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Pratiques culturales en lien avec la résistance des mauvaises herbes

Introduction

L’enquête sur la résistance des mauvaises herbes comportait deux grands objectifs. Le premier visait à faire l’inventaire de la petite herbe à poux résistante à l’herbicide imazéthapyr dans la région de la Montérégie et 81 % des échantillons testés ont été déclarés avec de la résistance. Le deuxième objectif était de documenter, via un questionnaire remis aux producteurs, les causes potentielles de cette résistance en ciblant les pratiques pouvant être liées à l’apparition de la résistance. De tels sondages ont déjà été menés auprès de producteurs et de conseillers dans certains états américains (Johnson et al. 2009; Regnier et al. 2016; Bish et Bradley 2017) ainsi qu’en Ontario (Regnier et al. 2016), mais aucun sondage du genre n’avait été réalisé au Québec, suite au dépistage et à la réalisation de tests de résistance sur une mauvaise herbe précise en grandes cultures. Dans la présente étude, la compilation des réponses fournies par les producteurs a permis de dresser un portrait des connaissances et des concepts connus de ceux-ci ainsi que des outils utilisés par ces derniers pour gérer leurs cultures et leurs traitements phytosanitaires.

Matériel et méthodes

Un questionnaire a été remis aux 105 producteurs faisant partie de l’enquête, i.e. les propriétaires des champs agricoles dans lesquels des semences soupçonnées résistantes ont été récoltées. Ce questionnaire comportait 35 questions réparties en cinq sections : identification du répondant, année en cours (état du champ infesté), historique du champ infesté, générale (gestion de la résistance) et information sociodémographique (voir Annexe-questionnaire). La partie sur l’année en cours visait à obtenir des informations sur le type de sol, sa fertilité et le type de travaux effectués, la culture, les herbicides et les fertilisants utilisés et la présence de mauvaises herbes. L’historique du champ portait sur les fertilisants minéraux et organiques, les herbicides et les cultures de ce champ durant les quatre années précédant l’échantillonnage. Les questions de la section générale étaient liées

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au concept du terme «rotation d’herbicides», aux sources d’informations utilisées par le producteur pour choisir ses traitements phytosanitaires ainsi que ses soupçons quant à la présence de mauvaises herbes résistantes. La dernière section était consacrée à des questions sur l’âge, l’expérience et la formation du producteur.

Une fois le questionnaire complété, les producteurs devaient le retourner aux responsables du projet par courrier postal ou en version électronique. Les informations recueillies ont été compilées dans une base de données et certains producteurs ont été contactés pour compléter les informations fournies ou obtenir des précisions. Les données ont été compilées sous forme de tableaux en séparant les réponses en deux groupes, soit un premier groupe formé des réponses données par les producteurs où l’herbe à poux s’est avérée sensible (S) et un deuxième groupe représentant les réponses données par les producteurs où une population de petite herbe à poux a été déclarée résistante ou avec de la résistance en développement (R+RD).

Lorsque les données étaient quantitatives, des statistiques descriptives ont été faites et les éléments suivants ont été calculés : moyenne, écart-type, valeurs minimales et maximales. Pour les données qualitatives, elles ont été compilées dans les tableaux en fonction des deux groupes de répondants et des choix de réponses donnés aux producteurs. Un test de Khi-carré (X2) a ensuite été effectué (Preacher 2001) pour chaque question afin de fournir la valeur de P et d’évaluer si les fréquences espérées (f.e.) étaient plus grandes que 5, soit un postulat pour effectuer un tel test. Pour certaines questions, un test de Khi-carré a aussi été effectué en regroupant certaines réponses en une seule catégorie de réponses.

