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Chapitre 1 PROLÉGOMÈNES

III. Présentation de la méthode

III.1. CHOIX DU VERBE COMME OBJET DETUDE

Afin de mettre en perspective la méthode que nous nous proposons d’appliquer, ainsi que ses choix concrets, il convient de revenir à la motivation initiale (et au but ultime et lointain) de cette recherche : fonder une classification sémantique sur des critères syntaxiques, seuls à même de la justifier compte tenu de leur caractère objectif et des grandes variations d’expression d’un même concept cognitif d’une langue à l’autre — j’en veux pour preuve le titre aussi provocateur que révélateur d’un article de D. Slobin : « Two Ways to Travel : Verbs of Motion in English and Spanish »35 (Slobin, 1996).

Ce but étant fixé, il nous imposait un certain nombre de choix théoriques que nous avons exposés dans le paragraphe précédent et que nous pourrions synthétiser de la façon suivante : nous allons tenter de pousser à l’extrême la démarche des tenants de la Construction Grammar en retardant au maximum le moment où intervient la sémantique (voir II.5 ci-dessus, page 45) et ce en multipliant les constructions dans lesquelles un verbe est susceptible d’apparaître.

In principle, attention to the licenced range of syntactic environments for a verb can provide converging evidence about its interpretation, just because these several environments are

35 « Deux Façons de Voyager : Les Verbes de Mouvement en Anglais et en Espagnol »

projections from the range of argument structures associated with that verb.36 (Fisher et al. 1994 : 360)

L’idée de prendre en considération l’ensemble des constructions dans lesquelles peut intervenir un verbe donné n’est pas nouvelle ; cependant, les tenants de ce que l’on appelle « l’approche gamme-de-constructions » (frame-range approach) s’auto-censurent comme le montre la déclaration suivante :

Of course one cannot converge on a unique construal from syntactic properties alone. Since the subcategorization properties of verbs are the syntactic expressions of their arguments, it is only those aspects of a verb’s meaning that have consequences for its argument structure that could be formally represented in the syntax.37 (Fisher et al. 1994 : 366)

La méthode que nous nous proposons de mettre en œuvre ici vise à pallier cette carence en ne se limitant pas à la simple observation des structures argumentales associées à un verbe. Au contraire, il nous a paru intéressant d’assortir notre travail sur la morphosyntaxe de manipulations qui, sans avoir nécessairement de dimension sémantique, permettent de constituer des classes sémantiques de plus en plus fines.

En d’autres termes, nous cherchons à compléter la frame-range approach de façon à rendre un peu plus caduques les réserves des tenants d’une approche sémantique pour lesquels la syntaxe ne peut aboutir qu’à des classes grossières, comme l’exprime S. Pinker :

36 En principe, l’observation de la gamme d’environnements syntaxiques autorisés pour un verbe peut constituer un faisceau d’indices relatifs à son interprétation, du simple fait que ces différents environnements sont des réalisations issues de la gamme de structures argumentales associées au verbe.

37 Il va de soi que les propriétés syntaxiques seules ne permettent pas d’aboutir à une représentation unique. Puisque les propriétés de sous-catégorisation d’un verbe dépendent de leur structure argumentales, seuls ces aspects du sens d’un verbe qui modifient la structure argumentale sont susceptibles d’être représentés en syntaxe.

In sum, learning from one frame could help a learner distinguish frame meanings, that is what the water boiled has in common with the ball bounced and does not have in common with I boiled the water. But it does not distinguish root meanings, that is, the difference between the water boiled and the ball bounced.

And the root meanings are the ones that correspond to the

‘content’ of a verb, what we think of as ‘the verb’s meaning’, especially when a given verb root appears in multiple frames.38 (Pinker 1994 : 398)

Ainsi, nous relevons le défi que L. Naigles expose en ces termes : « … a challenge for the future will be to show that other elements of verb meaning can be learned via syntactic evidence » (Naigles 1990 : 372).39

Cette citation de L. Naigles doit en fait se comprendre comme sous-tendant deux étapes de notre cheminement. Dans un premier temps, nous avons voulu y voir la volonté de pousser plus avant la recherche de fondations syntaxiques aux classes sémantiques. Cela nous a confortée dans la légitimité d’une entreprise qui consiste à lancer des passerelles entre les points de vue 1 (morphosyntaxique) et 2 (sémantico-référentiel) de C. Hagège (Hagège 1995 : 27-29) tout en les maintenant bien distincts et en privilégiant le premier sur le deuxième.

