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- Présentation du tissu Economique : des fragilités et des dualités 42

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Section II - Présentation du tissu Economique : des fragilités et

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Tableau n°4 : Evolution du nombre des entreprises privées selon la tranche des salariés et le régime

!

De son côté, la répartition des entreprises, selon la branche d’activité, montre une prédominance des activités de services (commerces, réparation auto et articles domestiques en premier lieu, suivi des transports et de l’entreposage en deuxième lieu et d’un ensemble varié d’autres activités…). De son côté, la branche de l’industrie n’est constituée que de 79250 entreprises représentant seulement 11,6%

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du tissu économique. Si on y ajoute 3134 entreprises du secteur de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche, la part de l’ensemble des activités productrices de richesses réelles ne dépasse pas environ 12% en 2014.

A côté de ces fragilités structurelles, il faut relever la présence de deux dualités qui contribuent à leur aggravation. La première dualité concerne l’existence de deux régimes d’entreprises (tableau 4) : un régime on-shore qui représente l’essentiel du tissu économique, soit 96% en 2014 et un autre régime dit off-shore constitué de 27058 entreprises (1) représentant seulement 4% du tissu.

Soulignons que le nombre des entreprises privées exerçant dans le cadre du régime offshore n’était que de 2697 entreprises en 1997et qu’il s’est multiplié d’environ 10 fois entre 1997 et 2014 contre une multiplication de 1,88 fois de l’ensemble des entreprises privées constitutives du tissu économique et de 1,82 fois des entreprises on shore.

Ces entreprises tendent à occuper une place importante en termes d’exportation et d’emploi malgré le peu de lien qu’elles entretiennent avec le reste du tissu économique.

En effet, sur un total de 999 425 emplois salariés formels crée par les entreprises privées en 2014, il y a 339508 créés par les entreprises exerçant dans le cadre du régime off-shore. De son côté, la part des entreprises off-shore dans les exportations Tunisiennes atteint environ 60 %.

Elles exercent une concurrence déloyale vis-à-vis des entreprises on-shore dans la mesure où elles peuvent écouler 30% de leur production sur le marché local (et 50% depuis 2015) et où elles bénéficient d’avantages fiscaux et douaniers qui ne sont pas

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accordés aux entreprises on shore. Le dernier rapport de la Banque Mondiale évalue ces avantages substantiels accordés aux 5 entreprises off-shore à environ un milliard de dollars par an (environ 2,3 milliard de dinars tunisiens par an) dont « 79% ont bénéficié a des entreprises qui auraient investi même en l’absence de telles incitations » affirme la Banque Mondiale. En 2014, remarquons qu’au total, il y a 14 924 entreprises de nationalité étrangère dont 11 991 travaillent dans le cadre du régime off-shore, soit environ 80 % de ces entreprises.

Dans le domaine industriel qui concerne l’accord d’association, sur les 14 924 entreprises étrangères, il y a 4 344 qui exercent des activités industrielles. La quasi-majorité des entreprises étrangères sont issues de l’UE avec, en premier lieu, la France suivie de l’Italie, de l’Allemagne, de la Belgique etc… Leur répartition sectorielle (tableau 5) montre une présence massive dans les activités industrielles fonctionnant dans le cadre de la sous-traitance et de l’exploitation des avantages comparatifs statiques et employant une main-d’œuvre peu qualifiée et mal rémunérée générant une faible valeur ajoutée.

Banque Mondiale (2014) : « La révolution inachevée » Avril 2014.

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Tableau 5 : Répartition des entreprises étrangères exerçant dans le secteur industriel en 2014

Source : répertoire national des entreprises, édition 2015

Activités Etrangère

Industries extractives 186

Industries alimentaires et de boissons 262 Industrie du Textile et de l’habillement 1737 Industrie du cuir et de la chaussure 265 Travail du bois et de fabrication d’articles en bois et en ligne, à l’exception des meubles ; fabrication d’articles en vannerie et sparterie

73

Industrie du papier et du carton ; Imprimerie et reproduction d’enregistrements

97

Industrie chimique et pharmaceutique 106 Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique 181 Fabrication d’autres produits minéraux non métalliques 81 Métallurgie, Fabrication de produits métalliques, à

l’exception des machines et des équipements

353

Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques ; Fabrication d’équipements électriques, de machines et d’équipements n.c.a

