pour tout  > 0, il existe un opérateur sous-normalisé -idéal ψSn ∈

D≤(H⊗nS ) et un opérateur σSn tels que

Eacc

où kσSnk1≤ negl(N ).

Démonstration. Soient | ˜ψR0PnSni et ˜KR0Pn→C comme dans l’énoncé du théorème4.4.1. Alors

Eacc

RSN→Sn(ρRSN) = cN,d2( ˜KR0Pn)( ˜ψR0PnSn) + σSn

≤ cN,d2· ψSn+ σSn

où σSn := Eacc

RSN→Sn(ρRSN) − cN,d2K˜R0Pn( ˜ψR0PnSn) a norme négligeable en N par le théorème 4.4.1et où

l’inégalité ci-dessus découle de la remarque2.9.1.