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L'un des éléments clés de l'économie camerounaise est la présence de nombreuses ressources naturelles: le climat, la végétation et les sols favorables aux activités agro-pastorales et piscicoles;

un immense réseau hydrographique. Ce réseau comprend une façade maritime d'environ 360 Km, dont 13000 km2 de plateau continental, et environ 41000 km2 de surface d'eau continentale (Satia 1991a) comprenant 55% de plaines inondées, 30% de lacs et 15% de rivières (Balarin 1985). Le réseau hydrographique donne au Cameroun un potentiel en ressources halieutiques et dulçaquicoles estimées à 150000 tonnes par an (Satia 1991a). Or à côté de la pêche, en dépit d'un investissement en infrastructures de 33 stations aquacoles et centres d'alevinage dans les années 1980, 1' Aquaculture reste une activité marginale avec une production estimée à 55 tonnes (F AO, 1996Y4 contre 10000 tonnes à la pêche industrielle et 110000 tonnes à la pêche artisanale. Ainsi l'état subventionne la pêche industrielle en carburant, sans que la production aie réellement augmenté et depuis les années 1980, Je Cameroun importe en moyenne 51000 tonnes de poissons par an. Ces importations qui créent un déficit de près de 18 millions de dollars dans la balance

13 Estimation de l'auteur.

14 Source: Aquaculture Production Statistics 1987- 1996, FAO 1998.

commerciale des produits halieutiques au Cameroun (ECA, 1996) sont nécessaires pour combler le déficit entre l'offre estimée à 120000 tonnes et une demande qui avoisine 180000 tonnes.

Les limites d'expansion réelles de la pêche étant connues et compte tenu des conséquences des importations sur la balance commerciale, l'étude in!ervient pour diagnostiquer les raisons pour lesquelles en dépit du potentiel en ressources agro-pastorales et hydrographiques favorables, l'aquaculture contribue faiblement à la réduction du déficit entre production et consommation de produits halieutiques. En outre, l'étude examine les possibilités d'accroissement de la production domestique par le développement de l'aquaculture15Et puisque la rentabilité est la condition première de développement d'une activité, la rentabilité financière des systèmes d'exploitation sera évaluée16 Cette approche permettra ainsi d'évaluer la pisciculture comme placement alternatif de capitaux par rapport aux banques commerciales dont le taux créditeur est de 5 %, et de justifier la mise en place des politiques de développement appropriées. A cet effet, l'étude sera axée sur l'élevage de quatre espèces communes: le Tilapia Oreochromis niloticus, le poisson chat africain Clarias gariepinus et la carpe commune Cyprinus carpio, espèces largement distribuées et performantes en Afrique (Coche, Muir et Laughin, 1996 cités par Aguilar et Nath, 1998) et le Kanga Heterotis niloticus espèce tout aussi performante (fig. 3 et 4). Toutes ces espèces sont produites en monoculture ou en polyculture dans les étangs de barrage ou de dérivation au niveau de sept des dix provinces du pays (fig. 5). En vue d'atteindre les objectifs de l'étude, 1' enquête a porté sur les provinces les plus représentatives de 1' activité que sont: 1 'Est, le Centre, le Sud, 1 'Ouest et le Nord-Ouest.

La contribution de l'aquaculture peut s'avérer significative pour le développement économique en termes, d'apports de protéines de qualité, d'amélioration des revenus des fermiers, d'emplois auprès des jeunes et donc au redressement économique. Et selon la F AO, «Dans de nombreux

"Kapetsky (1995) montrait déjà que l'élevage des espèces africaines d'eaux chaudes pourrait jouer un rôle progressivement croissant dans la réduction du déficit entre l'offre ct la demande de poisson en Afrique, Source, Aguilar ct Nath 1998.

Il

pays, la plus grande partie des activités de pêche qui ont lieu dans les rivières, les étangs, les autres plans d'eau, les canaux et les lagunes sont prises en charge par les femmes qui jouent également un rôle de premier plan dans le développement rapide de l'aquaculture dont le produit sert à l'autoconsommation ou à la vente sur le marché» 17L'aquaculture participe de ce fait à la lutte contre la pauvreté, le chômage, la malnutrition et la diversification des sources de revenus des paysans, à 1' approvisionnement et 1' accroissement de la production des populations en protéines et donc à la sécurité alimentaire (Kapetsky,1994; kapetsky,l995; Engle,1997 cités par Aguilar et Nath, 1998).

De même, la diversification de l'activité participe à l'élargissement de l'assiette fiscale de l'Etat.

Les pratiques comme l'aquaculture intégrée, favorisent le développement de liaisons intra-sectorielles avec l'agriculture par le recyclage et utilisation de sous-produits, produits, résidus de récolte ou d'élevage; ou de liaisons inter-sectorielles avec l'industrie par l'utilisation de sous-produits, et la transformation industrielle du poisson. Le développement de l'aquaculture participe à la gestion et l'économie des ressources naturelles en soulageant la pression sur les ressources halieutiques sauvages, généralement considérées comme des biens communs.

L'aquaculture contribue à la détente et les loisirs et l'intérêt de l'activité est qu'elle peut se pratiquer en douce, saumâtre ou marine sur plus d'une centaine d'espèces, végétales (algues), mollusques, crustacés, poissons. Elle permet ainsi de réduire la dépendance aux importations, tout comme le surplus de produits halieutiques peut être exporté et donc contribuer à l'amélioration de la balance commerciale. L'aquaculture peut aussi devenir un problème pour l'environnement du fait de pratiques intensives, nuire à la mangrove et affecter la productivité naturelle.

Mieux , alors que dans un passé récent, 1 'homme vivait de chasse, de pêche et de cueillette, le présent et 1' avenir appartiennent à 1' agriculture, 1' élevage et 1 'aquaculture. Enfin, le

16 L'absence de rentabilité est l'une des causes de l'échec de l'Aquaculture en Afrique, Mellac, 1995.

développement économique étant le processus par lequel une société se crée de plus en plus de richesses, une vision multisectorielle du développement doit pouvoir orienter les décideurs vers la planification du développement de l'aquaculture. Cette étude est donc conforme à la politique de sécurité alimentaire et celle des pêches en particulier qui s'articule autour de la promotion de la production nationale de poissons. Elle répond aussi à l'un des impératifs de la politique économique du Cameroun: développer au maximum la production sur toutes ses formes en exploitant les ressources naturelles et en créant les industries de transformation (Gankou, 1985)18

1.4 Hypothèses et Objectifs de recherche

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