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CHAPITRE 1 – La production du Nigel Farage Show : genre, forme, métadiscours

IV. Quelle équipe de production ?

On tente ici d’analyser le rôle des autres acteurs qui participent au processus de production

du talk show – des acteurs souvent cachés

108

, dont la présence est parfois révélée de manière

inattendue aux auditeurs au cours des émissions elles-mêmes

109

.

Le standard : encadrer la participation des auditeurs

Pierre angulaire de toutes les émissions politiques qui incluent des appels d’auditeurs, le

standard occupe également une place primordiale dans le Nigel Farage Show, puisqu’il est la

première instance que les auditeurs ont au bout du fil et qu’il se charge de sélectionner ceux qui

passent à l’antenne. Notons tout d’abord qu’il opère de manière entièrement invisible et inaudible,

mais il se trouve dans notre corpus un rare instant au cours duquel un auditeur révèle précisément

« ce qui doit rester caché », les rouages, si l’on peu dire, de l’émission :

Nigel Farage: I wonder how Sam (.) in Watford (.) a new caller to the show (.) feels on this issue good evening Sam

Sam: good evening Nigel (.) (.) u::h couple of points as I was saying to the (.) gentleman on the phone earlier (.) first the government I'm sure has a lot more things to discuss than simply migration

(F:19.12.17:1)

Ce bref fragment en dit cependant assez sur le rôle du standard dans l’émission : s’enquérir de

l’opinion de l’auditeur, afin que Nigel Farage soit au courant de quoi il retourne avant l’échange à

l’antenne, et l’écouter au préalable afin de déterminer s’il convient à la discussion du soir

110

. De fait,

la sélection doit être en accord avec le but recherché par l’émission : s’agit-il de donner à entendre

des voix uniformes, c’est-à-dire d’une part en accord avec le point de vue de Nigel Farage, et

d’autre part homogènes du point de vue du genre, de l’origine géographique ou de la classe

sociale ? S’agit-il de rester fidèle à l’intention initiale de Nigel Farage, qui déclare dans le

communiqué de presse annonçant son arrivée sur LBC vouloir être mis au défi par les auditeurs

111

?

De fait, il ne cesse d’assurer à l’antenne vouloir se confronter à des contradicteurs :

Nigel Farage: well at the moment (.) a majority of you (.) are being (.) critical. uh but I'm I'm I'm you know I I wanna hear from any of you (.) there may well be (.) there may well be many you out there who voted Brexit and think she’s pursuing the right course. (F:09.01.17:0-2)

108 Il n’y a pas, comme on est souvent habitués à l’entendre en France, de désannonce pour remercier le standard, la technique, ou l’équipe de production.

109 En l’absence de réponse à notre demande de rencontrer l’équipe du Nigel Farage Show, l’analyse s’intéresse ici à des indices qui ont été relevés à l’antenne.

110 Se pose notamment la question de l’accord ou du désaccord de l’auditeur avec la position de Nigel Farage : on ignore si le standard recherche un nombre à égalité de débatteurs d’accord ou non, si la parité est favorisée et dans quelle mesure ; en somme, quelles sont les opinions favorisées en vertu de quels critères. En l’absence de réponse de la part de l’équipe de production du Nigel Farage Show, on ne peut que conjecturer avec prudence.

111 « I invite listeners to agree with me or challenge me and together we can lead Britain’s conversation », extrait de « Nigel Farage Joins LBC to Host New Nightly National Radio Show », LBC, 5 janvier 2017. Web.

Nigel Farage: you can watch (.) the show live (.) go to lbc (.) dot co dot uk or to LBC's Facebook page (.) watch me (.) >watch the public having a go at me!< (.) see how I'm getting on! (F:11.07.17:0-3) Nigel Farage: uh .hh I have to say ((chuckle)) I’m getting very interesting (.) cross sections of you on this (.) a lot of you (.) ringing up (.) to have a real pop at me (.) well that’s fine (.) it’s all good fun.

