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Les pratiques de mobilité des personnes âgées dans une ville marquée par les inégalités et la

Les pratiques de mobilité des personnes âgées dans une ville marquée par les inégalités et la ségrégation : le cas de Recife

L’identification des inégalités de mobilité n’est possible que si l’on tient compte du contexte social et spatial dans lequel vivent les individus. Il est indispensable d’appréhender les spécificités du territoire étudié en tenant compte de son organisation fonctionnelle en termes de transports ou d’aménagements, ou encore des politiques sociales qui s’y déploient. Le Chapitre 2 vise à présenter les caractéristiques générales de la ville de Recife sur laquelle porte notre étude et dans laquelle se sont déroulées nos enquêtes de terrain. Nous dresserons donc dans un premier temps, le profil socio-spatial de la ville, qui est marqué par de fortes ségrégations à plusieurs échelles, comme dans d’autres villes brésiliennes. Dans le prolongement de cette première présentation de la ville, nous exposerons ensuite le système de transports et les politiques du logement mis en place à l’échelle de la Région Métropolitaine de Recife (RMR). L’intérêt est de saisir ici dans quelle mesure les habitants, et plus particulièrement les personnes âgées des zones pauvres14, ont accès aux ressources de la

ville, en tenant compte des contraintes qui s’imposent à eux. Nous nous pencherons donc sur les pratiques résidentielles et celles des mobilités quotidiennes observées à l’échelle de l’agglomération avant de nous intéresser plus précisément aux personnes âgées du municipe de Recife et à leurs conditions sociales. La présentation des caractéristiques socio-spatiale de la ville, des pratiques de mobilités et du profil des populations âgées qui y vivent nous permettra de comprendre les enjeux locaux des mobilités, qui seront traitées en deuxième partie de la thèse.

2.1. Recife, une métropole du Nordeste brésilien

Le municipe de Recife se situe sur la côte nord-est du Brésil, dans l’Etat du Pernambouc. Avec plus d’un million et demi d’habitants, elle s’impose comme le principal municipe de l’Etat et de la Région Métropolitaine de Recife (RMR), composée de 14 municipes : Abreu e Lima, Araçoiaba, Cabo de Santo Agostinho, Camaragibe, Igarassu, Ipojuca, Itamaracà, Itapissuma, Jaboatão dos Guararapes, Moreno, Olinda, Paulista, Recife et São Lourenço da Mata (Figure 2). Le municipe de Recife se compose aujourd’hui de 94 quartiers regroupés en six Régions Politico-Administratives (RPA15).

14 Nous verrons dans la section 2.1, que la notion de « zone pauvre » désignent l’ensemble des espaces les plus

pauvres de la ville, qui intègrent à la fois les dimensions urbanistiques (auto-construction, taudis, installations illégales, etc.), morphologiques (fortes densités, découpages irréguliers du sol, etc.) et sociales (les habitants percevant de faibles revenus).

15 Les Régions Politico-Administratives ont été créées afin de faciliter l’élaboration de politiques locales en

Figure 2. La Région Métropolitaine de Recife, 2013

2.1.1. Un développement urbain marqué par les inégalités

La ville de Recife, initialement le port de pêche d’Olinda qui formait l’une des quinze capitaineries du Brésil, s’est développée avec l’essor de la canne à sucre à partir du XVIIe siècle, lorsque les fazendeiros, propriétaires des grands engenhos16, ont commencé à

s’installer sur la plaine de Recife. Ainsi, la ville s’est développée autour des voies

16 Grandes propriétés composées des plantations de canne à sucre, des locaux de production (moulin à

- 200 000 400 000 600 000 800 000 1 000 000 1 200 000 1 400 000 1 600 000 1 800 000 No m bre d'h abita nts Année de recensement

d’acheminement des produits dérivés de la canne à sucre (axe fluviaux, routiers et ferroviaires), depuis les engenhos jusqu’au port de Recife. Au fil des siècles, les engenhos ont peu à peu laissé place à l’urbanisation qui occupa rapidement la totalité de la plaine. Ainsi, les espaces stratégiques anciennement occupés par les fazendeiros se sont progressivement transformés en quartiers aisés alors que les populations les plus pauvres n’ont eu d’autre choix que de s’installer sur les espaces moins hospitaliers de la ville (sur les collines escarpées, les zones marécageuses, au bord des fleuves, etc.).