430

Industrie automobile et d’autres matériels de transport 146

Fabrication de meubles 110

Réparation et installation de machines et d’équipements

226

Autres industries manufacturières 91

Total 4344

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En outre, dans ce secteur industriel, il n’existe que 5 654 entreprises 6 qui emploient un effectif supérieur ou égal à 10 employés dont 2569 sont totalement exportatrices, soit 45 % du total représentant presque la moitié du tissu industriel bénéficiant d’une exonération fiscale totale, généreuse et coûteuse. Sur un total de 5654 entreprises, il y a 1766 entreprises à participation étrangère dont 1 089 sont à capitaux totalement étrangers. En outre, sur les 1 766 entreprises à participation étrangère, on dénombre 1 464 entreprises qui sont totalement exportatrices.

La deuxième dualité qui caractérise le tissu économique tunisien concerne la localisation géographique des entreprises privées, qui contribue à l’aggravation du phénomène des inégalités régionales. En effet, 81,1% du total du tissu économique est localisé à l’EST du pays, dans les régions du Nord-Est, Centre Est et Sud-Est et seulement 18,9% à l’Ouest du pays. Ce type de localisation est propre à une économie extravertie et dépendante, peu intégrée sur le plan sectoriel et territorial. Sur les 14924 entreprises étrangères présentes en 2014 il y a 11723 établissements localisés dans la région du Nord-Est, dont 7 186 à Tunis, 2720 dans la région du centre Est dont 1 562 à Sousse et 151 dans le Sud-Est dont 115 à Mednine, soit environ 98% des entreprises étrangères localisées sur le littoral Tunisien. Ce type de localisation participe, ainsi, à l’aggravation des inégalités régionales et à la reproduction d’un tissu économique peu intégré sectoriellement et territorialement.

Cette littoralisation des activités économiques entretient la médiocrité de l’environnement économique dans les régions de l’intérieur et contribue à fragiliser les entreprises qui s’y installent comme l’indique

Agence de Promotion de l’Industrie et de l’Innovation, Tunis, Février 2016 6

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le tableau 6 relatif à l’évolution du taux de survie des entreprises de la génération 2005.

Tableau n° 6 : Taux de survie des entreprises de la génération 2005 selon le gouvernorat

Source : RNE, INS, 2010

Après 5 ans, seuls 78% des entreprises créées en 2005 au niveau national arrivent à survivre en 2010. Ce taux atteint un niveau supérieur sur le littoral (exemple 80% à Bizerte) et se situe à un niveau inférieur à la moyenne nationale (exemple Jendouba 74% et Siliana 76% malgré leur proximité de la capitale).

Pour sa part, la structure du PIB selon les différents plans (tableau 7) indique les évolutions suivantes :

- Une tendance permanente à la baisse de la part de l’agriculture et pêche dans la formation du PIB.

- Une augmentation de la part des industries manufacturières lors de la phase de stabilisation du PAS entre 1987 et 1991 et entre 1992 et 1996. Toutefois, depuis l’application de l’AA, la tendance de cette part a amorcé une baisse passant de 15,9 % en 1997-2001 à 14,5 % au cours de la période 2011-2015.

Gouvernorat Nombre d’entreprises

Taux de survie selon l’âge (%)

1 2 3 4 5

Bizerte 2206 100 92 86 86 80

Jendouba 1375 100 88 82 77 74

Siliana 797 100 91 85 80 76

Total National 48763 100 92 86 82 78

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- La même tendance à la baisse avec une ampleur encore plus forte concerne les industries non manufacturières. En effet, la part de ces dernières est passée de 19,1 % durant 1992-1996 à 8,7 % au cours de 2011-2015.

- Au total, durant la période de transition libérale, nous soulignons une tendance à la baisse de la part de l’ensemble des secteurs productifs dans la formation du PIB qui est particulièrement plus prononcée à partir de la signature de l’AA.

- En contrepartie de la baisse des secteurs productifs, nous enregistrons une augmentation continue de la part des services marchands dans la formation du PIB et ce, en particulier à partir de la signature de l’AA.

- De leur côté, les services non marchands, dont la part est restée aux alentours de 15 % entre 2002 et 2010, ont vu leur part passer à 17,2 % en 2011-2015.

