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Les prélèvements de téguments sont relativement peu pratiqués en médecine bovine.

Cependant, les affections cutanées ont souvent une influence sur la productivité. En effet, des parasites spoliateurs peuvent induire une baisse d’assimilation métabolique. Un prurit diminue le temps passé à l’auge et donc la production de lait. De plus, certaines maladies sont des zoonoses et nécessitent d’être diagnostiquées.

9.1. Indications et techniques

9.1.1. Indications

Les prélèvements de poil ou de peau sont indiqués lors d’affections tégumentaires: lorsque l’animal a du prurit, lorsqu’il y a de l’alopécie ou lorsque l’aspect de la peau et du poil est anormal. On peut aussi y avoir recours quand la pousse ou la coloration du poil est modifiée [73, 91].

Certains examens complémentaires sont chers et ne sont indiqués qu’après des essais de traitement infructueux ou des examens complémentaires sans résultats probants et si la valeur de l’animal le justifie : c’est le cas de la biopsie [49, 64, 73, 100]. D’autres examens pourraient se justifier pour déterminer la cause quand une des hypothèses est une zoonose : c’est le cas de la teigne même si les espèces les plus courantes chez les bovins sont moins transmissibles à l’homme [64].

9.1.2. Techniques de prélèvement

Les techniques de prélèvement sont nombreuses. On choisit la technique en fonction du substrat (poil, épiderme ou derme), de l’affection supposée (affection parasitaire, bactérienne…) et de l’aspect de la lésion (lésion superficielle étendue, nodule…) [49, 64, 73].

Les principaux prélèvements sont le raclage cutané, le trichogramme et le peignage, le calque cutané et le test à la cellophane adhésive, la cytoponction et la biopsie [64, 73].

9.1.2.1. Raclage cutané

On utilise une lame de scalpel et on frotte la lame perpendiculairement à un pli de peau jusqu’à l’apparition des capillaires, c'est-à-dire jusqu’à la rosée sanguine [49, 73].

S’il y a beaucoup de poils sur le lieu de prélèvement, il est possible de les éclaircir [91].

9.1.2.2. Trichogramme

Cette technique vise au recueil des poils avec une pince pour en étudier la structure [73].On peut également utiliser les poils pour étudier des carences ou des intoxications. Dans un tel cas, on tond les poils dans une zone propre [91].

9.1.2.3. Peignage

On passe un peigne fin dans le poil afin de récupérer des éléments qui s’y trouvent (ectoparasites et débris cutanés) [73].

9.1.2.4. Calque cutané et test à la cellophane adhésive

Ils consistent respectivement à poser une lame ou du scotch sur la surface cutanée atteinte. Le calque peut être directement observé au microscope avec une coloration et le scotch est coloré puis posé sur une lame pour être étudié. On utilise le premier si la surface est suintante et le

second si la surface est sèche. Le calque est destiné plutôt à des recherches de bactériologie, mycologie et cytologie alors que le test à la cellophane adhésive sert plus à une recherche d’ectoparasites superficiels [73].

9.1.2.5. Cytoponction

Elle consiste au recueil de liquide ou cellules par aspiration au sein de la structure à l’aide d’une aiguille. On dépose le prélèvement sur une lame [73]. Il est possible de prélever avec un scalpel pour remplacer l’aiguille si la nature de la lésion le justifie. Il faut faire attention de ne pas abîmer la lésion [49].

9.1.2.6. Biopsie

On l’utilise pour étudier une lésion solide en prélevant tout ou partie de la masse ou structure anormale. Elle sert à réaliser une histologie [73].

9.1.3. Bonnes pratiques de prélèvement

Il est nécessaire de prélever la lésion le plus tôt possible car l’étude des lésions primaires est plus significative de la pathologie. De plus, lors de recherche d’ectoparasites, le système immunitaire finit par limiter le nombre de parasites et donc on les trouve plus difficilement [64, 73].

Pour les cytoponctions, il est nécessaire de faire une préparation aseptique afin de ne pas introduire de germe lors de la réalisation de l’acte. De plus, on peut rechercher des bactéries sans conséquence dans la ponction [49]. En ce qui concerne la biopsie, il est nécessaire de garder les croûtes. Il ne faut donc pas trop frotter la lésion [49].

Il est conseillé de prélever à la périphérie des lésions car c’est là que se trouvent les parasites.

On peut y étudier aussi les zones de transition. De plus, il faut réaliser plusieurs prélèvements en différentes localisations. Cela permet d’augmenter les chances de détecter les parasites, mycoses et bactéries. On augmente ainsi la sensibilité [49, 64, 73].

Lors de culture fongique ou bactérienne, il est important de travailler dans un local propre [49].

