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Présentation et justification de cas illustratifs de nos thèses et représentatifs des

Chapitre 2 : Cadre théorique et méthodologique : idées, intérêts, institutions,

6. Présentation et justification de cas illustratifs de nos thèses et représentatifs des

L’objectif de la présente thèse est d’expliquer les innovations politiques en matière de stratégie de développement en Afrique en comparant le rôle des acteurs nationaux, régionaux et internationaux dans le processus d’émergence de ces dernières. L’analyse se veut générale, s’appliquant à l’Afrique francophone et proposant de tester le modèle dans les autres pays d’Afrique subsaharienne. Plusieurs cas constituant un échantillon représentatif correspondant à la classification de Paul Collier et Stephen O’Connell (2008, 126-127) sont cependant utilisés à titre illustratif. Ces auteurs classifient les pays

34La méthode de collecte de données est fiable à l’image de ce que soulignent King et al. (1994, 25) : « Our

fourth guideline is: ensure that data-collection methods are reliable. Reliability means that applying the same procedure in the same way will always produce the same measure. » En effet, tout chercheur qui applique notre démarche peut trouver les mêmes données. La démarche de recherche est donc neutre.

africains en fonction de deux critères qu’ils jugent essentiels comme influençant la croissance économique, la dotation en ressources et la localisation : « Two features of an economy that the literature suggests might influence its potential for growth are endowment and location. These form the basis for our classification. » (Collier et O’Connell 2008, 79) Si les auteurs identifient quatre trajectoires mutuellement exclusives (pays côtiers à ressources limitées, pays côtiers riches en ressources, pays enclavés à ressources limités, pays enclavés riches en ressources), le souci d’exhaustivité les poussent à ne retenir que trois catégories. Ils fusionnent ainsi les deux catégories de pays riches, qu’ils soient enclavés ou côtiers, en raison de fondements théoriques et empiriques qui convergeraient (Collier et O’Connell 2008, 81). Au final, ils arrivent à trois catégories (pays côtiers à faible ressources, pays enclavés à faibles ressources et pays riches en ressources) dans lesquelles les 48 pays de l’Afrique subsaharienne se retrouvent (voir le tableau 9).

Les pays retenus s’intègrent dans toutes les catégories de la classification de Collier et O’Connell (2008), comme en témoigne le tableau 10.

La seconde variable qui oriente notre choix des cas illustratifs est relative aux paradigmes, aux idées et aux valeurs relatifs à l’orientation économique des pays avant l’introduction des PAS. Selon Benno Ndulu (2008, 326-327), malgré l’existence de l’interventionnisme étatique dans la plupart des pays africains, il est possible d’établir trois trajectoires, les pays aux économies relativement ouvertes avec un système libéral, les pays aux économies à prépondérance ouvertes au marché ayant choisi une option de nationalisation et une stratégie visant à privilégier le secteur privé national, les pays aux stratégies interventionnistes populistes avec un fort contrôle du marché par l’État :

The first category grouped such countries as Côte d’Ivoire in the 1960s and 1970s, and Mauritius since 1970, which pursued a relatively open and liberal system with view to encouraging foreign and domestic investment. State intervention was in the early phase aimed to achieving this goal through an incentive structure to offer attractive returns to investors and reduce infrastructural transactions costs […] The second category grouped countries which although predominantly market-oriented espoused an early nationalist and indigenization strategy—e. g. Kenya and Zambia. Unlike the first category, however, the basic strategy was grow-oriented with a trickle down for redistribution of benefits from growth […] The third group of countries—such as Tanzania, Mozambique, and Ethiopia—pursued a popular state interventionism strategy, overhauling ownership patterns, emphasizing redistribution over growth, and adopting state ownership and control of market as the main instrument of redistribution. (Ndulu 2008, 327)

Tableau 9 : Classification des pays africains en fonction des ressources et de la localisation

Critères Pays côtiers (20) Pays enclavés (14) Pays riches en ressources

(14) Pays Bénin Cap-Vert Comores Côte d’Ivoire* Gambie Ghana Guinée Bissau Kenya Madagascar Île Maurice Mozambique Sénégal Seychelles Afrique du Sud Tanzanie Togo Djibouti Érythrée Sao Tomé-et-Principe Somalie Burkina Faso Burundi République centrafricaine Tchad République démocratique du Congo Éthiopie* Lesotho Malawi Mali Niger Rwanda Soudan* Ouganda Zimbabwe Angola Botswana Cameroun République du Congo Guinée équatoriale Gabon Guinée Libéria Mauritanie Namibie Nigéria Sierra Leone Zambie Swaziland

Source : Collier et O’Connell (2008, 126-127).

*L’Éthiopie est devenue une économie fermée avec l’indépendance de l’Érythrée en 1991. Les auteurs classent le Soudan dans la même catégorie pour des raisons analytiques. La Côte d’Ivoire est plus classée comme pays côtier que pays riche en ressources naturelles.

Tableau 10 : Classification de notre échantillon en fonction des ressources et de la localisation

Critères Pays côtiers Pays enclavés Pays riches en ressources

Pays Bénin Côte d’Ivoire Sénégal Togo Burkina Faso Mali Niger Cameroun République du Congo

Source : Collier et O’Connell (2008, 126-127).