C’est à partir des années 1940 que la croissance de la ville s’est accélérée et ce jusqu’en 1970, en atteignant un taux de croissance démographique moyen de 4,45% par an pour la dernière décennie de cette période (CONDEPE/FIDEM, 2005). Bien que la population du municipe de Recife n’ait cessé d’augmenter jusqu’à aujourd’hui, comme le montre la Figure 3, la fin des années 1970 marque le début de la « métropolisation » qui se caractérise par l’extension de l’agglomération en dehors des limites administratives de la ville-centre. Ainsi, les municipes voisins de Recife ont vu leur population augmenter considérablement, à tel point qu’aujourd’hui le poids de la population du municipe de Recife représente moins de 42% de l’ensemble de la population de la RMR contre 64% en 1960 (CONDEPE/FIDEM, 2005). Si la ville de Recife a connu une augmentation de 25,5% de la population entre les recensements de 1970 et 2000, les municipes d’Olinda, Jaboatão dos Guararapes et Paulista ont vu leur population augmenter de 46,6%, 65,4% et 83,2% respectivement sur la même période. Cette forte croissance s’explique notamment par les migrations du centre (le municipe de Recife) vers les périphéries : selon Souza (2006), 85% des habitants qui ont émigré de Recife dans les années 1970, sont venus s’installer dans l’un de ces trois municipes.

Figure 3. Evolution de la population dans le municipe de Recife entre 1900 et 2010

Source : Recensements IBGE 1990 et 2010. Réalisation : Pamela Quiroga. Selon le dernier recensement de l’IBGE, en 2010 la population de Recife atteignait près de 1.600.000 habitants pour la ville-centre et près de 3.700.000 pour la RMR.

a) Le développement inégalitaire dans une ville fragmentée

Le processus d’urbanisation accélérée a renforcé les inégalités et les formes de ségrégation à Recife. La migration des campagnes vers la ville s’est essentiellement composée de populations pauvres qui, en raison notamment des fortes sécheresses et des mauvaises conditions de travail à la campagne, ont entrepris de venir à Recife (Andrade, 1979). L’attraction vers Recife s’est exercée principalement sur les habitants de l’Agreste, une zone de transition entre l’intérieur aride (le Sertão) et la côte humide (la Mata Atlântica), géographiquement plus proche de la capitale du Pernambouc que les municipes du Sertão (Andrade, 1979). Le profil de ces nouveaux arrivants s’est caractérisé par une population pauvre, majoritairement analphabète et relativement jeune (Siqueira, 2008). L’importante arrivée de migrants a aggravé la précarité du travail, les conditions d’accès au logement, aux services et infrastructures élémentaires dans une ville qui était peu préparée à accueillir ce flux de population (Siqueira, 2008). La majeure partie des plus démunis n’a alors eu d’autre choix que de s’installer sur des zones délaissées par les classes sociales aisées, souvent éloignées des pôles dynamiques ou situées sur des territoires à risques et peu accessibles, en périphérie, sur les collines escarpées, sur des zones inondables, etc. (Melo, 2011). C’est dans ces espaces que la plupart des migrants sont venus s’installer dans des habitats précaires et informels (Cavalcanti, 2009). Une autre partie des populations pauvres a néanmoins réussi à demeurer dans des quartiers plus centraux de la ville, généralement dégradés, mais situés à proximité des lieux de résidence des classes moyennes et aisées. Se sont donc constitués des espaces très hétérogènes où les populations appartenant aux deux extrêmes de la hiérarchie sociale continuent aujourd’hui encore de se côtoyer sur un espace géographique restreint (Bezerra, 2004). Cette proximité spatiale a favorisé progressivement la multiplication de barrières physiques et symboliques dans la ville – à l’image des conjuntos fechados ou des immeubles résidentiels sécurisés – qui marquent aujourd’hui d’importants contrastes et accentuent les formes de ségrégations sociales et spatiales (Brun, Rhein, 1994).