Etant donné le coût d’une biopsie, il faut que celle-ci soit bien faite pour avoir des résultats corrects. La préparation de la peau doit être légère (alcool à 70% sur la peau sans insister) et doit conserver les croûtes pour augmenter les chances de résultats. Il faut donc faire un échantillonnage assez important et mettre le prélèvement dans du formol immédiatement, ce qui permet de le transporter à température ambiante. Il faut faire une suture de la zone même s’il s’agit d’une biopsie punch (biopsie de tégument à l’aide d’un appareil que l’on fait tourner sur lui-même pour faire une incision circulaire). Pour que les résultats soient interprétables, il ne faut pas qu’il y ait eu de traitement aux corticoïdes dans les trois semaines qui précèdent le prélèvement [100].

Il existe de nombreuses techniques de prélèvement de tégument. Elles varient en fonction de la zone à prélever et de la maladie ou du parasite recherché. Certaines sont facilement réalisables et peu coûteuses d’autres sont plus complexes et onéreuses. Cependant, lorsqu’il s’agit de maladies contagieuses, l’intérêt économique ne devrait pas être à démontrer si l’éleveur comprend les pertes induites.

9.2. Analyses au chevet du malade

Lors de la récolte de poil par peignage, il est possible d’observer des ectoparasites à l’œil nu ou à la loupe: c’est le cas des poux. Avec le test à la cellophane adhésive, on peut également recueillir des ectoparasites comme par exemple les cheylletielles, puces et poux [73].

Il y a peu d’analyses réalisables au chevet du malade, cependant, elles sont rapides et faciles à réaliser. On peut mettre en évidence des parasites à forte influence économique (diminution de vitesse de croissance), ce qui permet de mettre en place un traitement immédiatement.

9.3. Analyses à la clinique

9.3.1. Parasitologie

A partir de la réalisation d’un raclage cutané, on peut repérer des ectoparasites. Pour cela, il faut les fixer sur lames avec du lactophénol ou de l’huile minérale. On regarde ensuite au microscope à l’objectif x10 et x40 [49, 73]. Pour la recherche de chorioptes, il est possible également d’utiliser une fixation avec de l’acétate car cela dissout les débris présents rendant les parasites plus visibles [49].

9.3.2. Mycologie

On peut avoir parfois des candidoses. Mais le plus souvent, il s’agit de dermatophytes. On ne parlera que d’eux.

La culture fongique des dermatophytes se fait sur le milieu Sabouraud ou sur un Dermatophyte Test Medium (test rapide) [73]. On sort les poils et les croûtes recueillies dans l’exploitation de leur pot stérile et on les tamponne avec de l’alcool à 70%. Cela permet d’éliminer les bactéries et les champignons saprophytes. On presse l’échantillon sur le milieu de culture sans pour autant l’écraser [49, 91]. La température d’une pièce est suffisante pour la culture de la plupart des dermatophytes sauf pour Trichophyton verrucosum, espèce la plus courante chez les bovins, qui pousse à 37°C. La culture se développe en général en 5 à 7 jours et cela peut exiger jusqu’à 2 semaines. On regarde donc la culture tous les deux jours à partir de deux jours de culture. La colonie est blanchâtre à grise d’aspect filamenteux ou duveteux.

Il y a un virage simultané de l’indicateur coloré à l’endroit de la colonie. En revanche, il faut considérer comme négatif le développement d’une colonie de couleur plus sombre (brune à noire), filamenteuse et avec un virage de couleur de l’indicateur coloré plus tardif, de même qu’une colonie qui se développe après 2 semaines [49].

Il est également possible de diagnostiquer les dermatophytes plus rapidement. C’est une méthode moins sensible si on n’a pas l’habitude de cette technique mais plus rapide. Il faut donc la coupler avec la culture quand on débute ou si le résultat est négatif. Pour cette technique, on met une goutte d’hydroxyde de potassium sur une lame puis on met les poils et les croûtes sur la goutte. On fait chauffer la lame 20 secondes à l’aide d’un bec Bunsen ou on attend 30 minutes avant d’observer au microscope. Cela permet une dégradation de la kératine du poil et donc on peut observer les modifications de la structure du poil si des dermatophytes sont présents. De plus, il est possible d’observer les hyphes et les arthroconidies. Il faut faire attention à ne pas confondre une fibre textile avec un poil modifié (faux positif). Il faut également faire attention à ce que le produit ne rentre pas en contact avec la lentille du

9.3.3. Bactériologie

Le calque cutané peut permettre de voir des bactéries avec différentes colorations spécifiques (Gram, Giemsa, Wright). Il y a souvent beaucoup d’espèces bactériennes sur la peau mais lors de dermatose, il peut y avoir une espèce qui se distingue par son pouvoir d’invasion.

L’observation se fait au microscope avec un objectif à immersion [73].

