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Les inégalités au troisième âge : l’enjeu des pratiques résidentielles et des nouvelles conditions de

Les inégalités au troisième âge : l’enjeu des pratiques résidentielles et des nouvelles conditions de vie des habitants

Ce chapitre 4 est centré sur les parcours de vie des enquêtés. Il vise à appréhender les trajectoires et les stratégies résidentielles des personnes étudiées, afin de comprendre les inégalités rencontrées au sein de ce groupe social. Les difficultés rencontrées au cours du parcours de vie ont des impacts différenciés selon les caractéristiques sociodémographiques des individus ou en fonction du réseau familial qui les entoure.

Dans un premier temps, nous exposerons les différentes trajectoires résidentielles qui caractérisent notre échantillon en identifiant les individus les plus vulnérables, qui ont connu une forte instabilité et qui ont éprouvé des difficultés dans l’accès au logement. Le statut d’occupation du logement et le rôle des réseaux sociaux, à commencer par celui de l’entourage familial sont les principales sources d’inégalités dans la mobilité résidentielle des personnes enquêtées.

Nous aborderons ensuite les différentes conditions de vie observées à l’entrée au troisième âge, façonnées en partie par le parcours de vie de chacun mais aussi par les effets du vieillissement, par les politiques sociales appliquées dans le contexte étudié, par les situations résidentielles et par les caractéristiques propres aux individus et aux ménages.

4.1. Le rôle des parcours de vie et des trajectoires résidentielles dans la construction des inégalités de mobilité

La population ici étudiée présente des caractéristiques communes, notamment liées à la pauvreté et à l’expérience migratoire pour la plupart d’entre eux, mais on retrouve néanmoins des conditions de vie différentiées qui ont favorisé ou défavorisé les trajectoires résidentielles des habitants. Il est important ici de retracer ces trajectoires résidentielles des habitants car elles expliquent la localisation du lieu de résidence actuelle des individus et ont des conséquences sur la vie quotidienne de ces derniers.

Nous chercherons tout d’abord à identifier la diversité des trajectoires résidentielles des habitants marquées par des inégalités dans l’accession à la propriété ou le maintien en location. Nous dresserons le profil des habitants les plus vulnérables sur le plan résidentiel, avec des trajectoires marquées par l’instabilité et des difficultés d’accès au logement. Nous nous pencherons ensuite sur le rôle des réseaux sociaux, notamment de la famille, dans les trajectoires et des pratiques résidentielles, qui conditionnent en partie, les inégalités actuelles.

4.1.1. L’accession à la propriété : un facteur déterminant dans la construction des inégalités dans les mobilités et les conditions de vie des habitants.

Il ressort de notre enquête un premier constat : l’accession à la propriété est la principale étape dans la stabilisation résidentielle des enquêtés et par conséquent, elle constitue un facteur important dans l’identification des inégalités de mobilité résidentielle. C’est à partir de ce premier résultat que nous avons distingué les individus les plus vulnérables des individus ayant éprouvé moins de difficultés dans leur trajectoire résidentielle. Nous présenterons ainsi, dans un premier temps, les conditions d’accès au logement des habitants enquêtés pour ensuite identifier les individus les plus vulnérables face à l’accès à la propriété.

a) Les conditions d’accès à la propriété

Selon les différents travaux menés en Amérique latine le statut de propriétaire est recherché pour deux raisons principales, comme on l’a évoqué dans le chapitre 1 : d’une part, le statut de propriétaire du logement est perçu comme une garantie sociale et d’autre part, il constitue une réelle solution pour mettre fin aux contraintes (notamment économiques) qu’implique la location pour les populations pauvres : irrégularité des revenus informels ; hausse fréquents des loyers ; inconfort et précarité des logements locatifs populaire ; difficultés de cohabitation dans des logements surpeuplés ; risques élevés de rupture de bail ou d’expulsion ; etc. Ainsi, les discours collectés dans l’enquête témoignent d’une réelle aspiration commune à devenir propriétaire ; une volonté principalement construite à partir d’idéaux collectifs, d’un « modèle de l’accession » pour reprendre l’expression de Paquette-Vassalli (2001). Le sentiment de fierté des propriétaires est tangible dans les discours des enquêtés et il s’accompagne d’un autre, plus fort encore, qui est le soulagement exprimé par les personnes enquêtées. L’accession à la propriété leur a permis d’échapper à une précarité extrême, à l’instabilité résidentielle et parfois à des cohabitations contraignantes avec le propriétaire ou des personnes extérieures au ménage :