Résultats et discussions

À la suite de l’envoi des questionnaires, 42 producteurs ont retourné celui-ci en 2014 et 12 producteurs l’ont fait en 2015, ce qui donne un taux de réponse de 51 % (54/105). Il a donc été possible de relier les réponses de 54 producteurs avec les résultats et diagnostics établis sur un total de 67 échantillons provenant de ces producteurs. Dans les champs échantillonnés, la culture implantée était le soya, la superficie moyenne des champs était de 11 hectares et les revenus engendrés sur 69 % des entreprises provenaient à 50 % ou plus de la production des grandes cultures. Après avoir compilé et analysé les réponses

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obtenues, certaines pratiques ont ressorti comme étant des éléments importants pouvant être reliés à l’apparition de la résistance. Il est aussi apparu que certains concepts devront être clarifiés auprès des producteurs ainsi qu’avec l’ensemble des intervenants du milieu agricole afin d’utiliser un langage uniforme dans le but également de ralentir l’apparition de la résistance. Les réponses les plus importantes à considérer sont abordées ici alors que l’ensemble des réponses ont été mises sous forme de tableaux à l’Annexe-questionnaire.

Constats généraux

L’ensemble des champs dans lesquels des semences de petite herbe à poux ont été récoltées avaient pour la majorité (84 %) été semés durant le mois de mai, ceux-ci contenaient en moyenne 4,7 % de matière organique et n’avaient pas reçu de fertilisants minéraux durant la saison dans 66 % des cas. Un registre d’application des herbicides est tenu par 69 % des producteurs alors que l’application des herbicides s’est faite en un seul passage, prélevée ou post-levée, chez 67 % d’entre eux contre 33 % qui ont fait deux passages. Le nombre de producteurs ayant vu une augmentation des populations de petite herbe à poux dans leur champ semble plus élevé chez les répondants qui ont de la résistance (82 %) que ceux qui n’en ont pas (46 %) (Tableau 3).

Tableau 3. Nombre de producteurs ayant vu une augmentation des populations de petite herbe à poux dans le champ où des semences ont été récoltées

Groupe de

répondants1 Oui Non Total

S 6 (46 %) 7 (54 %) 13

R+RD 42 (82 %) 9 (18 %) 51

Total 48 (75 %) 16 (25 %) 64

1 Le groupesensible fait référence aux producteurs où l’herbe à poux s’est avérée sensible (S) et le groupe résistant représente les producteurs où une population de petite herbe à poux a été déclarée résistante ou avec de la résistance en développement (R+RD)

Valeur-p =0,007 et fréquences espérées >5 non-respectées

La petite herbe à poux semble être la principale espèce problématique, bien que 40 % de l’ensemble des producteurs a aussi affirmé observer d’autres espèces non contrôlées dans le champ échantillonné. L’utilisation d’un traitement herbicide en pré-récolte du soya n’a cependant pas été plus élevée chez ces producteurs ayant d’autres espèces problématiques (32 %) comparativement à l’ensemble des producteurs (33 %) et ce, chez les deux groupes

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de répondants. Il n’y a pas non plus de différence entre les deux groupes de répondants sur les soupçons qu’ils avaient concernant la présence de mauvaises herbes résistantes dans leurs champs, 58 % des producteurs soupçonnaient en avoir contrairement à 42 % qui ne soupçonnaient pas cette présence. En comparaison, un sondage téléphonique a eu lieu auprès d’environ 1200 producteurs, situés dans six états américains du «Corn Belt», pour connaître leurs opinions sur les mauvaises herbes résistantes au glyphosate (Johnson et al. 2009) et à cette époque, seulement 30 % des producteurs ont affirmé que de telles mauvaises herbes étaient un problème sérieux.