C’est cette intention initiale qui a motivé, tout naturellement, le choix du verbe comme objet d’étude, choix auquel L. Naigles reconnaît également tout son bien-fondé. En effet, le verbe s’impose à l’esprit de quiconque décide de travailler

38 En fin de compte, l’apprentissage à partir d’une construction pourrait aider l’apprenant à distinguer les significations des constructions, i.e. ce qui rapproche la phrase l’eau a bouilli de le ballon a rebondi et la différencie de j’ai fait bouillir l’eau. Mais cela ne permet pas de distinguer les sens des racines verbales, i.e. ce qui différencie l’eau a bouilli de le ballon a rebondi. Or, ce sont les sens des racines verbales qui correspondent au ‘contenu’ du verbe, ce que nous considérons comme ‘le sens du verbe’, et ce a fortiori lorsque le verbe peut apparaître dans plusieurs constructions.

39 … un défi pour l’avenir consiste à montrer que d’autres éléments du contenu sémantique d’un verbe peuvent être appréhendés au moyen de la syntaxe.

en syntaxe. Dans une première approximation, J.-C. Milner définit la syntaxe comme « théorie des propriétés relationnelles » (Milner 1989 : 290). Or ces propriétés relationnelles nécessitent un noyau central autour duquel elles s’agencent. C’est au verbe que ce rôle de noyau central est dévolu. En effet, il n’est que d’ouvrir un manuel de linguistique, même le plus élémentaire, pour s’en convaincre : le verbe est toujours présenté comme le centre organisateur de l’énoncé, siège de la fonction prédicative, et de ce fait le lieu où se nouent les relations syntaxiques qui président à l’élaboration d’un énoncé. Pour illustrer notre propos, nous ne citerons que ces deux passages tirés de A. Martinet : « On aura, en fait, intérêt à réserver le mot « verbe » pour désigner les monèmes qui ne connaissent pas d’autres emplois que les emplois prédicatifs » (Martinet 1996 : 141), où les emplois prédicatifs sont définis de façon purement syntaxique : « un monème verbal, comme jette ou donne, implique non seulement son sens, mais, également, son emploi comme prédicat, c’est-à-dire la nature de ses relations avec les autres éléments de l’énoncé. » (Martinet 1996 : 111). Ainsi, syntaxe et verbe semblent entretenir des rapports tout à fait privilégiés, presque intrinsèques, ce qui justifie le choix de cette catégorie lexicale comme objet d’étude.

Un autre aspect du verbe, intimement lié à celui que nous venons d’évoquer, le rend particulièrement intéressant à notre propos. Que le verbe soit une entité fondamentalement syntaxique en fait un candidat idéal pour toute étude qui prétend s’appuyer sur la syntaxe comme source de données initiales. Mais nous aspirons, à partir de ces données syntaxiques, à déboucher sur une classification sémantique des verbes. La nature intrinsèquement syntaxique du verbe ouvre-t-elle nécessairement cette voie ? Il semble que tel soit le cas. En

effet, nombre de travaux de psycholinguistes menés dans le domaine de l’acquisition du langage semblent le démontrer.

One can learn that the word for ‘elephant’ is /elephant/ (or /beep/) because it is said in the presence of elephants. However, when we turn to the acquisition of lexical categories other than the noun, this promising story appears to fall apart. Subjects cannot correctly guess which verb the mother is saying under the same circumstances — observation of the mother/child scenes without audio other than the beep.40 (Fisher et al. 1994 : 335)

Cette constatation s’explique, entre autres, par le caractère non-simultané et non-séquentiel de l’énonciation des verbes en production orale et de l’apparition des procès correspondants dans la trame chronologique de la scène.

Pour reprendre l’illustration de C. Fisher, soit une scène dans laquelle un enfant pousse un camion et, à la demande de sa mère, l’apporte à sa grand-mère pour lui montrer ce qu’il fait, ce qui la fait sourire de satisfaction. La séquence des actions est donc : poussée – déplacement – monstration – sourire. Mais, ce que la mère énonce en fait est : « Va montrer à grand-mère ce que tu fais, elle va trouver que tu pousses très bien ton camion », où la séquence des verbes est aller – montrer – faire – trouver – pousser. Comment se servir du contenu de la scène pour comprendre le sens des verbes, lorsque ceux-ci n’expriment pas nécessairement toutes les actions représentées, ni n’en reflètent l’ordre ? La tâche relève de la gageure, et en effet, le taux de reconnaissance des verbes par les observateurs testés ne dépasse pas 7%.

