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des membres inférieurs, du tronc et de la colonne vertébrale. Une fois le recueil des données effectué les résultats doivent être examinés et un plan doit être défini pour traiter les déficits identifiés.

Pour une analyse de course à pied il est primordial d’effectuer une capture de mouvement afin d’interpréter la biomécanique de course. Les données doivent être visualisées dans les trois plans de l’espace. Des exemples de critères de références permettent d’évaluer chaque coureur ; la présence d’un alignement de l’épaule, de la hanche et de la cheville au moment de la frappe du pied. A mi-parcours, les épaules doivent être alignées avec les hanches dans le même plan vertical. Le tronc ne doit se pencher en avant de manière disjointe du bassin.

L’emplacement de la frappe du pied indique le type de contraintes d’impact subies par le coureur. La jambe de frappe ne doit pas développer une extension complète du genou juste avant la poussée. Une chute spécifique du bassin après le contact du pied peut indiquer une faiblesse de la musculature de la hanche dans la jambe d’appui. La rotation du tronc est opposée par rapport à celle du bassin. Un mouvement asymétrique du bras et de l’épaule peut compenser les variations de flexibilité dans la rotation du tronc et du bassin.

L’analyse médicale de la course à pied est très utile pour confirmer les soupçons de mauvaise forme de course et de mauvaises techniques d’entraînement qui contribuent aux symptômes de douleurs actuels, grâce à celle-ci les praticiens masso-kinésithérapeutes peuvent identifier les déficits et proposer une rééducation. Elle permet d’exclure d’autres conditions médicales à l’origine des douleurs ou de blessures liées à la course, et aide à prévenir les blessures chez les coureurs en bonne santé.

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5.2.1 Wu et al., 2021 : Incidence and risk factors of low back pain in marathon runners (67)

Dans le but de prévenir les lombalgies chez les coureurs, cette étude a pour objectif de définir les facteurs de risques décrivant les lombalgies chez les marathoniens, et également d’identifier si ces facteurs étaient liés aux douleurs dorsales et aux blessures pendant un marathon.

Lors d’un marathon en 2016, 850 participants ont été invités à répondre à un questionnaire.

Ces participants réalisaient soit le marathon (42,2 km), soit le semi-marathon (21,1 km). Le questionnaire comprenait des informations personnelles de base et des informations sur les facteurs de risques potentiellement associés à la lombalgie chez les marathoniens. Ces facteurs susceptibles d’induire une lombalgie, présents dans le questionnaire sont les suivants ; groupe de course (marathon complet ou semi-marathon), schéma de frappe du pied, activité d’échauffement, force, fatigue, types de chaussures, posture de course, blessures antérieures, température, environnement du site, psychologie, autres aspect. Les marathoniens participants à l’enquête étaient soit des marathoniens amateurs soit des marathoniens professionnels. Les marathoniens présentaient différentes caractéristiques d’activité physique professionnelle, ils ont donc été répartis en 5 groupes selon ces activités, afin d’analyser au mieux les données recueillies. Les 5 groupes sont les suivants : sédentaire, activité professionnelle en intérieur, activité professionnelle en extérieur, étudiant et autres groupes.

Selon les résultats d’analyse de données les participants étaient 71,5% d’hommes et 28,5%

de femmes, il a été constaté que l’âge et le sexe n’avaient pas de corrélation significative avec la lombalgie. Au total environ 4,5% de l’ensemble des participants souffraient de lombalgies. Les coureurs de 31 à 40 ans présentaient des taux plus élevés de lombalgie dans l’ensemble des groupes d’activité professionnelle. L’incidence de la lombalgie dans le groupe sédentaire était la plus élevée parmi toutes les populations, ce qui représentait 47,22% de tous les coureurs lombalgiques.

Grâce à l’analyse des risques les auteurs indiquaient que les activités d’échauffement, la fatigue, la posture de course et la température ambiante étaient significativement liés à la lombalgie chez les marathoniens. Par conséquent un entraînement musculaire suffisant et

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une adaptation à la température ambiante à l’avance sont hautement essentiels pour les coureurs afin de prévenir les lombalgies.