« J’ai déjà vécu dans tellement d’endroits ! J’ai vécu partout parce que je n’avais pas d’argent pour me payer une maison donc je vivais de l’aide des autres… alors un jour j’avais de l’argent, un autre jour je n’avais rien… et là les propriétaires me disaient : « demain, je veux que vous libériez la chambre parce que vous n’avez pas de quoi payer ». Et donc je devais partir, tu comprends ? C’est pour ça que j’ai vécu dans plein d’endroits différents… je n’avais pas de quoi payer » (Simone, 65 ans, Brasilit) ;

«Quand j’étais en location, on devait tout le temps déménager parce que le propriétaire arrivait et il voulait augmenter le loyer, et comme nous on ne pouvait pas payer, on devait trouver une autre maison moins chère… tu sais comment ça se passe hein ?...On était dans cette situation…j’ai enfin arrêté de déménager quand j’en ai acheté une » (Atila, 75 ans, Vila Arraes) ;

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

Locataires Propriétaires Hébergés Chez l'employeur

Nomb

re

de déménagements

« C’était à l’époque que les invasions ont commencé ici…on est donc venus construire notre petite maison parce qu’on habitait avec ma belle-mère et vivre chez elle et avec ses manies… au moins avec une maison propre on a un foyer… » (Carolina, 60 ans, Vila Arraes) ;

« On a acheté dès qu’on a pu parce que comme ça on n’allait pas devoir continuer de payer des loyers… » (Nelson, 68 ans, Vila Arraes).

Ces témoignages rejoignent le constat dressé dans le contexte latino-américain où, selon Dureau (2006a), les plus démunis cherchent à devenir propriétaires afin d’acquérir une stabilité à la fois résidentielle et économique – lorsque l’accession à la propriété peut se réaliser à faible coût, à travers les programmes de logement social ou les formes d’invasion et auto-construction, et lorsque, une fois acquis, le logement ne constitue plus un coût mensuel permanent pour les ménages.

Ainsi et dans le cadre de notre enquête, nous avons pu observer la diminution des mobilités résidentielles des habitants après avoir accédé à la propriété du logement. L’ensemble des déménagements enregistrés depuis le premier départ du domicile parental jusqu’à aujourd’hui, se sont réalisés majoritairement lorsque les enquêtés étaient locataires de leur logement ou hébergés (chez leur employeur ou chez des membres de leur famille). A l’opposé, les mobilités résidentielles chutent fortement chez les propriétaires : le nombre de déménagements enregistrés pour ce groupe correspond à moins de 20% du total des déménagements observés (Figure 17).

Figure 17. Le nombre de déménagements réalisés au cours de la vie selon le statut d'occupation du logement des personnes enquêtées au moment de la mobilité résidentielle – Recife, 2013

Source : Enquête 2011-2013 Réalisation : Pamela Quiroga

L’accession à la propriété s’est réalisée de façon informelle chez tous les enquêtés : une partie d’entre eux ont participé aux mouvements d’invasion, en s’appropriant un terrain puis en

ayant recours à l’auto-construction de leur logement. Pour d’autres, l’accession à la propriété s’est produite par l’achat d’un lot ou d’un logement non-consolidé, vendu par des lotisseurs ou des « grileiros » de façon irrégulière. En fin, pour une majorité d’enquêté (Tableau 12), l’accession à la propriété s’est réalisée à travers l’achat d’un logement informel consolidé, revendu par des anciens habitants.