40 On peut apprendre que le mot pour ‘éléphant’ est /éléphant/ (ou /bip/) parce qu’il est prononcé en présence d’éléphants. Cependant, il en va tout autrement lorsqu’il s’agit de l’acquisition d’autres catégories lexicales que le nom. Les sujets sont incapables de deviner correctement quel verbe est prononcé par la mère dans les mêmes conditions, i.e.

par la simple observation des scènes mère/enfant sans autres sons que le bip.

Ainsi, toutes ces considérations semblent faire du verbe la catégorie lexicale idéale pour qui cherche à aboutir à une classification sémantique d’entités linguistiques à partir de données syntaxiques.

On retrouve cette double dimension syntaxique et sémantique du verbe dans le fait que les énoncés se construisent sur une relation bipolaire asymétrique.

Longtemps, les linguistes en ont rendu compte en termes « ambigus » parce qu’empruntés au domaine de la Logique : Sujet et Prédicat. Il est clair qu’une telle démarche ne saurait convenir au linguiste : la raison de langue a ses raisons que la raison logique ignore… Il est donc nécessaire d’analyser les énoncés en termes d’observation naïve simple, sans présumer de catégories éventuellement immanentes. C’est dans cette optique que travaille J.E. Tyvaert, ce qui lui permet de mettre en lumière un proto-mot lexical qu’il choisit d’appeler : Verbe (les majuscules sont importantes afin de ne pas confondre ces concepts avec ce que la grammaire traditionnelle étiquette « nom », « verbe », « adjectif », etc.). Cette entité fondatrice est isolée à partir de phrases primitives, c’est-à-dire

« (i) déclaratives descriptives (ii) simples (iii) toujours saisies en situation d’énonciation (iv) sans exigence de complémentation de l’information par renvoi de type anaphorique. » (Tyvaert 2001 : 434). L’observation de tels énoncés révèle un mode de structuration binaire asymétrique et récursif à partir d’un schéma du type : syntagme « substituable à un mot grammatical » + « syntagme non totalement grammaticalisable »41 (Tyvaert 2001 : 436). J.E. Tyvaert se propose de définir – mais cette fois selon des critères linguistiques – les deux termes

41 Dans cette citation, « substituable à un mot grammatical » doit s’entendre au sens de grammaticalisable, acceptant pour substitut un mot grammatical.

impliqués dans ce schéma bipolaire asymétrique fondateur de l’énoncé : le Verbe est l’élément de l’énoncé qui n’est pas susceptible de se délexicaliser, contrairement au Nom qui, lui, peut être pronominalisé.

(13) Le conférencier LIT ses notes. (< Il les LIT.) (14) Le lait est CHAUD. (< C’est CHAUD.) (15) Mon père est MEDECIN. (< Il est MEDECIN.)42 (où le Verbe est en petites majuscules (quelle que soit la couleur), le verbe en bleu, l’adjectif en vert et le nom en rouge).

Cette méthode permet « d’isoler le mot qui est le sanctuaire (lexical, sémantique, référentiel) de la phrase. Il est le mot L43 par excellence et nous proposons de l’appeler Verbe (avec une majuscule), non seulement pour invoquer sa capacité potentielle d’évocation illimitée des langues, mais aussi pour souligner le fait que dans de nombreuses phrases descriptives (celles qui évoquent un événement) ce mot se trouve être un verbe (avec une minuscule). » (Tyvaert 2001 : 438). En effet, si Verbe et verbe ne sont pas synonymes, le verbe est la catégorie lexicale qui instancie de façon privilégiée la position Verbe, loin devant celle de l’adjectif ou du nom.

Le fait que le verbe soit (très fréquemment) le terme non-grammaticalisable d’un énoncé le rend particulièrement pertinent pour notre étude. Etant l’élément relateur par excellence, c’est lui qui impose sa/ses structure(s) qui constitue(nt) l’armature des énoncés, tout en leur assurant leur contenu sémantique minimal. En d’autres termes, le verbe se trouve à la croisée

42 Les exemples (13), (14) et (15) sont empruntés à Tyvaert 2003 : 256.

43 « Mot L » correspond à « mot Lexical ».

de la syntaxe et de la sémantique. L’idée de partir du verbe afin de se fonder sur la première pour établir la seconde s’en trouve ainsi justifiée.

