1.5. Propriétés des CSM
1.5.2. Potentiel de différenciation multilignée
Suite axox travaux de Friedenstein et de Ashton décrivant les capacités de
différenciation des CSM, d’autres études sont venues confirmer le caractère mxiltipotent de
ces cellules. Elles ont la capacité de se différencier en cellules de la lignée mésodermique
incluant les chondrocytes, les adipocytes, les ostéoblastes et les myoblastes ’ .
Indépendamment de leur source d’isolement, les CSM partagent le même potentiel de
différenciation vers ces trois lignées cellulaires mais à des degrés divers Bien que
les CSM aient été définies par leur capacité de différenciation en chondrocytes, adipocytes et
ostéoblastes, elles possèdent un potentiel de différenciation plus large (Figure 17 ). En effet,
plusieurs autres voies de différenciation non mésodermique (neuronale, hépatocytaire,
cardiaque, musculaire,...) ont été décrites mais des différences sont observées entre les CSM
issues de diverses sources Ces capacités de différenciation ont été mises en
évidence suite à la culture in vitro des CSM dans des milieux d’induction spécifiques et
confirmées par des colorations, l’expression de gènes spécifiques à la voie de différenciation,
le profil de sécrétion et des critères morphologiques
1.5.3. Immunogénicité des CSM
Le succès d’une greffe ou transplantation est tributaire du caractère et du degré
immunogénique des cellules. L’immimogénicité est liée à l’expression des molécules HLA
ainsi qu’aux molécules de co-stimulation des lymphocytes T. Il est donc important que les
CSM utilisées à des fins thérapeutiques soient histocompatibles, hypo-immunogéniques et
donc tolérées par le receveur Les molécules HLA de classe I sont retrouvées à la surface
de toutes les cellules nucléées de notre organisme alors que celles de classe II sont présentes à
la surface des cellules présentatrices d’antigène (CPA). L’expression des molécules HLA de
divergences. Pour Potian et al, les CSM expriment des moléc\iles HLA de classe II localisées
au niveau de la membrane cellulaire Contrairement à cette observation, vme grande
majorité d’études présentent les CSM comme étant négatives pour l’expression des molécules
HLA de classe IL À l’état constitutif, les CSM expriment faiblement les molécules HLA de
classe I. Par contre elles n’expriment pas les antigènes HLA de classe II, ni les molécules de
co-stûnulation CD80 (B7-1), CD86 (B7-2), CD40 et CD 154 (CD40-L). Après stimulation par
l’interféron gamma (IFN-y), les CSM présentent ime augmentation de l’expression des
molécules HLA de classe I et deviennent positives pour les molécules de classe II La
cinétique par laquelle l’IFN-y module l’expression de ces molécrdes n’est pas la même. Alors
que l’effet sur les molécules HLA de classe I est inunédiat, celui concernant les molécules de
classe II est tardif C’est au 8®'"® jour d’exposition à l’IFN-y que l’expression des molécules
HLA de classe II à la surface des CSM est la plus significative
Il est décrit que les CSM peuvent agir en tant que CPA pour les lymphocytes T CD4‘^ ou
CD8"^. En effet, les CSM peuvent, via leurs molécules HLA de classe I, présenter des peptides
antigéniques viraux ou tumoraux aux lymphoc>1;es T CD8^. Des défauts d’expression de
certains composants de l’« antigen processing machinery » par les CSM pourraient expliquer
le faible rendement de ce type de présentation À l’opposé, c’est sous influence de l’IFN-y
que les CSM peuvent, via leurs molécules HLA de classe II, se comporter comme une CPA
pour les lymphocytes T CD4"^ Selon Chan et al l’expression des molécules de classe II
et la fonction CPA des CSM sont dépendantes du taux d’IFN-y. En effet, en présence d’un
taux faible d’IFN-y, les CSM peuvent capter rm antigène et le présenter via leurs molécules
de classe II induisant l’activation des lymphocytes T CD4"^. Par contre lorsque le taux d’IFN-
y est élevé, il y a diminution de l’expression des molécules de classe II et perte de la fonction
CPA N’étant pas constitutive, l’expression des molécules de classe II et la fonction CPA
induites par l’IFN—y sont modulées par la densité cellulaire des CSM et le Transforming
Growth Factor-beta (TGF-P). L’induction de l’expression des molécules de classe II par
l’IFN-y est maximale en présence d’un faible nombre de CSM mais abolie en présence de
TGF-P L’expression des molécules de classe II est sous le contrôle d’un activateur de
transcription appelé transactivateur de la classe II (CIITA, Class II TransActivator) lui-même
