• Aucun résultat trouvé

La pragmatique implicite de Prieto II

Confrontons à nouveau les conceptions de Luis J. Prieto, proposées en 1964, à la problématique posée par les pragmatistes cognitivistes, telle qu’elle se dégage de la synthèse de Reboul et Moeschler (1998). Il est étrange de remarquer combien, à travers un cheminement très différent, on aboutit, dans la description du processus de communication, à des résultats très proches. Ils se révèlent, cependant, à notre point de vue, plus rigoureux chez Prieto et plus proches des processus réels engagés entre les locuteurs. Nous allons ici examiner ces convergences, ces divergences, et les raisons de notre jugement de valeur.

5.4.1. Sous le signe, des convergences

Il y a de grandes convergences entre le fonctionnalisme de Prieto et la pragmatique cognitiviste.

Le signe et la frontière « à l’intérieur de ce qui est dit »

Prieto est loin de soutenir la représentation modulariste : elle lui est totalement étrangère. Elle était inactuelle dans la recherche linguistique européenne des années 1960-1970.

La psycholinguistique n’est pas sa spécialité, Prieto ne fait pas l’hypothèse du mentalais. Il ne se demande pas comment passer d’une langue à une autre, d’un format à un autre, du format linguistique au mentalais, du langage humain au langage machine. Il ne se demande pas comment communiquer avec une machine, mais comment l’on communique entre humains. Il fait donc l’économie de la métaphore modulaire et ne s’engage pas à développer une description des facultés ni à faire une hypothèse sur la structure interne ou psychique du cerveau et sur le fonctionnement cognitif. Il reste linguiste et sémioticien et laisse aux psychologues le soin d’élaborer des systèmes compatibles avec le fonctionnement du langage.

Le mentalais, langage universel qui peut être exprimé par toute forme linguistique particulière et dans lequel toute langue peut être traduite, est une hypothèse qui permet d’abandonner le format linguistique au profit d’un format machine, d’un langage machine. Dans la machine intelligente, il s’agira donc de ramener toute forme linguistique au mentalais, traduisible ensuite en langage machine sous forme logique et sous forme propositionnelle. Ce faisant, la question de l’interprétation codique est réglée : toute forme linguistique se voit interprétable du point de vue du code machine et mémorisable dans la machine. Seule l’interprétation des éléments pragmatiques des énoncés se posera au moment de la communication. Elle consistera à choisir, entre plusieurs interprétations codiques, celle qui est

la plus appropriée, en donnant, par l’application du principe de pertinence, des contraintes quant à la quantité, la qualité, la relation, le rapport effet-erreur : les calculs mathématiques et la statistique résoudront une partie de ces problèmes.

Cependant, cette hypothèse postule une double structure d’interprétation : le module linguistique et le module central. Elle postule ainsi deux niveaux d’explicitation, l’un codique ou linguistique, l’autre pragmatique ou inférentiel. Or, il est nécessaire de maintenir un lien étroit entre ces deux modules afin que les informations du premier éclairent celles du second et que celles-ci, à la lumière de celles-là, puissent être à nouveau traitées et précisées, dans un processus clairement affirmé de levée des ambiguïtés et d’identification des objets, des individus et de leurs propriétés. Cette double structure d’interprétation, laborieusement atteinte par Sperber et Wilson, est un lieu théorique central, une conception qui conditionne la survie d’une pragmatique cognitiviste.

Or, Prieto s’y trouve posté depuis les origines de son questionnement, et sans grande originalité apparente, puisque cette conception est au principe du structuralisme saussurien : il s’agit tout simplement de la notion de signe. De fait, au moment où les pragmaticiens tentent de prouver combien les inférences pragmatiques sont importantes dans l’interprétation des énoncés, Prieto en a déjà analysé et théorisé le fonctionnement central. Comment ? En empruntant la voie même que les pragmatistes pensent ne conduire qu’à une impasse : en observant les énoncés linguistiques eux-mêmes. Et en appliquant l’outil même dont les linguistes se sentent les seuls utilisateurs patentés : la notion de signe. Car il observe les signes dans leur fonctionnement direct : en relation avec leur situation de production. Il n’a d’autre souci que d’observer la communication telle qu’elle fonctionne effectivement entre deux locuteurs.

