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Chapitre 2 JUSTIFICATION DU CORPUS

III. Choix d’un dictionnaire comme source de corpus :

THÉORIQUES

Nous avons tout à fait conscience du fait que le choix de l’O.A.L.D., et plus largement le choix d’un dictionnaire, pour constituer un corpus, même si cela satisfait aux conditions pratiques évoquées en introduction de ce chapitre (voir I, pages 82-83), n’est pas exempt de conséquences d’ordre plus théorique. Ce sont ces implications que nous allons discuter maintenant : nous nous interrogerons tout d’abord sur l’arrière-plan théorique qui sous-tend les outils offerts par l’O.A.L.D. et que nous avons mis en œuvre dans la constitution du corpus, telle que nous l’avons décrite aux paragraphes II.2 et II.3 de ce chapitre. L’ensemble des phrases d’illustration que nous avons extraites est-il homogène ? Toutes les possibilités que l’O.A.L.D. met à la disposition du chercheur remplissent-elles les conditions imposées par la recherche que nous menons, compte tenu de son parti pris ouvertement syntaxique ?

Dans un second temps, nous nous pencherons sur la question plus vaste du choix de phrases isolées comme base d’un travail de classification comme celui que nous nous proposons de conduire. Un texte suivi, narratif par exemple, aurait-il mieux convenu ? Quelle est la validité de la phrase par rapport à l’énoncé,

c’est-à-dire d’un contenu informationnel assorti de tous les repérages énonciatifs, pragmatiques, etc. ?

Telles sont toutes les questions auxquelles nous allons répondre dans la suite de ce chapitre, tentant par là même de justifier notre corpus.

III.1. ETUDE CRITIQUE DE L’O.A.L.D.

La première critique que nous voulons avancer prend la forme d’une lapalissade, puisqu’elle revient à reprocher à l’O.A.L.D. d’être un dictionnaire et non une grammaire. En effet, quelque spécialisé et détaillé qu’il puisse être, un dictionnaire se doit de fournir le maximum d’informations, sans expliciter en profondeur les critères sous-jacents à son organisation. De ce point de vue, l’O.A.L.D. ne se distingue pas d’autres dictionnaires plus spécialisés comme le Oxford Dictionary of Phrasal Verbs de A.P. Cowie et R. Mackin (1993), utilisé comme « dictionnaire de contrôle ».

Si les renseignements fournis sont précis (en guise de preuve, nous renvoyons aux filtres – Types et Filters – décrits en II.2, pages 95 et suivantes), l’appareil grammatical est réduit à l’extrême. Nous reproduisons ici dans son intégralité (à l’exception des renvois aux entrées du dictionnaire et des exemples) le seul paragraphe des appendices grammaticaux relatif à notre étude.

What are phrasal verbs?

Phrasal verbs (sometimes called multi-word verbs) are verbs which consist of two, or sometimes three, words. The first word

is a verb and it is followed by an adverb (turn down) or a preposition (eat into) or both (put up with). These adverbs or prepositions are sometimes called PARTICLES.

In this dictionary, phrasal verbs are listed at the end of the entry for the main verb in a section marked Phrasal verbs. They are listed in alphabetical order of the particles following them.

Some verbs, for example bring, come and take, have many phrasal verbs associated with them. To help you find a particular phrasal verb more easily, the Phrasal verbs section of such verbs is divided into paragraphs, so that all the phrasal verbs using a particular particle are grouped together.

If you look at the entry for come, you will see that the phrasal verbs using the particle across are in a separate paragraph from those using the particle about and from those using the particle after.

The meaning of phrasal verbs

The meaning of some phrasal verbs, such as fall down, is easy to guess because the verb and the particle keep their usual meaning.

However, many phrasal verbs have idiomatic meanings that you need to learn. The separate meanings of put, up and with, for example, do not add up to the meaning of put up with (tolerate).

Some particles have particular meanings which are the same when they are used with a number of different verbs.

The meaning of a phrasal verb can sometimes be explained with a one-word verb. However, phrasal verbs are frequently used in informal spoken English and, if there is a one-word equivalent, it is usually much more formal in style.

