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Cette analyse économique et sociale a été conçue comme une composante socioéconomique complétant l'évaluation intégrée initiale régionale réalisée dans le cadre de la mise en œuvre de l'Initiative Approche Ecosystémique du PAM (étape 3). L’analyse vise à établir les caractéristiques socio-économiques des principales activités humaines utilisant les eaux côtières et marines de la mer Méditerranée (pêche, aquaculture, tourisme et activités récréatives, transport maritime et exploitation offshore du pétrole et du gaz) ainsi que leurs interactions et leurs impacts avec les écosystèmes marins et côtiers. Comme pour l'évaluation intégrée initiale, la portée spatiale du rapport se focalise la fois sur le niveau régional et sous régional, en considérant les quatre sous-bassins méditerranéens pris en compte par EcAp : la Méditerranée occidentale, la mer Adriatique, la mer Ionienne et la Méditerranée centrale ainsi que la mer Egée / bassin Levantin qui constituent chacun des ensembles présentant des similitudes en termes de caractéristiques physiques, chimiques, biologiques et écologiques. L’analyse au niveau des sous bassins permet d’aborder de façon plus précise les impacts des activités humaines et, en conséquence, de développer des actions concrètes de gestion mieux ciblées ayant pour objectif de découpler le développement du bien-être humain de l’accroissement des dégradations environnementales, pour une exploitation durable des ressources.

A cet effet, les services statistiques de portées mondiale et régionale (Banque Mondiale, FAO, bases de données des Nations Unies, Eurostat…) et occasionnellement ceux des pays riverains ont été consultés pour collecter les statistiques disponibles les plus récentes, afin de constituer pour les besoins de l’étude des bases de données sous Excel. Ces statistiques ont été généralement recueillies au niveau des pays. D'autres sources comme des rapports thématiques régionaux et nationaux, des articles de la presse spécialisée et des données régionales industrielles ont été également passées en revue pour mieux apprécier l’importance de chaque activité dans la région. Lorsque faisable, les lacunes ont été comblées par des estimations établies selon diverses hypothèses détaillées dans le rapport, afin de fournir une analyse de ces secteurs aussi homogène que possible.

Les difficultés rencontrées concernent principalement la granularité des données de production disponibles, souvent pas assez fines pour répondre aux objectifs de l'étude au niveau régional et sous régional, tant en termes de portée géographique que de définition sectorielle. La portée géographique de cette analyse, concernant les zones côtières et marines, est rarement cohérente avec celles des données actuellement recueillies par les autorités statistiques sur une base régulière. C'est notamment le cas pour les secteurs socio-économiques qui se prennent place à la fois à terre, sur la côte ou en mer comme l'aquaculture, le tourisme et les activités récréatives et l'extraction de pétrole et de gaz. En outre, certains pays riverains de la Méditerranée sont caractérisés par de multiples façades maritimes (comme la France, l'Egypte, le Maroc, l'Espagne et la Turquie) qui ne sont pas toujours prises en compte dans les statistiques nationales, rendant ainsi la ventilation des données au niveau approprié par approximation assez laborieuse. La même difficulté a été rencontrée pour les pays présentant des façades maritimes sur plusieurs sous bassins (Italie, Grèce et Tunisie). Même si les informations du secteur existent au niveau national, leur ventilation au niveau des sous-bassins a été difficile et dans la plupart des cas impossible.

La disponibilité et la qualité des statistiques socio-économiques (chiffre d’affaire, valeur ajoutée brute, emplois) diffèrent selon les pays mais de façon générale le manque d’informations au niveau d'agrégation approprié a rendu difficile l’analyse de certains secteurs. C'est le cas de la pêche et l'aquaculture, qui sont souvent agrégées, lorsque qu’elles ne sont pas fusionnées dans la catégorie générale de l'agriculture. Enfin, l'homogénéité des données provenant de différentes sources s'est avérée problématique et rendant leur comparaison difficile, notamment en cas de données recueillies auprès des autorités statistiques nationales, qui de plus sont souvent disponibles uniquement dans la langue nationale du pays. En raison de ces contraintes sur les données, l'Evaluation Economique et Sociale réalisée a été fondée sur un certain nombre d'estimations et d'hypothèses. Avec ces réserves, les résultats obtenus fournissent un ordre de grandeur des activités économiques évaluées, en termes d'ampleur du secteur mesuré par la valeur de la production, la valeur ajoutée brute et l'emploi.