Ce faisant, Prieto prend à contre-pied structuralistes et pragmaticiens : il analyse le signe non pas dans la langue mais dans la parole. Les uns et les autres partagent le même préjugé de base : une théorie du signe n’est concevable qu’en langue ; les structuralistes ne peuvent alors s’intéresser à la parole et doivent donc fermer la porte de la linguistique à la pragmatique ; les pragmaticiens ne peuvent pas abandonner la notion de signe mais se maintiennent dans une conception saussurienne du sens : dans la langue, non dans la parole.

L’interprétation de la parole relève donc pour eux d’une autre discipline que la linguistique, la pragmatique, et d’instances spécifiques du cerveau, connexes aux instances de l’interprétation linguistique, qui débordent le signe et se donnent d’autres objets de pensée.

Prieto part donc de l’endroit même où voudraient arriver les pragmaticiens. Car, n’abandonnant pas la notion de signe, il ne dissocie pas le perceptif du conceptuel : l’esprit

traite l’un et l’autre simultanément. Les pragmaticiens considèrent qu’il y a une frontière entre la sous-détermination linguistique et la détermination de la vérité. Elle doit, selon Sperber et Wilson, nécessairement passer entre ce qui est dit et ce qui est communiqué. Prieto la fait bien placer là , « à l’intérieur de ce qui est dit » : le signe. C’est dans le signe que ne se distinguent pas le perceptif du cognitif, le linguistique du propositionnel, le logique de l’inférentiel. Car nommer, c’est signaler une perception parmi d’autres, un objet parmi d’autres objets, c’est abstraire un élément d’un ensemble dans le réel pour le distinguer.

Etrangère à Prieto, la représentation modulariste de Fodor, Sperber et Wilson et autres, qui a pour but de rendre compte des différentes instances et étapes par lesquels l’homme acquiert et traite ses connaissances linguistiques, ne se retrouve pas dans son modèle théorique.

Pourtant, les nœuds de la problématique pragmatiste y semblent bien présents : il est possible de soutenir là aussi, dans la lignée de Blanke et Posner, que, si la terminologie change, la problématique reste la même et que les distinctions fondamentales sont bien soulignées.

Ainsi, les trois étapes de l’interprétation linguistique, telles que résumées plus haut, peuvent être intégrées telles quelles à la théorie prietienne :

1. La phonie, fournie à un transcodeur, est traitée une première fois dans le module linguistique pour livrer ses signifiés possibles (à travers leur organisation phonétique, syntaxique, lexicale) – la forme logique des concepts non évaluable en terme de vérité ou de fausseté.

2. Ceux-ci sont confrontés ensuite dans un traitement pragmatique aux circonstances de production – contexte, états mentaux – et aux savoirs communs – informations tirées de la représentation du monde – lesquels fournissent des indices complémentaires.

3. Ceux-ci permettent d’attribuer à la phonie, par un retour au traitement linguistique, le sens pertinent – ce qui est dit – explicitable sous forme propositionnelle susceptible de vérité ou de fausseté.

Il est en outre possible, à propos de la question centrale des processus inférentiels, d’enrichir les équivalences entre différentes notions prietiennes et des notions connexes tirées des réflexions pragmatiques :

1. La notion prietienne de situation, « ensemble des choses connues au moment où l’acte de parole a lieu » (Prieto 1964 : 36), est très proche et joue la même fonction que la notion de savoirs encyclopédiques chez les pragmaticiens : « l’ensemble des contenus communiqués par le locuteur, dont un bon nombre ne le sont pas explicitement ».

2. Le processus de l’indication décrit par Prieto se rapproche de la notion de « processus inférentiels » du modèle de Sperber et Wilson. L’indication est un processus inférentiel

qui se développe tout au long de la communication en relation avec les circonstances.

Cela nécessite de considérer que, au cours de la conversation, « le contexte n’est pas donné une fois pour toutes, mais qu’il se construit énoncé après énoncé (RM 1998 : 70) ». Cette notion ouvre ainsi la voie à l’analyse de discours et à l’analyse conversationnelle qui, de façon très significative, ne représentaient pas pour Reboul et Moeschler de perspectives intéressantes.

