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CHAPITRE 2 – Performance et situation d’interaction au sein du Nigel Farage Show

I. Postures médiatiques et variations scéniques de Nigel Farage

C’est Erving Goffman qui, le premier, s’inspire de la métaphore théâtrale pour construire

une analyse des interactions quotidiennes et mettre l’accent sur le caractère construit de la

présentation de soi, vue comme une performance destinée à s’adapter au lieu, au public et aux

circonstances dans lesquels elle se déploie. Ainsi considéré, l’individu est un « interprète »

141

en

représentation, et comme tout acteur, il évolue dans un espace que Goffman choisit d’appeler une

136 « A change in footing implies a change in the alignment we take up to ourselves and the others present as expressed in the way we manage the production or reception of an utterance. A change in our footing is another way of talking about a change in our frame for events ». Goffman, Forms of Talk 129.

137 « Participant's alignment, or set, or stance, or posture, or projected self is somehow at issue », ibidem 129. 138 Voir Gumperz 85.

139 « when we shift from saying something ourselves to reporting what someone else said, we are changing our footing ». Goffman, Forms of Talk 151.

140 L’autre composante est la contrainte de crédibilité. 141 « performer », Goffman, Forms of Talk 8.

« façade » (« front », ibid. 13), composé du décor

142

et d’une « façade personnelle », qui se confond

avec l’interprète lui-même :

insignia of office or rank; clothing; sex, age, and racial characteristics; size and looks; posture; speech patterns; facial expressions; bodily gestures; and the like. (ibid. 15)

On choisit ici de s’inspirer de cette approche, tant on est frappé par le caractère extraverti et théâtral

de Nigel Farage dans ses émissions. De plus, ainsi qu’on l’a remarqué plus haut, l’émission The

Nigel Farage Show n’a pas un format uniquement sonore, ou radiophonique : retransmise en même

temps en vidéo, elle s’apprécie également comme un programme quotidien de talk à la télévision –

à la différence que l’émission de radio, si elle accueille parfois des invités en studio, consiste très

souvent en des échanges entre Nigel Farage, seul dans le studio de LBC, et des appels

téléphoniques. Le choix de la vidéo, comme on l’a déjà vu également, semble plutôt se justifier par

l’utilisation qui en est faite en termes de communication sur internet. Cependant, à nos yeux,

l’image institue l’émission comme une véritable représentation publique, ouverte et offerte à la vue

de tous – comme un spectacle donc, ce qui explique que nous employons ici le vocabulaire de la

dramaturgie. D’ailleurs l’aspect visuel des retransmissions vidéo n’est pas négligé : le studio qu’on

peut contempler à loisir selon les caméras et les angles de vue

143

affiche les couleurs (bleu, avec des

touches de rouge et de blanc) et le logo de LBC en lettres largement visibles. Le décor est épuré :

une table en demi-cercle, un micro et des écrans pour Nigel Farage, qui, on le suppose, lui

permettent de recevoir en direct les informations sur les auditeurs fournies par le standard ainsi que

les messages à lire à l’antenne. Remarquons également qu’il a toujours pendant l’émission de quoi

écrire, ce qui lui permet de prendre des notes lors d’un appel et d’endosser ainsi un ethos qui fait

jouer une forme de compétence professionnelle.

Si l’on cherche plutôt des éléments de nature à impressionner l’auditeur, au sens du

« spectaculaire », mentionnons ici le jingle qui ouvre la toute première semaine de diffusion (du 9

au 12 janvier 2017) du Nigel Farage Show : sur plus d’une minute se succèdent, au son d’une

musique de blockbuster, des extraits de déclarations de Nigel Farage lors de sa carrière. En voici le

déroulé :

[voix masculine de LBC :] this (.) is LBC (.) from Global leading Britain's conversation

[Nigel Farage:] isn't it funny (.) you know when I came here seventeen years ago (.) and I said that I wanted to lead the campaign to get (.) Britain (.) to leave the European Union (.) you all laughed at me (.) well I have to say (.) you're not laughing now are you144

142 « First, there is the ‘setting’, involving furniture, décor, physical lay-out, and other background items which supply the scenery and stage props for the spate of human action played out before, within, or upon it ». Goffman, ibid. 13. 143 Il y en a deux : un plan large latéral, qui permet d’observer une partie du studio, le bureau en ovale de Nigel Farage

et lui-même de profil, ainsi qu’un plan plus rapproché sur Nigel Farage, de face.