Les concepts de «rotation»

Le concept de «rotation d’herbicides» est considéré comme une action primordiale à mettre en place pour ralentir l’apparition de la résistance dans le but d’éviter l’utilisation répétée des mêmes groupes d’herbicides et l’augmentation de la pression de sélection, le principal facteur qui a été identifié comme une cause d’apparition de la résistance (Thill et al. 1994; Anthony et al. 1998; Van Wely et al. 2015a). La compilation des réponses aux questionnaires a mis en évidence que seulement 15 producteurs sur 62, soit 24 % des répondants (Tableau 4), ont sélectionné la bonne réponse lorsqu’il leur est demandé ce que signifie le terme «rotation d’herbicides». Il semble y avoir une confusion chez les deux groupes de producteurs entre la rotation des modes d’action et la rotation des matières actives ou des produits commerciaux. Il n’y a pas de différence significative entre les réponses des deux groupes de répondants et ce, même si on regroupe l’ensemble des mauvaises associations versus la bonne réponse (rotation des modes d’action). Cette confusion est peut-être à l’origine des résultats obtenus par Johnson et al. (2009) où la majorité des 1200 producteurs questionnés n’ont pas reconnu que l’utilisation répétée d’un herbicide peut avoir un effet sur l’apparition de la résistance. Le tableau 5 présente ainsi un exemple démontrant qu’il est possible de faire une rotation des cultures, des produits commerciaux et des matières actives sans faire une rotation des modes d’action.

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Tableau 4. Nombre et proportion de répondants par groupe (avec ou sans résistance) par choix de réponse (A à E) à la question « La rotation des groupes d’herbicides correspond à la rotation de quoi?» Rotation des : Groupe de répondants1 Cultures (A) Produits commerciaux (B) Modes d’action (C) Matières actives (D) Plusieurs choix sélectionnés (E) Total S 2 (17 %) 1 (8 %) 3 (25 %) 4 (33 %) 2 (17 %) 12 R+RD 6 (12 %) 6 (12 %) 12 (24 %) 12 (24 %) 14 (28 %) 50 Total 8 (13 %) 7 (11 %) 15 (24 %) 16 (26 %) 16 (26 %) 62 1 Le groupesensible fait référence aux producteurs où l’herbe à poux s’est avérée sensible (S) et le groupe résistant représente les producteurs où une population de petite herbe à poux a été déclarée résistante ou avec de la résistance en développement (R+RD)

Valeur-p =0,896 et fréquences espérées >5 non-respectées, valeur-p =0,94 et fréquences espérées >5 non- respectées en regroupant les réponses A-B-D-E vs C

Tableau 5. Démonstration d’une rotation possible de cultures, de produits commerciaux et de matières actives, sans rotation des groupes d’herbicides

Culture Maïs Soya Blé

Produit utilisé Ultim® Pursuit® Refine®

Matière active Nicosulfuron +

rimsulfuron Imazéthapyr

Thifensulfuron- méthyle Famille chimique Sulfonylurée Imidazolinone Sulfonylurée

Groupe 2 2 2

À la suite de cette question, les producteurs ont affirmé, à près de 70 %, faire toujours ou la plupart du temps, une rotation des groupes d’herbicides, contrairement à 27 % qui disent en faire une rarement ou jamais (Tableau 6). Toutefois, puisque seulement le quart des producteurs sait ce qu’est une rotation d’herbicides, il est difficile de conclure que les réponses de ceux-ci reflètent totalement la réalité. En ce sens, sur 44 producteurs qui disent faire une rotation des herbicides toujours ou la plupart du temps, 18 de ceux-ci ont utilisé un ou des herbicides du groupe 2 trois ou quatre années sur quatre, selon les informations fournies par ceux-ci à d’autres questions (Annexe-questionnaire). À la lumière de ces résultats, il semble définitivement y avoir un manque de connaissance et d’application de la rotation des groupes d’herbicides. Malgré que l’analyse statistique n’est pas concluante (f.e. >5 non-respectées), il semble par contre y avoir une légère tendance (p =0,097) chez les producteurs avec de la résistance qui disent à 74 % faire une rotation des groupes

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d’herbicides toujours ou la plupart du temps comparativement à 53 % pour l’autre groupe de répondants. Cet écart pourrait en partie être expliqué par le fait que les producteurs n’ayant pas de populations résistantes sont moins portés à appliquer ce principe de gestion.