3. Le modèle de Sperber et Wilson accorde une place importante au module « théorie de l’esprit » qui consiste à « attribuer des états mentaux à autrui ». Y a-t-il un concept prietien qui puisse lui être rapproché, de sorte à ne pas tomber dans les incohérences pragmatiques des prédécesseurs de Grice ? Nous pensons qu’il est possible de le mettre en relation avec la notion de sens comme rapport social. Cette notion peut paraître, elle aussi, insuffisamment analysée chez Prieto, mais elle se voit confirmée et enrichie par les analyses pragmatistes. Par cette notion de rapport social il est possible d’intégrer dans la théorie prietienne les effets que la communication doit produire entre les interlocuteurs et, en particulier, les changements dans les croyances, dans la force de conviction, dans les représentations.

4. La notion de pertinence est centrale autant chez Prieto que chez les pragmatistes cognitivistes. Leur analyse du principe de pertinence, plus affinée que celle de Prieto, s’intègre totalement à sa théorie, tandis qu’en retour celui-ci montre de façon plus approfondie comment il est appliqué dans le processus de l’indication.

5.4.2. Sous le signe, des divergences

Cependant des différences de taille séparent Sperber et Wilson de Prieto : 1. Ils n’ont pas la même position quant au statut des processus inférentiels.

Les premiers, selon Reboul et Moeschler, « considèrent que l’interprétation des énoncés correspond à deux types de processus différents, le premier codique et linguistique17, les seconds inférentiels et pragmatiques ». L’analyse de Reboul et Moeschler les conduit à séparer nettement une pragmatique linguistique, qui « met en œuvre (…) des procédés inférentiels (…) spécifiques au langage » (RM 98 : 64), « qu’ils soient gouvernés ou déclenchés par des mots ou des expressions linguistiques particulières », d’une

17

phonologie, étude des sons et de leur articulation pour former mots et groupes de mots ; syntaxe, articulation des mots et groupes de mots pour former des phrases, et règles formelles de bonne formation ou de grammaticalité ; sémantique, signification des mots (lexique) et combinaisons des mots pour « livrer » la signification compositionnelle.

pragmatique non-linguistique, « discipline indépendante de la linguistique, qu’elle vient compléter par certains aspects de l’interprétation des énoncés (ibidem : 65) « indépendants du langage, c’est-à-dire qu’ils interviennent aussi bien dans les raisonnements non-linguistiques. » (ibidem : 64). Cette analyse se révèle artificielle pour Prieto. Pour ce dernier en effet, les processus inférentiels « spécifiques au langage » ou « indépendants du langage » s’appuient sur des indices, toujours susceptibles de constituer des signaux ou des signes, c’est-à-dire d’être dotés d’intentionnalité, et donc d’être interprétables. C’est le même processus sémiotique qui est en jeu dans une pragmatique linguistique et une pragmatique non linguistique : les processus codiques et linguistiques se fondent sur des processus inférentiels de même type que les processus pragmatiques. Les uns et les autres sont même inextricablement mêlés, le sémantique étant indissolublement lié au phonétique et au syntaxique. En effectuant une telle séparation code/inférence et linguistique/

pragmatique, Sperber et Wilson créent une séparation entre signifiant et signifié, là où Prieto les maintient étroitement liés à travers les notions de signal et de signe.

2. Ils n’ont pas la même position épistémologique quant à leur objet d’étude.

Sperber et Wilson, en distinguant des instances et des processus inférentiels, dissocient un objet de pensée. Reboul et Moeschler sentent bien qu’il est difficile de concilier une si nette dichotomie ; ils éprouvent le besoin d’unifier à nouveau cet objet.