(F:12.01.17:0-4)

Nigel Farage: uh remember (.) you can come on to this show (.) you haven't got to agree with me (.) if you wanna have a pop (.) this is the place to be (F:17.01.17:0-6)

Nigel Farage: >well look I am getting worried folks< because so far (.) absolutely every text and tweet (.) and Facebook message (.) and phone call has said (.) that Trump (.) is going to be (.) a great president I think (.) he's gonna be (.) a great president (.) and it's lovely to hear these voices but the point of the show (.) is to so that you can come and have a go at me! so call me (.) let me know that I'm wrong! tell me why I'm wrong! (F:19.01.17:0-2)

L’énonciation ici allocutive (i.e. d’adresse aux auditeurs) et cette interpellation constituent donc un

moyen de persuader les auditeurs d’appeler, et présentent l’émission comme une véritable arène

agonistique, un spectacle, comme on le verra plus loin, à admirer et apprécier pour soi (« watch the

public having a go at me! »). Dans ce dispositif, le standard doit donc sélectionner les appels

susceptibles d’adhérer aux attentes de Nigel Farage, ainsi qu’à celles qui ont été créées chez ceux

qui écoutent l’émission. Comme le souligne par ailleurs Espen Ytreberg dans son étude d’une

émission au format similaire, l’équipe de production au standard joue un rôle fondamental de

formatage de la participation des auditeurs : après une première phase d’évaluation du « potentiel »

de l’appel, vient un moment d’échange destiné à faire conformer l’auditeur aux règles de l’antenne

et aux attentes liées à la participation. Dans le cadre de son examen au standard de l’émission « Les

auditeurs ont la parole » (sur RTL), Dominique Cardon parle ainsi de « compétences » qui sont

exigées de ceux qui appellent – notamment, en fonction de leur « mode d’engagement » (la critique

ou l’opinion) : ceux qui « parv[iennent] à s'extraire de la situation qui les engage, [à] la généraliser

et la clore dans la forme du témoignage » ou bien ceux qui « ret[tiennent] les affirmations

péremptoires, modalis[ent] [leur] jugement » (« Comment se faire entendre » 185). En ce qui

concerne le Nigel Farage Show, il ne fait pas de doute que les discours trop « extrêmes », racistes

ou incohérents sont immédiatement éliminés de la liste des auditeurs à faire passer à l’antenne,

d’autant plus que c’est précisément cette image que Nigel Farage a tenté de faire oublier lorsqu’il

était à la tête du UKIP, et que David Cameron en 2006 utilisait donc pour disqualifier les membres

du parti. Pourtant, certains parviennent à « tromper » la vigilance du standard et à s’exprimer à

l’antenne

112

. Parmi ces appels, on distingue ceux qui comportent un caractère religieux, de nature

presque mystique :

Nigel Farage: hello

Danny: uh .hh I just wanted to say (.) I was only nine years old (.) I love Nigel Farage so much .h I had all the ribbons and manifestos (.) every night I prayed to Farage before bed (.) bring him love I'd say brighten his life ( ) ((Danny's voice vanishes))

Nigel Farage: right I think we've lost Danny uh that wasn't making a lot of sense right let's move on let's go to Nick in Dartford (.) Nick (.) what should our Prime Minister be trying to do in that Oval Office tomorrow (F:26.01.17:5)

Oscar: hi I just wanted to say (.) I love you you're doing God's work

Nigel Farage: God's (.) work? well I mean many things have been said to me over the years uh (.) but I've never been told that (.) so I think on the basis of that Oscar uh we'll move on (.) to Brendon in Nottingham and see what he has to say Brendon good evening (F:30.01.17:4)

Dans les deux cas, après le premier instant de surprise, marquée par la répétition des termes utilisés

par l’auditeur, Nigel Farage reprend immédiatement le contrôle de la conversation, en enchaînant

par une remarque qui lui est coutumière (« many things have been said to me over the years uh (.)

but I've never been told that ») lorsqu’il doit faire face à des qualificatifs, plus ou moins

désobligeants, qui lui sont attribués. Il parvient ensuite à écarter promptement l’auditeur, avec le

secours des équipes techniques, en passant à un nouvel appel. Les échanges ne durent pas plus

d’une minute respectivement, et ils contrastent en ce sens avec l’appel suivant :

Nigel Farage: Joseph were you a Leave supporter?

