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Période sèche Période humide

Chapitre 5 : Impact des facteurs climatiques sur la présence saisonnière des principaux vecteurs du paludisme

5.4 Impacts des facteurs climatiques sur les densités vectorielles agressives

5.4.1 Les premières attaques annuelles

La Figure 69 montre les dates des premières attaques par vecteur étudié et la date de la première pluie de mousson (≥ 5 mm) enregistrée sur le secteur de Dielmo/Ndiop.

Figure 69 : Première pluie de mousson par an (≥ 5mm, courbe noire), Première attaque

d’An. gambiae s.l. ≥ 1 homme/nuit (courbe rouge) ; Première attaque d’An. funestus. ≥ 1

5.4 Impacts des facteurs climatiques sur les densités vectorielles agressives

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Est considérée comme première attaque, la date à laquelle a été enregistrée, au minimum, une attaque par homme et par nuit. De cette façon, nous ne tenons pas compte des premières attaques très faibles et très « erratiques » pouvant être le fait d’individus isolés venant des alentours, et nous nous attachons à la valeur symbolique et notable d’au moins une piqûre par captureur et par nuit. La première pluie de mousson a ici été retenue pour ne pas mélanger pluies de mousson (à partir de début juin) et « pluies des mangues », encore appelées pluies de heug d’hiver boréal. D’autre part, la valeur minimale de 5 mm d’eau précipitée a été choisie de façon à avoir la date d’occurrence de la première pluie efficace en termes de remplissage des gîtes larvaires.

La première attaque d’An. gambiae s.l. intervient, en moyenne, le 20 juillet, avec un écart-type de treize jours. Pour An.funestus, la date moyenne est le 28 août et l’écart-type de seize jours. Avec un nombre minimal de une attaque par homme/nuit, toutes les années ne sont pas documentées (1993, 1996 et 1998 n’apparaissent pas sur la Figure 69). Les premières pluies (≥ 5 mm) interviennent le 13 juin en moyenne et l’écart-type qui lui est associé est de huit jours.

Les délais entre date de première pluie et date de première attaque sont également intéressants. Pour An.gambiae s.l., le délai moyen est de trente-six jours, mais cette moyenne cache une variabilité importante (écart-type de quinze jours, le délai le plus court étant de neuf jours, le plus long de soixante et un jours). Aucune corrélation n’a été trouvée entre dates de première pluie et de première attaque d’An. gambiae s.l. (r = 0,01). Pour An.

funestus, le délai moyen est plus long mais moins variable. La moyenne est de

soixante-dix-sept jours, l’écart-type de treize jours, les valeurs extrêmes sont de soixante et un et quatre-vingt-dix-sept jours. Même si les délais, entre dates de première pluie et de première attaque

d’An. funestus sont variables, les dates varient conjointement et une corrélation de 0,53

(significative au seuil de confiance de 95 %) existe entre les deux séries.

Il apparaît donc intéressant de préciser les résultats par le biais de deux analyses : [1] l’étude des cumuls de précipitations associés aux dates de premières captures,

[2] l’étude du délai entre les dates auxquelles certains cumuls pluviométriques sont atteints et les dates de premières captures.

Chapitre 5 : Impact des facteurs climatiques sur la présence saisonnière des principaux vecteurs du paludisme en Afrique soudano-sahélienne (Ndiop, Sine Saloum, Sénégal) La Figure 70 a/-b/ illustre la première étude sous la forme de nuages de points dans lesquels les dates sont projetées en fonction des cumuls de précipitations tombées entre le début de l'année et cette même date.

Figure 70 :Nuages de points entre les dates de première capture ≥ 1 H/N à Ndiop et cumuls

de précipitations depuis le début de l’année à cette même date. a/ pour An. gambiae s.l. et b/ pour An. funestus.

Pour les An. gambiae s.l., les cumuls pluviométriques enregistrés à la date de la première capture varient entre 21 mm et 246 mm, avec une moyenne à 120 mm et un écart-type de 68 mm, les deux paramètres présentant une corrélation de +0,69 (significative à 99 %). Les cumuls associés aux premières attaques d’An. funestus varient entre 194 mm et 594 mm (moyenne = 447 mm, écart-type = 155 mm, Figure 70 b/) avec un coefficient de corrélation de +0,63 (significatif à 98 %).

Ainsi, une fois encore les valeurs associées aux dates de premières captures sont variables. Toutefois, existe-t-il des seuils pluviométriques à partir desquels on pourrait établir des probabilités d’occurrence des dates des premières attaques ?