Ainsi, ils font bien reconnaître que les processus pragmatiques « [viennent] compléter [le linguistique] pour certains aspects de l’interprétation des énoncés » et que « c’est leur usage dans l’interprétation pragmatique des énoncés qui permettra de les analyser, mais qu’ils ne sont pas propres au langage ». Ils maintiennent qu’il y a des processus linguistiques, propres au langage, et des processus pragmatiques universels non spécifiques au langage. Car sinon, comment faire l’articulation entre les uns et les autres ? Il y a là une position épistémologique ambiguë. Prieto, pour sa part, est dans une épistémologie plus consciente de ses exigences : il ne dissocie pas l’objet, il le regarde seulement sous des points de vue différents ; le même objet, sous différentes dimensions. Là où les psychologues des facultés conçoivent une pluralité de modules de traitement des données par une transformation de données perceptuelles en données conceptuelles, puis un traitement des données conceptuelles avec ou sans module ou étape d’interprétation pragmatique spécifique, Prieto analyse ces liens, ou phases, ou étapes, comme un processus unique et simultané, dont les étapes sont observables dans le processus même de la parole.

3. Les données ou informations sont pour Prieto des signes

En tant que tels, ce sont à la fois des données perceptuelles et conceptuelles : ce sont des faits concrets et des classes de faits concrets. Données perceptuelles en tant que faits concrets, données conceptuelles en tant que classes, regroupées dans des classes de données concrètes unies par un trait commun, un caractère commun nécessairement abstrait de chacun des éléments de chaque donnée. Les signes sont à la fois des faits concrets et des abstractions, des perceptions et des concepts. Faits concrets en tant que perçus par les sens (l’ouie, la vue) ou produits par les sens (la parole, la gestuelle, la main), abstractions en tant que mis en relation entre eux et interprétés comme équivalents à une valeur qui leur est arbitrairement instituée et qui les constitue comme participants à une même classe d’objets.

4. Il est constant chez Prieto de considérer le signe linguistique comme un signal.

La production d’un signe ne produit pas seulement un signifié, elle est en elle-même un indice qui oriente l’attention vers quelque chose qui se trouve dans l’environnement.

Pour Prieto, les phonies (mot, phrase, proposition, énoncé) ne sont pas seulement pourvues de signification linguistique, donc éventuellement interprétables hors situation de production, comme le sous-entendent les pragmaticiens, mais constituent dans la situation des actes ostensifs-inférentiels. C’est pourquoi, en tant qu’indice ostensif, le signe ne peut être interprété indépendamment de son univers de discours. Celui-ci comporte nécessairement l’environnement et la situation pragmatique puisque sa fonction est d’associer plusieurs éléments d’un univers de discours, d’indiquer parmi un état de choses quels faits sont à considérer pour sélectionner parmi ceux-ci un fait, un élément. Cette fonction du signe linguistique est pour Prieto à la fois sélective de l’objet d’attention et constitutive de celui-ci. Elle reste la plupart du temps sous-jacente aux analyses pragmatiques ; elle est clairement affirmée par Prieto.

5. La notion d’interprétation n’est pas la même chez Prieto et chez les pragmaticiens de la pertinence.

Car il y a deux façons de concevoir l’interprétation d’un énoncé, les rapports entre l’environnement et l’énoncé : soit on cherche dans l’environnement ce que veut dire l’énoncé, soit on cherche dans l’énoncé ce que fait dire l’environnement. La première manière est celle qui sous-tend toute conception traditionnelle de la linguistique : je reçois le message, je l’interprète en fonction de mes connaissances du code, je vérifie dans le contexte et la situation pragmatique, j’enrichis, je spécifie mon interprétation. La seconde

est plus proche de ce que veut entendre Prieto par sens : je reçois un message qui veut me dire quelque chose sur ce qui est extérieur à moi-même, pris comme objet de discours ; je me tourne vers cet objet, et je le décèle à partir des signaux qui m’en sont donnés ; je confronte l’objet et le message, et je fais mon interprétation. C’est pourquoi Prieto parlera plus facilement d’indiquant et d’indiqué que de signifiant et de signifié. Car il n’opposera pas linguistique et extra-linguistique : les deux constitueront ensemble un univers de discours. Il n’opposera qu’indiquant et indiqué, à l’intérieur de deux univers de discours, l’univers de l’indiqué pouvant tout autant constituer des données abstraites de significations que des données concrètes et pragmatiques, qui restent toujours pour lui, en tant que pensées et possiblement inscriptibles dans le langage, des données abstraites.

Conclusion provisoire II

Nous avions vu que Prieto ne contredisait pas Grice.