The grammar of phrasal verbs

Phrasal verbs can be TRANSITIVE (they take an object) or INTRANSITIVE (they have no object). Some phrasal verbs can be used in both ways.

INTRANSITIVE phrasal verbs are written in the dictionary without sb (somebody) or sth (something) after them. This shows that they do not have an object.

In order to use TRANSITIVE phrasal verbs correctly, you need to know where to put the object. Because of the way it lists phrasal verbs, the dictionary can help you with this.

With some phrasal verbs (often called SEPARABLE verbs), the object can go either between the verb and the particle or after the particle.

When the object is a long phrase, it usually comes after the particle.

When the object is a pronoun, it must always go between the verb and the particle.

In the dictionary, verbs that are separable are written like this:

tear sth up

When you see sth or sb between the two parts of the phrasal verb, you know that they can be separated by an object.

With other phrasal verbs (sometimes called INSEPARABLE verbs), the two parts of the verb cannot be separated by an object.

In the dictionary, verbs that are inseparable are written like this:

look after sb

When you see sb or sth after the two parts of a phrasal verb, you know that they cannot be separated by an object:

When you look up a phrasal verb in the dictionary, note the position of sb or sth. It will show you where you should put the object of the verb.

Some transitive phrasal verbs can be made passive.

When this is common, you will usually find an example at the dictionary entry. (O.A.L.D., 1997)68

Nous reviendrons plus en détail sur ce commentaire grammatical, mais nous voulons souligner ici que les autres distinctions que propose l’O.A.L.D., et qui sont accessibles dans la boîte de dialogue « Verb classification » décrite plus haut – par exemple [Vp] (verb + adverbial particle), ou [Vpr] (verb + prepositional phrase) – ne sont nulle part explicitées. Nos demandes répétées d’élucidation auprès de l’éditeur se sont toutes soldées par un échec : personne ne nous a renseignée sur le problème de distinction « préposition » /

« particule adverbiale».

Il nous fallut donc ne compter que sur l’observation des notices pour essayer d’y découvrir le principe organisateur. Ce que nous dûmes conclure à l’issue de cet examen n’était malheureusement guère opératoire : tout d’abord, l’étiquetage [Vp] et [Vpr] n’est utilisé que dans les entrées « directes » de l’O.A.L.D., pas dans la rubrique Phrasal Verbs des verbes concernés. Il est alors aisé de voir à quoi elles correspondent : [Vp] s’applique aux séquences du type

68 La traduction de ces paragraphes figure en Annexe 4 (ce travail, volume II, pages 4-5).

verbe suivi d’un lemme étiqueté « prep » ou « adv part » dans l’O.A.L.D. en position finale du syntagme (V + P), [Vpr] désigne ces mêmes séquences suivies un groupe nominal (V + P + GN).

Par exemple, nous trouvons les étiquetages suivants :

(31) pad about (the house) [Vp, Vpr]

(32) She cried (out) in pain after accidentally cutting herself.

[Vpr, Vp]

(33) The land dips (down) gently to the South.

[V, Vp]

En (31), pad sera considéré comme un [Vpr] lorsque the house sera présent ; comme un [Vp] dans le cas contraire. En (32), cry sera un [Vpr] dans la phrase she cried in pain… puisque le verbe est suivi de in + GN (pain) ; dans la phrase she cried out in pain… la structure est du type « verbe + out # », correspondant bien à [Vp]. Le même raisonnement s’applique en (33), selon la présence ou l’absence de down dans la phrase.

Cependant, l’étiquetage montre ici ses incohérences : en (33), pourquoi ne pas avoir eu recours à [Vpr], compte tenu de la présence de to the South, tout comme en (32) à cause de in pain ? Est-ce à cause de l’adverbe gently intercalé entre le verbe et to ? La justification est peu convaincante, d’autant plus que des deux verbes cry et dip, c’est le premier qui est susceptible d’apparaître le plus

naturellement en structure [V], she cried étant beaucoup plus probable que the land dips.

