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3 État de la situation et identification des besoins de recherche en foresterie urbaine des villes

3.2.3 Situation actuelle des municipalités canadiennes de 5 000 habitants et plus en foresterie

3.2.3.1 Préoccupations actuelles

Dans un premier temps, nous avons identifié les préoccupations actuelles des municipalités. Les 12 choix de réponses proposés résultent des entrevues téléphoniques réalisées pour construire le questionnaire. Les répondants devaient utiliser une échelle divisée en quatre classes : pas important du tout, un peu important, assez important et extrêmement important. Nous avons fait l’analyse en utilisant la moyenne des réponses.

Les préoccupations les plus importantes sont « la plantation d’arbres », « la dangerosité des arbres », « le maintien de la forêt urbaine » et « les insectes exotiques » (Figure 16). Il y a un souci évident de planter les arbres de la bonne façon, également de planter plus d’arbres pour augmenter le couvert forestier. Cet aspect est particulièrement vrai dans les grandes villes, comme mentionné dans le plan d’aménagement de la ville de Toronto pour 2012-2022 (Ville

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de Toronto, 2013). La dangerosité des arbres a aussi été indiquée comme une préoccupation importante, car elle touche directement la sécurité du public, un élément important pour les municipalités. En effet, une municipalité ne peut tolérer qu’un de ses arbres tombe sur une maison ou sur des infrastructures, ou pire, sur un être humain. Le maintien de la forêt urbaine quant à lui est une préoccupation importante pour les responsables d’espaces verts parce que l’arbre en milieu urbain procure des bienfaits environnementaux et des économies importantes pour les municipalités (Alexander et DePratto, 2014).

Les répondants pouvaient ajouter d’autres préoccupations. Cette section a surtout servi à préciser certaines de ces préoccupations. Par exemple, les répondants identifiaient l’agrile du frêne comme une autre préoccupation, alors que ce sujet faisait déjà partie des propositions de réponses. Néanmoins, nous avons pu identifier une préoccupation importante pour les répondants qui ne faisait pas partie de nos suggestions. Il s’agit de l’éducation du public qui a été mentionnée à plusieurs reprises. La préoccupation politique/législation est aussi une nouvelle préoccupation fréquemment soulevée.

29 Nous avons également regardé si la taille de la ville (population), les régions et la dimension de la forêt urbaine (canopée) avaient une influence sur les préoccupations en répondant aux trois questions suivantes.

1. Est-ce que les préoccupations actuelles varient selon la population? 2. Est-ce que les préoccupations actuelles varient d’une région à l’autre? 3. Est-ce que les préoccupations actuelles varient selon la canopée?

Le test de Kruskal-Wallis nous a permis de déterminer que 7 des 12 préoccupations actuelles présentaient des différences significatives (p  0,05) en fonction des populations, 5 sur 12 en fonction des régions et 2 sur 12 en fonction de la canopée. Lorsque des différences

significatives étaient détectées, des comparaisons de valeurs par paires ont été réalisées avec le même test pour identifier où étaient les différences.

Pour la majorité des préoccupations identifiées par les répondants, celles des plus petites municipalités sont différentes des autres, en ce sens que les préoccupations évaluées leur semblaient moins importantes que celles des municipalités avec de plus grandes populations (Figure 17). Le manque de financement et de ressources humaines chez les plus petites municipalités pourrait expliquer cette différence. Aucune des préoccupations significatives ne semblent essentielles dans l’immédiat pour les petites municipalités ou semblent coûter trop cher. En effet, les petites municipalités sont souvent en milieu rural, donc le maintien de la forêt, la biodiversité, l’indice de canopée et les îlots de chaleurs sont de moindre intérêt. Pour ce qui est de la lutte contre les ravageurs et l’inventaire des arbres, ils sont coûteux. La ville de Montréal a investi 15 M$ dans la lutte contre l’agrile du frêne depuis 2012 (A. Daniel3

communication personnelle, 2016). Au Québec, « les municipalités de 15 000 à 25 000 habitants versent chaque année une somme moyenne de 101 300 $ dans la gestion, l’aménagement et l’entretien de leurs forêts urbaines » (Rousseau, 2004). Ce budget déjà restreint pour ce type de municipalités doit être plus bas encore pour les plus petites municipalités (5 000 à 10 000 habitants), d’où le manque d’intérêt pour des activités de foresterie urbaine plus coûteuses.

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Figure 17. Influence de la population lorsque des différences significatives étaient notées lors de l’analyse des préoccupations

31 Concernant la comparaison entre les régions, les répondants de l’Ouest considèrent les insectes exotiques comme une préoccupation moins importante que pour les répondants de l’Ontario, du Québec et des Maritimes, mais ne se distinguent pas des répondants de la région du Centre (Figure 18). Cet effet pourrait s’expliquer surtout par les attaques d’insectes moins dommageables dans les villes des Prairies (Alberta, Saskatchewan et Manitoba) au cours des dernières années. Les ravageurs indigènes (insectes et agents pathogènes) sont plus préoccupants pour les répondants des régions du Centre et des Maritimes. Les répondants de la région du Québec sont plus inquiétés par les îlots de chaleur que les répondants des autres régions, ce qui pourrait refléter un souci plus grand concernant le changement climatique, un phénomène fréquemment rapporté dans la littérature (ex. Cardinal 2007 cité dans Bérubé, 2010). Les répondants des Maritimes sont plus soucieux que les répondants des autres régions des blessures infligées aux arbres, sans que nous puissions proposer une explication plausible à cette particularité.

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Figure 18. Influence des régions lorsque des différences significatives étaient notées lors de l’analyse des préoccupations (les

valeurs présentant une lettre semblable ne sont pas significativement différentes (p ≤ 0,05)) (n=192)

Seules les préoccupations des insectes exotiques et de l’inventaire des arbres urbains permettaient de dégager des différences significatives lorsque le pourcentage de couvert forestier était analysé (Figure 19). Nous remarquons que la canopée de 21 - 30 % est différente de la plupart des autres pour la préoccupation insectes exotiques. Cela peut s’expliquer par le fait que cette grandeur de canopée est plus fréquente dans les grandes municipalités (Figure 12) et que les grandes villes sont plus à risque pour les insectes exotiques, car c’est dans ces villes que se trouvent les portes d’entrée pour ces insectes, puisqu’on y retrouve de grands ports et de nombreux conteneurs. Pour l’inventaire des arbres urbains, c’est la plus grande canopée qui présente le plus de différences avec les autres. Ce fort couvert forestier dans certaines municipalités rassure, peut-être à tort, les responsables des espaces verts qui ne sentent alors pas le besoin d’en savoir plus sur le nombre et la localisation des arbres urbains

33 sur leur territoire; il est aussi possible que les municipalités avec un fort couvert forestier possédaient déjà un tel inventaire et qu’ainsi, ce n’était plus une préoccupation pour elles.

Figure 19. Influence de la canopée lorsque des différences significatives étaient notées lors de l’analyse des préoccupations (les

valeurs présentant une lettre semblable ne sont pas significativement différentes (p ≤ 0,05)) (n=192)

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