Nous voyons maintenant qu’il ne contredit pas Sperber et Wilson, et que ses conceptions restent parfaitement intégrables à leur modèle de la pertinence. Ce modèle permet de détailler et de préciser des phénomènes sur lesquels Prieto ne s’est pas penché, parce qu’ils n’étaient pas centraux chez lui. Légitime pour la construction de machines intelligentes, le modèle de Sperber et Wilson intègre l’essentiel des analyses de Prieto.

Prieto, cependant, n’abandonne jamais la conception de signe linguistique comme signal et comme indiquant et indiqué. Cette position permet de révéler progressivement comment la dichotomie linguistique-pragmatique relève plus d’une dichotomie de la pensée scientifique, d’une prise de position épistémologique et pratique, que d’une dichotomie inhérente aux phénomènes observés.

La suite de l’exposé de Reboul et Moeschler dans leur petite synthèse historique et logique présentée dans La pragmatique aujourd’hui, nous confirmerait dans cette position épistémologique et scientifique. Ils consacrent en effet une part importante de leur développement aux processus d’inférence (induction vs induction, logique des propositions vs logique des prédicats), à la construction des concepts (induction vs déduction, innéisme vs constructivisme), à la catégorisation (prototype, ressemblance de famille, stéréotype, modèle mixte hypothético-déductif), aux relations entre langage et concepts (contenu conceptuel vs contenu procédural et connecteurs). Or, si, en aucune manière, Prieto ne se détermine explicitement par rapport à ces problématiques, l’examen de ses thèses sur la théorie fonctionnelle du signifié et de ses textes d’illustration ou de développement, permettent

cependant de voir que son point de vue s’écarte plus souvent des thèses des pragmaticiens cognitivistes qu’il ne s’en rapproche :

1. Leur rejet de l’induction et la valeur absolue donnée à la déduction les opposent à Prieto, pour qui les processus inductifs, comme nous le montrerons dans l’analyse de notre corpus (voir la troisième partie) jouent un rôle très important dans la parole et la manipulation des signes.

2. Leur désintérêt pour une logique du prédicat au profit exclusif d’une logique des propositions représente une forme de déni de grands pans du fonctionnement réel de la communication. Prieto, à travers ses notions de classe, d’univers de discours, de caractéristique et de dimension, accorde au contraire une place centrale à la logique du prédicat. Il faudra montrer comment certains types d’échanges, en particulier les échanges didactiques, sont organisés par les principes de cette logique.

3. La prise de position délibérément innéiste, conséquence du rejet d’un modèle déductif, s’oppose à l’épistémologie de Prieto, qui, bien qu’il ne s’attribue pas le terme, a tous les caractères d’un constructivisme. Les grands moments du débat Chomsky-Piaget (1977), auquel participa d’ailleurs Fodor, peuvent se suivre en filigramme dans la construction des thèses de Sperber et Wilson et dans celles de Prieto. De sorte qu’il n’est pas étonnant que, partis chacun dans des directions opposées, ce soit à l’arrivée une conception hypothético-déductive de la formation des concepts qu’ils se retrouvent à affirmer (pour les uns) et à appliquer sans le dire (pour l’autre). L’usage par Prieto, dans ses descriptions, de la catégorisation, de la notion de classe, ainsi que la descritption de l’indication comme processus évolutif, plaident pour une telle hypothèse.

3. La prise de position délibérément innéiste, conséquence du rejet d’un modèle déductif, s’oppose à l’épistémologie de Prieto, qui, bien qu’il ne s’attribue pas le terme, a tous les caractères d’un constructivisme. Les grands moments du débat Chomsky-Piaget (1977), auquel participa d’ailleurs Fodor, peuvent se suivre en filigramme dans la construction des thèses de Sperber et Wilson et dans celles de Prieto. De sorte qu’il n’est pas étonnant que, partis chacun dans des directions opposées, ce soit à l’arrivée une conception hypothético-déductive de la formation des concepts qu’ils se retrouvent à affirmer (pour les uns) et à appliquer sans le dire (pour l’autre). L’usage par Prieto, dans ses descriptions, de la catégorisation, de la notion de classe, ainsi que la descritption de l’indication comme processus évolutif, plaident pour une telle hypothèse.