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Chapitre 3 Analyse exploratoire des processus cognitifs mis en jeu dans

2. Présentation du terrain d’étude

La démarche d’analyse a été déployée au sein du Groupe M8, entreprise de transport de taille moyenne (de 50 à 100 véhicules) implantée dans le sud-ouest de la France. Ce groupe est composé de deux entités distinctes, le Transport BTP (T-BTP) et le Transport AGRI (T-AGRI), regroupées au sein d’un même site géographique. Les résultats proposés ultérieurement porteront sur l’analyse de l’ensemble de la structure. Cependant, dans notre présentation du terrain d’étude nous veillerons à exposer les principales spécificités de chaque entité, afin de disposer d’un maximum d’éléments dans la démarche d’interprétation des résultats.

En se basant sur l’étape d’analyse globale, la présentation du Groupe M et des deux entités constitutives peut s’articuler autour de quatre dimensions : le type d’activité, la taille de la flotte et les zones géographiques desservies, le type d’ordonnancement et les outils d’ordonnancement.

Type d’activité

D’une manière générale, l’activité du Groupe M peut être déclinée en deux sous-catégories : le transport de matière à destination du secteur Bâtiment et Travaux Publics (BTP), assuré par T-BTP, et un service de transport plus spécifique sous forme de plateaux ou convois exceptionnels, visant principalement le secteur agricole. Ce second volet d’activité étant porté par T-AGRI.

Au sein du T-BTP, la quasi-totalité des clients sont des clients réguliers (plus de 90%). Le parc de véhicules est constitué exclusivement de bennes et de citernes. De plus, l’entité propose également des locations d’engins de travaux (pelles mécaniques, sauterelles, Bulls Trax, etc.). Bien qu’il existe

8 Afin de préserver l’anonymat des structures étudiées, les noms des entreprises ou des personnes ont été modifiés.

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Page | 71 également des clients réguliers à T-AGRI, la part de ces derniers est nettement inférieure à celle de T-BTP (moins de 50%).

Le type d’activité est un facteur qui conditionne directement l’ordonnancement. Par exemple, le transport en plateau induit les notions de lot complet (une seule destination) ou de lots partiels (destinations multiples), alors que cette problématique n’existe pas dans le cadre d’un transport en benne ou en citerne. D’autre part, les convois exceptionnels requièrent la prise en compte de conditions supplémentaires par rapport aux convois classiques (trajet selon hauteur et tonnage des ponts, etc.). Enfin, l’affectation d’un véhicule entre un point de retrait et une seule destination (type navette) n’exige pas les mêmes compétences mentales que la construction soigneuse d’une tournée avec des points de retrait et de livraison multiples et inhabituels.

Taille de la flotte et secteur géographique

Le Groupe M dispose d’une flotte d’une soixantaine de véhicules. Le T-BTP possède 48 véhicules, tandis que 17 camions sont affectés à l’entité T-AGRI. Chaque entité est gérée par un exploitant chargé d’ordonnancement, d’optimisation et d’exploitation du parc de véhicules et des conducteurs salariés.

De même, le secteur géographique d’intervention n’est pas le même pour les deux structures. T-BTP propose ses services sur une zone géographique correspondant au grand sud-ouest, alors que l’activité du T-AGRI s’étend sur l’ensemble du territoire national et les pays du Benelux.

Type d’ordonnancement

Selon ses propres dires, l’exploitant T-BTP doit faire face à un environnement « très dynamique ». En effet, il travaille majoritairement avec des clients réguliers, dont les besoins et les demandes sont très variables d’un jour à l’autre. De plus, les clients indiquent leurs besoins très tardivement, pour le jour J ou J+1. Cela réduit considérablement la marge de manœuvre de l’exploitant, astreint à un effort conséquent d’adaptation.

Chez T-AGRI, la fenêtre temporelle d’ordonnancement est plus grande, puisque l’exploitant dispose de deux demi-journées par semaine (jeudi après-midi et vendredi) pour réaliser la quasi-totalité des tournées de la semaine suivante. Une construction de tournée qui comprend aussi les trajets retour, dont l’objectif est d’éviter à tout prix de rentrer à vide. Cela correspond à un ordonnancement pour J+3 à J+7.

Bien que de nombreuses interactions entre les exploitants ou avec le secrétariat et la hiérarchie de l’entreprise puissent être observées, l’activité d’ordonnancement demeure une mission principalement individuelle.

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Page | 72 Outils d’ordonnancement

Les plannings sur papier, les bons de commande, les cartes murales, l’annuaire téléphonique, le tableau de passage des véhicules pour contrôle au Service des Mines ou encore la carte du réseau routier autorisé aux véhicules poids lourds (avec indication des hauteurs de tunnels et du tonnage des ponts) sont autant d’outils de travail que les exploitants des deux entités ont à leur disposition. Cependant, il existe également quelques différences dans l’environnement matériel ; la plus notable concernant les outils informatiques d’aide à la prise de décision, qui ne sont pas tout à fait identiques dans les deux structures.

Aussi bien chez T-BTP que chez T-AGRI, on observe un planning mural très sollicité pour la construction et la représentation des tournées. À T-BTP, c’est un panneau représentant l’ensemble des ressources (conducteurs, véhicules, matériels) ainsi que l’ensemble des clients réguliers pour qui les ressources sont affectées (Figure 9). À l’aide de différents types d’étiquettes papier, l’exploitant met à jour l’état des ressources affectées pour le jour même ou le lendemain. La représentation graphique ne va pas au-delà de 24h.

Figure 9. Panneaux des affectations, T-BTP.

L’exploitant de T-AGRI dispose d’un planning mural sous forme de Gantt. On retrouve, disposées en colonne, l’ensemble des ressources (conducteurs) ; et en ligne, les différents jours de la semaine. Ce support est adapté au type d’ordonnancement de T-AGRI, puisqu’il permet d’y représenter des tournées à horizon temporel J+7 sans client « régulier » (Figure 10).

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Figure 10. Planning mural, T-AGRI.

Les plannings muraux permettent aux exploitants de se représenter la répartition des ressources à un instant T, et de programmer de manière efficace les tournées à venir. De plus, avec une visibilité nettement supérieure à celle du format informatique et du format papier, le support mural facilite les échanges dans le cadre de réflexions collectives entre les personnes physiquement présentes dans la salle d’exploitation.

Les deux entités sont dotées de solutions informatiques qui s’appuient sur les nouvelles technologies. À T-AGRI, il s’agit du logiciel Transcis, solution dite « complète » et largement connue dans le domaine du TRM. Celui-ci offre des fonctionnalités de géolocalisation en temps réel des véhicules, un accès à l’ensemble des données sociales des conducteurs, une communication avec les conducteurs et un partage direct des documents comme les bons de commande. L’exploitant de T-BTP ne possède qu’une solution partielle : Eurotoll. Il s’agit d’un logiciel qui permet uniquement de visualiser, en temps réel, les véhicules en cours de tournée.

3. Dispositif de l’étude