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Chapitre III. Données et méthodologie 82

1. Présentation générale du service de clavardage IRC 83

Au plan technique, il s’agit d’un protocole de CMO qui repose sur une architecture client-serveur, c’est-à-dire permettant à un utilisateur de dialoguer en mode synchrone avec d’autres utilisateurs en se connectant grâce à un logiciel spécifique (appelé « client ») à un serveur IRC, lui-même relié à un réseau de serveurs IRC interreliés. Parmi les réseaux IRC35 les plus populaires, on peut citer EFnet, Undernet, DALnet, IRC-Hispano. Sur chacun de ces réseaux IRC peuvent s’affairer des dizaines de milliers de clavardeurs. Il existe de nombreux clients IRC : ceux-ci peuvent être très simples, dépourvus d’interface graphique (comme ircII en mode console sous Unix), ou plus évolués (comme mIRC sous

35 On pourra consulter la liste des différents réseaux IRC à l’adresse

http://www.irchelp.org/irchelp/networks/servers/, consulté le 30 novembre 2009. Sans être exhaustive, elle fournit un bon aperçu des différents réseaux et serveurs IRC existants.

Windows ou Colloquy, spécifique à MacOSX). Il existe aussi des clients IRC programmés en java et qui sont accessibles par le navigateur Internet. Dans le cadre de notre étude, nous avons retenu le client mIRC36. Nous l’avons choisi notamment en raison de sa fonction d’archivage des conversations produisant des enregistrements datés (nous y reviendrons au § 2). La Figure 5 illustre une capture d’écran typique du logiciel mIRC, sur laquelle une conversation publique se déroule dans le canal #35ans&+.

Figure 5 – Saisie d’écran du client mIRC sous Windows (canal #35ans&+)

L’interface de ce logiciel se présente de la manière suivante : l’écran est subdivisé en trois zones. Dans la première, à l’extrémité droite de l’écran, figure la liste des pseudonymes (nicknames, ou plus simplement nicks) des clavardeurs présents sur le canal ; cette liste est classée en ordre alphabétique. Chaque utilisateur peut choisir son pseudonyme librement, à condition qu’il ne soit pas déjà utilisé par un autre utilisateur branché au même réseau IRC. Tous les pseudonymes précédés du caractère « @ » sont des opérateurs (chanops37, ou plus simplement ops). Ceux-ci disposent de certains privilèges; ils peuvent notamment expulser les clavardeurs indésirables qui contreviennent à la nétiquette38 (kick) voire les bannir du canal (ban), ou encore décider du sujet (topic), qui apparaît dans la barre supérieure de la fenêtre du canal, ici : « Bonne journée des Femmes ajd a nous tous xxxxxx :))) ». Les pseudonymes précédés du caractère « + » peuvent envoyer des messages lorsque le canal est configuré en mode « modéré39 » (appelé aussi mode voice40) : il s’agit de modérateurs. Lorsque le canal n’est pas configuré en mode modéré, ce statut a surtout un rôle intermédiaire honorifique (à mi-chemin entre le statut d’opérateur et le statut d’usager ordinaire). En somme, trois catégories d’usagers définissent la structure de pouvoir sur les canaux : les opérateurs, les modérateurs et les usagers ordinaires sans privilèges spécifiques, dits « usagers-lambda » par Latzko-Toth (2001a). Signalons qu’il existe également des niveaux de gradation dans les opérateurs, ainsi que des « superutilisateurs », qui administrent l’ensemble du réseau, mais il n’est pas dans notre intention d’en fournir une description complète – voir à ce propos l’étude exhaustive de Latzko-Toth (2001a).

37 Il s’agit du mot-valise formé à partir des mots channel et operator.

38 Mot-valise qui renvoie à l’« ensemble des conventions de bienséance régissant le comportement des

internautes dans le réseau, notamment lors des échanges dans les forums ou par courrier électronique » (cf. Le

Grand dictionnaire terminologique, OQLF, consulté le 20 janvier 2010).

39 Lorsqu’un canal est modéré, seuls les opérateurs et les utilisateurs ayant reçu une « voice » (+) peuvent

envoyer des messages.

La zone blanche, située au-dessus de la barre inférieure, est utilisée pour saisir des commandes41, ou, plus simplement, pour entrer du texte à destination des clavardeurs en présence. Enfin, la zone centrale de l'écran contient les messages des clavardeurs qui apparaissent dans l’ordre dans lesquels ils ont été transmis et reçus par le serveur. On remarque que chaque intervention est préfixée par le pseudonyme de l’usager, qui figure entre chevrons simples (par ex. : <Naomy32> ca te va bien :)). Certaines lignes commencent par un astérisque : il s’agit de messages générés automatiquement par le serveur pour indiquer, par exemple, qu’un utilisateur a rejoint ou a quitté le canal. Les messages saisis à l’intérieur du canal sont publics, donc visibles de tous les clavardeurs en présence. Il est également possible pour deux clavardeurs de converser dans une fenêtre privée, appelée « query ». Pour notre étude, nous avons choisi de traiter uniquement de conversations publiques. À noter qu’il n’y a pas de limite au nombre de fenêtres ouvertes, par ex. un clavardeur peut fréquenter simultanément trois canaux publics tout en conversant parallèlement avec deux personnes en privé. En conséquence, l’emploi d’abréviations sera crucial pour maintenir le rythme des échanges avec un nombre important de personnes, sans compter que les messages tendent à défiler rapidement à l’écran (cf. Chapitre IV).

Pour circonscrire la vocation des canaux IRC, Latzko-Toth (2001b) retient, correctement croyons-nous, cinq critères : la localisation géographique, la langue d’usage, l’âge des participants, la thématique de discussion et l’identité socio-culturelle. Les intitulés des différents canaux peuvent porter le nom d’un pays ou d’une ville (ex. #España, #Montréal), d’une langue (ex. #esperanto), d’un groupe d’âge (ex. #más_de_40), d’une thématique (#philosophie), d’un regroupement identitaire, par exemple lié à un groupe religieux (ex. #islamic) ou politique (#souverainistes). Les canaux peuvent également cumuler plusieurs critères, par ex. la localisation géographique et l’âge (ex. #Montreal25+).

41 Les commandes IRC débutent par une barre oblique. Nous n’entrerons pas dans le detail des nombreuses

commandes IRC. Mentionnons à titre d’exemple les commandes /join, /nick, /quit, etc. Pour la liste exhaustive des commandes IRC, avec leur syntaxe et leur signification, on peut consulter le site http://www.ircbeginner.com/ircinfo/m-commands.html (consulté le 9 décembre 2009).

La commande « /list » permet d’afficher la liste des canaux en temps réel. Nous les avons sélectionnés à partir de cette énumération. Soulignons que certains canaux présentent un nombre relativement restreint d’usagers. Pour les fins de notre étude, nous avons délibérément choisi des canaux comportant une population conséquente.