Selon Miranda (2005), 44% des logements du municipe de Recife présentent une infrastructure précaire alors que ce pourcentage atteint moins de 25% des logements à l’échelle du pays. Ces taux reflètent la forte présence des quartiers auto-construits dans l’ensemble de la ville où vit plus de 40% de la population recifense. Bien que la politique locale – stimulée par les mouvements sociaux de lutte pour le droit au logement fortement impliqués depuis la moitié du XXème siècle jusqu’aux années 1970 – ait joué un rôle important dans la création de programmes d’habitat complémentaires de ceux instaurés à l’échelle nationale, les problèmes liés au logement constituent encore aujourd’hui un défi majeur pour la ville de Recife. En effet, si la mise en place des Zones Spéciales d’Intérêt Social (ZEIS17) en 1983 a permis par exemple la non-éradication des zones pauvres des

quartiers centraux de la ville, le manque de ressources dédiées à cette initiative a rendu

17Ce sont des zones destinées à la régularisation urbanistique, juridique et foncière et à la promotion de l’Habitat d’Intérêt

Social dédié aux populations à bas revenus. Cette initiative publique vise à améliorer la qualité de vie des habitants et de mieux intégrer ces espaces à l’ensemble de la ville.

difficile l’amélioration des conditions de vie dans les quartiers. Par ailleurs, les programmes de logements sociaux se sont essoufflés à partir des années 1980, lorsque les sources de financement public se sont réduites, notamment au moment de la disparition de la Banque Nationale du Logement (BNH) en 1986, qui assurait le financement des constructions d’une grande partie du parc de logement social. Ainsi, la politique du logement des années 1970, qui avait notamment favorisé la construction des grands ensembles résidentiels sociaux dans les municipes voisins de Recife, a été peu à peu remplacée par une politique dédiée principalement à l’urbanisation et à la régularisation des zones pauvres de la ville. Les différentes politiques de logement social n’ont cependant pas permis l’accès généralisé à ce type de programmes pour l’ensemble des populations qui en auraient eu besoin. En effet, et comme on l’a évoqué dans le Chapitre 1, les conditions d’accès à la propriété dans ce type de logement exigeaient aux habitants des revenus minimum, souvent fixés à 3 salaires minimum à l’échelle nationale. Ainsi, les populations les plus pauvres, qui ne pouvaient prétendre à un logement social se sont souvent installées dans les zones d’habitat précaire proche du centre (Almeida, 2007). Par ailleurs, certaines zones pauvres de la ville, qui n’étaient et qui ne sont toujours pas définies comme étant des ZEIS, n’ont fait l’objet d’aucun programme de régularisation ou d’urbanisation, ce qui exclut ici encore une partie de la population qui continue de vivre dans des logements précaires.

A partir des années 2000, la ville de Recife a mis en place un certain nombre de politiques d’amélioration des conditions d’habitat, visant les populations les plus démunies. La « Politique Municipale d’Habitat d’Intérêt Social » (PMHIS) a notamment développé le « Programme Recife sans pilotis18 » (PRsP) en 2003, dont l’objectif était de reloger les

habitants des installations précaires du centre vers des ensembles de logements sociaux. La particularité qui distinguait ce programme des autres initiatives sociales liées au logement, est l’intérêt porté aux populations les plus pauvres qui pouvaient prétendre à un logement social sans présenter des revenus minimum (Moura, Ferreira, 2012). Grâce à ce type de programmes, 25 ensembles résidentiels ont été construits à ce jour, totalisant près de 4000 logements. Certains auteurs soulèvent néanmoins les résultats nuancés de ces initiatives, notamment en raison d’un manque d’accompagnement dans l’insertion des habitants dans leur nouveau lieu de résidence (Moura, Ferreira, 2012). Par ailleurs, la localisation des ensembles résidentiels, bien qu’intégrés dans la ville-centre, éloignait les nouveaux habitants des ressources qu’ils côtoyaient sur le lieu de résidence initial, souvent situé au cœur des quartiers centraux. Ainsi, la faible insertion des habitants dans le nouveau quartier de résidence, l’éloignement des aménités de la ville conjugués à une dégradation rapide de certains logements sociaux, ont progressivement incité certains ménages (30% en moyenne) à quitter ces grands ensembles (ibidem.).

18 Faisant référence aux constructions précaires sur pilotis au bord des cours d’eau ou en bord de mer. C’est notamment à

travers ce programme que les habitants de Cordeiro, une des zones sélectionnées dans notre étude, ont été relogé dans des logements sociaux.

