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Annexe 7 : Études retenues dans la revue rapide

6.2 Résultats de la revue rapide de la littérature

6.2.3 Pratiques exemplaires en matière d’organisation des services

Une seule revue qui traite des meilleures pratiques en matière d’organisation des services dans les programmes de substitution aux opiacés a été trouvée. Elle avait pour but de répertorier les meilleures pratiques dans le continuum de soins pour le traitement des personnes dépendantes des opioïdes (Taha, 2018). Il convient de signaler que plusieurs des pratiques exemplaires ressorties ont été répertoriées dans d’autres études. Tout au long du processus de traitement, l’auteure met en exergue les principes fondamentaux et les pratiques exemplaires à prendre en considération lors des traitements de substitution aux opioïdes (Taha, 2018).

Le premier principe est associé au fait que la personne atteinte d’un trouble de l’usage d’opioïdes doit déterminer les objectifs de son traitement avec un professionnel expérimenté. Les autres principes incluent un plan de traitement personnalisé, une évaluation continue des progrès et des besoins évolutifs des usagers, des services sécuritaires et adaptés aux réalités des usagers, une réduction de la stigmatisation, une promotion de l’approche par les pairs aidants pour maintenir les acquis positifs, la mise en pratique du concept de rétablissement et un plan de traitement qui répond aux besoins et aux objectifs de la personne (Kraus et al., 2011; Taha, 2018).

Selon cet examen de la littérature, l’accès rapide aux services de traitement favorise une réduction des visites aux services d’urgence, des temps d’attente et de la stigmatisation, ainsi qu’une plus grande rétention des usagers au traitement (Taha, 2018). Au-delà des traitements, ces services doivent comprendre entre autres des interventions à visée préventive. Les résultats de la revue de Platt (2017) montrent que les interventions sur les comportements à risque favorisent une réduction du risque d’infection du VIH dans les études évaluant la combinaison de TSO et de programme d’échange de seringues. Une couverture élevée du programme d’échange de seringues a été associée à une réduction du risque d’infection du VIH (Platt et al., 2017). Les sites d’injection supervisés contribuent à une réduction de la mortalité et une augmentation de la rétention dans les PSO (Strang et al., 2015). Cependant, en raison du taux plus élevé d’évènements indésirables graves, la prescription d’héroïne injectable devrait rester un traitement pour les personnes qui ont échoué dans le passé à un traitement d’entretien. Des paramètres cliniques et un suivi approprié doivent être assurés (Strang et al., 2015).

D’une façon générale, les programmes de sensibilisation à la toxicomanie permettent de gagner la confiance des consommateurs de drogues. Les meilleures pratiques suggèrent de favoriser la rencontre de ces personnes pour mener des activités de sensibilisation aux moments où le risque est plus présent : le soir et tôt le matin. De plus, l’utilisation de multiples moyens pour changer les comportements tout en prévenant les rechutes et d’autres problèmes de santé par le biais de formation, de supervision et de soutien des employés afin de prévenir l’épuisement professionnel sont autant de pratiques exemplaires (Taha, 2018).

L’élargissement des cadres des TSO et une plus grande souplesse constituent des stratégies qui pourraient améliorer l’accès au traitement. Une comparaison des milieux de traitement en phase de désintoxication montre que 70 % du groupe de patients en désintoxication hospitalisés n’avaient pas rechuté en phase post-désintoxication, comparé à 37 % patients du groupe ambulatoire. Cependant, le peu d’études qui répondaient aux critères de l’étude ne peut pas soutenir ni les résultats ni la rentabilité de la désintoxication en milieu hospitalier ou ambulatoire (Day, Ison et Strang, 2005).

La mise sur pied du traitement basée sur une approche communautaire révèle des améliorations de la santé mentale, de la qualité de vie et de la stabilité du logement (Taha, 2018). Des études ont montré que l’approche qui consiste à permettre aux patients de disposer de plusieurs doses de médicaments à domicile impose moins de restrictions aux clients et engendre des couts plus faibles. Les études n’ont pas pu démontrer les risques de mésusage ou de détournement des médicaments. La qualité des études ne permet pas de montrer les effets du dosage supervisé sur l’offre de médicaments sans supervision (Saulle, Vecchi et Gowing, 2017).

En matière de mésusages et détournement des produits de substitution, la supervision du dosage et les formulations dissuasives des produits favorisent la réduction des mésusages et détournements des produits de substitution. Les experts recommandent d’augmenter l’accès au traitement pour réduire l’usage illicite de médicaments de prescription ou d’autres opioïdes détournés (Wright et al., 2015). En ce qui a trait au contrôle de la consommation de drogues, l’étude de Sokya (2013) a conclu que la détection de l’abstinence par l’analyse des cheveux est meilleure que les tests de

dépistage d’urine (Soyka, 2013).

En définitive, les meilleures pratiques disponibles sont nombreuses et hétérogènes. Les études consacrées à l’efficacité des produits de substitution sont de loin plus nombreuses que celles qui étudient la contribution des interventions psychosociales dans les résultats positifs. À l’heure actuelle, si les traitements pharmacologiques et les traitements psychosociaux ont fait leurs preuves, les meilleurs résultats proviennent de leur combinaison. De plus, l’impact de l’organisation des services sur l’efficacité du traitement est sous exploré dans les études existantes.

Cette étude avait pour but d’évaluer l’efficacité du programme de substitution aux opiacés de Jonquière tout en ressortant les facteurs qui favorisent cette efficacité ainsi que ceux qui l’entravent. Ce chapitre a pour but de discuter les résultats de l’étude. Il présentera les principales conclusions découlant des deux chapitres précédents. Plus particulièrement, il abordera les caractéristiques des usagers, l’efficacité du programme, les facteurs qui renforcent ou qui affaiblissent cette efficacité ainsi que les meilleures pratiques en matière de substitution aux opiacés. Ces principales conclusions seront discutées dans le contexte de la littérature existante. Pour clore ce chapitre, les forces et les limites de l’étude ainsi que ses implications pour le travail social seront exposées.