[Nigel Farage:] I don't want to be rude (.) but you have the charisma of a damp rag (.) and the appearance of low-grade bank clerk145

[Nigel Farage:] May June the 23rd go down (.) in our history as our (.) INDEPENDENCE DAY!146

[Nigel Farage:] When you yourself Mr Van Rompuy (.) say that the Euro (.) has brought us stability I could applaud you for having a sense of humour147

[Nigel Farage:] yes I want you sacked Mr Schulz as well (.) I want you all fired!148

[répété neuf fois par des journalistes – hommes et femmes – anglophones et étrangers, sur tous les tons:] Nigel Farage

[voix masculine de LBC:] The Nigel Farage Show (.) exclusively (.) to LBC [Donald Trump:] Mr (.) Nigel (.) Farage

On a déjà souligné le caractère très autocentré des talk shows, et ce jingle d’entrée ne fait pas

exception à la règle, tant le personnage de Nigel Farage y tient toute la place, de ses discours à la

répétition (dix fois) de son nom, scandé sur tous les tons. Au sens goffmanien des termes, l’acteur

Nigel Farage devient ici un personnage (« character ») et joue plusieurs rôles de production

différents, comme le soulignent Cefaï et Gardella :

chaque performance peut inclure des récits où un animateur se met en scène dans des actions qu’il a réalisées précédemment : on a alors affaire à un animateur en chair et en os, qui raconte une histoire à propos de ses doubles virtuels. (250)

Une autre constante se dégage des extraits ici utilisés : la lutte farouche de l’homme politique contre

l’Union européenne, ses institutions et les individus qui la représentent (Herman Van Rompoy,

Martin Schulz) que Nigel Farage continue à poursuivre de sa vindicte dans le Nigel Farage Show.

Se dégagent aussi la dimension provocatrice et controversée de ses discours, le positionnement non

conformiste et radical (« I want you all fired »), ainsi que le sentiment de revanche d’un homme

méprisé, ou sous-estimé par la classe politique (« you're not laughing now are you »). De ce

générique véritablement épique, qui sonne comme une véritable déclaration de guerre à

l’« establishment » et à l’Union européenne, ne subsiste dans la suite des émissions (à partir du 16

janvier) que le thème musical, très rythmé, qu’on ré-entend à l’occasion des pauses publicitaires

avant le retour de l’antenne, ainsi que la voix masculine de LBC qui annonce le titre du talk show et

celle de Donald Trump, qui prononce le nom de Nigel Farage : en tout et pour tout, quinze secondes

très condensées au regard du générique de départ. De fait, on peut dire que ce premier générique

rappelle à l’auditeur les faits d’armes « glorieux » d’un héros aux ennemis ici identifiés, qui

145 Adresse de Nigel Farage à Herman Van Rompuy au Parlement européen, le 24 février 2010. 146 Discours de Nigel Farage le 23 juin 2017.

147 Discours au Parlement européen, le 24 novembre 2010. 148 Discours au Parlement européen, le 6 juillet 2011.

s’inscrit de lui-même dans une histoire nationale (« May June the 23rd go down in our history as

our INDEPENDENCE DAY! ») ; qu’il construit, si l’on ose, l’hagiographie d’un homme à la

carrure peu commune. La présence de Donald Trump pour clore le générique et donner la parole à

Nigel Farage pourrait être considérée en ce sens comme l’adoubement d’un homme politique par un

autre, mais aussi, plus prosaïquement, comme la marque d’une proximité entre les deux hommes,

d’une « communauté d’esprit » et de combat qu’aime d’ailleurs à rappeler Nigel Farage. Soulignons

également que ce générique fait partie de l’identité sonore de l’émission, qu’il lui fournit un cadre

quotidien, une véritable « introduction rituelle »

149

et routinière qui fait franchir à l’auditeur un seuil

et fournit à Nigel Farage son entrée en matière récurrente, inchangée et toujours prononcée de

manière enjouée et sonore : « thank you Donald! and good evening everybody! »

150

.