Quant aux espaces anciennement occupés par ces habitants, des projets immobiliers ou commerciaux souvent prestigieux les ont rapidement aménagés en transformant, une fois de plus, le paysage urbain de la ville.

b) Vers de nouvelles centralités dans le municipe de Recife

Parallèlement, l’évolution de la configuration urbaine a progressivement créé de nouvelles centralités dans la ville de Recife. Le passage d’une économie fondée sur l’industrie à un dynamisme rythmé aujourd’hui par la diversité des commerces et des services a bouleversé les logiques spatiales autrefois observées à Recife. Ainsi, l’essor des activités tertiaires dans les quartiers les plus riches de la ville (Boa Viagem et le secteur de Jaqueira) attirent les ménages plus aisés vers ces nouvelles centralités au détriment du centre dit « traditionnel » de la ville (Dantas, 2003). A partir des années 1970, on observe une dégradation progressive du centre « traditionnel » - phénomène qui a caractérisé la plupart des grandes métropoles du pays – du fait de la vétusté du bâti, des problèmes de circulation et de pollution ainsi que du manque de services et commerces de qualité (ibidem). Cependant, depuis les années 1990, un réel effort de revitalisation du centre traditionnel a été entrepris par la mairie de la ville en revalorisant le patrimoine du « Vieux Recife », qui accueille aujourd’hui d’importants évènements culturels et est devenu l’un des principaux pôles touristiques de la ville.

L’essor économique de certains quartiers au détriment d’autres espaces, conjugué à l’expansion accélérée de la ville, du fait de la présence d’une population majoritairement démunie, sont les dynamiques qui ont fortement façonné le paysage urbain de Recife : les espaces les plus centraux concentrent de très fortes densités, caractérisées par l’omniprésence d’imposants gratte-ciels (Photographie 2), alors que la plus grande partie du territoire, quant à elle, s’est modelée à partir d’une urbanisation horizontale (Photographie 3).

Photographie 2. Quartier de Boa Viagem, 2013

Auteur : Pamela Quiroga, 2013

Ainsi, la composition urbaine laisse entrevoir de fortes inégalités sur l’ensemble du territoire et l’hétérogénéité socio-spatiale qui caractérise Recife pose un certain nombre de problèmes dans la gestion urbaine et dans l’élaboration de politiques adaptées à l’ensemble de la ville. La définition de plusieurs découpages territoriaux, que nous allons développer à présent, a pourtant montré une volonté d’effectuer un traitement adapté aux spécificités de chaque espace.

2.1.2. Des découpages territoriaux pour le développement de politiques adaptées

L’hétérogénéité socio-spatiale du territoire, les fortes inégalités ainsi que les formes de ségrégation qui fragmentent l’espace urbain constituent des contraintes majeures dans la formulation de politiques déployées sur l’ensemble du territoire métropolitain. Dans un souci de répondre au mieux aux différents besoins des populations, un certain nombre de découpages et de définitions ont été adoptés en fonction des caractéristiques des territoires. A l’échelle de la RMR, l’Atlas du développement humain du Brésil (2013) a défini quatre niveaux d’ « intégration sociale » selon l’Indice de Développement Humain (IDH) de chaque municipe de la RMR (Figure 4).

Figure 4. Indice de Développement Humain Municipal (IDHM) des municipes de la Région Métropolitaine selon le niveau d'intégration social, 2010

Les municipes de Jaboatão dos Guararapes, Olinda, Paulista, Abreu e Lima, Cabo de Santo Agostinho et Camaragibe qui sont les plus intégrés au pôle métropolitain, présentent des taux d’IDH comparables à ceux évalués dans d’autres pays d’Amérique latine ainsi que dans l’Est de l’Europe et supérieurs à ceux de la moyenne nationale (excepté Camaragibe et Abreu e Lima). Quant aux municipes plus éloignés ils révèlent un IDH plus bas (entre 0,637 et 0,719). Selon une étude de 200519, les taux les plus bas de l’IDH se retrouvent dans les municipes

ruraux, en confirmant ainsi les inégalités entre centre et périphéries.