Pour les bovins, on recherche particulièrement Dermatophilus congolensis. Cette bactérie est cherchée à partir d’un prélèvement de croûte mis dans un pot stérile jusqu’à son traitement à la clinique. On émiette la croûte puis on coupe l’excès de poil avec une paire de ciseaux, on écrase alors la croûte et on dilue sur une lame avec du soluté salé. Au bout de quelques minutes, on écrase à nouveau puis on enlève l’excès de matériel. On sèche la lame, on la chauffe puis on fait une coloration de Gram, de Giemsa ou de Wright. D. congolensis est une bactérie cocci gram négatif qui forme des alignements filamenteux ayant l’aspect de branches d’arbre [49].

On peut trouver lors de blessure avec effraction cutanée des bactéries et du pus pouvant aboutir à la formation d’abcès (Arcanobacterium pyogenes). Pour ce type de lésion, on peut remplacer le calque par un écouvillon cutané en prenant les précautions classiques qui s’imposent. De la même manière, des prélèvements par cytoponction ou par biopsie peuvent être mis en culture [64].

9.3.4. Cytologie

La cytologie peut être faite par cytoponction. Cela permet de déterminer si le processus est infectieux ou immunitaire. Pour déterminer l’origine de la dermatose, il faut donc colorer avec une coloration diff quickR, MGG, rouge soudan ou bleu de méthylène. On fait une observation au microscope à fort grossissement.

La présence de neutrophiles montre un processus infectieux. La pullulation de cellules anormales peut faire suspecter une néoplasie [49, 73].

Certaines de ces analyses réalisables au cabinet vétérinaire sont parfois complexes à mettre en œuvre ou les résultats sont parfois peu concluants. Cela pousse à avoir recours à un laboratoire spécialisé. L’échec lors d’interprétation au cabinet peut être dû à un mauvais prélèvement (faute d’asepsie, mauvais milieu de culture…). Il convient de refaire le prélèvement soigneusement et de l’envoyer rapidement.

9.4. Analyses au laboratoire

9.4.1. Bactériologie et mycologie

Le laboratoire peut proposer des cultures et identifications bactériennes et fongiques.

Si l’échantillon a été pris profondément, il faut l’envoyer dans un emballage pour anaérobie et demander une culture spécifique. De même, si on a observé des bactéries au microscope et que la culture classique est négative [73].

9.4.2. Cytologie et Histologie

La cytologie peut également être pratiquée au laboratoire.

L’histologie apporte de nombreux renseignements dans les cas où on n’a pas de conclusion

dans du formol. Pour les petites lésions, on envoie la totalité de la pièce d’exérèse. Si la lésion est étendue et excoriée, on envoie une partie de la lésion avec de la zone de transition de peau saine. Si la lésion est étendue au corps, on fait une biopsie punch. Dans certains cas, cela permet de distinguer des néoplasies, fibropapillomes, teigne… [100].

On utilise des méthodes similaires sur la mamelle. La mamelle et les trayons sont souvent affectés par des nodules. Une culture cellulaire sur ces nodules met en évidence la présence du virus cowpox (paravaccine) et on peut le différencier de la vaccine (pseudocowpox) [57].

Le diagnostic de maladie de déficit immunitaire peut être établi à partir d’une biopsie mais celle-ci doit être envoyée sur un milieu spécial (milieu de Michel) qui est fourni par le laboratoire. L’échantillon est analysé par une méthode d’immunofluorescence [49, 64].

9.4.3. Oligo-éléments et toxiques

Le laboratoire peut également analyser les poils pour mettre en évidence des carences alimentaires en oligo-éléments (cuivre et zinc) ou en vitamine (A et E) ou des intoxications (molybdène, arsenic ou sélénium). On retrouve parfois des intoxications à l’iode suite à des traitements trop importants contre la langue de bois [64, 91].

Le laboratoire permet une bactériologie ou mycologie plus précise que les tests commerciaux ou lorsque ceux-ci sont négatifs. De plus, les laboratoires offrent des prestations telles que l’histologie ou le dosage d’oligo-éléments qui ne sont pas réalisables par le praticien de terrain.

9.5. Conclusion

De nombreux résultats peuvent être obtenus par des analyses à la clinique sous réserve d’avoir investi dans un microscope.

Cependant, le diagnostic dermatologique est souvent limité car il n’y a pas une réelle demande des éleveurs. Pourtant les affections dermatologiques sont courantes et elles provoquent des pertes d’état et de production pouvant aller jusqu’à des anémies sévères, par exemple avec une infestation par des poux piqueurs. Le vétérinaire peut proposer ces examens pour montrer l’atteinte d’un troupeau, d’autant plus que certaines des maladies dermatologiques sont des zoonoses.

10. Le prélèvement de liquide