Xiest généralement reconnu que la culture des abeilles est bienenretard surlesautres branchesde l'agronomie.Cen'estcertainement pasqu'on ait
manqué
d'expérimentateurs, ilen est au contraire
un nombre
considérable qu'onpourraitciter;onamême
découvert sur ces insectes cequel'idéedel'homme
étaitloin depouvoir imaginer(a);maisnousétionsna-(a) La transformation d'une larve d'abeille ouvrière enabeillefemelleproprementdite,Reinedesanciens.
l
2 HUCHES A L'AIE LIBRE.
guères bien éloignés de pouvoir obtenir, a l'égard desabeilles,
un
degré de culture sa-tisfaisant.Silacontrée dans laquelleon les élève est
,
d'après sa fertilité, lacause première deleur prospérité, la manière deplacerces insectes dans unesituationquipermetteaupropriétaire de leur prodiguer tousles soins quipeuvent leurdevenirutiles,etquioffreen
même
tems àcedernier,un moyen
très-facile d'exploita-tion, doit être sansdoute de secondenécessité.C'est ce quifait qu'ona inventé tantde
for-mes
de ruches, probablementpour
atteindre ce butsidésirable; car on s'apercevait bien qu'ilmanquait quelque choseàlaculturedes abeilles,maison nesavaitsurquoidirigerson attention; onépiaitleslois qui les régissent,
puis on construisait des ruches qui, tour à tour préconisées, étaient ensuite rejetées pour de nouvelles. Cetteinstabilité était
une
preuvenon
équivoque qu'on cherchait à se satisfaire,mais qu'on nel'étaitpas.Celaparaîtrapourtant bienétonnant,
que
,depuissilong-temsfonn'aitjamais essayéde mettre les abeilles à découvert; car hormis celaona peut-être touttenté.
On
avait vuces insectes se logerd'eux-mêmes dansdeschemi-RUCHESAL'AIRtIBRE. 3 nées, dans des greniers, travailler sous les tabliersde leursruches, et toujoursonétait
machinalement persuadéqu'il leurfallait, de toute nécessité, des ruches parfaitement clo-ses. Il nenousasuffiqued'avoirl'idée qu'ils pouvaient agir autrement; nousavonsessayé etréussi, d'autreslepouvaientaussibienque nous. Leméritedecettedécouverten'estpas grand; mais ellerendra degrands servicesà laculturedesabeilles. Ellenousa coûté quel-quesessaispourconnaîtrelemeilleur procédé, afindelesmettreenétatdepouvoirtravailler sans êtrerenfermées; on peut y parvenir par beaucoup de
moyens
; maisnousindiquerons seulementceluique nouscroyonsleplus con-venable.1 .
Aprèsavoir reconnu lapossibilité qu'a-vaient lesabeillesdepouvoirtravaillerà l'air libre, nous avons
dû
porter notre attention surlaconstructiondelaruchequ'ilconvenait de leur donner : il fallait qu'elle fût telle,
qu'elle pût facilementse prêteràtoutcequi estnécessaireà cegenred'exploitation; qu'elle fûtsimple;qu'onpûtlafairesoi-même,et par-dessus tout,peu dispendieuse. Nous croyons avoirréussi.
2.
Nous
devons direun mot du
plan quel\ RUCHES A LAIIt LIBRE.
nous avons suivi pour parvenir- àmettre les abeilles à découvert; ilpourraservir debase pour quelqueperfectionnement.
Nous
savions qu'elles établissaient toujours lesfondemens
deleurstravaux sur des pointsfixeset solides; nousavons desuiteimaginé qu'enleuroffrant des parois libres et flottantes nous devions réussir : C'est cette idée qui nous a guidé,
nous l'avons suivie et nous nous en
sommes
bien trouvés; d'autrespourront l'étendre en-core; carilestpossiblede construire des ru-ches dont les dispositions les plus bizarres pourront produire des effets merveilleux, et nous
sommes
pénétrés d'avance qu'un tel appareilprocureraità ces insectesune
quan-tité considérable d'amateurs qui, sans cela
,
nes'enseraientjamaisoccupés.
3.