Au total, il apparaît que l’AA a contribué à fragiliser davantage le tissu productif tunisien. L’évolution de l’investissement tant local qu’étranger va participer à sa manière à cette fragilisation.

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Tableau n° 7 : Evolution de la structure du PIB selon les différents plans (MD de 2005)

Source : Calcul effectué à partir de Banque des données ITCEQ

A côté des fragilités et des dualités indiquées ci-dessus, il faut souligner la contribution sectorielle à la croissance du PIB par plan qui indique (tableau 8) les tendances suivantes :

- Une contribution fluctuante de l’agriculture et pêche à la croissance du PIB.

- Une tendance à la baisse des industries manufacturières à la croissance du PIB. Cette baisse s’est déclenchée, en particulier, depuis le début des années 2000. Elle est

1982-86 1987-91 1992-96 97-2001 2002-06 2007-10 2011-15

Agriculture et pèche

10,2 10,5 10,4 10,1 90,4 8,5 8,5

Industries Manufacturières

11,4 13,3 14,5 15,9 15,7 15,2 14,5

Industries non Manufacturières

26,5 22,2 19,1 15,3 11,4 10,4 8,7

Services Marchands

31,8 32,8 33,4 34,4 39 41,9 42,3

Services non Marchands

11,1 12,5 13 13,8 15 15,2 17,2

Impôts indirects nets de

subvention

9,1 8,6 9,5 9,6 9,4 8,8 8,8

PIB au prix de marché

100 100 100 100 100 100 100

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particulièrement prononcée quand on prend en considération les industries manufacturières non alimentaires.

- Une contribution croissante des services marchands à la croissance du PIB. Cette contribution est passée de 21,2 % en 1987-1991 à 55,9 % en 2002-2006.

- Une tendance à la baisse de la contribution des services non marchands à la croissance du PIB si on exclut la dernière période 2011-2015.

-Tableau n° 8 : Contribution sectorielle à la croissance du PIB par plan (structure en %)

Source : Calcul effectué à partir de Banque des données ITCEQ

1982-86 1987-91 1992-96 97-2001 2002-06 2007-10 2011-15

Agriculture et

pèche 13,8 41,1 0,4 6,7 9,2 0,3 33,9

Industries

Manufacturières 34,1 20,6 20,6 27,8 6,8 16,8 -2,1 Ind. Manuf. non

alimentaires 28,2 21,6 18,9 23,2 4,3 14,2 -5,8 Industries non

Manufacturières -2 -8,8 2,6 -19,8 3,7 8,4 -22,3 Services

Marchands 35,2 21,2 46,9 50,7 55,9 53 20,9

Services non

Marchands 28,7 15,8 16 22,3 18,1 15,9 60

Impôts indirects nets de

subvention

-9.8 10,1 13,5 12,2 6,2 5,7 9,7

PIB au prix de

marché 100 100 100 100 100 100 100

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II - 2 – Contribution des investissements privés à la dynamique du tissu productif

A côté d’une croissance du PIB qui n’a pas pu dépasser un plafond de 5 % en moyenne et à côté d’un système productif maintenu dans un état de fragilité à l’intérieur d’une spécialisation internationale traditionnelle, il faut souligner qu’à son tour le taux d’investissement global n’a pas pu dépasser 25 % du PIB malgré les nombreuses et généreuses incitations et malgré l’augmentation des IDE.

Le tableau ci-dessous (tableau 9) indique clairement un blocage du taux global d’investissement entre la période 2000-2010 avec, depuis 2011, une tendance à la baisse de ce taux qui atteint 19,2 % en 2014. Dans cette évolution, nous observons la même tendance à la baisse du taux d’investissement privé qui est resté constamment à un niveau inférieur à 16 % avant 2010 et amorcé une tendance à la baisse à partir de 2011. Quant à la part des IDE dans le PIB, elle a atteint en moyenne 4,2 % au cours de la décennie 2000-2009 pour entamer, par la suite, la même tendance à la baisse et atteindre 2,3

% en 2014.