5.2.2 Raabe et Chaudhari, 2018 : Biomechanical consequences of running with deep core muscle weakness (68).

Dans cette étude plusieurs facteurs de risques ont été identifiés ;

- Une activation excessive ou incorrecte des muscles profonds du tronc peut entraîner une charge anormale de la colonne vertébrale et par conséquent une lombalgie.

- Un dysfonctionnement du psoas, en particulier pendant la course, peut avoir une incidence sur le mal de dos, car il s’attache au niveau de la colonne vertébrale et est un fléchisseur primaire de la hanche.

- Les coureurs de haut niveau avec des entraînements importants, ont une musculature centrale sous-développée

L’étude a pour objectif d’identifier les stratégies potentielles qui pourraient être utilisées pour compenser la faiblesse de la musculature centrale profonde pendant la course et d’identifier les changements qui en découlent dans la charge vertébrale, en utilisant des simulations. Les simulations consistent à modéliser la colonne lombaire à l’aide d’un logiciel.

Pour chaque participant une simulation de base de la phase d’appui d’un cycle de course a été créée. D’autres simulations ont ensuite été créées pour chaque participant à des niveaux de plus en plus élevés de faiblesse des muscles profonds du tronc. Suite à ces objectifs, les auteurs établissent comme hypothèse que la musculature centrale superficielle et les autres muscles centraux profonds, non affectés, pourraient compenser la faiblesse musculaire en augmentant leur production de force pendant la course. De plus, ils ont supposés que les compensations musculaires associées à la faiblesse des muscles centraux profonds entraîneraient une augmentation de la charge sur la colonne lombaire.

Les 8 participants de l’étude ont réalisé l’intervention en courant autour d’une boucle de 27m. Afin d’établir une collecte de données cinématiques et cinétiques des marqueurs rétro-réfléchissants ont été placés sur le haut et le bas du corps en utilisant une technique modifiée de regroupement de point. Les données relatives aux marqueurs ont été collectées à l’aide de caméra et les données relatives à la force de réaction au sol ont été échantillonnées à partir de six plaques de force. Plusieurs essais ont été réalisés afin d’en

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obtenir un où tous les marqueurs réfléchissants étaient présents, et où chaque plaque de force était déclenchée par la mise en contact d’un pied à la fois. Plusieurs simulations ont ensuite été générées pour chaque participant à des niveaux de plus en plus élevés de faiblesse des muscles profonds du tronc.

Les résultats de cette étude montrent qu’au fur et à mesure que les muscles étaient affaiblis, le niveau des compensations requises augmentait. Lorsque que le multifidus et l’érecteur du rachis profond étaient affaiblis individuellement, ils nécessitaient le plus grand nombre de muscles pour compenser, tandis que le psoas en nécessitait le moins. Le longissimus thoracique superficiel était le compensateur le plus fréquent, compensant de manière significative pour chaque condition de faiblesse musculaire, excepté pour le psoas.

Concernant la charge axiale appliquée sur la colonne vertébrale, la faiblesse de l’ensemble de la musculature centrale profonde a entraîné une augmentation significative de la compression sur les vertèbres L1 et L2, ceci a été objectivé par le logiciel de modélisation musculo-squelettique OpenSim.

Selon les auteurs une force et une stabilité faible du tronc peuvent influencer le risque de développer des blessures telles qu’une lombalgie chez les coureurs.

5.2.3 Lee et al., 2018 : Adaptations of lumbar biomechanics after four weeks of running training with minimalist footwear and technique guidance: Implications for running-related lower back pain (69)

Cette étude a pour objectif de s’intéresser aux changements dans la cinématique lombaire et l'activation des muscles paraspinaux avant, pendant et après un entraînement de course minimaliste de 4 semaines. Les auteurs font l’hypothèse que les coureurs présenteraient une réduction de l’amplitude du mouvement lombaire et de l’activation des muscles paraspinaux pendant la phase d’appui de la course après l’entraînement.