Tableau 6. Nombre et proportion de répondants par groupe (avec ou sans résistance) par choix de réponse (A à E) à la question « Effectuez-vous la rotation des groupes

d’herbicides pour gérer le développement de la résistance? »

Groupe de répondants1 Toujours (A) La plupart du temps (B) Rarement (C) Jamais (D) n.a. 2 (E) Total S 2 (15 %) 5 (38 %) 5 (38 %) 1 (8 %) 0 (0 %) 13 R+RD 4 (8 %) 33 (66 %) 9 (18 %) 2 (4 %) 2 (4 %) 50 Total 6 (10 %) 38 (60 %) 14 (22 %) 3 (5 %) 2 (3 %) 63 1 Le groupesensible fait référence aux producteurs où l’herbe à poux s’est avérée sensible (S) et le groupe résistant représente les producteurs où une population de petite herbe à poux a été déclarée résistante ou avec de la résistance en développement (R+RD)

2

n.a. : non applicable

Valeur-p =0,325 et fréquences espérées >5 non-respectées, valeur-p= 0,097 et fréquences espérées >5 non- respectées en regroupant les réponses A-B vs C-D

La proportion de producteurs qui mentionnent faire des mélanges de plusieurs groupes d’herbicides est encore plus élevée avec 79 % qui indiquent en faire toujours ou la plupart du temps contre 19 % qui en font rarement ou jamais (Tableau 7). Parmi les 50 producteurs qui disent en faire toujours ou la plupart du temps, 42 d’entre eux ont réellement fait un mélange de groupes d’herbicides dans le champ où des semences ont été récoltées (données non illustrées). En comparant les deux groupes de répondants, ceux avec de la résistance semblent utiliser toujours ou la plupart du temps les mélanges de différents groupes d’herbicides dans une plus forte proportion que ceux qui n’ont pas de résistance (p =0,05, f.e >5 non-respectées). Tout comme c’était le cas pour la rotation des herbicides, la plus faible utilisation des mélanges pourrait en partie s’expliquer par le fait que les producteurs sans résistance ne favorisent pas de telles pratiques.

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Tableau 7. Nombre et proportion de répondants par groupe (avec ou sans résistance) par choix de réponse (A à E) à la question « Pour prévenir le développement de résistance d’une mauvaise herbe donnée, utilisez-vous des mélanges d’herbicides composés de plusieurs groupes visant cette même mauvaise herbe? »

Groupe de répondants1 Toujours (A) La plupart du temps (B) Rarement (C) Jamais (D) n.a.2 (E) Total S 2 (15 %) 6 (46 %) 4 (31 %) 1 (8 %) 0 (0 %) 13 R+RD 8 (16 %) 34 (68 %) 3 (6 %) 4 (8 %) 1 (2 %) 50 Total 10 (16 %) 40 (63 %) 7 (11 %) 5 (8 %) 1 (2 %) 63 1 Le groupesensible fait référence aux producteurs où l’herbe à poux s’est avérée sensible (S) et le groupe résistant représente les producteurs où une population de petite herbe à poux a été déclarée résistante ou avec de la résistance en développement (R+RD)

2 n.a. : non applicable

Valeur-p =0,151 et fréquences espérées >5 non-respectées, valeur-p = 0,050 et fréquences espérées >5 non- respectées en regroupant les réponses A-B vs C-D

Les réponses présentées aux tableaux 6 et 7 démontrent que les producteurs affirment dans une forte proportion faire une rotation et des mélanges de groupes d’herbicides. Avec les résultats liés au fait que les producteurs connaissent mal ce qu’est une rotation d’herbicides (Tableau 4), il est possible que certains producteurs fassent une rotation sans être capable de l’identifier correctement et que d’autres pensent faire une rotation ou des mélanges de groupes sans que ce ne soit le cas. Comme ce concept est important dans une saine gestion des traitements phytosanitaires, sans qu’il ne soit une solution à long terme pour empêcher toute résistance d’apparaître (Gressel et Segel 1990; Henskens et al. 1996), il devient essentiel qu’il soit clarifié et réellement mis de l’avant par tous. L’information sur les groupes de pesticides utilisés est d’autant plus facile à trouver puisque le numéro du groupe est inscrit sur le dessus de chaque étiquette, qui elle se trouve sur chaque contenant ou emballage de pesticides.

