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PRÉsentation du PRojet PaR Women 's union Rhea

Dans le document Changer une vie : (Page 83-86)

5.2.1 introduction

En 2005, la Géorgie a commencé une réforme progressive du système de protection de l’enfant, visant à sa transformation complète. Une de ses orientations prioritaires est la désinstitutionnalisation, ce qui suppose le remplacement des grands orphelinats par des formes alternatives de prise en charge des enfants en situation de handicap et leur maintien dans le milieu familial. En vertu de l’ordonnance du 21 août 2005, le gouvernement géorgien a élaboré un plan d’action de protection de l’enfant et de désinstitutionnalisation, conformément à l’article 4 de la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant.

Ce plan d’action du gouvernement a fixé jusqu’en 2008 un ensemble de mesures visant à améliorer la situation des enfants, en particulier :

• Rationnaliser et optimiser l’activité du système institutionnel pour les enfants ;

• Mener un contrôle de la base législative existante dans le domaine de la prise en charge des enfants afin d’y apporter les changements qui s’imposent et promouvoir de nouvelles initiatives dans le domaine législatif, si nécessaire ;

• Créer un système de recensement des enfants en situation de handicap et de leurs familles ;

• Faire participer à la vie sociale les enfants des groupes dits « marginaux » ;

• Mener des campagnes de sensibilisation de l’opinion publique sur la nécessité de la prise en charge des enfants ;

• Répartir les fonctions entre les différents organismes s’occupant des enfants ;

• Mettre en place un mécanisme de financement (mobilisation des moyens, gestion, répartition des dépenses) ;

• Former ou reconvertir les spécialistes.

À noter que la plupart des mesures citées ont pu être mises en pratique. Des formes alternatives de prise en charge des enfants institutionnalisés, notamment ceux en situation de handicap, ont été mises en place ces dernières années. Cependant, malgré le succès de la réforme de désinstitutionnalisation, il est aujourd’hui difficile de l’envisager à long terme puisqu’elle concerne essentiellement des enfants sans que l’on connaisse ni puisse planifier leur avenir en tant qu’adultes.

5.2.2 Les objectifs du projet

Le but de l’activité de l’association RHEA dans le cadre du projet du BICE est de contribuer à la formation des enfants en situation de handicap récemment désinstitutionnalisés, à la vie adulte autonome, en leur offrant notamment des savoir-faire professionnels, ainsi que la possibilité de réaliser leurs capacités et avoir les acquis nécessaires pour intégrer une vie professionnelle dans l’avenir. Dans son activité, RHEA s’appuie sur la base juridique internationale qu’est la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapés.

Ce projet a été élaboré par l'association RHEA avec l’aide du « Centre de défense des droits

des personnes handicapées de la localité d’Aspindza » (région de Samtskhé-Djavakhétie).

RHEA a également collaboré avec l’organisation « Gantiadi » de Bolnissi (région Basse Kartlie). En outre, l'association a bénéficié d’un certain nombre de consultations avec des partenaires de Tbilissi et d’autres régions, ainsi qu’avec des représentants de l’Agence de protection sociale et du Département d’aide sociale du ministère du travail, de la santé publique et de la protection sociale de Géorgie. Pendant la réalisation du projet, RHEA a aussi étroitement collaboré avec les organismes cités et rendu compte de son avancement aux représentants du Ministère. À l' automne 2017, RHEA a prévu de conclure un Mémorandum de coopération avec l’Agence de protection sociale.

À l’origine, le projet concernait 42 enfants présentant un handicap mental, parmi lesquels un groupe cible comprenant 11 adolescents venant d’anciens internats et aujourd’hui placés dans des familles à Aspindza et à Bolnissi. Ces jeunes sont issus de régions multiethniques de Géorgie : Samtskhé-Djavakhétie et Basse Kartlie. Le groupe cible a été progressivement élargi en y ajoutant 4 enfants en bas âge (2-3 ans) venant d’anciens internats et accueillis par des familles à Aspindza.

L’objectif du projet est de contribuer à la réussite du processus de désinstitutionnalisation en Géorgie. La mission du projet est d’étendre les possibilités d’inclusion dans la communauté, des enfants et des adolescents en situation de handicap et de contribuer à la réalisation de leurs droits fondamentaux. Pour atteindre ce but, un plan de mesures a été élaboré et réalisé avec succès.

5.2.3 Les réalisations du projet

Des ateliers artisanaux (confection de feutre, textile, petite polygraphie) ont pu être développés, pour les enfants présentant un handicap mental à Aspindza et à Bolnissi. Une attention particulière a été accordée, à l’apprentissage de savoir-faire professionnels pour les enfants venant d’anciens internats, pour qui il a été envisagé de trouver des emplois avec des jeunes de leur âge, au sein d’une entreprise sociale de production de fruits secs, fondée par l’association RHEA. L'équipe est convaincue de la grande nécessité de mettre en place des services dont ils pourront bénéficier à leur majorité, d’abord sous la forme d’un appartement d’entraînement, puis d’une maison de vie accompagnée. À la fin du projet, l'association a commencé à constituer un terreau favorable à la création d’un tel type d’accompagnement, en étudiant les modèles existants en Géorgie et à l’étranger, en travaillant avec les représentants de la municipalité, de l’église, de l’école, de l’entreprise sociale de l’association RHEA, ainsi qu’avec les parents des familles d’accueil, les membres de la communauté, et les ministères concernés ; tout cela dans le but de constituer des appuis dans le processus de création de la nouvelle structure.

