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Seconde partie

1) Premier Inra, organisme de recherche de l'agriculture (1946-1980)

a) Mise en place d'un modèle pyramidal (1946-1964)

La première période de l'Inra se caractérise par la volonté d'obéir à toutes les missions définies en 1946 et l'élargissement à l'ensemble des domaines intéressant l'agriculture : recherches économiques, sociologiques, vétérinaires, forestières et hydrobiologiques. L'Inra hérite de différents moyens : une cinquantaine de stations et

* Les travaux concernés par cette partie I : 2008/1 ; 2008/3 ; 2001/1 ; 1999/2 ; 1995/1 ; 1995/2 – 2008a ; 2006a ; 2006b ; 2004e; 2000a, 2000b.

laboratoires dont sept stations centrales (au lieu des huit préexistantes, puisque les recherches vétérinaires ne sont pas de la compétence de l'Institut), le Centre national de Versailles et les quatre centres de province. Est envisagée la création de onze stations centrales pour onze disciplines, d’une soixantaine de stations au total, de neuf centres régionaux que l'on situerait dans le Nord, l'Ouest, l'Est, le Centre-Est, le Centre, le Centre-Ouest, le Midi et le Sud-Est. En 1947, est ajouté celui du Midi, à Montpellier, avec l'autonomie financière, par la réunion des laboratoires des différentes chaires de l'École nationale d'agriculture et de la Station de bioclimatologie agricole. Le Centre de recherches agronomiques des départements d'outre-mer est mis en place en 1949 en Gaudeloupe. Il devient, en 1958, le Centre de recherches agronomiques des Antilles, puis, à partir de 1969, celui des Antilles et de la Guyane. En 1953, sont créés le Centre de recherches agronomiques de l'Ouest et celui du Sud-Est, en 1958, celui du Centre-Est, par regroupement de stations préexistantes et achat de domaines. La plupart des stations, laboratoires en place en 1946 concernent des recherches intéressant la production végétale. Reste à bâtir l'équivalent pour la production animale et la transformation des produits agricoles. Dans un premier temps, c'est un modèle d'organisation nationale pyramidale, en place pour la production végétale, que l'on cherche à suivre : les services centraux à Paris, un centre national dans la région parisienne pour chaque production, végétale et animale, et, pour la transformation des productions (mais, pour celle-ci, cette logique ne sera pas mené à terme), des centres régionaux, enfin des stations et des laboratoires rattachés à un centre ou isolés. Les six stations centrales dont l'activité concerne la production végétale restent groupés au Centre national de Versailles et est créé, en 1950, à Jouy-en-Josas, le Centre national de recherche zootechnique pour installer les trois stations centrales des disciplines animales. Le premier centre régional de recherches zootechniques (CNRZ), apparaît, en 1960, à Clermont-Ferrand. Pour les disciplines ayant trait à la transformation des produits agricoles, le modèle évolue puisque aucun centre national n’est constituée et que l'une des deux Stations centrales, celles des recherches sur l'œnologie, la cidrerie et les jus de fruit (précédemment station des recherches viticoles et œnologiques), est crée à Narbonne. En 1950, la Station centrale de microbiologie et de recherches laitières, située rue de l'Arbalète à Paris, est transférée au CNRZ. En 1958, ces deux stations centrales deviennent de technologie respectivement des produits végétaux et des produits animaux. A la suite d’une demande exprimée dès 1947 et des orientations souhaitées

dans le 3e plan, en 1955, un décret étend les compétences de l’Inra aux études relatives à la rentabilité des techniques et des systèmes d'exploitation, et en 1961, un second aux recherches économiques et sociologiques. Ce 3e Plan envisage aussi la création d'une section vétérinaire autonome au sein de l'Inra et le rattachement à celui-ci d'une douzaine de laboratoires régionaux, dont six préexistent, pour permettre le développement des recherches en matière de prophylaxie des maladies animales. De là, l'Inra prend en charge, en 1961, les recherches vétérinaires. Le rattachement des recherches forestières et hydro-biologiques a lieu en 1964. La Station de recherches et expériences forestières de Nancy, créée en 1882, est rattachée à l'Inra et devient le Centre national de recherches forestières. L'Inra récupère quatre stations d'hydrobiologie continentale. S'achève ainsi le processus qui aboutit à un organisme de recherche de l'agriculture au sens large. Les compétences sont aussi élargies territorialement avec la création, en 1960, du centre d'Algérie.

