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Pressions environnementales générées par le secteur de la pêche

3 Aperçu des activités socioéconomiques utilisant les eaux méditerranéennes

3.1 Pêche en Méditerranée

3.1.7 Pressions environnementales générées par le secteur de la pêche

Les pêches sont associées à un grand nombre de pressions et impacts environnementaux. Cependant, ces derniers dépendent de plusieurs facteurs tels que le type de pêche et d’engins utilisés, l’intensité de la pêche et l’écosystème exposé à la pêche. De plus, ils peuvent être associés à des pêches ciblées, mais également à des captures accessoires et à des rejets à la mer. Une liste complète des pressions et impacts des activités de pêche en Méditerranée est présentée dans le

Tableau 33, basé sur l’étude de Tudela (2004). Ces pressions sont reliées aux Objectifs Ecologiques (OE) d’EcAp.

La surexploitation des ressources halieutiques apparaît comme la pression la plus importante en Méditerranée. Par ailleurs, la pollution, le réchauffement climatique et progressivement la pêche en eaux profondes comptent parmi les facteurs contribuant le plus à la mise en danger des ressources marines et compromettant leur durabilité (Ciheam, 2010).

La pêche en Méditerranée a des effets sur sa biodiversité. Concernant les engins de pêche, le chalutage de fond, la pêche à la palangre et les filets dérivants ressortent comme ceux ayant les impacts les plus importants sur les écosystèmes marins dans l’ensemble de la région méditerranéenne. Les forts taux de captures accessoires (notamment par les palangres et les filets dérivants) présentent un danger de mortalité pour de nombreuses espèces qui sont massivement capturées par accident (poissons, mammifères marins, tortues, oiseaux marins). Les effets indirects de la pêche sur les oiseaux marins, liés à la disponibilité de la nourriture générée par les rejets à la mer, sont aussi très importants. Ces espèces sont également activement ou passivement endommagées par les engins de pêche.

Les engins et navires de pêche peuvent également agir comme des vecteurs d’introduction d’espèces non indigènes modifiant les habitats et les processus, et causant des maladies.

La surexploitation des pêcheries, qui comme indiqué ci-dessus est l’une des principales problématiques en Méditerranée, altère la dynamique naturelle des populations exploitée ou non et contribue à l’endommagement des habitats. Il a été estimé que la plupart des stocks méditerranéens se trouvaient en dehors des limites biologiques de sécurité (jusqu’à 80 % des stocks exploités selon l’AEE), tandis que leur viabilité à long terme reste inconnue. Les taux de captures non durables de raies (y compris la disparition de certains taxa du fait des captures commerciales) et d’autres espèces démersales méritent qu’on s’y attarde. La pêche de poissons juvéniles, ainsi que la perturbation d’autres espèces de niveaux trophiques supérieurs entraînent également l’altération des réseaux trophiques méditerranéens.

Le chalutage benthique altère les habitats benthiques, modifie et détruit la structure des herbiers marins (en particulier les lits de Posidonia oceanica endémiques) et leurs ensembles faunistiques associés, et réduit le nombre d’espèces et les zones d’habitats adaptées. En plus des dommages physiques, les impacts du chalutage incluent également la remise en suspension excessive de sédiments. Il en résulte au final une réduction de la complexité de la structure des fonds marins, voire leur destruction.

Les déchets marins provenant à la fois des navires de pêche et des engins perdus ou abandonnés représentent également un problème majeur entraînant des enchevêtrements ou des ingestions par les oiseaux marins, les tortues, les mammifères marins et d’autres espèces. Les déversements d’hydrocarbures des navires, ainsi que le bruit des sonars et des moteurs, provoquent un stress chez les poissons et les mammifères marins, et peuvent altérer et conditionner la répartition des espèces.

Tableau 33. Impacts environnementaux de la pêche en Méditerranée

Les impacts ont été regroupés par Objectifs écologiques d’EcAp. Adapté de Tudela, 2004 OBJECTIFS

ÉCOLOGIQUES (OEs)

Description des impacts

Activité de pêche Captures accessoires Rejets à la mer

OE1 Diversité biologique

Zones d’alevinage affectées.

Mortalité d’oiseaux marins, de phoques moines et de cétacés due à la raréfaction de la nourriture (sources de nourriture affectées par la surpêche et l’épuisement des populations de proies).

Abattage délibéré de phoques moines et de cétacés par les pêcheurs pour éliminer la compétition entre espèces ou pour servir d’appât dans les filets.

Dommages aux espèces par enchevêtrement dans les filets : - oiseaux marins

- tortues de mer - phoques moines

- enchevêtrement et captures accidentelles de cétacés.

Les pêches occasionnelles, mais illégales, à la dynamite sont à l’origine de l’abattage d’espèces de phoques et inhibent le comportement trophique normal de certaines espèces de cétacés.

Attraction de certaines espèces de prédateurs (poissons pélagiques et cétacés) par les lampes la nuit.

Les pêches de poissons

L’utilisation d'engins de pêche est un vecteur d'introduction d'espèces

non indigènes dans des zones localisées.

OE3 Espèces commerciales

Grave diminution des populations halieutiques surexploitées,

captures non durables de raies incluant la disparition de certains taxa.

Réduction de la diversité des espèces commerciales.

Déclin de l’abondance de poissons. qui souffrent le plus car ils sont souvent capturés puis rejetés à la mer.

Enlèvement illégal des nageoires.

OE4 Réseaux trophiques

Mortalité d’oiseaux marins, de phoques moines et de cétacés due à la raréfaction de la nourriture (sources de nourriture affectées par la surpêche et l’épuisement des populations de proies).

Abattage délibéré de phoques moines et de cétacés par les pêcheurs

L’alimentation à partir des rejets à la mer modifie les habitudes trophiques des oiseaux marins.

OBJECTIFS

ÉCOLOGIQUES (OEs)

Description des impacts

Activité de pêche Captures accessoires Rejets à la mer

pour éliminer la compétition entre espèces ou pour servir d’appât dans les filets.

OE6 Fonds marins

Le chalutage de fond génère des impacts mécaniques locaux directement sur les végétaux, les surfaces coralligènes, les habitats vaseux, sablonneux ou rocheux, et les populations, et via la destruction directe des supports physiques.

Pêche à la dynamite : tous les éléments des écosystèmes, pélagiques et démersaux.

Changements dans les populations biologiques démersales / réseaux trophiques / structure et fonction des écosystèmes (chalutage, chaluts de fond à panneaux).

OE7 Conditions

hydrographiques Remise en suspension des sédiments.

OE9 Contaminants Déversements d’hydrocarbures des navires.

OE10 Déchets marins Déchets : « filets fantômes » : filets de pêche abandonnés, perdus ou

jetés à la mer / déchets « domestiques » des pêcheurs.

OE11 Bruit Bruit sous-marin généré par les moteurs des navires de pêche.