Si l’on considère ici la notice de look telle que nous l’avons reprise aux pages 85 et suivantes, d’autres incohérences apparaissent : on remarque que look at et look for sont mentionnés dans les deux rubriques « verbe » et « phrasal verb ». Comment cela se justifie-t-il ? En examinant les phrases d’illustration afférentes à ces deux éléments dans leurs deux emplois, aucune différence syntaxique notoire n’est à signaler :

Entrées look at et look for, rubrique verbe.

Entrée look at, rubrique phrasal verb.

Entrée look for, rubrique phrasal verb.

Dans tous les cas, la construction est la même : V + P + GN (parfois sous sa forme pronominale), ou peut être remise sous cette forme si l’on fait abstraction du passif. L’unique différence est que lorsqu’ils sont utilisés en tant que « verbe », look at et look for sont susceptibles d’avoir des emplois absolus, c’est-à-dire sans P + GN, comme en témoignent les parenthèses dans les notices. Cependant, si elle n’est pas négligeable, cette différence semble bien minime comparée à celles qui séparent les emplois de phrasal verb de look at, par exemple, de ceux de look up.

Entrée look up, rubrique phrasal verb.

En fait, la rubrique phrasal verb de l’O.A.L.D. n’est pas constituée de façon syntaxiquement homogène, le critère « présence obligatoire de P + GN » ne permettant pas de faire ressortir des sous-ensembles cohérents. De plus, aussi peu opératoire qu’il puisse être, ce principe organisateur n’est pas mis en œuvre de façon systématique dans le dictionnaire. Ainsi, pour le lemme go nous trouvons :

Entrée go for, rubrique verbe.

On note ici que l’effacement n’est pas envisagé par le dictionnaire, et, quoique go puisse avoir des emplois absolus, ceux-ci s’accompagnent d’une modification du sens de la phrase. Ainsi, répondre she’s gone à Annie’s not in n’a pas le même sens que she’s gone for a run qui permet d’espérer un retour.

En fait, il semble que le principe qui préside à l’étiquetage comme phrasal verb d’une séquence V + P + GN soit davantage d’ordre sémantique que syntaxique. Ici encore, prenons go for (rubrique phrasal verb) comme illustration :

Entrée go for, rubrique phrasal verb.

Dans ces exemples, le sens global de la construction V + P ne se déduit que difficilement du sens de ses parties. Ce constat est confirmé par le cas de fall down utilisé dans les notes explicatives reprises ci-dessus (voir pages 114 et suivantes) : même si son sens est plus récupérable que celui de put up with, il semble que pour mériter son statut de phrasal verb, il faille que fall down ait un contenu sémantique qui ne corresponde pas à la somme de celui de fall et de down, auquel cas il figure dans la rubrique « verbe » :

Entrée fall down, rubrique verbe.

Entrée fall down, rubrique phrasal verb.

Comme pour de nombreux dictionnaires, c’est le degré d’idiomaticité qui sous-tend le classement d’une séquence V + P parmi les phrasal verbs. Si le caractère idiomatique n’est pas ouvertement mentionné dans les notes explicatives de l’O.A.L.D. que nous avons reprises plus haut (voir pages 114 et suivantes), son utilisation est clairement revendiquée par les rédacteurs du Oxford Dictionary of Phrasal Verbs. Pour preuve, je me contenterai de citer la préface de cet ouvrage :

‘Cholera broke out in the north of the country.’ In this example, the verb break doesn’t have the meaning it has in phrases like break a window or break a stick. And out doesn’t mean ‘outside in the open’. The combination has to be understood as one unit, meaning ‘start suddenly or violently’. When a verb + particle (or

a verb + preposition) is a unit of meaning like this it is a PHRASAL VERB.69 (Cowie & Mackin 1993 : xi)

Or, ce concept d’idiomaticité plonge le linguiste dans la plus profonde perplexité, tant il est entaché de flou. Qu’il nous soit permis de faire nôtres trois citations, auxquelles nous souscrivons totalement, de deux auteurs, H.