Malgré cette perception des producteurs, il a été possible de déterminer s’ils faisaient réellement une rotation des groupes d’herbicides en vérifiant l’historique des herbicides utilisés dans leurs champs. En regardant les données des quatre dernières années de culture, incluant celle où des semences ont été récoltées, un herbicide du groupe 2 a été utilisé par 70 % des producteurs et ce, deux années ou plus sur quatre (Tableau 8).

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Tableau 8. Nombre et proportion de répondants par groupe (avec ou sans résistance) et par nombre d’années où des herbicides du groupe 2 ont été utilisés dans les champs

échantillonnés durant les quatre années précédant l’échantillonnage

Nombre d’années Groupe de répondants1 1 2 3 4 Total S 7 (54 %) 2 (15 %) 4 (31 %) 0 (0 %) 13 R+RD 12 (23 %) 21 (40 %) 17 (33 %) 2 (4 %) 52 Total 19 (29 %) 23 (35 %) 21 (32 %) 2 (3 %) 65

1 Le groupesensible fait référence aux producteurs où l’herbe à poux s’est avérée sensible (S) et le groupe résistant représente les producteurs où une population de petite herbe à poux a été déclarée résistante ou avec de la résistance en développement (R+RD)

Valeur-p =0,126 et fréquences espérées >5 non-respectées, valeur-p = 0,029 et fréquences espérées >5 non- respectées en regroupant les réponses 1 année vs 2, 3 et 4 années

Bien que les tests statistiques ne soient pas concluants (fréquences espérées >5 non- respectées), il semble y avoir une légère tendance chez les producteurs sans résistance puisque ceux-ci ont utilisé un herbicide du groupe 2 une année seulement sur quatre dans 54 % des cas, contrairement à 23 % chez les producteurs ayant de la résistance. Il importe par contre de changer les façons de faire chez les deux groupes de producteurs, car 46 % et 77 % d’entre eux, respectivement sans et avec des semences résistantes, ont utilisé un herbicide du groupe 2 deux à quatre années sur quatre. En vérifiant les réponses fournies, il a aussi été possible de déduire que l’utilisation de mélanges de groupes d’herbicides est une pratique courante puisque 75 % des producteurs ont utilisé un herbicide du groupe 2 mélangé avec un herbicide d’un autre groupe qui est homologué contre l’herbe à poux, l’année où des semences ont été récoltées (Tableau 9). L’utilisation de deux groupes d’herbicide n’a donc pas réussi à supprimer plusieurs plants d’herbe à poux, ce qui peut être dû au fait que les herbicides utilisés et qui n’appartenaient pas au groupe 2 sont des produits de contact ou avec une faible activité résiduelle ou que les plants d’herbe à poux ont développé une résistance multiple.

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Tableau 9. Nombre et proportion de répondants par groupe (avec ou sans résistance) et par catégorie d’herbicides utilisés (A à C) dans le champ échantillonné.