Une
chose également fort heureuse, est que cettedécouverte, quinous permet d'étu-dier physiologiquement les abeilles, puisse être enmême
tems employée à la culture économique; nous savons que les habitans de nos campagnes tiennent singulièrement à leursvieilleshabitudeset qu'ilesttrès-difficile de leur faire partager nos innovations, fus-sent-ellesmême
des plus avantageuses:aussi,
nenousflattons-nouspasdelesconvaincrede
HUCHES a l'airlibre 5 suite; nousn'espérons recueillirleurs suffra-gesqueparlasuccessiondestems; c'estdonc inoinspour eux,que pourles personnes plus confiantes que nousécrivons.
4. Laconstructionde notre ruche est fort simple;ellesediviseen quatreparties mobiles superposées lesunessur les autres.
Chacune
de ces parties senommera
case; chaquecase est formée dedeux tablettes enboisblancde troislignes d'épaisseur, surun
pied carréde surface.Chaque
tabletteaun
troudedix-huit lignes carréesaucentre;cesdeuxtablettessont réunies par quatre colonnesenbois de sixli-gnesdediamètre sur quatre pouces de hau-teur, fixéesentreles deuxtablettes à distances égales,etàtroispoucesdes bordsde chaque face;onassujettitavec
un
clou d'épinglecha-que
extrémité des colonnes; cet ensemble constitueunecase5.
On
superposera quatrecases semblables pour laformation d'une ruche ordinaire.La
correspondance des trous doit parfaitement exister.On
boucheraceluiqui seratoutàfait à la partie supérieure de la ruche, mais de manièreà cequ'on puisse l'ouvriretfermerà volonté.On
maintiendra l'assemblagede l'édi-fice aumoyen
de deux fils de fer passés en6 RDCHES ALAIRLIBRE.
croixsous lacase inférieure, réuniset serrés surlacasesupérieure.
Dans
la suite,les abeil-lesen propolisant lescases entr'elles, en aug-menteront encorelasolidité.6. Letout étantainsidisposé,on enveloppe cet ensemble, d'une simpletoile, en laissant libreune desfacesdelacase inférieure;c'est
par
où
l'on devra introduire l'essaim, après quoi on devra le renfermer enménageant
toutefois
une
petite ouverturepour que
les abeillespuissent entreret sortirlibrement.7.L'essaim introduit,secomportelà,
comme
partoutailleurs;ilchercheàétablirles
fonde-mens
de sesgâteaux. Les parties latérales de cette ruche ne luioffrentguères desécurité,
aussi n'est-cepaslàqu'il
commence
d'abord;c'estversle centredela case où ilsetrouve
,
bientôt ilenvahit la seconde, ensuitela troi-sième, etenfin la dernière.
Dans
les années favorables, c'est l'affaire de8 à 10 jours;on
peut alorsenlever totalement la toile qui ne tiendra quetrès-légèrementaux
gâteaux;on
le pourrait également au bout de quelques jours, mais onrisquerait de voir ;les abeilles se porter d'un seul côté, ce quioffrirait
un
travail irrégulier: si,
comme
nousle conseil-lons,on
attendque
toutesles cases soientàRUCHES A LAIR LIBRE. 7 peuprès remplies, alors la rucheprésentera
un
ouvragerégulierquisecontinuera dans lemême
ordre.8.Ainsimisesàl'airlibre,lesabeilles conti-nueraient tranquillement leurs travaux, si l'étatde l'atmosphèreétait toujours calmeet
exempt
de toutcequipeut nuireessentiellement àces insectes;car,onconçoitque malgréla dé-nomination de rucheàl'airlibre,ilfaut cepen-dant lamettreàl'abridel'intempériedes sai-sons;lesabeillesnerésisteraientcertainement pasà l'ardeurdu
soleildecertainsétés,niaux gelées des hivers, pas plus qu'aux ouragans etauxpluies, etc.On
devradoncremplirles conditionsnécessaires,même
aux autres ru-ches,pourlesgarantirdecesincommoditéset leurfaireun
surtout.9.D'abord,lesruches serontplacéeschacune sur
un
plateauoutablier largede deuxpieds; elles ne devront pas porter immédiatement sur ceplateau;on les exhaussera sur quatre petites cales qui s'élèverontàun
pouce envi-rondu
niveaudu
tablier. Ilyaun
avantage à nepas multiplierces supports, c'estceluide pouvoir clairement enlever tous les insectes quihabituellementsenichententre ces sortes8 RUCHES A E'AIR LIBRE.
de points d'appui. Les abeilles elles-mêmes fontsouvent seulesceservice.