(16) Mon père OFFRE une rose à ma mère.

(< Il la lui OFFRE.)

(17) Mon père APPREND la nouvelle à ma mère.

(< Il la lui APPREND.)

(18) Mon père APPREND à ma mère que…

(< Il lui APPREND que…)

Le fait que OFFRE et APPREND restent sémantiquement pleins dans les énoncés pronominalisés, et qu’ils imposent leurs structures argumentales en maintenant cas et subordination laisse à penser que le sens de offriret apprendre peut se déduire de ces structures ou gammes de structures.

Ainsi, à l’instar de J.S. Gruber, nous constatons que : « It has become apparent that the verb is the principal variable in sentences upon which the syntactic form of a sentence depends » (Gruber 1976 : 3).44 Il semble donc potentiellement judicieux de le choisir comme l’objet d’une étude qui se veut syntaxique dans sa méthode, même si son objectif ultime touche également à la sémantique.

44 Il devient évident que le verbe est la principale variable dont dépend la structure syntaxique d’une phrase.

III.2. CHOIX DE LA PREPOSITION COMME ANGLE DATTAQUE

Comme dans le paragraphe précédent, nous nous sommes laissée guider par ce qu’impliquent les contraintes théoriques que nous nous sommes fixées.

Notre volonté est de fonder une classification sémantique des verbes de l’anglais en fonction de critères syntaxiques. Aussi nous a-t-il fallu découvrir quels éléments formels pourraient sous-tendre notre étude. Cette nécessité initiale, combinée aux spécificités de la langue anglaise elle-même, nous a assez naturellement amenée à nous intéresser aux prépositions qui semblent remplir nombre des conditions imposées par notre projet. Nous allons les développer ici.

Une première observation somme toute assez naïve permet de justifier notre choix de la préposition comme angle d’attaque de notre étude : la préposition participe à la fois de la syntaxe et de la sémantique. Cette constatation initiale semble faire l’unanimité chez les grammairiens de toutes écoles et de toutes périodes. Ainsi, au XVIIe siècle, J. Wilkins s’attache à « bâtir de toutes pièces un projet langagier raisonné, fondé sur la juste énumération des choses, sur la description exacte du monde réel et objectif ; . . . il faut forger un projet où chaque unité retenue trouve sa place dans un ensemble ordonné, net, régulier. » (Pauchard 1997 : 124-25). Ce projet l’amène à élaborer une classification fine des choses et des termes susceptibles d’y référer. An Essay towards a Real Character, and a Philosophical Language (1668) offre le fruit de ses réflexions et retient notre attention ici dans la mesure où les prépositions – plus précisément les prépositions de lieu – apparaissent à deux endroits de la classification :

Voici donc situées [parmi les particules] les prépositions dans ce tableau général des parties du discours où seules les intégrales signifient, c’est-à-dire réfèrent au monde extérieur ; le rôle des particules est, lui, d’assurer la cohésion du discours. Pourtant, sans que Wilkins paraisse s’en aviser les prépositions de lieu, justement, signifient, elles font référence au monde extérieur, et c’est sur cette référence que se fonde la description que Wilkins en donne (La localisation se trouve répertoriée parmi les intégrales aux différences II-Place et III-Situation du genre XXII-Space et puis à nouveau parmi les particules). (Pauchard 1997 : 127)

Cette double classification des prépositions de lieu témoigne de la reconnaissance par Wilkins de la bipolarité, syntaxique et sémantique, de ces marqueurs. Cette bipolarité constitue une première « bonne raison » de nous intéresser aux prépositions compte tenu de notre projet.

D’autre part, l’objectif que nous décrivons comme notre volonté de fonder la sémantique sur la syntaxe mérite qu’on s’y arrête quelque peu car le mot

« syntaxe » nécessite une courte discussion ici. Etymologiquement, le terme de

« syntaxe » s’analyse comme la composition de syn- (avec) et taxis (ordre, arrangement), la syntaxe se définissant donc comme l’étude de l’agencement des éléments d’une phrase les uns avec les autres.

Dans son exposition des trois points de vue, C. Hagège décrit le point de vue morphosyntaxique comme suit :

Le premier point de vue concerne la relation entre l’énoncé et le système de langue lui-même, c’est-à-dire les fonctions des termes (-syntaxique) et leurs marques (morpho-), d’où son nom de morphosyntaxique. Ce nom n’entend pas mêler la morphologie comme étude des formes et de leur variantes à la syntaxe, domaine des relations. Il rappelle que l’une manifeste l’autre : ensemble elles fondent un point de vue distinct. (Hagège 1995 : 27) (Nous sommes responsable du seul soulignement.)

