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3 Aperçu des activités socioéconomiques utilisant les eaux méditerranéennes

3.1 Pêche en Méditerranée

3.1.2 Méthodes, données et hypothèses

Cette section fournit une analyse sectorielle de la pêche commerciale ainsi que de ses caractéristiques économiques et sociales. L’analyse se concentre sur la région méditerranéenne et ses sous-régions : Méditerranée occidentale, mer Adriatique, mer Ionienne et Méditerranée centrale, et mer Égée-Levant.

Analyse de la production

L’analyse sectorielle, réalisée à la fois aux échelles régionale et sous-régionales, tient compte des caractéristiques des flottilles et des statistiques de débarquements obtenus respectivement du bulletin de statistiques de la CGPM et de la base de données FAO-FishStat. Les bulletins statistiques de la CGPM sont publiés chaque année (et disponibles en ligne depuis 2010) avec les informations de flottilles déclarées les plus récentes. Ils fournissent un résumé des données qualitatives et quantitatives relatives aux navires de pêche, aux unités d’exploitation et aux périodes et engins de pêche. Les informations sont agrégées par Sous-Zones Géographiques méditerranéennes (SZG) (voir la Figure 2.

Sous zones géographiques de la CGPM en Méditerranée (Figure 2). L'objectif est de fournir une indication de l'effort de pêche et la capacité exercée annuellement dans toutes les SZG. Pour les fins de la présente analyse, les données de la flotte (nombre de navires et tonnage des navires) de différents SZG ont été regroupées ensemble pour présenter les résultats à l'échelle de la région méditerranéenne ainsi qu’au niveau sous régional. Les valeurs de la CGPM présentés pour chaque SZG étant liées à l'effort de pêche et la capacité, l'approximation utilisée dans cette analyse pourraient avoir entraîné des doubles comptages dans les régions considérées (puisque, par exemple, un navire de pêche peut être signalé dans plus d'un SZG). Cependant, la CGPM a estimé que les chiffres présentés dans la présente évaluation, pourraient être affectés par une surestimation de moins de 1% (CGPM, communication personnelle).

La base de données FishStat de la FAO est la source de données la plus fiable en matière de débarquements et contient les données annuelles de 1950 à 2011 (lorsque la présente étude a été réalisée, en 2013). Les données sont présentées par espèce ou groupe d’espèces de poissons, par pays

et par lieu de pêche, ce qui permet de les distinguer, dans la plupart des cas, par façades maritimes9. Dans ce cas, les débarquements des pays méditerranéens ont été agrégés par groupes d’espèces (principalement les pélagiques et les démersaux) et filtrés par leur appartenance à la zone de pêche de la Méditerranée et de la mer Noire. Dans le cas de la Turquie, et comme reporté dans Turkstat (2012), il a été estimé que un tiers de la pêche totale annuelle du pays provient de sa façade méditerranéenne (Mer de Marmara, Mer Egée et Mer Méditerranée). Concernant l’évaluation sous régionale, les estimations sous régionales ont été calculées au moyen de ratios approximatifs (selon la longueur du littoral de chaque façade maritime, pour l’Italie et la Tunisie, ou les informations contenues dans l’Evaluation Initiale (EI) soumises à la CE, pour la Grèce) afin de caractériser uniquement les façades méditerranéennes sous régionales souhaitées.

Figure 2. Sous zones géographiques de la CGPM en Méditerranée

Divisions statistiques de la FAO (en rouge) – Sous zones géographiques de la CGPM (en noir).

01 : Mer d’Alboran Nord; 02 : Île d’Alboran; 03 : Mer d’Alboran Sud; 04 : Algérie; 05 : Îles Baléares; 06 : Nord de l’Espagne; 07 : Golfe du Lion; 08 : Corse; 09 : Mer Ligurienne et mer Tyrrhénienne Nord; 10 : Mer

Tyrrhénienne Sud et centrale;

11 : Sardaigne; 12 : Nord de la Tunisie; 13 : Golfe de Hammamet; 14 : Golfe de Gabes; 15 : Malte; 16 : Sicile Sud;

17 : Adriatique Nord; 18 : Adriatique Sud; 19 : Ionienne Ouest; 20 : Ionienne Est; 21 : Ionienne Sud; 22 : Mer Égée;

23 : Crète; 24 : Levant Nord; 25 : Chypre ; 26 : Levant Sud; 27 : Levant; 28 : Mer de Marmara; 29 : Mer Noire; 30 : Mer d’Azov.

Il est à noter que les débarquements sont sous-déclarés dans la mesure où la base de données FishStat de la FAO n’inclut pas les captures illégales, les captures accessoires et les quantités non déclarées.

La base de données FAO-FishStat fournit également des séries temporelles sur les quantités de poissons exportés et importés par pays, en tonnes, entre 1950 et 2011.

Analyse socioéconomique

Alors que les données relatives aux débarquements sont relativement bien déclarées, les données de production halieutique en valeurs monétaires sont rarement disponibles. Par ailleurs, la contribution économique de ce secteur au PIB (valeur ajoutée brute) n’est généralement pas disponible car regroupée avec la contribution totale du secteur de l’agriculture. Les fiches de profils de la pêche par pays (FAO-CP, Country Profiles) et de synthèses nationales du secteur de l’aquaculture (FAO-NASO, National Aquaculture Sector Overview) de la FAO présentent les données des secteurs halieutique et aquacole pour chaque pays, y compris les données de production et les indicateurs de performance économique. Néanmoins, ces informations sont souvent obsolètes et ne sont pas mises à jour suffisamment régulièrement.

