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Pour un réseau mondial de changement social

axé sur le travail avec les

hommes et les garçons

pour transformer les

masculinités patriarcales,

la visibilité croissante et le

caractère transnational des

groupes anti-féministes

de défense des droits

des hommes est une

préoccupation urgente pour

l’Alliance MenEngage

préoccupation urgente pour l’Alliance MenEngage. Confronter les messages anti-féministes des organisations de défense des droits des hommes et travailler avec les hommes et les garçons pour les aider à rejeter ces messages est clairement une priorité. Pour ce faire, cependant, il faut bien comprendre la sophistication du message et de l’organisation de l’activisme pour les droits des hommes.

L’utilisation explicite du langage émotionnel de la victimisation a déjà été constatée. Basu souligne également à quel point l’activisme pour les droits des hommes exploite les cadres féministes de vulnérabilité et de persécution à des fins anti-féministes, « en utilisant les discours sur le féminisme et les droits de l’homme comme des monnaies stratégiques » afin de « rivaliser pour les ressources et la visibilité ».156 À cet égard, il est utile de s›appuyer sur les théories de l›organisation des mouvements sociaux afin de comprendre et de confronter les manières dont les stratégies des mouvements de défense des droits des hommes :157

s’inscrivent parfaitement dans les trois principaux « répertoires de contestation » utilisés par les mouvements sociaux en matière de genre : l’utilisation des « nouvelles opportunités et menaces

politiques », les « changements dans les structures de communication mobilisatrices [et] la coordination », et la reformulation des

revendications, des identités et des sens culturellement pertinents.

Cette analyse, à son tour, suggère que les membres de MenEngage doivent être attentifs à l’utilisation des opportunités politiques par les organisations de défense des droits des hommes dans leurs propres contextes ainsi qu’à leurs « structures de communication », et donc être prêts et capables de contester la « reformulation des revendications, des identités et des significations » culturellement pertinentes de la masculinité déployée par le mouvement de défense des droits des hommes. Elle souligne également que les membres de MenEngage doivent intensifier leur pratique de solidarité avec les militants et mouvements féministes et LGBTQIA+, qui sont les cibles directes des attaques des organisations de défense des droits des hommes. Trop souvent, les déclarations sur cette solidarité n’ont pas

156 Basu. 2016. p50 157 Ibid. p53

été accompagnées d’actions concrètes.

Comme l’a dit une militante féministe, dans son examen d’une version antérieure de ce document de travail :158

Aux yeux des féministes, nous sommes toujours attaquées et ce n’est pas simplement que les militants des droits des hommes existent, c’est que nous ne pouvons pas fermer les yeux et compter sur des alliés masculins pour mener la résistance à ces groupes, quoi qu’il arrive et quoi que cela signifie, mais certainement dans le sens de prendre les risques que nous prenons. Je ne vois tout simplement pas d’alliés masculins prendre les risques que nous prenons par rapport aux groupes de défense des droits des hommes. Pour moi, le fait de savoir que ces hommes ne sont pas là, peu importe notre niveau de formation, de financement, de participation, d’idées, d’orientation ou autre, c’est énorme. C’est ce que je veux, des alliés masculins qui tiennent le mouvement des droits de l’homme responsable afin que les femmes n’aient pas à le faire.

4.2 Violence sexiste normalisée

158 Personal communicationby Dr. Gabrielle Jamela Hosein, Head, Institute for Gender and Development Studies, The University of the West Indies,Trinidad and Tobago

159 Peterman, Amber, Megan O’Donnell, Karen Devries and Alessandra Guedes. 2020. “Violence in Times of Coronavirus—the Ugly Truth.” Think Global Health. Retrieved: August 8, 2020 (https://www.thinkglobalhealth.org/article/

violence-times-coronavirus-ugly-truth).

160 Pour connaître les dernières données sur la violence à l’égard des femmes, rendez-vous sur le site https://www.who.

int/health-topics/violence-against-women#tab=tab_1

L’un des aspects les plus dangereux du message du mouvement des droits de l’homme est la minimisation de la violence contre les femmes et les filles, et l’affirmation souvent associée que la violence contre les hommes et les garçons est une préoccupation équivalente.

Pourtant, comme le montrent clairement des décennies de recherche, la violence contre les femmes et les filles est très répandue et extrêmement normalisée dans de nombreuses sociétés. Environ une femme sur trois dans le monde subit diverses formes de violence physique ou sexuelle de la part de son partenaire intime au cours de sa vie. Près de quatre homicides de femmes sur dix sont commis par un partenaire intime, et plus de 50

% des enfants subissent des formes de violence, souvent dans des lieux supposés sûrs : la maison et l’école.159 À l›échelle mondiale, 18 % des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ayant déjà eu un partenaire ont subi diverses formes de violence physique ou sexuelle aux mains de leur partenaire actuel ou précédent au cours des 12 derniers mois.160

Ces niveaux élevés de violence entre partenaires intimes servent à maintenir le contrôle des hommes sur la vie des femmes, directement, à travers la violence,

et indirectement, à travers la peur des femmes face à la violence des hommes.

En ce sens, les effets de la violence

domestique ne se limitent pas au foyer. En effet, bien que cela soit encore rarement évoqué, lorsque l’histoire personnelle des auteurs d’actes de violence terroriste est connue, elle comprend souvent des antécédents de violence contre des partenaires intimes. Comme le soulignent Díaz et Valji :161

On peut trouver des exemples de misogynie exprimée ou de violence

domestique dans les histoires personnelles de presque tous les auteurs des pires incidents terroristes et massacres de masse dans les pays occidentaux ces

161 Díaz, Pablo Castillo and Nahla Valji. 2019. “Symbiosis of Misogyny and Violent Extremism: New Understandings and Policy Implications.” Journal of International Affairs 72(2):37-56. p44

162 Ibid. p45

163 Rendez-vous sur le site https://www.rescue.org/topic/coronavirus-response 164 Ibid.

dernières années, ce qui est remarquable car ni les actes ou expressions misogynes ni la violence contre les femmes ne sont généralement rapportés et documentés de manière exhaustive.

Ils notent que même si l’on ne dispose pas d’informations sur l’histoire personnelle des membres des groupes terroristes les plus importants dans le monde, lorsque « nous disposons de ces informations, dans le cas d’auteurs individuels qui ont vécu dans des pays occidentaux et y ont mené leurs attaques, le schéma qui se dégage est exactement le même ».162

Dans les semaines qui ont suivi le début de la pandémie de la COVID-19, une augmentation alarmante de la violence contre les femmes et les

enfants a été signalée, liée aux mesures de confinement imposées par de

nombreux gouvernements. Dans l’État de Chihuahua, au Mexique, on a signalé une augmentation de 65 % des fémicides entre mars et avril 2020.163 Lorsque le Comité international de secours a ouvert une ligne d’assistance téléphonique pour les victimes de violence liée au sexe au Liban, le nombre de femmes et de jeunes filles cherchant à obtenir de l’aide a plus que doublé entre mars et avril par rapport aux deux premiers mois de l’année.164 Le

Ces niveaux élevés de violence

entre partenaires intimes servent