A l’échelle de la ville-centre, le municipe de Recife, un découpage a été proposé par l’Atlas de Développement Humain de la ville (2005), qui suggère une division du municipe en « anneaux » délimitant schématiquement trois couronnes qui illustrent cette même inégalité centre-périphérie (Figure 5):

- L’anneau central correspond grosso modo au centre-ville de Recife et présente de très fortes inégalités entre les Unités de Développement Humain20 qui le composent. On

retrouve des unités avec des valeurs de l’IDH les plus élevées de la ville et d’autres, au contraire, présentent les taux les plus bas. Le territoire est composé de zones très valorisées et d’espaces dégradés où l’on retrouve une population pauvre. Le quartier Cordeiro, dans lequel nous avons mené une partie de notre enquête, se situe dans l’extrémité ouest de cet anneau central.

- L’anneau intermédiaire regroupe 21 Unités de Développement Humain. Les valeurs les plus élevées de l’IDH se regroupent au long des axes routiers et les plus basses se situent généralement près des cours d’eau et des zones inondables. Les écarts entre les valeurs sont cependant moins importants que ceux observés dans l’anneau central. Les zones Brasilit et Vila Arraes, qui font également l’objet de notre enquête, s’intègrent dans cet anneau.

- L’anneau périphérique correspond à la section la plus accidentée du paysage métropolitain où dominent les morros (collines). Il englobe les espaces où la croissance démographique est la plus importante et où les habitants connaissent des conditions de vie précaires. Les valeurs de l’IDH présentent un territoire globalement homogène pour cet anneau.

19 BITOUN Jan, 2005, O que revelam os Indices de Desenvolvimento Humano. In : RECIFE, 2005, Prefeitura;

Programa das Nações Unidas para o Desenvolvimento; Brasil.

20 La ville de Recife a été découpée en 62 Unités de Développement Humain (UDHs) en regroupant les secteurs

censitaires qui présentaient des caractéristiques sociales semblables. L’Indice de Développement Humain a alors constitué la variable de référence pour la définition de ces UDHs.

Figure 5. Les « anneaux » centre-périphéries du municipe de Recife, 2005

Afin de cibler davantage les zones pauvres de la ville, un certain nombre d’institutions (à l’échelle nationale ou locale) ont, à plusieurs reprises, attribué différentes définitions à ces espaces en tenant compte de leur morphologie, des caractéristiques du bâti ou encore du profil sociodémographique, comme le montre le Tableau 4.

Définir le plus précisément possible ces zones pauvres s’est avéré incontournable dans la formulation de politiques visant à réduire les inégalités présentes sur le territoire. L’analyse minutieuse de ces zones allait donc permettre de déterminer la gestion des projets de transformation urbaine ainsi que les actions prioritaires à mettre en œuvre dans les zones les plus précaires. Le Tableau 4 ci-dessous synthétise les définitions attribuées aux différentes zones pauvres selon la période et l’échelle auxquelles elles ont été traitées.

Tableau 4. Définition des zones urbaines pauvres à l’échelle locale et nationale, 1978 – 2014

Sources/ Année

Notion/nombre

d’unités répertoriées Définition

Echelle d’application

Délimitation des zones

IBGE, 2013 Favelas, Mocambos, palafitas ou semblables Cortiços ou cabeça-de- porco Loteamento clandestino Loteamento irregular

Ensemble d’habitations situées sur un terrain public ou privé qui n’était pas la propriété des habitants au moment de leur installation. L’espace a été aménagé de façon désorganisée avec des accès souvent tortueux qui ne permet pas la circulation des véhicules en son sein. On y observe une précarité des infrastructures de services.

Logement multifamilial bâti sous une ou plusieurs édifications sur un lot de taille réduite. Le bâti est divisé en plusieurs pièces qui sont louées, sous-louées ou cédées sous un titre quelconque. Plusieurs fonctions sont attribuées à une seule pièce qui sert de résidence pour une famille. Les installations sanitaires sont d’usage commun et les infrastructures sont précaires. On y observe un difficile accès et un nombre élevé d’habitants par logement.

Lots délimités de façon irrégulière, sans demande préalable de permis de construire et sans prendre en compte les normes urbanistiques et environnementales lors de la construction des logements.

Lots délimités de façon irrégulière, caractérisés par l’absence de