Adamczewski et P. Busuttil, dont la convergence de vue nous semble significative :

Le chapitre “PHRASAL VERBS” (“particle-verbs”, verbes à postpositions etc.) a toujours été et demeure encore auréolé de mystère, d’un mystère qui conforte la bonne conscience des partisans de “l’anglais-langue idiomatique”, c’est-à-dire d’une langue qui fait fi de la grammaire, d’une langue insaisissable et imprévisible dont seuls les “natives” détiendraient la clé de son fonctionnement secret . . . Certains n’ont pas hésité à faire des fameuses postpositions (les particules) le problème majeur de la grammaire anglaise, voire le test suprême de l’anglicité ! . . . La présentation traditionnelle des “phrasal verbs” ne diffère en rien de celle d’autres chapitres de la grammaire anglaise : en gros la méthode – ou plutôt l’absence de méthode digne de ce nom – consiste à proposer des listes hétéroclites d’emplois, c’est la taxinomie érigée en système, le domaine de ce que Steven Pinker a joliment appelé les “laundry-lists”. (Adamczewski 2003 : 10-11)

Nous contestons le bien-fondé d’une telle approche du phénomène [recours à l’idiomaticité], car elle explique peu de choses et ne résout rien des problèmes qui peuvent se poser au non-anglophone (et éventuellement à l’anglophone) qui cherche à comprendre comment fonctionnent les “phrasal verbs”.

(Busuttil 1994: 19)

Le recensement systématique par le lexicologue de tous les sens possibles que peut revêtir une suite de deux mots dont l’un est un verbe et l’autre un adverbe ou une préposition le conduit à ranger

69 ‘Le choléra s’est déclaré dans le nord du pays.’ Dans cet exemple, le verbe break n’a pas le même sens que dans ‘briser une vitre’ ou ‘casser un bout de bois’. Et out ne signifie pas ‘à l’extérieur’. La combinaison de ces deux éléments doit se comprendre comme une entité unique signifiant ‘commencer soudainement ou violemment’. Lorsque qu’une combinaison verbe + particule (ou verbe + préposition) est une unité de sens de ce type, on l’appelle phrasal verb.

dans la même catégorie des combinaisons fondamentalement différentes comme look at, prépositionnel, et look up, adverbié.

Ce mode de classification répond parfaitement aux besoins de l’utilisateur “pressé”, assuré de trouver rapidement – puisque le principal impératif de ces dictionnaires est l’ordre alphabétique – le sens des combinaisons qu’il recherche. Il ne peut toutefois convenir au linguiste à la recherche des lois qui régissent le fonctionnement des diverses combinaisons. (Busuttil 1994 : 268-69)

Dans la thèse qu’il consacre aux verbes prépositionnels et aux verbes adverbiés en anglais, P. Busuttil compare, dans une première partie, divers ouvrages (dictionnaires et grammaires, rédigé(e)s par des francophones et des anglophones) et leurs diverses approches de la question de ce qui nous occupe ici : la frontière entre verbe + préposition d’une part, et verbe + particule d’autre part.

Ses conclusions ressortent assez clairement des citations que nous venons de reprendre : le traitement du problème laisse gravement à désirer. (Pour une étude plus complète, voir Busuttil 1994.)

L’examen, même le plus succinct, de l’O.A.L.D. ne se révèle guère plus satisfaisant. Ce constat eut deux implications majeures dans notre travail. D’une part, dans l’exploitation même des potentialités techniques que fournit le CD-Rom, nous avons choisi, comme nous l’avons exposé dans la partie précédente (voir page 97), de prendre en compte les phrases d’illustration apparaissant dans les composantes « verbe » et « phrasal verb » du dictionnaire. D’autre part, il nous a fallu mettre au point une méthode d’identification des prépositions par opposition aux particules qui soit fiables et non entachée de l’intuition de l’observateur. Nous exposerons cette méthode dans le chapitre suivant (voir Chapitre 3, pages 141 et suivantes).

III.2. ETUDE CRITIQUE DE LA PHRASE EN TANT QUE BASE DE CORPUS.

On pourra reprocher à notre corpus de ne pas être « authentique » dans la mesure où il est composé de phrases plus que d’énoncés, c’est-à-dire de séquences grammaticales, faisant fi des découvertes de l’école énonciativiste. Cette réserve est inhérente au mode même de constitution du corpus sur lequel nous nous proposons de travailler : les dictionnaires ont des contraintes matérielles qui imposent d’apporter un maximum d’informations dans un minimum d’espace.

