investissements. Puis nous nous tournons vers l’économie publique : nous étudions la notion
de rentabilité comme critère de choix au sein du calcul économique et nous regardons si
l’école du Public Choice peut nous éclairer sur le choix d’investissements publics ; nous
allons voir le domaine de l’évaluation des politiques publiques, dans lequel est présente la
notion d’efficience, proche de celle de rentabilité. Enfin c’est au management public, étudié
par les chercheurs français, que nous nous intéressons. Nous voyons si la notion de rentabilité
intervient ou non dans les choix de service public.
25
GIBERT, Patrick. “Mesure sur mesure”. PMP, 2002, vol.18, nº 4, p. 61-89
26
Ibid.
Section 1. Un bref aperçu des critères de rentabilité effectivement
utilisés en entreprise
Notre travail ne porte pas sur les pratiques dans le monde de l’entreprise privée. Il nous paraît
toutefois important, dès lors que nous souhaitons étudier l’appropriation d’un outil du secteur
privé, de vérifier ce qui se passe concrètement dans ce secteur. Nous abordons cette section
sous deux angles : nous faisons d’abord une revue de la théorie relative aux critères de
rentabilité, puis nous étudions la pratique dans les entreprises. Il est bien évident qu’il ne
s’agit que d’un aperçu, et non d’une analyse approfondie du sujet.
1.1. Les critères de rentabilité sous l’angle théorique
Nous nous appuyons sur quatre ouvrages de finance d’entreprise : un d’un auteur français
28et
trois d’auteurs américains
29, qui font référence dans le monde de la finance d’entreprise. Nous
avons analysé les principaux critères de rentabilité auxquels il est fait référence. Ces critères
sont présentés comme uniques critères de choix d’investissement par la théorie de la finance
d’entreprise.
La valeur actuelle nette (VAN) est le critère à privilégier. Elle présente un certain nombre
d’avantages : utilisation des flux de trésorerie, et non des flux comptables, utilisation de tous
les flux liés à l’investissement, sans aucune limite de date, actualisation des flux, donc prise
en compte de la valeur du temps, et possibilité de classement de plusieurs investissements
mutuellement exclusifs.
Il existe cependant d’autres critères à mentionner qui, s’ils comportent des faiblesses, peuvent,
dans certains cas, être utilisés à défaut de s’appuyer sur la VAN.
Ainsi en est-il du taux de rentabilité interne (TRI). Celui-ci repose sur les mêmes principes de
calcul que la VAN. Toutefois, il ne peut être utilisé que si les flux changent de signe au moins
une fois. De plus, le TRI n’est pas considéré comme pertinent lorsqu’il s’agit de comparer
deux investissements mutuellement exclusifs.
28
VERNIMMEN, Pierre. op. cit. 2010
29
BREALEY, Richard A., MYERS, Stewart C., ALLEN, Franklin. Principles of corporate finance.
Le délai de récupération, lui, est un critère très simple à mettre en œuvre. Il présente
cependant plusieurs inconvénients : il ne se préoccupe pas de ce qui peut se produire une fois
le montant de l’investissement récupéré et il ne prend pas en compte la valeur du temps, sauf
à actualiser les flux. Il peut toutefois être utilisé dans le cas d’investissements de productivité.
1.2. Les critères de rentabilité sous l’angle pratique
Les pratiques diffèrent entre les entreprises américaines, d’une part, et les entreprises
européennes, d’autre part. De nombreuses études ont été effectuées depuis une trentaine
d’années, essentiellement aux États-Unis
30. Une étude toutefois, parue en 2004
31, analyse les
pratiques des entreprises américaines et de quatre pays d’Europe, dont la France, et une, parue
en 2001
32, analyse les pratiques des entreprises françaises.
Il ressort des trois études les plus récentes les éléments suivants. Aux États-Unis, les
entreprises privilégient les méthodes actuarielles que sont la VAN et le TRI, avec une
augmentation de l’utilisation de la VAN constatée en 2001 et confirmée en 2004. Le critère
du délai de récupération est toutefois utilisé par plus de 50 % des entreprises. Les pratiques
des entreprises européennes, britanniques, néerlandaises, allemandes et françaises, sont plus
2001, 2
nded. ; ROSS, Stephen A., WESTERFIELD, Randolph W., JAFFE, Jeffrey. Corporate finance.
McGraw-Hill, 2008, 8
thed.
30
GRAHAM, John R., HARVEY, Campbell R. “The theory and practice of corporate finance : evidence from
the field”. Journal of Financial Economics, 2001, vol. 60, p. 187-243, étude des pratiques de 392 grandes
entreprises américaines, reprenant les conclusions des études faites auparavant : GITMAN, Lawrence J.,
FORRESTER, John R. “A survey of capital budgeting techniques used by major US firms”. Financial
Management, 1997, vol. 6, p. 66-71 ; MOORE, James S., REICHERT, Alan K. “An analysis of the financial
management techniques currently employed by large US corporations”. Journal of Business Finance and
Accounting, 1983, n° 10, p. 623-645 ; STANLEY, Marjorie T., BLOCK, Stanley B. “A survey of multinational
capital budgeting”. The Financial Review, 1984, p. 36-54 ; BIERMAN, Harold Jr. “Capital budgeting in 1992 : a
survey”. Financial Management, 1993, vol. 22, p. 24-31 ; TRAHAN, Emery A., GITMAN, Lawrence J.
“Bridging the theory-practice gap in corporate finance : a survey of chief financial officers”. Quarterly Review of
Economics and Finance, 1995, n° 35, p. 73-87 ; BRUNER, Robert F., EADES, Kenneth M., HARRIS, Robert S.
et al. “Best practices in estimating the cost of capital : survey and synthesis”. Financial Practice and Education,
1998, vol. 8, p. 13-28
31