Joseph: yes and I tell you what surprising what ( ) happened to me Nigel (.) today I was watching everything ( ) and I was really sad and I went down on my knees I said God (.) plea:se let Northern Ireland come with us let them not be sold down the river

Nigel Farage: yeah

Joseph: and god said to me you are going to come out stronger than (.) than (.) ever before (.) and within minutes I saw Foster [coming]

Nigel Farage: [we:::ll Joseph Joseph] Joseph: yeah

Nigel Farage: all I can say man (.) is keep praying for Brexit! cos it worked today Joseph from Sheffield you're a star ((slightly laughing)) .h >you're listening to the Nigel Farage show exclusively on LBC it's seven forty-five< (F:04.12.17:6)

Ce passage fait suite à un premier tour de parole où Joseph, l’auditeur, a exposé une opinion tout à

fait valide (c’est-à-dire claire, cohérente et argumentée) sur la situation de l’Irlande du Nord dans le

contexte des négociations du Brexit. C’est peut-être la raison pour laquelle Nigel Farage

n’interrompt pas immédiatement l’auditeur, ainsi que parce que son propos, pour surprenant qu’il

soit, n’a pas encore suffisamment « dévié » du cours de la conversation. Ce n’est donc qu’après un

autre tour de parole, au moment où il pressent le tour incongru que va prendre la conversation, que

Nigel Farage se décide à interrompre l’auditeur, au moyen du connecteur « well » étiré, et d’une

interpellation directe par le prénom. Remarquons enfin le trait d’humour à la fin et la conclusion

beaucoup plus enjouée que dans l’extrait précédent, qui gratifie même l’auditeur d’un compliment

hyperbolique (« Joseph you’re a star »). On peut faire l’hypothèse que l’auditeur ayant d’abord

« joué le jeu » de l’émission, en fournissant à Nigel Farage une première réponse qui allait en plus

dans son sens, bénéficie d’une latitude un peu plus grande que d’autres ; la menace potentielle de

deuxième tour de parole est ensuite « désamorcée » par l’humour de l’animateur. Soulignons

également que son appel précède la dernière pause de l’émission et qu’il n’est pas envisageable de

prendre un nouvel appel à cet instant-là, ce qui était le cas du premier extrait.

Certains appels franchissent d’autres lignes rouges plus problématiques, comme dans le cas

suivant :

Nigel Farage: and I'm going to Mike in Bournemouth good morning Mike: uh good morning how are you

Nigel Farage: .hh well Mike I just I I I just don't think we're getting what we voted for Mike that's the point

Mike: no well uh I voted to join the EEC back in the seventies Nigel Farage: yeap

Mike: and that's all I ever had to vote on Nigel Farage: yeah

Mike: uh I voted to leave the EU which I never had a vote to join in the first place uh as far as I'm concerned why can't we come back to EEC rules I I think that the EU (.) at the moment (.) is a continuation of the Third Reich (.) which [cost]

Nigel Farage: [we::ll] Mike: a million lives

Nigel Farage: [well I I]

Mike: [they want] to do politically in Germany what they failed to do twice by wars in the twentieth [century]

Nigel Farage: [well] Germany may well be the dominant partner and it is a German-dominated Europe and it became a German-dominated Europe actually (.) with the Eurozone crisis and banking collapse of two thousand and eight .h uh in many ways because Mrs Merkel was the only competent lead of their .hh and because she had authority unlike (.) the unelected leaders in Brussels but I wouldn't take the uh .hh I wouldn't take the German (.) .h analogy any further than that (F:10.12.17:8)

Cet appel est le seul de tout notre corpus à faire montre de propos aussi ouvertement choquants du

point de vue de la comparaison avec l’Allemagne nazie. S’il ne reprend pas les propos de l’auditeur

à son compte, dans son dernier tour de parole, Nigel Farage n’en commence pas moins par admettre

ce qu’il suppose être la raison de cette comparaison. De la modalisation (« may ») à l’affirmation

(« it is ») jusqu’à l’explication du phénomène (« it became »), Nigel Farage abonde dans un premier

temps vers l’idée que l’Allemagne aurait pris l’ascendant dans l’Union européenne. Il finit

cependant par déclarer qu’il ne pas prend à son compte l’affirmation (et la comparaison) de Mike.