Ce contexte, qui est ici également affaire de cotexte, fournit un cadre à la situation

d’énonciation, à la manière des parenthèses rituelles dont parle Goffman :

Activity framed in a particular way-especially collectively organized social activity-is often marked off from the ongoing flow of surrounding events by a special set of boundary markers or brackets of a conventionalized kind. These occur before and after the activity in time and may be circumscriptive in space; in brief, there are temporal and spatial brackets. (Frame Analysis 251-252)

Grâce à cette première parenthèse est posé le « cadre primaire » (ibidem 14) de la situation, dont le

terme est marqué par les salutations de fin de Nigel Farage. D’autres marqueurs font de l’animateur

un interprète véritablement histrionique : son visage très expressif, ses gestes étudiés, de la prise de

notes pendant une prise de parole d’auditeur à des mouvements plus amples lorsqu’il argumente ou

qu’il n’est pas d’accord. L’animateur ne refuse donc pas de se donner en spectacle, et cela se

manifeste aussi par la manière dont il est vêtu, qui devient en de rares occasions un sujet de

commentaire à l’antenne :

Nigel Farage: your texts and tweets coming in (.) text ‘Nice hat Nigel’ for those that can't see I'm wearing a (.) make America great again (.) hat that Ian Dale (.) brought back with him (.) from the USA .hh ‘it's gonna be interesting (.) I hope she has some I hope she has some lead (.) and impresses him so he can get some fair business done’ Dan in Wellingborough uh (.) nice one here (.) a tweet here that I perhaps possibly agree with ‘May (.) Trump opposites attract’ well let's hope (.) let's hope (.) that's right and lastly another tweet (.) uh ‘Nigel love the baseball cap and the suit tonight a bit quirky but stylish’ well take a peek (.) uh ((he laughs)) right now you're listening to the Nigel Farage Show exclusively on LBC it's seven fifteen. (F:26.01.17:0-2)

Le fait qu’il souligne par deux fois, à travers deux messages d’auditeurs, cette casquette rouge vif

que Donald Trump portait lui-même durant ses discours de campagne apparaît à la fois comme une

stratégie médiatique (l’un des moments de l’émission sera repris dans le classement des dix

meilleurs moments de l’année 2017) et une déclaration politique à peu de frais (le rapprochement

149 On reprend ici l’expression de Brand et Scannell (« ritual introduction ») 206.

avec et le soutien des positions de Donald Trump)

151

. Cet accoutrement lui permet aussi de rappeler,

d’abord implicitement, que l’émission est filmée (« for those that can't see ») puis d’inviter une

nouvelle fois les auditeurs à aller la regarder (« well take a peek »). Le vêtement a la même valeur

symbolique et politique lorsque Nigel Farage reçoit Peter Bone, un député conservateur pro-Brexit à

la cravate singulière :

Nigel Farage: my next guest (.) uh I know (.) very well from the referendum campaign (.) we shared .h platforms together .h up and down (.) the country (.) under the banner of go uh .h and Peter Bone (.) Conservative member of Parliament for Wellingborough .h uh was really .h uh the man behind putting go together and designing (.) the extraordinary green and black tie and he's here this morning good morning Peter

Peter Bone: good morning I'm wearing the tie today [you'll have noticed]

Nigel Farage: [well I notice] you see that you're wearing your referendum campaigning tie. now does this mea:n (.) does this mean that you think (.) there are more battles to fight?

Peter Bone: absolutely (.) there are least two people in the country who are unhappy with this- Nigel Farage: ah ah!

Peter Bone: proposal and the great thing about it this nothing's agreed till everything is agreed

(F:10.12.17:13)

Si l’on pousse la métaphore théâtrale plus loin, il semble également que l’on puisse dire de

Nigel Farage qu’il a ses répliques favorites et ses rôles de composition, façonnés au fil de sa carrière

d’homme politique et de sa lutte depuis plus de vingt ans contre l’Union européenne. C’est en

substance ce qu’Owen Bennett souligne déjà en 2014 :

Farage would be performing the same ‘no notes’ trick, but it was unlikely he would be forgetting anything.