1o.Toutescesconditions remplies, dès
qu un
essaim estreçu et placé sur son tablier,on
devraaussitôt l'affublerdeson surtout.Pour
le faire, on prendra
deux
cerclesde tonneaux, dont on changeralesformespour
leurdonnercellesdedeuxarches^,
que
l'onmettraencroix, l'unepar dessusl'autre, onles attachera en-sembleà lapartie supérieure, avecun
fildefer.
On
maintiendral'écartement destiges,au moyen
dedeuxautres cerceauxronds, placés horizontalementdansl'intérieur,cesdeux
cer-ceaux seront solidement attachés àchaque
tiersde l'élévation des tiges. Cette espècede cage , qui devra avoir dix-huit pouces de diamètre,en auravingt-quatrede hauteur; et serarecouvertedepaille.
Pour
cela,on prendra de lapaille droite etnon rompue
3 on l'atta-chera par petitspaquets, de lagrosseurdu
pouce, autourdu
cerceauleplusinférieur; ces pptits faisceauxdepaille serontserrés, leplus près possible, les uns desautres. Lorsquele toursera garni, on réunira ensemble, à la partie supérieure, toutes les sommités de la paillequel'on serrera fortement(Voirlesfig.5et6) Cesurtout bien conditionné, sera
peu
RUCHESA 1,'AIRtIBKE. 9 dispendieuxetdelonguedurée;lorsqu'onen recouvriraune'ruche, on mettra
un
cerceau par-dessusquel'ondescendrapresquejusque surletablier.11. Dansla belle saison, il faudra multi-plierles issues que l'on pratiquera dans les surtouts, pour, non-seulement établir des courans d'air, maisoffrir aux abeilles plu-sieurs entrées. Nous avons souventremarqué que les ouvertures supérieuressonttrès
-fré-quentées parelles.
12.
On
voitdéjà,par toutcequi précède, combiencette ruche est peudispendieuseet facile à construire;Jl n'est personne, qui., avecun
peud'adresse,nepuissesoi-mêmela confectionner entièrement.On
voit aussi com-bien,avecelle,ilest facilede remédierà tous les accidens qui pourraient s'y rencontrer;ilnes'agiraque desouleverlesurtoutpour re-connaître l'état précis dans lequel elle se trouve.
i3. Celle que nous avons exposée au Jar-din
du
Roi,est lamême
quisetrouve repré-sentée au frontispice de cet ouvrage; nous l'appelons ruche d'observation,parce qu'effec-tivementelleestdisposéecommodément
pourcela; elle ne diffère de laprécédente, qu'en
1 RUCHES A LA1RLIBRE.
ce qu'elle estplacée sous
une
espècede pavil-lon recouvertd'uncoutil, etque
sonsurtout,
également encoutil,est, au
moyen
d'unepou-lie, extrêmement facile à lever et à baisser»
Cette double couverture suffitpour garantir les abeilles
du
soleil et des pluies pendantl'été; maisserait insuffisante
pour
les froids rigoureux del'hiver. Alors,pour
cettemau-vaise saison, nous aurons plusieurs
moyens
àoffrirpourlesenabriter.D'abord, on pourra transporter la ruche dansun
endroit où latempérature ne s'abaissera pas plus d'un ou de deuxdegrésde froid, et ne s'élèvera guè-resque decinq
ou
six au-dessusdezéro.On
pourraitemployeraussi,
pour
cettesaison,lemême
surtoutque
celuide nosautres ruches à l'air libre et la laisser ainsi dans lemême
lieu., où ellesetrouve placée,
ou
bienencore on pourra entourer la ruchemême
d'unevieillecouverturedelainequ'onmaintiendrait avecquelques épingles.