En somme, au lieu de tout bonnement récuser l’analogie, Nigel Farage semble éprouver un

embarras certain devant le tour qu’a pris la conversation, comme en témoignent les nombreuses

marques d’hésitation qui apparaissent (les pauses, ou les « uh »), et choisit d’assumer une partie

seulement du discours de son interlocuteur, comme s’il choisissait de minimiser sa propre

opposition. Cet échange ressemble fort à certains exemples analysés par Hutchby dans son étude

des situations de confrontation dans les interactions médiatiques

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: il distingue entre « l’opposition

aggravée » et « mitigée » (« aggravated and mitigated opposition » 24), et dans le cadre de cette

dernière, souligne les marqueurs qui indiquent le désaccord tout en l’atténuant (« dispreference

markers » 26) :

One of the most significant ways speakers have of indicating the dispreferred status of a turn is by starting the turn off with markers such as “Well,” or “Um” . . . The upshot of this is that speakers may display an orientation to the potentially oppositional properties of disagreement, and possibly avoid opposition altogether, by utilizing the preference caveats to systematically deemphasize opposition. (26)

On ignore les raisons d’une telle ambiguïté, mais force est de constater que lorsque Theresa May est

comparée à Neville Chamberlain par l’auditeur suivant, la réaction de Nigel Farage est similaire :

Thomas: I thought it was myself who was the only one who thought (.) that Theresa May has just sold us down the river uh [...] unlike the last caller please I'm not comparing the EU to the nazis however what I'm comparing Theresa May to is Neville Chamberlain

Nigel Farage: hhhhh.

Thomas: uh it's appeasement and appeasement doesn't work it didn't work in thirty nine there's been other issues of appeasement and it doesn't work now [...] because they see that she will capitulate Nigel Farage: yes

Thomas: and and know when it comes to the trade talks she will capitul- they know that they can bully her eventually she will give in […]

Nigel Farage: well Thomas one thing I'm completely with you on (.) .h is that (.) given the number of concessions that she's made (.) for them to even allo:w (.) a discussion (.) about the next phase it's pretty clear to me where the authority lies and on Monday of last week (.) when they thought (.) that she may (.) be forced from the government because of the crisis of not telling the DUP what she was up to .h the people panicking more than anybody were Juncker Barnier and Tusk they are now Mrs May's biggest supporters Thomas which maybe tells us °as much° as we need to know (F:10.12.17:9)

Là encore, devant une comparaison qui le prend par surprise, et qui se tient à la limite du propos

insultant, Nigel Farage propose son interprétation de l’argument qui vient de lui être fait, délesté de

113 Hutchby, Confrontation Talk. Arguments, Asymmetries, and Power on Talk Radio. New Jersey: Lawrence Erlbaum Associates, 1996.

son sous-texte idéologique. On comprend aisément que certains thèmes soumis à la discussion sont

susceptibles de faire dévier un discours policé et civil vers des propos particulièrement violents :

Donald Trump, l’immigration, ou encore le sort qui doit être réservé aux terroristes d’origine

britannique. C’est précisément l’objet de l’échange suivant, que nous reproduisons en entier tant il

nous semble installer un certain malaise chez Nigel Farage lui-même :

Julie: .h hi Nigel there's a few points I want to say first Nigel Farage: yeah

Julie: first of all (.) have we got to wait before our people die with these animals (.) okay? (.) and they should be sent back to their own country

Nigel Farage: a::::h Julie: they should be sent back

Nigel Farage: Julie

Julie: or they should be shot

Nigel Farage: Julie let's just do all these points one at a time shall we? (.) (.) okay (.) .h number one (.) how can we send them back (.) if they got British passports?

Julie: .h the ones are on the top radar list [yeah] on the top of the list they've they've got to be sent back or (.) what they should do is when is the government gonna stop all this nicey nicey keeping of borders (.) they got to be shutting this country like Mr Trump's doing (.) shut the country shut the borders down and none of them get (.) in

Nigel Farage: Julie I I mean no- nobody in British politics is arguing strongly for absolutely tough border controls from countries of terror uhm and and you could argue that uh Donald Trump has taken that a bit further but I do believe in extreme vetting absolutely I do (.) but Julie th-the bigger problem we've got here (.) is that so many of these people (.) have got British passports in those circumstances (.) where do we send them?