The standard Farage speech is: attack the media and Westminster elite; attack open-door immigration; thank Nick Clegg for debating him live on TV; make a few jokes about how he enjoys a beer or two; lead a call to get Britain back; and end. (96)

On retrouve la trace de ce type de discours répété et poli par l’usage au travers des variations autour

de sujets récurrents, d’arguments opposés à des auditeurs sur lesquels Nigel Farage refuse de céder

et qu’il répète à longueur d’émission (nous soulignons) :

Nigel Farage: I get your passion (.) I understand how you feel about your country but .h I I repeat the

point I don’t think we behaved very intelligently (F.11.01.17:1)

Nigel Farage: well lots and lots of strong opinions (.) I wanna repeat my point that I do think (.) in many cases here (.) you've got Conservative MPs elected on a Brexit means Brexit manifesto who at no 151 En matière d’accessoires et de déguisements à arborer, on pense aussi à la rosette jaune et violette du UKIP que

Nigel Farage ne manquait pas d’afficher lors de ses sorties, avec un style vestimentaire qui tranchait là encore sur le classicisme des autres membres de la classe politique, et portait, selon certains commentateurs, un message de nature idéologique. Voir Alexandre Fury, “Nigel Farage Undressed : The UKIP’s Leader Fuddy-Duddy Is a Calculated Harking Back to Post-War Patriotism”, The Independent, 11 octobre 2014. Web.

point told their electors that they intended to try and slow up (.) delay (.) or stop the process (.) that is wrong (F:14.12.17:0-4)

De plus, au-delà de la déclinaison très fréquente des slogans de campagne (en particulier de

l’injonction à reprendre le contrôle : « take back control »), le discours de Nigel Farage reprend les

trois thèmes fondamentaux du parti UKIP : « Europe, immigration, rejet des élites »

152

auquel il

ajoute la montée en puissance de l’État-nation, avec un homme pour cristalliser la convergence de

ces thèmes : Donald Trump. Par exemple, lorsque l’immigration est au cœur de la discussion,

quelques chiffres reviennent avec insistance dans son argumentaire et parent son discours d’une

apparence d’objectivité scientifique

153

:

Nigel Farage: I’ve got a really great solution for you (.) here it is (.) from nineteen fifty (.) until the year two thousand net migration in the United Kindom (.) ran at a net (.) thirty (.) thousand a year .hh and if you go back to (.) politics in Britain (.) in the nineteen sixties immigration was an issue that was barely (.) even (.) mentioned [...] I’m saying (.) that for half a century (.) we had (.) an immigration policy in this country that led to a net thirty thousand people every year (.) .h we now have an open door (.) to a large part of the world and and not a very secure one to the rest of it and it’s now running at over ten (.) times (.) that (.) number (F:12.01.17:3)

Nigel Farage: from nineteen fifty (.) until nearly the year two thousand (.) net migration into the UK ran (.) at an average of thirty (.) thousand (.) people every year and in the last few years (.) it's been as high as a third of a million (.) ten times what we've known to be the sort of post-war norm (F:19.12.17:1)

Dans ce discours, Nigel Farage ne manque jamais de rappeler que Theresa May a occupé, pendant

six ans, le poste de secrétaire d’État à l’Intérieur :

Nigel Farage: you know (.) she is very good at this because I remember (.) as Home Secretary (.) a speech at the Tory party conference of how she was gonna drastically reduce immigration .h and it it you know it appeared for a couple of weeks (.) the whole country was behind her (.) but she didn't (.) actually (.) deliver (F:17.01.17:0-6)

Nigel Farage: there is no case (.) in the national interest (.) for immigration (.) on the scale (.) we've experienced (.) over the last decade >that's what she said to the Tory Party Conference in fifteen< .h despite having been the Home Secretary for the previous five years ((he chuckles)) and in charge of it

(F:11.12.17:0-3)

Nigel Farage: now it's a perfectly fair criticism (.) .h to say we did it very badly (.) and particularly Theresa May six years as Home Sec did it disastrously (.) but we do at least (.) have control over that what we don't have control over (.) are the numbers of people who come to our country who've got EU passports (.) and that is what (.) voters in the referendum were asking for (F:19.12.17:6)

En tant que maître de cérémonie de l’émission, il utilise à loisir des extraits audio qui

entrecoupent ses monologues et viennent souvent confronter ses adversaires à leurs contradictions,

comme pendant l’émission du 12 janvier 2017. La question du jour concerne le bien-fondé de

l’accusation portée contre Amber Rudd d’avoir encouragé à la haine, après un discours où elle avait

évoqué la possibilité pour les entreprises de privilégier les travailleurs de nationalité britannique.

152 Tournier-Sol, « Le UKIP, artisan du Brexit ? » 2.

153 Comme le rappelle Bourdieu, « la description scientifique la plus strictement constative est toujours exposée à fonctionner comme prescription capable de contribuer à sa propre vérification en exerçant un effet de théorie propre à favoriser l’avènement de ce qu’elle annonce » 195.