Dans cette étude les participants doivent continuer leur entraînement de course à pied habituel pendant 4 semaines en intégrant progressivement le port de chaussures minimalistes. Tout au long du programme des mesures ont été établies pour chacun d’entre eux lors de 3 sessions. La première « PRE » a été conduite un jour avant le début du programme, la deuxième « MID » au bout de 2 semaines et la dernière « POST » a été réalisée à la fin de l’entraînement de 4 semaines. Lors de ces sessions les participants

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couraient sur un tapis roulant et différentes mesures ont été réalisées. Des mesures d’amplitudes du mouvement lombaire dans le plan sagittal, des mesures électromyographiques des muscles paraspinaux ainsi que des mesures de pression du pied.

En plus de cela une contraction isométrique volontaire maximale (MVIC) de l’extension du dos a été effectuée, afin de normaliser le niveau d’activation musculaire des muscles paraspinaux lombaires.

Pendant toutes les sessions de tests, les participants portaient leurs propres chaussures de course. Ils couraient à deux vitesses, une vitesse contrôle de 3,1 m/s, et une vitesse libre choisie par les participants, qui leur semblaient proche de leur vitesse d’entraînement habituelle. Trois essais de 20 secondes ont été recueillis à chaque vitesse. Après la première séance de collecte de données de la session « PRE », les participants ont été équipés d’une paire de chaussure de course minimaliste standardisée. Ils ont reçu pour instructions de commencer par courir 10% de leur kilométrage normal avec ces chaussures, puis d’augmenter toutes les deux semaines, pour arriver à la quatrième semaine à réaliser en sécurité 30 à 50% de leur course avec des chaussures minimalistes. Tout au long des 4 semaines, et une fois par jour, les participants devaient indiquer dans un journal l’heure de chaque course, la distance et les chaussures utilisées. En plus les participants ont été invités à effectuer un programme de renforcement des muscles du pied, comprenant le « Marble Drill », le jump Drill » et le « Walk in Place » (Annexe 4). Pour finir un questionnaire de sortie a été remis à chaque participant après la dernière session dans le but de savoir s’ils avaient ressenti des douleurs ou des blessures pendant l’entraînement.

Les données recueillies concernant les changements dans les distances de course, les vitesses de course, les données cinématiques lombaire et d’activation musculaire, et les phases d’appuis ont été analysées par les auteurs. Dans les deux conditions de vitesse ; à 3,1 m/s et à vitesse choisie, les résultats sont similaires. Les comparaisons post-hoc ont montré que la posture lombaire moyenne était significativement moins fléchie qu'avant l'entraînement. L'angle de flexion lombaire maximal était significativement plus faible après l'entraînement. L'angle maximal d'extension lombaire a augmenté de manière significative après l'entraînement. Il n'y a pas eu de changement significatif dans l'amplitude globale des mouvements lombaires avant, pendant et après l'entraînement. L'activation du muscle paraspinal lombaire controlatéral différait significativement entre les trois sessions de test.

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La comparaison post-hoc a montré qu'il y avait une réduction significative de l'activation musculaire après deux semaines d'entraînement. Aucune différence significative dans l'activation musculaire n'a été observée dans le muscle paraspinal ipsilatéral.

L’étude démontre que 4 semaines d’entraînement de course avec des chaussures minimalistes et des techniques d’instructions, peuvent induire des changements significatifs de la biomécanique lombaire pendant la course. Plus précisément, les participants ont couru avec une posture lombaire moins fléchie et plus droite après l'entraînement. En conséquence, il a été observé une tendance à la réduction de l'activation du muscle paraspinal lombaire controlatéral. Ces effets ont été observés lorsque les coureurs couraient avec leurs chaussures de course habituelles. Il est alors démontré que l'inclusion d'un style minimaliste dans l'entraînement d'un coureur peut induire des modifications bénéfiques de la cinématique lombaire et de l'activation des muscles paraspinaux pendant leur course avec leur chaussure habituelle.

6 Discussion

A travers cette discussion nous allons présenter de manière subjective l’interprétation des résultats obtenus, les biais des articles sélectionnés ainsi que les limites de notre revue.

Nous finirons cette discussion par une réponse synthétique à notre question de recherche et par une présentation des perspectives professionnelles amenées par cette revue narrative.

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