Julie: .hhh (.) (.) just like the (.) really (.) that's quite an impossible question to ask Nigel Farage: I know I know but-

Julie: it's an impossible question to ask (.) the only other thing is where does my human race what if I had my son and my daughter (get on) one of these animals that's murdered my family. maybe something should happen in the government to some of their families and they might get a bit of opinion Nigel Farage: .h well Julie uh we don't wish that on anybody uh-

Julie: no I don't wish it [I'm not saying I wish it] Nigel Farage: [yy- you know hh.]

Julie: ( ) seem if it should happen d'you understand we are too nice in this country that is what's wrong with it but part everybody in the head and give them a ( ) pop (.) and ( ) something has to be done people getting fed up with it

Nigel Farage: would you lock up Julie (.) would you put in prison and lock up the three thousand people on that suspect terrorist list

Julie: well can I say something (to you) I won't say over the phone? I won't tell you what I would want to do and now I think ( ) off see it

Nigel Farage: all right ((he chuckles)) fair enough Julie thank you Julie taking a very hard line there uh but Julie also identifying a problem. (F:05.12.17:4)

En endossant une posture de modération et d’explication (« let's just do all these points one at a

time »), Nigel Farage tente de recentrer les propos de l’auditrice qui échappent cependant à chaque

fois à son contrôle, à tel point qu’il se retrouve obligé de tempérer les dires de son interocutrice :

« well Julie uh we don't wish that on anybody ». Il faut souligner ici l’utilisation du pronom « we » :

en tant que représentant institutionnel de la chaîne, Nigel Farage est responsable des discours qui

s’y tiennent

114

et il doit donc se désolidariser des propos outranciers de son auditrice. Mais au lieu

de s’attaquer frontalement aux éléments qui posent évidemment problème (« these animals », « they

should be shot »), il persiste à poser à l’auditrice la question du jour (« where do we send them »),

« would you lock up »), question qui lui pose problème (« it's an impossible question to ask »).

L’échange devient alors un « dialogue de sourds » sur fond de propos excessifs. Sans donc

totalement récuser, ni cautionner les propos en question, Nigel Farage se place dans une zone floue

qui diffère encore lorsqu’il prend dans sa voix un argument qui lui est fait par voie de message :

Nigel Farage: in history Theresa May will go down as the PM who sold us down the river Theresa the appeaser! says Polly from (.) (Endten) (.) so lots of views this morning about Theresa May (.) lots of views about the deal (.) and its validity (F:10.12.17:10)

Rappelons que ce genre d’argument est monnaie courante dans la presse alt-right, comme

Breitbart

115

, et qu’une telle accusation comporte avec elle un sous-texte historique infamant ;

d’ailleurs, la simple mention de la « capitulation » dans l’extrait F:10.12.17:9 vise bien à évoquer le

déshonneur et l’infamie. On le voit ici encore, sous prétexte de « diversité » (« lots of views this

morning »), Nigel Farage se refuse à émettre un jugement négatif sur un tel argument ; par ailleurs,

le simple fait qu’il choisisse de le lire à l’antenne suggère qu’il ne voit pas d’inconvénient à

propager ce genre d’opinion à la limite de la diffamation. Soulignons à cet égard que Nigel Farage

ne prend de telles précautions que lorsqu’il se retrouve face à des auditeurs qui lui sont favorables ;

dans le cas contraire, ou bien lorsque le tour de parole de l’auditeur s’éternise, le moindre écart dans

114 « Because the institution is, ultimately, the author of all the talk that goes out on air (it authorizes it) it is responsible for the talk in a way that those invited to speak are not. Thus control and management of all talk in broadcasting must rest, first and last, with the representatives if the institutions, that is, the broadcasters ». Brand et Scannell 216. 115 Voir par exemple Liam Deacon, « Appeaser Theresa Refuses To Say She Backs Brexit. » Breitbart News 9 avril 2018. Web. Concernant liens entre Nigel Farage et Breitbart, soulignons que Raheem Kassam, l’actuel rédacteur en

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