Tableau 12. Caractéristiques des parcours résidentiels et migratoires des personnes enquêtées à Brasilit, Vila Arraes et Cordeiro – Recife, 2013

Caractéristiques des parcours résidentiels et migratoires

Profil des enquêtés Migrants (nés hors

Recife) (41 enquêtés)

Nés à Recife (10 enquêtés)

Âge moyen des enquêtés lors de leur arrivée à Recife 25,5 ans - Âge moyen lors de la première accession à la propriété 42 ans 29 ans Moyenne du nombre d’années passées dans le premier

logement à Recife 6,8 ans -

Moyenne d’années passées dans la résidence actuelle 16,6 ans 26,4 ans Moyenne du nombre de déménagements réalisés au cours

de la vie 5,7 déménagements 4,2 déménagements

Nombre d’enquêtés ayant résidé chez l’employeur, en

tant que domestique 10 1

Nombre d’enquêtés ayant résidé dans un logement cédé

par l’employeur 9 -

Nombre d’enquêtés ayant accédé à la propriété par

invasion 5 1

Nombre d’enquêtés ayant accédé à la propriété en

achetant un lot ou un logement non-consolidé 13 1

Nombre d’enquêtés ayant accédé à la propriété en

achetant un logement consolidé 20 6

Source : Enquête 2011-2013 Réalisation : Pamela Quiroga

Ainsi Carolina (60 ans, Vila Arraes), narre les conditions d’accès à la propriété qu’elle a vécue à travers l’invasion : « On est arrivés la nuit, on a passé toute le nuit à débroussailler, moi et mes enfants, et on a confectionné un abri avec des chiffons, des draps, du plastique et

on a planté quatre bouts de bois sur lequel on a mis l’abri. […] Chacun délimitait son espace… si vous vous absentiez, une autre personne venait et vous piquait la place ! Il fallait aller très vite sinon vous perdiez votre place… ça été beaucoup de travail pour affronter tout ça… ». Les invasions se sont effectivement mises en place très rapidement et en quelques jours seulement, d’après les témoignages, un fragment important des actuels quartiers de Brasilit et Vila Arraes a été occupé par les nouveaux arrivants. Des petits lots ont alors été délimités sur ces espaces en formant une zone irrégulière mais en maintenant néanmoins une certaine organisation dans le traçage des allées ou ruelles. Ces mouvements d’invasion prémédités et menés par une initiative collective ont permis à 6 enquetés, informés du moment auquel allait se produire ces actions, d’accéder à la propriété.

Pour 14 enquêtés (Tableau 12), l’accès à la propriété s’est réalisé à travers l’achat d’un terrain ou d’un taudis dans ces espaces déjà « envahis ». A moindre coût, les habitants ont donc eu la possibilité de devenir propriétaires en auto-construisant un logement souvent précaire au départ (des taudis en planche de bois, bâches plastique, en terre, etc.) qui ont progressivement été consolidés et agrandis. L’achat d’un lot ou d’un taudis s’est réalisé de façon informelle, bien que la plupart des habitants possèdent un titre de propriété qui témoigne encore aujourd’hui de leur bonne foi dans l’acquisition de leur bien.

Les 26 enquêtés ayant accédé à la propriété à travers l’achat d’un logement consolidé dans les zones pauvres se retrouvent dans la même situation. En réalité, les titres de propriété dont ils disposent s’avèrent être, pour la plupart d’entre eux, des reçus de vente-achat où seules figurent les signatures de l’ancien propriétaire et de l’acheteur du bien. La certification par un acte juridique légal est inexistante, comme le montre cette Photographie 7, prise lors du déroulement d’un entretien auprès d’un habitant de Vila Arraes.

Photographie 1. Facture de vente immobilière – Recife, 2013

Source : Titre de propriété factice de Joãninho (68 ans, Vila Arraes) Auteur : Pamela Quiroga, 2013

Au fil du temps, les enquêtés ayant acquis des lots de taille importante, ont peu à peu construit une ou plusieurs maisons sur le même lot, en assurant ainsi un logement à un ou plusieurs membres de la famille, notamment aux enfants ou aux petits-enfants, ou en valorisant ces habitations en les vendant ou en les mettant en location. Pour les ménages ayant acquis des lots de taille plus petite, les logements s’étendent généralement sur l’ensemble du lot et peuvent être compartimentés afin d’accueillir plusieurs ménages. La division du logement peut ainsi s’opérer au rez-de-chaussée ou bien, lorsque la construction d’un premier ou plusieurs étages a été entreprise. Les différents étages sont alors dédiés aux ménages respectifs. Cinq de nos enquêtés ont ainsi divisé leur logement ou construit une seconde maison dans le but de les mettre en location et ainsi bénéficier d’un revenu supplémentaire.