régulé par plusieurs promoteurs Pour Romieu-Mourez et al c’est l’activation du
promoteur IV de CIITA et donc l’expression de ce transactivateur qui est responsable de
l’expression des molécules de classe II et de la fonction CPA induites par riFN-y. La
diminution de l’expression des molécules de classe II en présence d’un taux élevé d’EFN-y
serait en partie liée à un blocage de la protéine CIITA dans le cytoplasme l’empêchant de
passer dans le noyau et donc d’activer la transcription des gènes des molécules de classe II
Récemment, il a été observé que des facteurs de croissance tels que le Fibroblast Growth
Factors (FGF-2) et le Platelet-Derived Growth Factor (PDGF) pouvaient également induire
l’expression de molécules de classe II au niveau des CSM . Les CSM de la MO sont
généralement considérées comme des cellules peu immimogènes mais il existe des
divergences dans la littérature sur ce statut. L’expression des molécules HLA de classe I et II
pouvant être modulée dans un environnement inflammatoire, les CSM peuvent ainsi perdre
leur caractère hypo-immunogénique, être reconnues par les lymphocytes T et donc être
rejetées Alors qu’aucune alloréactivité n’a été détectée chez l’humain des études in
vivo chez la souris, montrent que l’injection de CSM allogéniques engendre une réponse
immune et sont rejetées .
L’immunogénicité des CSM issues du tissu adipeux est également un facteur critique pom
leur utilisation thérapeutique. Constitutivement, ces CSM expriment faiblement les molécules
HLA de classe I mais pas celles de classe II ni les molécules de co-stimulation (CD40, CD80,
CD86). Après stimulation par l’IFN-y, il y a augmentation de l’expression des molécules de
du TLR3 (Polyinosinic:polycytidylic acid = poly I :C) provoque également l’augmentation de
l’expression des molécules de classe I Ces observations sont en contradiction avec celles
de Crop et al démontrant que les CSM du tissu adipeux expriment fortement les molécules
de classe 1, très légèrement celles de classe II et sont positives pour le CD80 et le CD86. Au
cours d’une réaction lymphocytaire mixte (RLM) ou en présence d’un cocktail de cytokines
pro-inflammatoires, les molécules HLA de classe I et II sont augmentées et l’expression du
CD40 induite Initialement négative, l’expression des molécules HLA de classe I et II par
les CSM devient positive après induction de la différentiation chondrogénique par le TGF-P3
Cette variabilité des résultats est vraisemblablement due aux différences dans les
protocoles utilisés. Ainsi, il a été démontré que le profil immunogénique des CSM du tissu
adipeux pouvait changer in vitro en fonction des conditions de culture. L’expression des
molécules HLA (de classe 1 et II) et des molécules de co-stimulation varient considérablement
selon les passages et les cellules sont considérées peu immimogéniques à partir du passage 1
167
Les CSM isolées de la gelée de Wharton doivent également être tolérées lors des
transplantations et éviter d’induire une réponse immune chez le receveur. Comme attendu, ces
CSM expriment les molécules HLA de classe I mais pas celles de classe II *^*469
L’exposition à l’IFN-y augmente l’expression des molécules HLA de classe I et l’induction de
celles de classe II Weiss et al, démontrèrent l’absence d’expression des molécules de co
stimulation (CD80, CD86, CD40) Cependant, certaines divergences apparaissent dans la
littérature au sujet de l’expression et de la modulation de ces molécules. Ainsi, il a été observé
que les CSM de la gelée de Wharton pouvaient exprimer le CD80 mais n’induisaient pas
l’expression des molécules HLA de classe II en réponse à l’IFN-y malgré la présence du
CIITA Contrairement à celles de la MO les CSM de la gelée de Wharton cultivées en
175
présence de FGF n’expriment pas les molécules HLA de classe II
Contrairement à ce qui a été observé pour les CSM médullaires, aucune fonction CPA n’a
été jusqu’à présent décrite pour les CSM isolées du tissu adipeux ou de la gelée de Wharton.
Les CSM jouissent d’un statut immunologique privilégié grâce à leur faible immunogénicité.
Cependant, au coms d’une infection ou inflammation durant lesquelles l’IFN-y peut être
sécrété, ce statut peut changer et les CSM peuvent devenir immunogéniques suite à la
modulation de l’expression des molécules HLA. Il est important de définir les conditions
pouvant stimuler le caractère immunogénique des CSM et qui seraient critiques lors des
applications cliniques.