Traditionnellement, la syntaxe se concentre essentiellement sur le

« domaine des relations », sur les liens qu’entretiennent les syntagmes, comme le montre la suite du paragraphe consacré au point de vue 1 :

On aura soin de ne pas confondre, en outre, les catégories : noms, verbes, etc. et les fonctions, types particuliers de relations entre les grandes unités de l’énoncé : fonctions prédicat, sujet, complément, et entre les membres d’un groupe comme partie d’énoncé : fonctions déterminant et déterminé. (Hagège 1995 : 27)

Pour notre part, nous employons le terme de syntaxe de façon moins

« traditionnelle » et plus large : « syntaxe » renvoie pour nous à l’organisation observable de l’énoncé, aux constructions mises en œuvre dans l’énoncé, sans tenir compte des fonctions des éléments (dont les définitions sont bien souvent problématiques).45 Cette acception du terme revient à mettre en avant non plus ce qui distingue morphologie et syntaxe à l’intérieur du point de vue morphosyntaxique, mais ce qui distingue ce premier point de vue des deux autres que C. Hagège définit comme recouvrant « la relation entre l’énoncé et ce dont il parle » (Hagège 1995 : 27) (point de vue 2, sémantico-référentiel) et « la relation entre l’énoncé et le locuteur-auditeur » (Hagège 1995 : 31) (point de vue 3, énonciatif-hiérarchique). Ainsi, pour nous, le terme de syntaxe peut se comprendre comme un synonyme de « formel », relevant du « système de la langue » (Hagège 1995 : 27) et observable hors de toute considération sémantique.

45 Pour une discussion de la fonction sujet, sans doute la fonction la plus essentielle et la plus ancrée dans la tradition grammaticale, se reporter à Creissels 1995. Nous ne citerons ici que ce constat : « La plupart de travaux récents sur la notion de sujet dans une perspective de linguistique générale s’accordent pour proposer de maintenir une notion universellement valable de sujet tout en reconnaissant l’impossibilité d’appréhender universellement le sujet par une caractéristique unique à la fois nécessaire et suffisante à sa reconnaissance. » (Creissels 1995 : 230)

Ainsi, notre projet de fonder la sémantique sur la syntaxe peut se reformuler dans les termes suivants : il consiste en une tentative de classer sémantiquement les verbes de l’anglais contemporain au regard de l’ensemble des constructions dans lesquelles ils apparaissent, les constructions étant vues comme une séquence d’éléments linguistiques de nature donnée, quelles que soient leurs fonctions.

Aussi, si les structures argumentales nous sont utiles, elles ne sont pas abordées pour elles-mêmes, mais comme complément à une étude qui intègre d’autres éléments. Les raisons qui nous amènent à ne pas nous intéresser exclusivement aux syntagmes nominaux impliqués dans les structures argumentales tiennent au fait qu’une telle étude soulève très rapidement des problèmes dont les solutions restent somme toute floues et intuitives. Ainsi, qui se penche sur les seuls arguments d’un énoncé se voit rapidement contraint de faire appel aux notions de rôles thématiques. Or le dénombrement, la définition et le domaine d’application de ces derniers dépend souvent de la subjectivité du linguiste. Il n’est pour s’en convaincre que de reprendre l’article de C. Fillmore, considéré comme fondateur. Quoiqu’il réclame et revendique « the centrality of

Aussi, si les structures argumentales nous sont utiles, elles ne sont pas abordées pour elles-mêmes, mais comme complément à une étude qui intègre d’autres éléments. Les raisons qui nous amènent à ne pas nous intéresser exclusivement aux syntagmes nominaux impliqués dans les structures argumentales tiennent au fait qu’une telle étude soulève très rapidement des problèmes dont les solutions restent somme toute floues et intuitives. Ainsi, qui se penche sur les seuls arguments d’un énoncé se voit rapidement contraint de faire appel aux notions de rôles thématiques. Or le dénombrement, la définition et le domaine d’application de ces derniers dépend souvent de la subjectivité du linguiste. Il n’est pour s’en convaincre que de reprendre l’article de C. Fillmore, considéré comme fondateur. Quoiqu’il réclame et revendique « the centrality of