Les pays aux économies ouvertes correspondent pour la plupart à ce qu’Augustin Kwasi Fosu (2008, 153) appelle pays sans syndrome, soit des pays avec des régimes stables aux politiques orientées vers le marché : « By default, syndrome-free status tends to identify politically stable regimes with reasonably market-oriented policies. » Ces pays sans syndrome ou obsession se distinguent de ceux que Collier et O’Connell présentent comme ayant un fort ou léger contrôle étatique :

We term “hard control”—in effect something close to full communist vision and “soft control,” where some part of the economy would be regulated and some nationalized, but which the ambition or efficacy of the policies was much moderate. (Collier et O’Connell 2008, 90)

Plutôt que de maintenir les trois catégories proposées par Ndulu, la présente thèse se propose de classifier les États africains en deux catégories : (1) les pays dont l’économie est à prétention libérale, orientée vers le marché avec la promotion du secteur privé national ou international malgré l’interventionnisme étatique variable et (2) les pays dont l’économie est à prétention socialiste, non orientée vers le marché avec un fort interventionnisme étatique destiné à contrôler le marché, les moyens de financement de l’économie et la redistribution des ressources.

Ainsi, pour simplifier le vocabulaire, les pays dont l’économie est à prétention socialiste sont ceux dont les États contrôlent fortement les économies, tandis que les pays dont l’économie est à prétention libérale et orientée vers le marché se distinguent par un

faible contrôle ou l’absence du contrôle étatique par outrance, auquel s’ajoutent un rôle variable de l’État dans l’économie et une volonté de promouvoir le secteur privé, qu’il soit national ou international.

Tableau 11 : Classification des pays par rapport à l’orientation économique avant les PAS

Types de régime

économique Pays dont l’économie est à prétention libérale ou orientée vers le marché avec la promotion du secteur privé national ou international malgré l’interventionnisme étatique variable

Pays dont l’économie est à prétention socialiste ou non orientée vers le marché avec un fort interventionnisme étatique destiné à contrôler le marché, les moyens de financement de l’économie et la redistribution des ressources à la masse

Pays Cameroun Côte d’Ivoire Niger Togo Sénégal Bénin Burkina Faso Mali Congo

Source : Landry Signé à partir des stratégies des différents pays.

Pour terminer, le dernier critère correspond au revenu national brut des pays considérés, ces derniers devant inclure la variété des catégories retrouvées en Afrique. Suivant la classification du PNUD (2007/2008, 375), les pays africains se retrouvent dans deux catégories : les pays à revenu moyen et les pays à faible revenu. Ainsi, parmi les pays à revenu moyen (RNB par habitant de 876 à 10 725 USD en 2005), on compte le Cameroun et le Congo dans notre échantillon, tandis que, pour les pays à revenu faible représentant la majorité des pays africains (RNB par habitant de 875 USD ou moins en 2005), se trouvent le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo, le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Les cas illustratifs seront utilisés dans ce travail de la manière suivante : puisque les chapitres 1 et 2 ont pour objectifs la présentation théorique et méthodologique des démarches utilisées tout au long de cette thèse, il n’est pas nécessaire d’intégrer les cas de

manière systématique. En effet, ce sont les récurrences et les divergences relatives aux innovations appliquées au continent africain qui nous intéressent. L’idée est donc d’avoir une présentation globale, de donner la justification des choix des cas illustratif sans nécessairement les intégrer tout au fil de l’analyse de manière détaillée. L’idée est aussi de défendre une thèse générale en illustrant la dynamique pour certains cas afin de la rendre plus facilement compréhensible. Les cas ne sont pas une fin en soi, mais simplement des instruments sporadiquement utilisés pour illustrer nos concepts.

Les cas sélectionnés ont surtout pour objectif d’illustrer les variables relatives aux idées et aux intérêts qui seraient trop abstraits sans des exemples concrets. À cet effet, les cas seront systématiquement utilisés aux chapitres 4 et 5 consacrés aux idées et aux intérêts. En ce qui concerne le chapitre 3 consacré à la variable temporelle, il convient de noter que l’analyse est plus globale puisque les relations entre le contexte international et le contexte national sont étroitement liées, et les chocs pétroliers affectent les pays africains dans le même sens, soit une augmentation significative des dépenses pétrolières et une baisse des revenus liée à la chute des cours des matières premières qui, associées à d’autres facteurs qui seront présentés, provoquent les déséquilibres budgétaires insoutenables. Les exceptions ici concernent exclusivement les pays africains producteurs de pétrole, exceptions qui ne dureront pas longtemps puisque ces dernies se trouvent très rapidement confrontés aux déficits et à des ajustements structurels semblables à ceux des autres pays. Les cas seront exclusivement utilisés de manière sporadique pour apporter les nuances lorsqu’il y a des variations notables.

Enfin, le chapitre 6 sera également général, avec simplement une présentation sporadique de certains cas illustratifs. Il s’agit de revenir sur les hypothèses générales de

la thèse et de présenter les principales conclusions issues des analyses des chapitres précédents. Nous reprendrons donc davantage les conclusions issues des démonstrations illustrées par les cas que nous ne nous attarderons sur les cas eux-mêmes.

Pour terminer, la thèse reste théorique et générale et l’usage des cas illustratifs se fait surtout pour soutenir les thèses relatives aux variables idéationnelles et stratégiques, bien qu’intégrés dans les autres chapitres lorsque des nuances sont nécessaires ou que les thèses générales sont confrontées à des exceptions qu’il est important de noter.

Chapitre 3 : Temps, contexte historique et innovation en matière de stratégie de