L’urbanisation et la densification de ces zones pauvres rendent de plus en plus difficile l’accès à la propriété des nouveaux arrivants qui n’ont d’autre choix que d’investir dans une résidence déjà construite, dont l’achat représente un coût initial important pour les plus démunis. En effet, les mouvements d’invasion qui avaient permis aux populations pauvres de s’installer quelques dizaines d’années plus tôt dans la ville de Recife ont aujourd’hui pratiquement disparu en raison du manque d’espaces disponibles dans le municipe. Afin d’épargner le capital nécessaire à l’acquisition d’un logement, les enquêtés ont dû développer de nouvelles stratégies résidentielles, comme le recours à la cohabitation ou à la location de logements vétustes et de petite taille, dans l’espoir d’épargner de quoi accéder à la propriété.

Ainsi Simone (65 ans, Brasilit), toujours locataire, éprouve des difficultés à assurer le paiement de ses loyers et elle est encore amenée à déménager régulièrement en raison de l’augmentation des loyers ou des expulsions qu’elle a pu connaitre suite aux multiples retards de paiement. Les conditions de vie précaires de cette femme la mènent à résider dans des logements souvent insalubres et ne lui permettent pas de stocker des biens matériels volumineux – le logement de l’enquêtée n’est équipé que de quelques meubles et d’appareils électroménagers, mais elle ne dispose pas de réfrigérateur ni de gazinière ou de lit – car cela la contraindrait à louer un véhicule spécialisé lors des déménagements, un surcoût qu’elle ne peut pas assumer. Ainsi, l’instabilité résidentielle de Simone l’empêche d’améliorer sa qualité de vie quotidienne, ce qui influe aujourd’hui fortement sur la dégradation de son état de santé. Bien que l’accession à la propriété se réalise de façon précaire et irrégulière chez les enquêtés, elle représente néanmoins un moyen de mettre un terme aux inconvénients de la location et aux contraintes d’une mobilité résidentielle subie. On a en effet constaté que plus l’accession à la propriété se réalise tardivement dans l’histoire de vie des habitants, plus on constate de fortes mobilités résidentielles chez les enquêtés. C’est le cas notamment des migrants et des habitants les plus démunis.

b) Les migrants et les plus démunis touchés par l’instabilité résidentielle

Le lieu où les enquêtés sont nés et ont vécu une période de leur enfance semble influer de façon significative sur leur trajectoire résidentielle. En effet les enquêtés originaires de Recife ont acquis une stabilité résidentielle plus tôt que les migrants provenant d’autres municipes. Cette stabilité résidentielle, qui se traduit par la fin de l’itinérance résidentielle des habitants, s’acquiert principalement lors de l’accession à la propriété. En effet, les migrants ont accédé à la propriété à l’âge de 42 ans en moyenne alors que les recifenses ont acquis un logement à 29 ans (Tableau 12).

Si l’on considère le nombre d’années passées dans la résidence actuelle, il s’élève, en moyenne, à 16,6 ans pour les 41 enquêtés nés en dehors du municipe de Recife alors que les habitants originaires de la ville résident dans leur domicile actuel depuis en moyenne 26,4 ans. Pourtant, l’âge moyen des enquêtés nés en dehors de Recife s’élève à 71,6 ans alors que celle des recifences atteint à peine 70 ans. Il semblerait donc, sur notre échantillon de 47

propriétaires (rappelons que l’enquête ne compte par ailleurs que trois locataires et deux personnes hébergées), que les migrants ont accédé à la propriété plus tardivement que les habitants originaires de Recife.

Les migrants, 41 enquêtés au total, ont souvent connu des difficultés à s’installer durablement dans un logement au moment d’arriver en ville. Le profil des migrants enquêtés se caractérise majoritairement par une extrême pauvreté avant leur arrivée à Recife, ce qui a limité leur choix résidentiel en ville. Les conditions de vie difficiles vécues par certains migrants avant d’arriver à Recife les ont par ailleurs marqués profondément :

« Là-bas, c’était vraiment trop pauvre, y’avait que des taudis ma pauvre dame… C’était trop pauvre, c’était une pauvreté infinie » (Nina, 72 ans, Brasilit) ;

« Le temps que j’ai passé là-bas [dans le sertão] n’a pas été du bon temps… c’était le temps des sécheresses, de la faim… mon père travaillait comme maraîcher, il travaillait toute l’année pour que l’on puisse manger l’année suivante… lorsqu’il pleuvait, ma mère allait chercher de l’eau dans le puits à ciel ouvert pour que nous puissions boire et se laver… c’était de l’eau sale mais c’était comme ça… » (Melissa, 64 ans, Vila Arraes).