Aussi peut-on s’interroger sur la légitimité du choix d’un dictionnaire comme base de données. Comme nous l’avons évoqué plus haut (voir pages 82 et suivantes), nous avons été séduite par les avantages pratiques qu’offre le dictionnaire (plus grande exhaustivité du recensement des structures pertinentes, facilité de traitement automatique, etc.) : cela justifiait son adoption comme source de notre corpus.

Ces « bons points » pratiques sont loin d’être annulés par des inconvénients d’ordre plus théorique ou épistémologique, ce qui, bien évidemment, imposerait le recours à d’autres moyens pour constituer notre corpus. Il est, en fait, possible de voir dans le choix de phrases isolées, certains fondements théoriques importants, et quelques avantages non négligeables pour l’étude que nous nous proposons de mettre en œuvre. Pour s’en convaincre, il convient d’examiner quelques points.

III.2.1. Point de vue épistémologique.

Les développements historiques de la « science » grammaticale ont conféré à l’exemple isolé et inventé une place particulière : dans le meilleur des cas, il inspire une certaine méfiance, et dans le pire il se trouve purement et simplement écarté de l’étude linguistique. Pour mériter que l’on s’y intéressât, un exemple se devait d’être attesté, et qui plus est, de source « honorable ». Si cette attitude se justifiait lorsque le souci majeur de la linguistique était de rendre compte des langues anciennes, il semble que son maintien en linguistique contemporaine soit quelque peu abusif.

En effet, la suprématie de l’exemple attesté est loin de jouir de la légitimité épistémologie que l’on semble lui prêter. Dans son ouvrage exposant les critères de « scientificité » de la linguistique, J.-C. Milner consacre un paragraphe à discuter du statut épistémologique de l’exemple. Ses conclusions militent sans ambage en faveur d’une réhabilitation de l’exemple construit, deux citations suffisent à le prouver :

La première et la plus importante des ressemblances [entre grammaire et linguistique] est celle-ci : la linguistique s’intéresse aux propriétés du langage qui demeurent intactes lorsqu’on déconnecte un énoncé des conditions singulières de son énonciation. En effet, un exemple est, par définition, hors situation. . . . Or la linguistique (comme la grammaire) s’intéresse à ce qui se répète de profération en profération.

Comme la grammaire, elle suppose donc qu’il y a, dans le langage, du répétable et l’exemple est ce qui saisit justement cela. Que, du même coup, elle néglige des propriétés réelles, on n’en saurait douter, mais elle ne peut faire autrement que de les négliger. (Milner 1989 :109-10)

Non content de souligner cette nécessité logique de l’exemple, J.-C. Milner insiste encore davantage en taxant « d’anti-grammaticalité »70 les

théories du type théorie du corpus avant de rendre à l’exemple toute ses lettres de noblesse scientifique :

Les exemples sont, nous l’avons dit, toujours contruits ; ils sont de plus intrinsèquement répétables : par définition, un exemple est en lui-même comme la répétition d’un énoncé antérieur, que celui-ci ait été effectivement prononcé (citation) ou que simplement on suppose qu’il aurait pu l’être (exemple fabriqué), que celui-ci soit un énoncé matériellement possible, mais linguistiquement impossible (astérisque) ou un énoncé fictif, mais linguistiquement possible. Une fois cette dimension du répétable introduite, la répétition s’ouvre à l’infini : le sujet parlant est censé pouvoir juger de l’exemple comme s’il l’avait lui-même prononcé. Autrement dit, on le suppose capable de répéter l’énoncé pour lui-même et de le juger comme possible ou impossible en termes strictement linguistiques (thème de la compétence). Or, ce que l’on suppose ainsi, cela n’est rien de plus et rien de moins que la reproductibilité que les théories scientifiques courantes supposent de leurs expériences.

C’est pourquoi il n’est pas d’une importance cruciale que l’exemple soit accompagné de précisions sur le lieu et l’instant où il a été effectivement prononcé. (Milner 1989 : 117)

Notre propos ici n’est nullement d’observer ni d’évaluer la scientificité de

Notre propos ici n’est nullement d’observer ni d’évaluer la scientificité de