L’occasion est trop belle pour Nigel Farage, qui s’empresse de souligner les contradictions d’une

telle accusation avec la diffusion, à trois reprises, du même extrait audio :

Nigel Farage: Amber Rudd is not the first person of course (.) to suggest making it harder (.) for British companies (.) to employ migrants (.) do you remember this guy?

[audio clip:] British jobs (.) for British workers.

Nigel Farage: That’s right ! Gordon Bro:wn! Back in two thousand and seven! (.) .h did he have a point? (F:12.01.17:0-1)

Nigel Farage: now >you’d think from some of these calls< (.) that I’m the first person (.) .h that ever said (.) that perhaps (.) we ought to put the interests (.) of our own (.) people first (.) someone got there before me

[audio clip:] British jobs for British workers.

Nigel Farage: Gordon. perhaps- should we report Gordon? Is Gordon guilty (.) of inciting (.) race hatred by daring when he was PM in two thousand to suggest that British workers should be (.) at the front of the queue (.) when he came for jobs. I (.) don’t (.) think so. (F:12.01.17:0-2)

Nigel Farage: .h but back to this question (.) where our Home Sec who funnily enough has always been considered to be on the left (.) of the conservative party not a hard linder on immigration or anything else but she sai:d at the Tory party conference she mirrored what the former Prime Minister (.) Gordon Bro:wn (.) had said d'you remember what he said? (.) (.) I remember what he said

[audio clip:] British jobs for British workers

Nigel Farage: Ab-solutely >it's the only thing I've ever agreed with Gordon abou:t actually< .h so she mirrored really what he'd said (F:12.01.17:3)

Plus l’extrait est joué, plus les ressorts sont connus mais N. Farage joue ici précisément du comique

de répétition et de l’exagération moqueuse. On constate également d’autres manières d’utiliser les

dires d’un autre, ici non pas reproduits en tant que tels mais au contraire pris en voix par Nigel

Farage : des dires imités ou imaginés lorsque le présentateur se livre à une saynète improvisée et

didactique pour ses auditeurs :

Nigel Farage: Eric my problem with it is this (.).h that let just say (.) they meet in the Oval Office it all goes fantastically well (.) Trump says listen we love you guys we wanna do a free trade deal with you .h it'll be good for us it'll be good for you and boy! it'll strengthen your hand .hh when you go and meet these unelected people (.) in Brussels uh I tell you what Theresa (.) let's (.) start work(.) no:w (.) my people will work twenty four hours a day .h we'll get this done and dusted in ninety days and then we can sign a trade deal in a few months time (.) .h and Theresa May then says (.) well (.) that's very sweet of you (.) Donald .hh uhm and yes it would be (.) incredibly (.) uh useful but unfortunately uh Mr Juncker (.) at the European commission won't le me sign this trade deal (.) until we've left the European Union (.) which looks like being in March twenty nineteen. (F:26.01.17:3)

L’imitation fait ainsi ressortir le manque d’assurance et les hésitations de Theresa May, face à un

Donald Trump impétueux décrit en en homme d’affaire pressé de conclure des contrats. C’est donc

une vision du monde que propose et met constamment en scène Nigel Farage, une représentation

frappante et vivante de la manière dont les choses pourraient se passer, dans un cadre secondaire où

le comme si fait ici momentanément oublier le cadre plus général du talk show. On retrouve des

traces de ce jeu de rôle dans la manière dont Nigel Farage reproduit parfois un idiolecte, une

manière singulière de parler : celle de Donald Trump, reconnaissable entre mille, avec son ton et

son vocabulaire :

Nigel Farage: I mean (.) we’ve just had (.) the most dramatic vote (.) of any (.) of our (.) political lifetimes. you know it’s big stuff! Brexit is big big stuff! (F:09.01.17:9)

Nigel Farage: I’m asking you what’s not to like! surely (.) you’ve changed your mind if you thought this man was a monster! .h but let me know so far you all think it’s great! uh it’s gonna be hu:ge as the Donald would say .h but if you disagree (.) please call me (F:16.01.17:0-2)

Nigel Farage: and it happens (.) with a constant (.) positive (.) message (.) you know what the- the Donald's like it's gonna be great guys it's gonna be hu:ge but constantly (.) he and his administration (.)

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