Tableau n°9 : Evolution de la part des investissements depuis le début de ce siècle

Source : Statistiques financières de la BCT 2000-2009 2010 2011 2012 2013 2014 Total

Investissement

/PIB 23,5 24,5 21,8 21,9 20,3 19,2

Investissement

Privé/PIB 14,7 15,7 13,4 12,9 12,8 12,5 Investissement

étranger/PIB 4,2 3,4 2,7 3,7 2,6 2,3

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Si l’on met de côté la dernière période post 2011 en raison de son caractère exceptionnel et que l’on s’intéresse à la période d’avant 2010, l’analyse plus détaillée de la contribution de l’investissement privé à la dynamique du système productif dégage les fortes tendances suivantes :

En premier lieu, il faut souligner que le secteur privé tunisien malgré les sollicitations dont il fait l'objet et les divers avantages dont il bénéficie n'arrête pas de manifester un comportement de désarroi et de repli depuis quelques années.

L’examen de l’évolution du taux d’investissement privé et de la participation de ce dernier à la formation brute du capital fixe (FBCF) montre que cette participation est restée en deçà des objectifs fixés par les plans (objectif de 60% de la FBCF), loin des niveaux moyens atteints par les pays en développement et aurait même régressé entre 1992-1995 et 1996-2010 sans une intervention massive à partir de 1996 du programme national de mise à niveau et sans l'accroissement substantiel des IDE depuis la fin des années 90.

Le Tableau 10 montre que la part des investissements privés dans le PIB, comme on l’a précédemment souligné, a enregistré un pic de 15,7 % en 2010 mais qu’elle est restée toujours inférieure à 14 % quelle que soit la période retenue. Par rapport à la formation brute du capital fixe (FBCF), la part des investissements privés a enregistré une augmentation de 10 points passant de 47,5 % en moyenne en 1983-1986 à 57,5% en 2006-2010.

Toutefois, si on exclut les investissements dans le logement réalisés par les ménages, alors la part des investissements dans la FBCF, au cours de la dernière période, n'atteint que 43%. Elle n'atteint que 39,2%, si on exclut, en plus du logement, les investissements privés approuvés dans le cadre du programme de mise à niveau (PMN) qui a joué un rôle important dans le soutien à l'investissement privé.

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Entre 1996 (date d'application du PMN et 2012, les investissements privés approuvés dans le cadre du PMN ont atteint environ 6560 millions de dinars tunisiens dont 953 sont des primes octroyées par l'Etat tunisien représentant 14% des investissements approuvés. La comparaison entre l'évolution de la part des investissements privés dans la FBCF et l'évolution de la part des investissements liés à la mise à niveau dans la FBCF indique clairement et nettement que sans ce programme de mise à niveau, la part des investissements privés dans la FBCF n’aurait pas atteint les niveaux enregistrés et le taux d’investissement global aurait été encore plus bas.

Tableau 10- Evolution de l’investissement privé et de sa part dans l’investissement total en Tunisie (En %)

Source : Données élaborées à partir des différents rapports annuels de la banque centrale et des bulletins de statistiques financières.

19 83 19 86

19 87 19 91

19 92 19 95

1996 2001

2002 20 03 20

04 200 5 20

06 20 10 - Investissement total/PIB 28,

4 21, 6 26,

6 25, 2 25,

2 23, 4 22,

3 22, 3 23,

6 - Investissement privé/

PIB 13,

5 10, 6 12,

3 13,

2 14 13, 1 12,

5 12, 7 13,

5 - Investissement privé /

FBCF 47,

5 48, 9 46,

5 52,

4 55 56 56 56,

3 57, 5 - Investissement privé

hors logement/FBCF - - 33 37,

2 38,

3 39 39, 3 39,

4 43

- Investissement privé hors logement

et mise à niveau/FBCF - - 33 31, 4 36,

6 36, 7 35,

5 33, 5 39,2 - Investissement lié à la

mise à niveau/FBCF - - 0 5,7 3,1 4,2 3,3 5,7 3,9

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L'importance du rôle joué par le PMN apparaît encore plus nettement dans l'analyse de l'évolution des investissements dans les industries manufacturières. En effet, le tableau 11 fait apparaître que :

- 62% des investissements du secteur privé ont été réalisés dans le cadre du PMN, principalement dans des activités traditionnelles de plus en plus menacées par l'aggravation de la concurrence asiatique telles que le textile et l'habillement en particulier.

- 22% des investissements privés dans les industries manufacturières ont été réalisés par les IDE sans pour autant participer à la diversification de l'appareil productif et des exportations dans la mesure où la part de celles à contenu technologique élevé reste toujours négligeable.

