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Après avoir étudié chaque vocable, nous synthétisons nos principales observations et analyses sous la forme d’un article lexicographique. Cette façon de faire facilite la consultation et la comparaison rapide des principales données que nous mettons en lumière. Ces synthèses ont été rédigées dans l’optique de pouvoir être considérées comme des articles complètement autonomes; nous y reprenons donc sciemment certains des passages présents dans les développements qui les précèdent.

Nous avons aussi conçu ce modèle d’article pour montrer concrètement qu’il serait possible d’inclure des mots-zombies dans un dictionnaire spécialisé qui se donnerait l’objectif de les circonscrire adéquatement, c’est-à-dire sans les présenter comme usuels. Un tel ouvrage, qui n’existe pas encore, pourrait être d’une certaine utilité aux lexicographes et métalexicographes qui pourraient plus facilement se prémunir contre le contenu trompeur de certaines sources métalinguistiques existantes, en les aidant à mieux filtrer leurs données.

La microstructure que nous avons adoptée présente, dans l’ordre, les éléments qui suivent :

• La graphie principale du vocable. Le cas échéant, cette graphie est suivie d’une remarque qui présente les variantes graphiques ou morphologiques plus rares du vocable. Les graphies qui n’apparaissent que dans les sources métalinguistiques ou chez Vargas ne sont pas reprises.

• Une transcription en alphabet phonétique de la prononciation du vocable. Lorsque des données sont disponibles, la prononciation traditionnelle, c’est-à- dire une prononciation relevée il y a plus d’un demi-siècle, est notée. En l’absence de données de première main, une prononciation contemporaine reconstituée (inférée à partir de l’orthographe) est notée28.

• Des informations sur la catégorisation grammaticale du vocable (nom masculin, verbe transitif, phrasème verbal, etc.).

• Un énoncé permet de voir rapidement quels vocables semblent inusités dans l’usage québécois contemporain (un vocable est jugé inusité lorsqu’il est attesté 5 fois ou moins dans le corpus entre 2000 et 2020) :

o si le vocable est jugé inusité, on lui accole l’énoncé inusité en français québécois contemporain, éventuellement suivi de la précision auparavant usuel;

o sinon, on accole au vocable l’énoncé attesté en français québécois contemporain, éventuellement suivi de précisions liées à la variation (sur les axes diaphasique, diatopique, diastratique, etc.).

• Une description du sémantisme du vocable, dans laquelle chaque lexie (ou acception) :

o est accompagnée, le cas échéant, d’une marque apax (lorsque l’ensemble du corpus comprend une seule attestation de l’emploi) ou d’une marque rare (lorsque l’ensemble du corpus comprend 5 attestations ou moins de l’emploi);

o est explicitée à l’aide d’une définition mise en gras, parfois précédée de précisions sémantiques placées entre parenthèses;

o est exemplifiée avec une citation tirée du corpus.

Les différentes lexies des polysèmes sont d’abord regroupées par construction, mode ou voix grammaticale, puis sont classées par ordre d’apparition dans le corpus. L’ordre des acceptions est parfois ensuite légèrement réorganisé, lorsque

28 Notons que l’inférence d’une prononciation québécoise à partir de l’orthographe n’a pas posé de

difficultés particulières pour les quelques mots traités. Cette manière de faire intuitive, qui repose sur des connaissances graphotactiques élémentaires, devrait possiblement être formalisée davantage dans un ouvrage comportant des centaines de mots-zombies, dont la prononciation pourrait parfois être incertaine. L’inclusion des prononciations dans les articles découle d’une volonté de donner un meilleur accès au signifiant des vocables, dont l’actualisation est, rappelons- le, d’abord phonétique et secondairement graphique. On pourra, en outre, y voir une volonté de montrer l’étendue des données phonétiques disponibles qui ont le potentiel d’aider, dans certains cas, à mieux évaluer les graphies retenues dans les sources métalinguistiques existantes.

nous jugions que cela permettait de mieux apprécier les liens qu’elles entretiennent les unes avec les autres. Les acceptions sont numérotées en chiffres arabes. Lorsque cela permet de simplifier la présentation et d’éviter de la redondance, les acceptions sont regroupées par ensembles numérotés en chiffres romains.

• Une rubrique « Évolution de l’usage observé », qui résume, sous forme de texte interprétatif, les principales observations de nature diachronique faites à partir du corpus.

• Une rubrique « Évolution du discours métalinguistique », qui résume, aussi sous forme de texte interprétatif, les faits saillants qui se sont dégagés de l’observation du discours métalinguistique mis en parallèle avec l’observation de l’usage par le biais de notre corpus.

Divers procédés typographiques aident à distinguer les éléments les uns des autres. À ce sujet, faisons remarquer que :

• les informations lexicométriques, diatopiques, diachroniques ou diaphasiques sont inscrites en italique;

• les précisions sur les actants ou le sémantisme sont inscrites en romain, entre parenthèses;

• les précisions sur les constructions, modes ou voix grammaticales sont inscrites en petites capitales;

• les constructions explicitement illustrées sont inscrites en couleur, italique et gras.

La manière de présenter les articles se base sur les pratiques lexicographiques courantes. On notera que les articles incorporent des données et des développements qu’on ne trouve habituellement pas dans un dictionnaire général.

Nos articles, qui ne sont pas nécessairement destinés à un grand public, se démarquent des pratiques habituelles, car ils se permettent d’être quasi exhaustifs. Nous y présentons de nombreuses données pour ainsi dire recueillies avec une puisette, en d’autres termes des données qui demeurent rarissimes dans un vaste corpus. Ainsi, à quelques exceptions près, ces articles s’intéressent à des vocables et lexies qui n’auraient pas la fréquence nécessaire pour se trouver dans des dictionnaires généraux.

Tout au plus, certains de ces emplois pourraient toutefois trouver leur place dans un trésor du français québécois. En effet, à l’instar du Trésor de la langue française —qui est sans doute l’archétype du genre en français— nous admettons la possibilité de recenser des apax et d’inclure des commentaires critiques sur d’autres travaux dans nos articles. Par ailleurs, nous nous sommes librement inspiré des travaux qui ont donné lieu au Dictionnaire historique du français québécois (Poirier, 1998), un ouvrage dont la méthode de conception originale a été bien documentée (Juneau, 1977; Juneau et Poirier, 1979). Ainsi, à l’instar des articles de cet ouvrage, nos articles sont :

• axés sur la description du français en usage au Québec;

• diachroniques, en cela qu’ils se fondent sur l’observation de l’usage de différentes époques;

• monographiques, car ils cherchent à rendre compte presque exhaustivement des données disponibles.

Cela dit, notre approche lexicographique n’est pas proprement différentielle, puisqu’elle cherche à décrire l’usage du Québec sans chercher à exclure les portions qui seraient partagées avec d’autres variétés de français.