9Le Maroc, l’Espagne, la France, la Turquie et l’Égypte ont des façades maritimes qui appartiennent à des milieux marins autres que la Méditerranée (l’Atlantique Est, la mer Noire et la mer Rouge).

Sacchi (2011) a mené pour le compte du Plan Bleu une évaluation des secteurs de la pêche et de l'aquaculture en Méditerranée. L’étude a été conduite au niveau régional et sous-régional et fournit des estimations de production en volume et en valeur, ainsi que des données relatives aux flottilles de pêche par segment, et le nombre d’emplois associés. Sacchi (2011) a synthétisé différentes données dispersées et a complété les données manquantes sur la base de jugements d’experts. Les résultats de cette étude, en particulier les résultats non disponibles par ailleurs, ont été largement utilisés pour la présente analyse, y compris ceux basés sur jugement d’experts, et mis à jour dans la mesure du possible.

Les valeurs économiques des importations et exportations de poissons ont été tirées de la base de données FishStat de la FAO. Les données disponibles couvrent la période 1950-2009 pour chaque pays et sont exprimées en dollars US, sans détails sur l’origine des importations ou la destination des exportations. Les données sont regroupées au niveau national ; par conséquent les estimations régionales et sous régionales ont été calculées au moyen de ratios approximatifs (selon les informations contenues dans l’Evaluation Initiale (EI) soumises à la CE concernant la valeur de production pour la Grèce et l’Italie ; ou selon la longueur du littoral de chaque façade maritime, pour l’Egypte, le Maroc, l’Espagne, la Tunisie et la Turquie) afin de fournir des données caractérisant uniquement les façades méditerranéennes souhaitées.

Les données relatives aux revenus bruts de la pêche dans les pays méditerranéens sont basées sur la valeur de la production de la pêche dans les pays méditerranéens estimée par Sacchi (2011). Par ailleurs, les impacts (directs et indirects) totaux de la pêche (c’est-à-dire l’activité économique mondiale totale dans les autres secteurs supportés par la pêche, comme l’industrie de la conserverie, la fabrication de matériels, les services financiers, etc.) ont été estimés par Dyck et Sumaila (2010) à l’échelle mondiale. Leurs résultats montrent que la valeur totale des pêches, calculée à partir des données de 2003, est environ trois fois supérieure à la valeur au débarquement à l’échelle mondiale.

Les facteurs multiplicatifs sont également donnés pour les différentes régions du monde, en l'occurrence 2,59 pour l’Asie, 2,59 pour l’Afrique et 3,12 pour l’Europe. Dans la mesure où la présente étude englobe tous les pays méditerranéens et, par conséquent, différentes sous-régions du monde (pays d’Afrique du Nord, d'Asie de l’Ouest et d’Europe du Sud), un facteur multiplicatif moyen de 3,00 a été adopté pour estimer les impacts économiques indirects.

La valeur de la production et la valeur ajoutée brute (VAB) pour ce qui concerne le secteur de la pêche regroupées au niveau national peuvent être tirées des bases de données de l'ONU pour la plupart des pays dans le monde, y compris plusieurs pays riverains de la Méditerranée. Cependant, les données regroupent la pêche et l’aquaculture et incluent tous les types de ressources (production de poisson, de crustacés, d’œufs et de larves, etc.) et de production dans tous les milieux (océanique, côtier et d’eau douce pour la pêche ; marin, d’eau saumâtre et d’eau douce pour l’aquaculture).

Etant donné que des statistiques publiques concernant la VAB de la pêche n’ont pas été trouvées, les données des bases de l'ONU ont été utilisées pour calculer un coefficient entre la valeur de la production brute et la VAB pour chaque pays disposant d’information (l'Albanie, la Croatie, Chypre, la France, la Grèce, l’Italie, Malte, le Maroc, la Slovénie et la Tunisie). Ce coefficient a été appliqué pour estimer la VAB nationale à partir de la valeur de la production de la pêche dans les pays méditerranéens rapportés par Sacchi (2011). Dans le cas des pays dont les données n’ont t pas été déclarées (Algérie, Egypte, Israël, Liban, Libye, Monténégro, Espagne, Syrie et Turquie) un rapport basé sur la moyenne des coefficients régionaux a été utilisé.

Par ailleurs, dans le cas de l'Egypte, la valeur de la production et la VAB de la pêche ont été estimées sur la base d'un rapport technique MedFisis (Seham et Salem, 2004) concernant la situation actuelle de la pêche en Egypte, indiquant que la VAB agricole représente 17 % du PIB national total, ainsi que 8 % de la VAB agricole correspond à la VAB du secteur de la pêche.

Les données sur la contribution directe du secteur de la pêche à l’emploi ont également été tirées des estimations de Sacchi (2011). Il est à noter que les données relatives à l’emploi sont peu documentées ou noyées dans les statistiques nationales relatives au secteur de l’agriculture. De plus, les emplois dans le secteur de la pêche sont souvent saisonniers ou partagés avec d’autres secteurs, ce qui rend l’identification, la collecte et l'analyse des données encore plus complexe.

Enfin, il est à noter que pour développer une évaluation sous régionale, les estimations ont été calculées au moyen de ratios approximatifs (selon les informations contenues dans l’Evaluation Initiale (EI) soumises à la CE, pour la Grèce et l’Italie, ou selon la longueur du littoral de chaque façade maritime, pour la Tunisie) afin de caractériser uniquement les façades méditerranéennes sous régionales souhaitées.

Données et calculs sont présentés en ANNEXE 2.

3.1.3 Analyse sectorielle et socioéconomique pour la région méditerranéenne