Groupe de répondants1 Gr 2 uniquement2 (A) Gr2 + Grx affectant l’herbe à poux2 (B) Autres groupes2 (C) Total S 1 (8 %) 11 (85%) 1 (8 %) 13 R+RD 13 (25 %) 38 (73 %) 1 (2 %) 52 Total 14 (22 %) 49 (75 %) 2 (3 %) 65 1

Le groupesensible fait référence aux producteurs où l’herbe à poux s’est avérée sensible (S) et le groupe résistant représente les producteurs où une population de petite herbe à poux a été déclarée résistante ou avec de la résistance en développement (R+RD)

2A= herbicide(s) du groupe 2 seul(s) ou herbicide(s) du groupe 2 plus un ou des groupes n’affectant pas la

petite herbe à poux, B= groupe 2 plus autre(s) groupe(s) affectant la petite herbe à poux, C= autres groupes que le groupe 2

Valeur-p =0,252 et fréquences espérées >5 non-respectées

Le choix des herbicides doit évidemment s’effectuer en fonction des mauvaises herbes présentes, mais aussi de la tolérance de la culture principale à ceux-ci. La rotation des cultures, en plus des bénéfices déjà connus (Agenbag 2012; AAC 2011; Coulter et al. 2011), peut faciliter la rotation des groupes d’herbicide. La forte utilisation des herbicides du groupe 2 peut donc en partie s’expliquer par le fait qu’une rotation des cultures est peu ou pas mise en place chez l’ensemble des producteurs puisque 56 % de ceux-ci ont cultivé du soya trois années ou plus sur cinq (Tableau 10). Ces données sont à l’image de la popularité de cette culture depuis les dernières années au Québec passant de 142 000 hectares en 1999 à 325 000 hectares en 2016 (Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec 2017). Par contre, il y a une distinction à faire entre les producteurs sans résistance, qui ont cultivé du soya seulement une année ou deux sur cinq dans 67 % des cas contrairement à 38 % des producteurs avec de la résistance (Tableau 10).

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Tableau 10. Nombre et proportion de répondants par groupe (avec ou sans résistance) et par nombre d’années où la culture principale était du soya dans les champs échantillonnés durant les cinq dernières années

Nombre d’années Groupe de répondants1 1 2 3 4 5 Total S 3 (25 %) 5 (42 %) 4 (33 %) 0 0 12 R+RD 3 (6 %) 15 (32 %) 22 (47 %) 4 (9 %) 3 (6 %) 47 Total 6 (10 %) 20 (34 %) 26 (44 %) 4 (7 %) 3 (5 %) 59 1

Le groupesensible fait référence aux producteurs où l’herbe à poux s’est avérée sensible (S) et le groupe résistant représente les producteurs où une population de petite herbe à poux a été déclarée résistante ou avec de la résistance en développement (R+RD)

Valeur-p =0,222 et fréquences espérées.>5 non-respectées, valeur-p =0,077 et fréquences espérées >5 respectées en regroupant les réponses 1 et 2 année vs 3, 4 et 5 années

Les répondants avec de la résistance ont donc cultivé du soya trois années ou plus sur cinq dans 62 % des cas, ce qui est à l’image du sondage de Regnier et al. (2016), réalisé sur le web auprès de 968 conseillers (Certified Crop Advisors) provenant de 15 états américains et de la province de l’Ontario, qui révèle que la culture du soya se fait généralement en continu. La poursuite de telles pratiques, rotation courte et utilisation répétée du même groupe d’herbicides, aura certes des répercutions à moyen et long termes et potentiellement même à court terme. L’augmentation de la pression de sélection sur les mauvaises herbes aura donc le potentiel d’augmenter la résistance des mauvaises herbes et par le fait même, de causer des diminutions de rendements, ces derniers pouvant déjà être affectés à la baisse à cause d’une rotation de culture trop courte. Les concepts de rotations et de mélanges de groupes d’herbicides devraient donc être connus et appliqués par tous les producteurs et conseillers.

Le désherbage mécanique

Bien que les herbicides soient largement utilisés, une question abordait l’utilisation des méthodes alternatives (faux-semis, désherbage mécanique) et de celles permettant l’utilisation restreinte des herbicides (traitement en bande ou localisée, dose réduite). Dans tous les cas, peu importe le groupe de producteurs, ces techniques ne sont pas ou très peu

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