Les nombreuses rencontres avec les représentants des communautés et en particuliers de nombreuses activités organisées dans le cadre des colonies de vacances et des festivals d’inclusion à Aspindza, ont contribué à surmonter l’attitude méfiante vis-à-vis des enfants en situation de handicap et à renforcer un sentiment de solidarité à leur égard. La réponse que propose RHEA à la question de l’emploi des jeunes en situation de handicap, surtout ceux venant des institutions, est de transformer ses ateliers d’artisanat en entreprises

sociales. Après avoir participé à aux séminaires et formations de l'association et avoir découvert les activités dans les ateliers du Centre RHEA et dans l’entreprise de production de fruits secs à Aspindza, l'équipe de Bolnissi s'est déclarée très intéressée. Avec l'aide de RHEA, elle a monté un plan de développement de son Centre allant dans ce sens.

Dans la localité d’Aspindza, RHEA et ses partenaires de la ligue de supporters de rugby, ont créé sur la base de l’équipe locale de rugby, une plateforme aux infrastructures adaptées pour organiser des colonies de vacances inclusives et des festivals d’inclusion pour les jeunes. Dans ce cadre, des enfants et des jeunes en situation de handicap, et sans handicap venus de Tbilissi et des régions multiethniques locales, ainsi que des pays limitrophes ont pu tester leurs capacités sportives et artistiques lors de rencontres, passer des vacances ensemble et pratiquer des loisirs en commun. Une entreprise sociale de production de fruits secs a été créée dans le but d’embaucher les jeunes une fois adultes, et maîtrisant les compétences nécessaires enseignées dans le centre de l'association RHEA. Ces dernières années, une collaboration étroite s'est développée avec l’école locale pour améliorer le processus d’inclusion et d’éducation des enfants en situation de handicap.

Une coopération étroite s'est également mise en place avec les partenaires des projets russe et kazakhe. Un riche échange d’expériences a eu lieu lors de conférences internationales et de forums à Almaty, Bichkek et Moscou. L’équipe du Centre de Pédagogie Curative et les enfants du foyer Sainte-Sophie ont visité le camp de RHEA à Aspindza.

Dans les années à venir, RHEA prévoit d'étendre son activité pratique, afin de répondre aux droits fondamentaux des personnes en situation de handicap, avant et après leurs 18 ans.

Grâce à l’expérience et aux méthodes acquises, RHEA espère réussir à transformer le centre régional d’Aspindza en centre proposant des possibilités d’intégration étendues pour ces personnes. L'association compte beaucoup, dans ce processus, sur une collaboration à long terme et soutenue avec les écoles, les municipalités, l’Église, et la société en général, ainsi que sur le soutien des ministères concernés.

Au sein de son centre, RHEA se concentre sur le développement et le renforcement des qualités et des savoir-faire qui peuvent aider les enfants en situation de handicap à mieux communiquer avec leurs pairs et leurs proches, à réaliser leur potentiel et à se préparer à entrer dans la vie adulte. Dans le cadre du projet BICE, RHEA a travaillé de façon approfondie sur la problématique des jeunes dont le passé en internat est parfois lourd et dont la vie s’est sensiblement améliorée grâce à la réforme de désinstitutionnalisation.

Ils se sont retrouvés pour la première fois à la maison, dans une atmosphère familiale, et dans des communautés au sein desquelles ils ont cessé d’être étrangers. RHEA comprend à quel point il est important pour eux, une fois devenus adultes, de pouvoir obtenir un travail qui deviendra un milieu familier.

En parallèle à la résolution du problème de l’emploi, l'association souhaite travailler sur une autre question, qui n’est pas moins importante pour l'avenir de ces jeunes, à savoir trouver un logement leur permettant de vivre indépendamment. Pour cela, RHEA a soigneusement étudié l’expérience de l’association géorgienne « Heli hels » (« main dans la main ») qui est malheureusement la seule à l’heure actuelle à travailler sur ce domaine.

Grâce à différents partenaires, l'équipe a pu découvrir sur place des appartements d’entraînement et des maisons de séjour accompagné, et ce dans des pays partageant un

même passé soviétique : en Russie (à Moscou, Saint-Pétersbourg, Vladimir et Pskov) et en Lituanie. RHEA se donne pour but d'analyser les modèles des partenaires de Bosnie-Herzégovine et espère également voir ce qui se fait en Europe occidentale en matière de modèles de vie autonome.

La municipalité d’Aspindza a déjà été contactée en vue d'obtenir un bâtiment pour y créer une maison de séjour accompagné et a donné son accord. Une surface habitable va y être aménagée. Dans un premier temps, cet espace servira d'appartement d’entraînement pour les jeunes du centre qui sont actuellement en familles d’accueil. Ils seront majeurs dans deux ans. RHEA souhaiterait également pouvoir bénéficier de financements de l’État et de la part d’organisations caritatives, afin de réussir dans ce délai à « entraîner » les jeunes à vivre de façon autonome et à former des gens capables de les accompagner. L'association espère de tout cœur réussir.

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