5.4 Impacts des facteurs climatiques sur les densités vectorielles agressives 166 a/ b/ 40mm 60mm 80mm 100mm 120mm −60 −40 −20 0 20 40 60 An. gambiae s.l. décalage en jour Précipitations cumulées a/ 200mm 250mm 300mm 350mm 400mm 450mm −60 −40 −20 0 20 40 60 An. funestus décalage en jour Précipitations cumulées b/

Figure 71 : Statistiques sur les décalages en nombre de jours entre dates à laquelle on atteint un

certain cumul de précipitations et date de première capture >=1 H/N à Ndiop. a/ le cas des An. gambiae s.l., b/ le cas de An. funestus. Pour la signification des divers éléments de la boîte à moustaches se reporter à la Figure 68.

Pour répondre à cette question, le calcul des dates annuelles auxquelles certains cumuls pluviométriques sont atteints dans l’année a été réalisé. Pour An. gambiae s.l., les cumuls de 40, 60, 80, 100 et 120 mm ont été retenus, et pour An. funestus les cumuls de 200 à 450 mm, avec un intervalle de 50 mm.

La Figure 71 présente les délais (en jours) entre les dates associées aux différents cumuls et les dates de premières captures d’anophèles. Une année sort totalement du lot, 2007, car la première capture d’An. gambiae s.l. a été particulièrement précoce et précédée par seulement 21 mm de précipitations (voir Figure 71 a/). Les premières captures d’An.

gambiae s.l. (Figure 71 a/) interviennent, pour 50 % d’entre elles, vingt-quatre jours après

que le cumul de 40 mm a été atteint, onze jours après celui de 60 mm, six jours après celui de 80 mm et un jour après celui de 100 mm. Quand il est tombé 120 mm, cela fait un jour dans 50 % des cas que la première attaque ≥1 homme/nuit a été enregistrée. Plus le cumul considéré augmente, moins le délai entre les deux dates est variable, preuve qu’une certaine quantité d’eau est nécessaire pour permettre la mise en eau des gîtes larvaires et la re-colonisation saisonnière de l’espace par les vecteurs. Plus il est tombé d’eau, plus la probabilité d’occurrence de la date de première capture est précise. Le cumul le plus intéressant à analyser sur le graphique est celui de 80 mm pour lequel moyenne et médiane du délai sont confondues à hauteur de dix jours. Dix à douze jours représentent environ le délai nécessaire entre la ponte des œufs par les premiers An gambiae s.l. de l'année et le passage au stade mature des anophèles adultes qui viennent attaquer en nombre suffisant pour que le seuil d'une attaque par homme et par nuit soit atteint. Cette hypothèse

Chapitre 5 : Impact des facteurs climatiques sur la présence saisonnière des principaux vecteurs du paludisme en Afrique soudano-sahélienne (Ndiop, Sine Saloum, Sénégal) impliquerait donc que, dans 50 % des cas, les premiers anophèles sont arrivés quand il a plu 80 mm depuis le début de l'année. Le seuil d'une attaque par homme/nuit est atteint dix jours plus tard.

Pour An. funestus (Figure 71 b/), le constat précédent, à savoir que plus le cumul est important plus l’intervalle en jours est réduit ne se vérifie pas. On ne note pas d’individu extrême sur ce graphique (seules onze années sur quinze ont pu être étudiées avec le critère de une attaque minimum par homme/nuit). Sans détailler, retenons que plus le cumul est important plus le délai est court, et surtout qu’au-delà de 300 mm le délai, pour 50 % des années, passe en dessous des vingt jours. Pour cette espèce d'anophèle, une vingtaine de jours est le délai nécessaire entre la ponte des premiers œufs annuels et les attaques par les An.

funestus adultes. La valeur intéressante de douze jours est atteinte dans 50 % des cas, avec un

cumul de 350 mm.

Le fait que les résultats ne soient pas très stables révèle plusieurs choses. Tout d’abord, les données entomologiques dépendent des dates auxquelles les captures ont été organisées et de leur fréquence. Deuxièmement, l’indice de précipitations Dielmo/Ndiop ne reflète pas parfaitement la pluviométrie des villages, en raison de l’hétérogénéité spatiale des précipitations. Enfin, les vecteurs qui attaquent ne sont certainement pas tous issus d’une zone géographique suffisamment proche pour que les gîtes larvaires qui leur ont donné naissance soient tous sous la dépendance étroite de la base de données pluviométriques analysées.

5.4.2 Les densités agressives maximales annuelles et l’augmentation des