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Mondialement au sein des organisations, les problématiques de santé psychologique des individus ont une contribution déterminante quant au fardeau des maladies et des invalidités (Harnois & Gabriel, 2000). Selon Harnois et Gabriel (2000), la santé psychologique au travail et ses impacts ont trop longtemps été sous- estimés. Cependant, un intérêt grandissant des médias, des organisations et des chercheurs universitaires est actuellement observé quant à cette problématique. Cet intérêt peut, en partie, s’expliquer par l’étendue des conséquences négatives sur les individus et les organisations. Par exemple, le niveau de santé psychologique, par la présence du stress au travail, a des impacts négatifs sur la santé physique des individus (Cohen & Williamson, 1991; Ganster & Rosen, 2013). Stephens et Joubert (2001) rapportent une relation entre la dépression et les problèmes de santé, ainsi qu’une connexion entre la détresse et les problématiques de santé physique. Par ailleurs, les problèmes de santé mentale au travail contribuent aux accidents au travail, ainsi qu’aux taux de maladies, d’absentéisme et de roulement (Brun, 2003a; Harnois & Gabriel, 2000; ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec (MSSS), 2013). Ces problématiques peuvent aussi entraver la performance et le rendement des individus au travail (Motowidlo, Packard & Manning, 1986; Park, 2007; Pflanz & Ogle, 2006).

Dans cet ordre d’idées, le milieu de travail semble être un facteur important de ce qui nuit à la santé psychologique des individus. Au Québec, l’environnement de travail est reconnu comme étant une source importante de stress qui peut engendrer de la souffrance et des déceptions (MSSS, 2013). Les troubles mentaux

les plus fréquents chez les travailleurs québécois sont les problèmes anxieux, la dépression, les pensées suicidaires et l’épuisement professionnel (MSSS, 2013). Au Québec, de 2007 à 2010 inclusivement, 11 487 demandes relatives à des lésions attribuables au stress en milieu de travail ont été formulées (Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST), 2012). Ces réclamations étaient entre autres choses dues au stress lié à la tâche et à l'organisation du travail. Par ailleurs, 27 % des indemnisations au travail sont causées par les problèmes de santé psychologique, ce qui en fait la première cause de compensations (Brun, 2003a).

Au sein des pays industrialisés, entre 20 % et 25 % des travailleurs rapportent un niveau élevé de détresse psychologique (Vinet, 2004). Au Québec seulement, les problématiques de santé mentale seraient la cause de 30 % à 50 % des absences de longue durée des travailleurs (Vinet, 2004). Dans cet ordre d’idées, l’augmentation de l’absentéisme des travailleurs serait principalement causée par les problématiques de santé mentale (Brun, 2003a). L’ampleur de la problématique est telle que près de 500 000 Canadiens s'absentent chaque semaine du travail, et ce, relativement à des problèmes de santé psychologique au travail (Chaire en gestion de la santé et de la sécurité du travail dans les organisations (CGSST), 2013). Ces problématiques sont la première cause d’incapacité au travail au Canada (CGSST, 2013).

Par ailleurs, 20 % des travailleurs américains auront une problématique de santé mentale au cours de leur vie (Harnois & Gabriel, 2000). En ce sens, la dépression est l’une des problématiques les plus courantes chez les travailleurs adultes aux États-Unis (Harnois & Gabriel, 2000). Les impacts et les problématiques

liées à la santé psychologique des individus au travail sont tout aussi présents chez nos cousins européens. Au Royaume-Uni, il est estimé que de 15 % à 30 % des travailleurs auront des problématiques de santé mentale au cours de leur carrière (Harnois & Gabriel, 2000). Également, l’Union européenne reconnaît que 20 % de la population des travailleurs est aux prises avec des problématiques de santé mentale (Harnois & Gabriel, 2000).

En plus des impacts négatifs sur les individus, la santé psychologique au travail est liée à d’importantes pertes économiques et de productivité organisationnelle (Danna & Griffin, 1999; Foucher, 2004; Stephens & Joubert, 2001; Towers Watson, 2011). Plus exactement, le fardeau financier annuel lié aux problèmes de santé mentale au Québec est estimé à 4 milliards de dollars (Vinet, 2004). Au Canada, ces charges financières représentent plusieurs dizaines de milliards de dollars annuellement (Stephens & Joubert, 2001). Plus exactement, les coûts associés au manque de productivité et aux problématiques de santé des travailleurs représentent 17 % de la masse salariale des entreprises (Towers Watson, 2011). Ce pourcentage inclut une augmentation de 8 % depuis 2009 (Towers Watson, 2011). Qui plus est, les coûts associés au remplacement des employés absents pour cause de santé mentale ont également doublé depuis 2009 (Towers Watson, 2011). Ils totalisent 2,4 % de la masse salariale des entreprises (Towers Watson, 2011).

Aux États-Unis, ces mêmes dépenses ont explosé de 50 % depuis 2009 (Towers Watson, 2011). Par ailleurs, les coûts associés à la perte de productivité et aux problématiques de santé psychologique des travailleurs s’élèvent à 27 % de la

masse salariale des entreprises, soit une augmentation de 22 % depuis 2005. En deux ans, ces coûts ont bondi de 70 % (Towers Watson, 2011). De plus, on évalue une perte de 200 millions de journées de travail annuellement aux États-Unis en lien avec les problématiques de santé mentale (Harnois & Gabriel, 2000; Vinet, 2004). Toujours chez nos voisins du Sud, il est estimé que les coûts reliés à la dépression se chiffrent annuellement entre 30 et 44 milliards de dollars et ceux rattachés au stress au travail à environ 150 milliards (Vinet, 2004). Ces dépenses représentent des sommes et des pertes astronomiques pour les entreprises à travers le monde. Pour preuve, 50 % à 60 % des journées de travail perdues en Europe le seraient en raison du stress; ce qui engendre des coûts de l’ordre de 20 milliards d’euros annuellement (Brun, 2003a).

Compte tenu de ces faits, il n’est pas étonnant que l’intérêt quant aux tenants et aboutissants de la santé psychologique des individus au travail soit aussi présent. Ainsi, plusieurs facettes de la santé psychologique au travail ont été étudiées. Parmi ces exemples, nous trouvons : les impacts du milieu de travail sur la vie personnelle et la santé physique des individus, les différents facteurs de risque des travailleurs quant à leur santé psychologique au travail, les impacts positifs et négatifs tant sur les individus que les organisations, tout comme les déterminants de la présence de la santé psychologique au travail (Cropanzano & Wright, 1999; Judge, Thoresen, Bono & Patton, 2001; Danna & Griffin, 1999; Keyes, 2007; Wright, Cropanzano, Denney & Moline, 2002) !

Conceptualisation de la santé psychologique au