On
baisserait ensuite le surtout de coutil par-dessuscette couver-tureet laruchen'auraitplusrienàredouterdu
froid. Il faudraitménager
seulementune
petite sortiesurledevant.
i/|. Les personnes qui sont
au
niveau de toutcequel'ona inventé jusqu'à ce jourpourRUCHES ALAIR LIBRE. 1 1
perfectionner les ruches, verront sansdoute
combien
lanôtread'avantagesprédominans, etcombienilest faciled'obtenirtoutcequela culturepeutdésirer;cari.°rienne peut,pour ainsidire, échapperdansces sortesderuches, ce qui nous conduira probablement à beau-coup d'observations inconnues jusqu'à pré-sent.2." Lorsqueles quatrecasesqui constituent
une
ruche ordinaire seront parfaitementrem-plies, on pourra en ajouter d'autres à vo-lonté, et autant que les probabilités d'une forterécoltepourontsemanifester;ainsinous auronsdonc
une
ruche d'une capacité indé-terminée, danslaquelleon pourra proportion-nerl'espaceauxtravaux des abeilles (a).(a)Cette méthode d'ajouter des cases n'est peut-être pasd'uneutilitérigoureuse;onpourrasuivreà cetégard la marche quenous exposerons dansl'i^rtdecultiver les abeilles; mais pourtant,ceux qui ne partageraient pas to-talement notre manière decultiver,etquivoudraienttout obteniràlamêmeépoque,pourrontdu moins,en ajou-tantdescases,ne jamais permettre aux abeillesde
dimi-nuerleur activité.
Il est peut-êtrebien defaire remarquericique notre ruche
,qui,outrequ'elle estsupérieure aux ruchesàhausses
,
enen ayant tous lesavantages, n'a aucun des
incoové-I2 HUCHESA LAIULIBRE.
3>
11 ne paraît pasque
le papillon gris,communément
appelé Fausse-Teigne, puisse se logerfacilementdans nos ruches,puisque, d'unepart,ilfuit lalumière, etque
,de l'au-tre,onpourrait facilementl'expulserdèsqu'il apparaîtrait [a).l\.°Danslabelle saison,lorsquelessurtouts ont plusieurs ouvertures, lesabeilles travail-lent avec plus d'activité
que
dansles ruches qui n'en ontqu'une;deplus, perdantpeu
de temps à propoliserlestablettes deces ruchesniens queM. Lombardasignalés. Lesplusgraves sont:
le prix exorbitant de cesruches,leurforme parrapport à l'humidité,etenfinde cequ'on nepeutenrecueillirles produits quepar petitesportions.Pourlesautres,onne peut guères lessoutenirsérieusement; ils ne dépendent quedelamanièrede voirde chacun.
Or,le prixde notre ruche esttrès-modique,onpeut facilementlaconstruiresanslesecoursdumenuisier;elle
necraintpas l'humidité, et lesproduits peuvents'obtenir entoutesproportions.
(a) Ce papillon gris estun si grand fléaupourles abeilles
,que les ruchers sont tous mis à contribution parlui; les ruchescloses, dans lesquellesil parvientà sétablir,sont perdues sans ressource.Onn'aeu ,jusqu'à ce jour, aucun moyen particulier d'en débarrasserces ruchesdontilmoissonne chaque année unequantité consi-dérable.
KtCHES Al'AIRLIBRE. 13 quioffrentmoins derugositésquelestissusde pailleoud'osier,ondoit avoirune augmenta-tiondeproduits.
5.°Pendantlesgrandes chaleurs del'été,on remarque quelesabeillesnepeuvent suppor-ter celle qui se manifeste dans les ruches closes; elles se répandent à l'extérieur et y restent oisives (a). D'autresfois, quandla po-pulationd'une ruche close estsi considérable qu'elle ne peut plus y être contenue, une portion reste au-dehors,
même
pendant la nuit, tandis que l'autre, étant encore trop nombreuse, gêneconsidérablementl'accrois-sementdes travaux.Tous cesaccidens dispa-raissent dans notre ruche; elle est
suffisam-ment
aéréepour nepas concentrerlachaleur, etne permetjamaisauxabeilles derester oi-sives:ellestrouvent toujoursde quois'étendre surlalargeuroulahauteurdel'édifice.6.° L'air,renouvelé souvent,doit nécessai-rement être très-convenable à ces insectes;
l'expérienceprouve déjàque celaneleur est certainement pas nuisible.
On
sait combienl'air
humide
et concentré fait moisir lesgâ-(a)Souvent même lacire s'amollit,etlesgâteauxse détachent,entraînésparlepoidsdumiel.
ï4 RUCHES AL'AIR LIBRE.
teaux, cause de maladies
aux
abeilles et dé-peuplelesruches enhiver.h." Celui qui achètera desabeilles, connaî-trafacilementlechoixqu'ildevrafaire,
quand
ellesserontdansdesruchessemblables àcelle