- 16% seulement des investissements privés manufacturiers ont été réalisés en dehors du PMN.

Tableau 11 - Structure des investissements privés dans les industries manufacturières au cours de la période 1996-2005

Source: Différents rapports de la BCT.

En millions de dinars tunisiens (MDT)

prix constants 1990

(%)

Investissements privés locaux dans le cadre du PMN

3375 62

Investissements privés étrangers

1225 22

Investissements privés locaux hors PMN

838 16

Total 5437 100

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Il faut souligner que la part de l’investissement privé dans la FBCF, malgré son amélioration, fortement assistée durant la période, est restée loin derrière les parts enregistrées par des pays concurrents, proches et lointains (Tableau 12).

Tableau 12 - Part de l’investissement privé dans l’investissement total

Source : Banque mondiale : rapports annuels

Depuis 2000, la Banque Mondiale ne cesse de considérer à juste titre que ‘‘la performance de la Tunisie en matière d’investissement privé est décevante, surtout eu égard aux mesures d’incitations prises par l’Etat’’ . Cette déception est d’autant plus justifiée que le secteur 7 privé ne cesse d’améliorer sa présence en termes sectoriels (grâce, en particulier, à la privatisation des entreprises publiques) et sa position en termes de répartition de la valeur ajoutée (VA) et de bénéficier d’avantages substantiels et multiples.

Le désarroi du secteur privé résultant de l'aggravation de la contrainte extérieure conjuguée au désengagement de l'Etat a donné lieu à un comportement frileux et peu entreprenant qui est exprimé tant en termes d'investissement privé, resté en deçà des exigences de l'emploi et du développement, qu'en termes de rythme de création d'entreprise, resté faible.

Tunisie Turquie Thaïlande Pologne Maroc Egypte

1997 50.4 78,5 67,7 86,6 70,4 68,4

2004 56,1 82,5 70,7 90,6 75,4 91,4

2010 62,8 84,9 - 91,4 78,1 74,5

Banque mondiale « Revue sociale et structurelle 2000 », Tunis, juin 2000. P 46.

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En plus, le tableau 13, qui indique l'évolution des investissements depuis 1982, montre que, parallèlement à la tendance à la baisse du taux d'investissement global, on assiste à des transformations profondes au niveau de la répartition des investissements par branche :

- C'est ainsi que la part des investissements dans les secteurs productifs (Agriculture et pêche, industries manufacturières et industries non manufacturières) est passée de 54% au cours de la période 1982-1986 à 36,1% au cours de l'année 2005 pour remonter à 41 % au cours de la période 2006-2010 et ce, à la faveur d'un flux important des IDE destinés aux industries non manufacturières et plus particulièrement à l'énergie. Notons que cette part a continué à baisser pour atteindre 38,7 % durant la période 2011-2014.

Tableau 13 - Evolution du taux d'investissement et de sa répartition par branche

Source: Différents rapports de la BCT 1982

1986 1987

1991 1992 1996 1997

2001 2002

2004 2005 2006 2010 1- Taux d'investissement

global 29 22,5 25,9 25,5 23,6 22,6 23,6

2- Répartition des

investissements par secteur a- Agriculture et pêche b- Industries non manufacturières c- Industries manufacturières d- Services marchands e- Equipements collectifs

14,8 21,3 17,9 38 8

15,6 13,5 16,5 44 10,4

13,4 13,1 13,6 44,2 15,7

13,4 13,6 13,9 49 10,1

10,4 12,5 12,9 52,6 11,1

10,6 13,3 12,2 52,8 11,1

7,4 23 10,6 50,3 9

3- Total des investissements

productifs (a+b+c) 54 45,6 40,1 40,9 36,1 36,1 41

Total 100 100 100 100 100 100 100

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- Au cours de la dernière période 2006-2010, les IDE ont même contribué à aggraver le déséquilibre de la répartition sectorielle de l'investissement global (privé et public) industriel. En effet, au cours de cette dernière période, les investissements dans le pétrole, le gaz, l’électricité et l’eau ont totalisé 60,5% de l'investissement global industriel contre 31,5% dans les industries manufacturières plus créatrices d'emploi et plus structurantes de l’appareil productif. Cette répartition déséquilibrée entre les différentes activités industrielles n’a pas manqué de contribuer à la baisse du contenu- emploi de la croissance, comme le montre le tableau 14.

