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3.2.1 Cadre spatio-temporel

Le cadre est une notion indispensable en thérapie psychomotrice. En effet, le cadre est ce qui limite, ce qui borde, ce qui contient. Il possède différentes caractéristiques et fonctions. Le cadre présente des propriétés matérielles/physiques et psychiques. C. POTEL (2010) a notamment théorisé cette notion du cadre ; elle définit le cadre comme ce qui contient une action thérapeutique dans un lieu, un temps, une pensée, un espace.

Tout d'abord elle décrit certaines conditions matérielles :

L'espace : ce lieu doit pouvoir accueillir les excitations, les plaisirs procurés par les

mouvements et les gestes. Il est le réceptacle d'expériences sensorimotrices où le patient « peut se vivre dans son corps » (POTEL, 2010).

Le temps : la séance, pour accueillir toutes ces expériences corporelles doit durer

suffisamment longtemps. Il faut également une régularité dans le temps, sur la fréquence des séances pour qu'elles deviennent des repères.

Le matériel : choisi selon la sensibilité du thérapeute, offre différents supports aux

intégrations, expérimentations et à l'imaginaire.

L'encadrement : le psychomotricien travail seul, en binôme ou en équipe.

Le fonctionnement institutionnel : le cadre thérapeutique de cette médiation s'intègre

dans une institution qui a un projet global pour les patients, nécessitant une cohérence de fonctionnement et de pensée.

Le cadre implique aussi un certain nombre de règles : interdit de se faire mal, de faire mal, de casser ou endommager le matériel.

Enfin, le cadre est aussi de nature psychique. Il est le projet thérapeutique du psychomotricien : offrir la possibilité au patient de s'exprimer librement, exprimer ce qui l'envahit trop dans son monde interne, notamment les affects non représentables ou insupportables. Ce qui ne peut se symboliser et qui empêche de mettre à profit l'intelligence et la pensée. En offrant une contenance corporelle, le psychomotricien soutient les patients, qui dans la problématique addictive, ont souvent une capacité de mise en lien, d'élaboration et de régulation des émotions très fragile. Le thérapeute va mettre à profit sa capacité à contenir ce qui les déborde, les envahit, ce qui n'est pas organisé, lié.

Dans les difficultés identitaires, la problématique des limites est souvent présente. Celle-ci va justement se projeter assez directement sur l'espace thérapeutique où le patient peut bouger, faire, s'exprimer.

Ainsi, « la capacité à contenir autant dans les mots que dans le corps est fortement sollicitée chez le thérapeute dans ces espaces thérapeutiques d’expression du corps » (C. POTEL, 2006).

L'atelier « cheval » se déroule dans un centre équestre extérieur à la structure, dans une autre ville. Il a lieu tous les jeudis après-midi, toujours à la même heure. Les résidents retrouvent les mêmes chevaux chaque jeudi et finissent leur atelier par une « pause café » qui conclue la séance. Ainsi, cet atelier est bordé par ce cadre thérapeutique à la fois souple et solide. Il est intéressant de constater l'effet qu'a cet atelier, décrit par les résidents, de « parenthèse » ou de « pause » dans leur quotidien ; du fait du changement de lieu (un endroit différent de leur lieu de vie), d'être plongé dans un univers animal, à la campagne. Ils en oublient pendant un temps leurs tensions, leur quotidien difficile à supporter. On retrouve cette idée que le cadre thérapeutique est ce qui contient une action thérapeutique dans un lieu, dans un temps et dans une pensée.

3.2.2 Les différents acteurs de l'atelier et ma place de stagiaire au sein de ce groupe

Cet atelier est co-animé par la psychomotricienne et l'instructeur équestre du centre. Cette articulation dans l'animation des séances est très intéressante car elle permet de croiser les regards et les différentes connaissances des professionnels. L'instructeur équestre apporte

un savoir sur les chevaux, sur leur façon de fonctionner par rapport à l'espace, leur prise de contact, leurs capacités d'intégration d'informations de l'environnement, leurs réactions, leurs comportements… Il veille à la sécurité des résidents en gérant son groupe de chevaux et en tenant le cadre en permanence.

La psychomotricienne, elle, gère le groupe des résidents. Elle est aussi garante du cadre et s'assure de contenir les éventuels débordements, les excitations, ou les émotions envahissant les résidents. Elle les accompagne dans les exercices proposés en les guidant dans ce qu'il faut faire, tout en laissant le champ libre à l'expérimentation.

Il se produit comme une traduction entre le langage de l'instructeur équestre (très tourné vers les chevaux et employant des termes propres au monde équestre) et le langage de la psychomotricienne qui traduit ces paroles aux résidents pour que cela leur soit compréhensible, accessible. Cela permet aux résidents de recevoir une transmission qu'ils sont dignes de recevoir. Cette transmission est une autre façon de les nourrir. Il y a également une articulation entre les acteurs. Ceux-ci effectuent aussi un travail de traduction corporelle : l'instructeur équestre traduit les comportements et les réactions corporelles des chevaux et la psychomotricienne, en lisant ces comportements sur le cheval peut effectuer une lecture corporelle des réactions, des attitudes, des postures, du tonus des résidents. Elle aide les résidents à mettre en mots leurs impressions, émotions, sensations.

Il s'agit de tout un travail autour du dialogue tonico-émotionnel entre les chevaux et les résidents, entre les résidents eux-mêmes, entre les résidents et les professionnels et entre les professionnels et les chevaux.

Dans ce contexte de jeux relationnels complexes, lors des premières séances, je me sentais un peu perdue et je ne parvenais pas à trouver le positionnement adéquat. En tant que stagiaire, je ne voulais pas trop m'imposer dans le binôme psychomotricienne/instructeur équestre, tout en ayant envie de m'impliquer auprès des résidents.

Au fil des séances, j'ai moi-même expérimenté les exercices proposés, ce qui m'a permis de passer par l'expérience et ainsi de mieux saisir l'intérêt de ces exercices. J'ai occupé une place d'observatrice qui quand il le fallait, intervenait. Parfois, l'instructeur équestre et la psychomotricienne proposaient des exercices en individuel : un résident avec son propre cheval. Cela me permettait de me rapprocher de certains des résidents afin de les accompagner individuellement dans l'exercice. D'autres fois, je participais à des exercices de groupe, où l'on travaillait tous ensemble avec un cheval, permettant un étayage, un accompagnement dans un « faire avec/ensemble ».

complexité notamment quant au nombre important d'acteurs qui interviennent.

3.3

Les axes de travail en psychomotricité dans le cadre de la