Tout en considérant les difficultés rencontrées et les hypothèses formulées pour combler les lacunes en matière de données pertinentes, l'analyse économique et sociale a souligné que dans les pays riverains de la Méditerranée les cinq principaux secteurs économiques évalués génèrent 400 milliards d'euros en termes de revenus, 200 milliards d'euros en VAB et 4,5 millions d'emplois.

Concernant la répartition entre les secteurs analysés, (Figure 8) le tourisme côtier est de loin le secteur le plus important en région méditerranéenne, représentant 70% de la valeur de production et de la valeur ajoutée brute, et presque 80% des emplois régionaux directs. Le transport maritime constitue la deuxième activité économique maritime la plus importante, générant près de 20 % de la valeur de production, 14 % de la valeur ajoutée brute et 13 % des emplois dans la région. Loin derrière vient l'extraction offshore du pétrole et du gaz qui génère 9 % de la valeur de la production, 12 % de la VAB et seulement 1 % des emplois. En revanche, les secteurs de l'aquaculture et de la pêche fournissent une faible part en termes de la valeur de la production et de VAB (1 %), mais leur contribution à l'emploi est en comparaison plus élevé (5 % et 3 % respectivement). Ces résultats mettent en évidence que la pêche et le tourisme côtier ont des impacts sociaux relativement élevés, car ils contribuent à l’emploi dans la région, tandis que d'autres secteurs tels que l’extraction pétrolière et gazière offshore et le transport maritime génèrent des impacts économiques plus élevées, alors que leur contribution à l'emploi est plus faible.

Figure 8. Répartition des principaux indicateurs socio-économiques selon les secteurs analysés

Tenant compte des fortes hypothèses formulées pour surmonter les limitations en termes de disponibilité des données, ainsi que la distribution des pays dans les sous-régions méditerranéennes, les résultats par sous-bassins montrent (Figure 9) que la Méditerranée occidentale et la mer Egée / bassin Levantin ont les effets économiques et sociaux les plus élevés dans la région, avec respectivement près de 50 % et 30 % de la valeur totale de la production régionale.

Cependant, les deux sous-régions montrent aussi des contrastes : la mer Egée / bassin Levantin est plus efficace en termes d'impacts sociaux, puisque les activités économiques évaluées génèrent une part plus importante en emplois qu’en valeur. Les résultats concernant la mer Adriatique, la mer Ionienne / Méditerranée centrale montrent des performances économiques et sociales similaires et plus modestes, dans tous les cas proche de 10% des totaux régionaux.

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Emploi VAB Valeur de la production

5%3%

1%

1%

78%

72%

70%

13%

14%

20%

1%

12%

9%

Pêche Aquaculture Tourisme Transport Maritime Extraction offshore de pétrole et de gaz

Figure 9. Répartition des principaux indicateurs socio-économiques dans les sous-bassins méditerranéens

Outre une évaluation des secteurs cités et de leurs tendances, ce rapport comprend une analyse de leurs impacts sur l'environnement présentée selon les onze objectifs écologiques de l’approche EcAp (Tableau 96).

L’ensemble vise à aider à préparer les prochaines étapes d’EcAp qui porte sur la mise en place d’une gestion écosystémique des activités humaines pouvant impacter les écosystèmes côtiers et marins méditerranéens. L’analyse conjointe des impacts socioéconomiques et écologiques des activités humaines avec une vision prospective sur leur devenir est de nature à favoriser l'élaboration de futures recommandations régionales pour des plans d’action et des programmes de mesures pour atteindre le Bon Etat Environnemental (BEE) des écosystèmes marins et côtiers méditerranéens.

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Emploi VAB Valeur de production

45%

48%

51%

10%

10%

11%

12%

13%

12%

33%

28%

26%

Méditerranée occidentale Mer Adriatique Mer Ionienne et Méditerranée centrale Mer Egée-Levant

Tableau 96 Synthèse des impacts des secteurs par Objectifs Ecologiques d'EcAp

Objectifs Ecologiques (OE)

Pêche Aquaculture Tourisme et Activités récréatives

Transport maritime

Extraction offshore et

de gaz Activités

de pêches par les captures

et les rejets

Développement côtier et construction d’infrastructures

et Récréation

Présence de structures et d’opérations et Pollution

marine

OE1 Biodiversité X X X X X

OE2 Espèces non indigènes X X X X

OE3 Espèces commerciales X X X

OE4 Réseaux trophiques

marins X

OE5 Eutrophisation X X X

OE6 Intégrité des fonds

marins X X X X X

OE7 Conditions

hydrographiques X X X X

OE8 Ecosystèmes côtiers et

zones côtières X X

OE9 Contaminants X X X X X

OE10 Déchets marins X X X X X

OE11 Bruits sous-marins X X X X