Tableau 14 – Evolution du contenu-emploi de la croissance en Tunisie

Source : calcul effectué par nos soins

- En ce qui concerne les industries manufacturières, la part des investissements dans celles-ci est passée d'environ 18% au cours de 1982-1986 à 12,2% en 2005 et seulement à 10,6% de la FBCF au cours de la période 2006-2010. Les secteurs les plus concernés par la baisse sont les THC, les industries diverses et secondairement le MCCV. En revanche, les investissements se maintiennent dans les IAA et les IME.

- L'essentiel des investissements privés concerne la modernisation, le renouvellement, et dans une moindre mesure,

1971-1981 1982-1991 1992-1996 1997-2010 Pour 1% supplémentaire

du PIB, l’emploi s’accroît de :

0,34 % 0,84 % 0,71 % 0,55 %

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les investissements de capacité. De leur côté, les investissements du secteur public ont concerné principalement les gros entretiens des équipements : c’est le cas des cimenteries publiques, de l'industrie du tabac et du raffinage du sucre, de la société sidérurgique El Fouledh, de l'industrie automobile (STIA) avant sa privatisation et de l'industrie du papier et de l'imprimerie, comme le soulignent les différentes enquêtes réalisées par l’ITCEQ.

- Parallèlement à la baisse de la part des investissements dans le secteur productif, on assiste à une augmentation accélérée de la part des investissements dans les services marchands (tourisme, commerce, finance, transport, télécommunication…). Cette part est passée de 38% au cours de la période 1982-1986 à 52,8% en 2005, à 50,3% au cours de la période 2006-2010 et à 52,8 % durant 2011-2014.

- L'absence d'une diversification significative du tissu industriel conjuguée à une tendance à sa fragilisation n'a pas manqué de se refléter au niveau des exportations. Ces dernières restent dominées par une faiblesse inquiétante des exportations à fort contenu technologique. Cette part ne représente que 3% des exportations en 2005 contre 3,32% en 2000 . Rappelons qu’elle 8 atteint, à la même date, 20% dans les pays à revenus intermédiaires et 34% dans les pays de l'Asie de l'Est. S'agissant du travail investi dans les exportations tunisiennes, il est constitué de 87% de travail non qualifié et seulement de 13% de travail qualifié.

Le comportement de repli du secteur privé sur des activités assistées par l'Etat et bénéficiant de l'appui du PMN, sur des activités

D’après les études réalisées par l’IEQ.

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protégées ou/et moins exposées à la concurrence telles que le commerce de gros et de détail, l'agriculture, les services marchands (cliniques privées, salles des fêtes, espaces de loisir, cités universitaires privées, cafés et restaurants, spéculations immobilières, etc...) a donné lieu à des tendances fortes à la désindustrialisation et à la tertiarisation de l’économie.

La tendance à la désindustrialisation, à la création d'entreprises de petite taille, au maintien de l'économie tunisienne dans une division internationale du travail traditionnelle et au repli du secteur privé sur un certain type d'activités expliquent dans une large mesure la faiblesse du taux d'encadrement et partant la faible capacité de recrutement des diplômés du supérieur. En effet, ce taux d’encadrement, à la fin de 2011, n'a atteint que 17,5% en moyenne au niveau national. Les données de 2010 montrent que ce taux d'encadrement varie de 63,5% dans le secteur des banques et assurances, à 20,9% dans les industries chimiques, de 15% dans les industries mécaniques et électriques, à 5,1% dans les industries de la confection, du cuir et de la chaussure et seulement à 1,4% dans le secteur de l'agriculture et pêche . 9

Enfin le repli du secteur privé a aussi un caractère géographique qui n'a pas manqué de contribuer à l'aggravation des inégalités régionales dans la mesure où on constate qu'environ 93%

des entreprises créées en 2009 sont localisées sur la bande du littoral et qu’environ 80% des investissements privés se réalisent dans cette zone. Cette situation a entraîné des différences régionales tant en termes de densité des entreprises par région qu’en termes de répartition régionale des emplois et des taux de chômage enregistrés comme l’indique le tableau 15.

   Stratégie  na.onale  pour  l’emploi  (2012).

9