En effet les migrants, majoritairement issus du milieu rural, dépendaient principalement de l’activité agricole aussi bien en termes d’emploi que de logement34. Les grandes sécheresses, la précarité du travail et l’appauvrissement des campagnes les ont contraints à quitter ces espaces pour rejoindre la ville. Ainsi, la migration vers la ville était perçue comme une opportunité dans la quête d’une amélioration de leurs conditions de vie, notamment à travers l’accès au travail (Ribemboim, Gilvan, 2008). Ce sont majoritairement les jeunes qui ont alors entrepris la migration vers la ville : l’âge moyen des enquêtés lors de leur arrivée à Recife s’élève à 26 ans (Tableau 12). Néanmoins, l’arrivée des migrants en ville a été marquée, pour la plupart d’entre eux, par une période plus ou moins longue d’itinérance résidentielle. En effet, la moyenne du nombre d’années passées dans le premier logement à Recife ne dépasse pas les sept années et plus de la moitié des migrants ont passé moins de quatre ans dans ce premier logement. Les enquêtés évoquent ainsi des cohabitations provisoires avec d’autres membres de la famille qui leur ont permis un premier point d’ancrage dans la ville. Parallèlement, les migrants qui évoquent ne pas avoir eu un premier point d’accueil, faute de connaissances en ville, ont eu recours soit à des logements souvent insalubres dans des quartiers excentrés ou ont été hébergés par leur employeur. A l’opposé, la plupart des enquêtés qui sont nés à Recife ont toujours résidé avec des membres de leur famille ou seuls et leur mobilité résidentielle s’est davantage réalisée près du lieu de résidence antérieur. L’instabilité résidentielle des migrants a donc été déterminée par leur précarité : le nombre de

34Les ouvriers agricoles étaient logés sur place, dans les grandes fazendas ou les engenhos. Ces derniers sont des

grandes propriétés où se produit le sucre. Elles se composent des locaux de production, de la résidence du propriétaire et des logements destinés aux ouvriers.

déménagements réalisés par les migrants correspond à une moyenne de 5,7 déménagements par enquêtés alors qu’il s’élève à 4,2 pour les recifenses.

Bien que les migrants constituent un groupe visiblement plus fragile que les habitants originaires de Recife quant à l’accès à la propriété du logement, les fortes mobilités résidentielles observées depuis leur arrivée à Recife sont surtout liées à leurs conditions de vie. On a en effet constaté dans les entretiens que les habitants en situation précaire, notamment en raison des faibles revenus et d’une instabilité du travail, présentaient les plus fortes mobilités résidentielles. En ce sens, les enquêtés ayant déménagé deux fois ou plus en raison du travail (licenciements, embauches, recherche d’emploi, délocalisation de l’entreprise, changement de travail du conjoint, etc.) ont, en moyenne, changé de domicile 6,3 fois au long de leur trajectoire résidentielle. Les enquêtés qui n’ont jamais réalisé de mobilité résidentielle liée au travail ou ceux qui ont déménagé une fois pour ce motif comptent en moyenne 4,3 déménagements par personne (Tableau 13). Les mobilités des natifs de Recife ont été moins influencées par le travail : seul un enquêté né à Recife a évoqué avoir déménagé en ayant pour motif le travail. L’accession à la propriété explique en grande partie les faibles mobilités résidentielles : dès lors que les habitants acquièrent une stabilité résidentielle, les déménagements liés au travail cessent. Pour la plupart les enquêtés qui ont déménagé en raison du travail, on retrouve ceux pour qui l’hébergement chez l’employeur (en tant que domestique ou ouvrier) était le seul moyen, plus ou moins provisoire, de rester en ville.