II.3 Les différents mécanismes de dégradation
II.3.3 Les porteurs chauds (HC)
A la différence du NBTI, le phénomène de porteurs chauds est présent lors de
l’ap-plication d’une tension de drain (V
DS) en plus de la tension de grille (V
GS). On appelle
porteurs chauds, tout porteur de charge ayant acquis une énergie cinétique importante
sous l’effet d’un champ électrique. C’est ainsi que si l’on considère un transistor nMOS en
saturation, la majorité des électrons transite dans la zone de pincement du canal par effet
quasi-balistique et donc sans aucune interaction avec le réseau. Cependant, une fraction
des porteurs modulée par le champ vertical, interagit avec le réseau et transfère une partie
ou toute son énergie au réseau. Ceci peut se produire suivant différents modes qui sont
détaillés dans [31].
On peut notamment citer le phénomène d’ionisation par impact (FigureII.11) au cours
duquel un électrons chauds du canal a suffisamment d’énergie pour entrainer la génération
de paires électron-trou avec un transfert d’énergie lors de collisions inélastiques avec les
atomes du réseau. Certains électrons issus de cette génération d’électron secondaire sont
orientés et injectés vers l’oxyde de grille. Dans le même temps, les trous sont repoussés
dans le substrat générant un courantI
BSproportionnel au nombre de paires électron-trou
générées :
II.3. Les différents mécanismes de dégradation
(a)
(b)
Figure II.11 – (a) Génération et injection d’électrons chauds sous ionisation par impact
dans un transistor de type nMOS.(b) évolution du champ latéral électrique en fonction de
la position le long du canal à une profondeur de 0.8nmde l’interfaceSi/SiO
2obtenue par
simulation TCAD Monte Carlo pour un dispositif nMOS (T ox = 1.7nm, L = 0.042µm)
sous polarisation de type HC V
GS=V
DS= 1.4V.
avec M qui est une variable représentant l’effet d’ionisation par impact et qui vaut
[32] :
M = (V
DS−V
DSsat)· α
iβ
i· β
i·l
iV
DS−V
DSsat!
(II.8)
α
iet β
icorrespondent aux coefficients d’ionisation et valent typiquement [33] α
i=
2.5·10
6cm
−1et β
i= 2·10
6V /cm. l
iqui correspond à la section du drain où l’ionisation
par impact se produit et qui est donné par : l
i= 0.017·T
OX1/8·L
1/5·X
J1/3. Le graphique
Chapitre II. La fiabilité du transistor MOSFET
de la Figure II.12 montre l’évolution du courant de substrat en fonction deV
DS.
Figure II.12 – Evolution du courant de substrat en fonction de V
DSLes électrons injectés à travers l’oxyde de grille vont contribuer au courant de grille
(I
GS) et secondairement à la génération de défauts dans une région proche de l’interface
canal/oxyde de grille. Pour les oxydes dont l’épaisseur est inférieure à 5nm, de nombreuses
études [34, 35] ont montré que les défauts générés sont des états d’interface dus à la
rup-ture de liaisons Si−H. Comme illustré par la Figure II.13, différents types d’excitation
peuvent rompre la liaison Si−H [35] en fonction de l’énergie (tension) et du flux
(cou-rant) de porteurs présents dans le canal. Dans le modèle physique qui sera présenté au
paragraphe II.4.2, trois cas d’apport de l’énergie E
Bnécessaire à la rupture de la liaison
Si−H sont pris en considération : l’excitation vibrationnelle unique SVE
d, l’interaction
électron-électron EES
eet l’excitation vibrationnelle multiple MVE
f.
Le mécanisme SVE est lié aux porteurs les plus énergétiques. Chaque porteur a
suffi-samment d’énergie (E > E
B) pour exciter la liaison Si−H jusqu’à sa rupture.
Si l’électron incident n’a pas assez d’énergie, le mécanisme d’EES peut se produire
puis aboutir à la rupture d’une liaison Si−H par SVE. L’EES correspond à l’échange
d’énergie entre deux électrons par interaction coulombienne. Si on considère deux
élec-trons qui traversent par effet quasi-balistique le canal avec chacun une énergie qV
DS, un
électron peut transférer toute son énergie cinétique à l’autre par EES l’élevant à une
éner-gie d’environ 2qV
DSsuffisante pour rompre une liaison d’interface par SVE si 2qV
DS> E
B.
d. SVE :SingleVibrationalExcitation
e. EES :ElectronElectronScattering
II.3. Les différents mécanismes de dégradation
Lorsque l’énergie des électrons incidents est inférieure à E
B, la rupture par MVE
peut se produire. Les électrons apportent individuellement suffisamment d’énergie pour
exciter les modes vibrationnels de la liaisonSi−H. Chaque électron incident peut alors
apporter un quanta d’énergie ¯hω pour peupler un niveau supérieur du mode vibrationnel
de la liaison Si−H et cela durant un temps caractéristique τ appelé durée de vie du
mode d’excitation. Cette succession d’apport de quanta d’énergie aboutit à la rupture
lorsque l’énergieE
Best atteinte. Pour cela, il est important de noter qu’il est nécessaire
que la durée de vie du mode d’excitation soit supérieure au temps moyen de collision
d’un autre électron incident. Ce type d’excitation est relié au flux d’électrons incidents et
donc au courantI
DS. Le seuil de densité de courant étant important, ce dernier mode de
dégradation est principalement observé sur des oxydes minces.
Figure II.13 – Représentation schématique des modes de rupture de la liaison Si−H
[35]. L’énergie potentielle de liaison est représentée par un puits de potentiel de profondeur
E
Bqui sépare l’atome d’hydrogène des sites de transports.E
Bcorrespond à l’énergie de
dissociation de la liaison Si−H.
En résumé, l’application d’une contrainte en tension sur la grille et le drain entraine
une dégradation de type HC. En régime saturé, les électrons du canal traversent la zone de
pincement par effet quasi-balistique où le champ électrique latéral est maximum. Certains
électrons énergétiques interagissent avec le réseau et provoquent une dégradation localisée
de l’interface au niveau du drain. Pour des conditions de contrainte où le canal n’est pas
Chapitre II. La fiabilité du transistor MOSFET
formé (V
GS<V
TetV
DSfort), le flux de porteur bien que faible possède une grande énergie
car ces porteurs traversent le canal par effet balistique sans perte d’énergie [36, 37] et
contribuent à une dégradation de type porteur chaud. La modélisation complète de la
dégradation de type HC sera détaillée dans le paragraphe II.4.2.
Dans le document
Caractérisation et modélisation de la fiabilité des transistors MOS en Radio Fréquence
(Page 49-53)