b) Décentralisation (1964-1970)

En 1964, un rapport annonce la fin de la politique centralisatrice. Le 4e plan prévoit de privilégier les centres régionaux et une décentralisation plus poussée. Avant que le système pyramidal ne soit achevé, il laisse place, d'abord à un modèle réduisant la place relative des centres nationaux puis, ensuite, à un modèle où tous les centres ont un statut identique. Le système pyramidal est en place pour les recherches intéressant la production végétale, en cours de constitution pour les recherches zootechniques, mais à faire pour les recherches économiques et sociales, vétérinaires, forestières et hydrobiologiques. Sont déjà mis en place, néanmoins, des centres nationaux pour les productions végétales, la zootechnie et la forêt et on prévoit dans le plan d'expansion de l'Inra de 1962, la création de l'échelon central des recherches vétérinaires à Grignon et l'installation à Paris de l'échelon central des recherches dans les domaines économiques et sociologiques. A partir des années 1960, sous l'impulsion du 4e plan, on abandonne le principe d'un renforcement des moyens des centres nationaux ayant pour objectif de réaliser une concentration des chercheurs autour de problèmes fondamentaux et on envisage de décentraliser les centres nationaux et de privilégier les centres en province existants ou à créer. Ainsi, par exemple, sont créés, en 1961, le Centre de recherches zootechniques et vétérinaires de

Clermont-Ferrand, en 1963, le Centre de recherches vétérinaires et zootechniques de Tours ; qui reçoivent, en 1966, leurs premiers laboratoires et stations, venant de Jouy-en-Josas. De même, en 1962, on envisage d'étoffer le Centre de Dijon, par l'implantation de recherches intéressant les industries agricoles et alimentaires, la nutrition et l'économie rurale, grâce notamment au transfert d'unités de recherches travaillant à Versailles et à Jouy-en-Josas. Dans la même logique encore, sont renforcés d'autres centres régionaux, comme ceux de Montfavet, Pont-de-la-Maye, Antibes, Colmar . Le processus continue avec le 5e plan qui prévoit 90% des investissements en province et propose d'amener à leur taille définitive différents centres de province, de créer celui de Toulouse, d’aménager ceux de Rennes et d’Angers, d’installer un nouveau centre national de recherches forestières, implanté en 1967 près d'Orléans. Le 5e plan ambitionne d'aboutir à l'établissement, à partir des centres ou stations existants, d'une dizaine de centres de moyenne importance, de l'ordre de 50 à 80 chercheurs. Les recherches en rapport avec le végétal, l'essentiel des activités à la création, restent dominantes jusque dans les années 1960, époque où les crédits d'État destinés aux productions animales au sens large, à savoir productions animales stricto sensu, productions fourragères et recherches vétérinaires, arrivent au niveau de ceux dévolus aux productions végétales.

c) Relations recherche et développement (1946-1970)

La diffusion et la valorisation des résultats de la recherche, la relation recherche et expérimentation, sont des préoccupations permanentes qui surgissent régulièrement dans le cadre du développement de la recherche agronomique, notamment par la difficulté à distinguer les frontières et définir les liens. Le 3e plan souhaite le développement des liaisons entre recherche et vulgarisation avec le concours d'ingénieurs spécialisés. En 1959 et 1960, deux décrets prévoient l'organisation de la vulgarisation agricole et la création de la Section d'application de la recherche à la vulgarisation dotée d'une trentaine de domaines expérimentaux, d'un service de documentation, et de laboratoires d'analyses en série, mais elle est supprimée en 1963. Ses attributions sont réparties entre d'une part des services techniques et d'orientation créés à la Direction générale de la production et des marchés, et d'autre part un service nouveau créé à l'Inra, le Service d'expérimentation et d'information

qui augmente le nombre des domaines. Le développement des Instituts techniques professionnels, structurés par productions, permet le développement de la vulgarisation et le Service d'expérimentation et d'information est finalement supprimé au début des années 1970.

2) Second Inra, partie agricole et agro-industrielle d'un réseau de