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I. PROBLÉMATIQUE

1.5. La portée de notre étude

L’évolution de la qualité de la langue des élèves est un vaste sujet sur lequel nous ne saurions faire toute la lumière. Elle dépend d’une importante quantité de facteurs parmi lesquels nous avons dû choisir ceux que nous voulions observer et analyser afin de contribuer à une meilleure connaissance de l’évolution de la compétence à écrire des jeunes Québécois. Ces facteurs constituent nos objets de recherche. Cette section nous permet dans un premier temps de rappeler ces objets, puis de poser la question générale de notre étude. Nous décrivons par la suite les objectifs spécifiques par lesquels nous avons répondu à celle-ci.

1.5.1 Objets de recherche

Notre recherche porte sur plusieurs aspects permettant à la fois de contribuer adéquatement aux discussions sur la qualité du français des élèves et d’assurer le caractère réaliste de nos objectifs. Premièrement, la qualité de la langue repose en partie sur la compétence à écrire de l’élève. Celle- ci est évaluée par les enseignants, mais également par le Ministère, qui retient particulièrement notre attention dans le cadre de notre étude. Cette compétence repose notamment sur une importante composante linguistique, dont la maîtrise est évaluée dans son intégralité par le MELS tout à la fin du secondaire. Conséquemment, l’épreuve unique d’écriture de 5e secondaire constitue le centre de notre recherche.

1.5.1.1 L’évaluation de la compétence à écrire par le Ministère de l’Éducation

La qualité du français ne peut se limiter à celle de la compétence à écrire sans fautes. Toutefois, nous avons vu que celle-ci revient de façon récurrente dans les préoccupations historiques concernant la langue des élèves (AQPF, 1971; Maurais, 1985; Gouvernement du Québec, 2001; OQLF, 2008, Ouellon et al., 2008; MELS, 2009). Elle constitue de surcroît un objet de recherche pertinent pour qui veut ajouter à la discussion portant sur l’évolution des capacités linguistiques des élèves. Cette compétence est à la fois objet d’enseignement et d’évaluation, et nous traitons

particulièrement de cette dernière, puisqu’elle nous informe à la fois sur les priorités d’enseignement et sur le niveau de compétence des élèves.

L’évaluation de leur compétence à écrire s’effectue à la fois par les enseignants au niveau local et par le MELS sur le plan national. La présente recherche porte spécifiquement sur l’évaluation que fait le MELS de l’écrit, puisqu’elle constitue un levier important pour la régulation de cette compétence et qu’elle dicte à l’ensemble du système les attentes ministérielles en cette matière.

1.5.1.2 La place de la composante linguistique dans l’épreuve ministérielle

L’évaluation de la compétence à écrire repose sur un ensemble important d’indicateurs. Un scripteur compétent doit à la fois choisir les idées pertinentes, de les organiser de façon cohérente dans le texte et de se conformer à la composante linguistique de la compétence à écrire (lexique, orthographe d’usage et grammaticale, syntaxe et ponctuation). La capacité à maîtriser cette composante fait spécifiquement l’objet de notre recherche, et ce pour trois raisons. Premièrement, elle a été elle aussi au centre de plusieurs critiques sur la qualité de la langue des élèves (Maurais, 1985; Gouvernement du Québec, 2001; OQLF, 2008; Ouellon et al., 2008; MELS, 2009). Deuxièmement, nous constatons une absence d’étude longitudinale sur la place faite à cette composante dans les épreuves ministérielles au fil du temps. Une telle recherche permettra ainsi de mieux comprendre les attentes cultivées envers les élèves et d’ajouter de la perspective à l’évolution de leur compétence à écrire. Finalement, en nous concentrant sur la place de la composante linguistique dans l’évaluation, nous restreignons l’objet de notre recherche pour maintenir un objectif réaliste dans le cadre d’un projet de maîtrise.

1.5.1.3 L’épreuve unique de 5e secondaire

Rappelons que l’épreuve unique de 5e secondaire se distingue des autres épreuves d’écriture imposées aux élèves puisqu'elle intervient au moment où le MELS reconnaît à l’élève une maîtrise suffisante de la langue écrite pour évoluer hors du giron scolaire. Elle a des fins plus certificatives que les autres épreuves qui la précèdent (4e et 6e année du primaire, 2e secondaire). Archivées depuis de nombreuses années, les épreuves constituent une source appréciable de données pour une étude longitudinale portant sur l’évaluation de la composante linguistique par le Ministère et les performances des élèves.

1.5.1.4 Les résultats des élèves à l’épreuve unique

Plusieurs critiques portant sur la qualité de la langue prêtent aux élèves un faible niveau en écriture. Ces considérations nous poussent à observer l’évolution de l’évaluation de la

compétence à écrire et de sa composante linguistique dans les épreuves uniques. Il s’agit là du cœur de notre recherche. En complément de cette analyse, nous nous sommes penché sur les résultats obtenus par les élèves aux épreuves au fil du temps. En les compilant sur la plus longue période possible, nous souhaitions apporter des données tangibles au débat traitant du niveau des élèves. Ici encore, aucune étude n’a permis à ce jour une telle perspective.

1.5.2 Question et objectifs de recherche

La question suivante constitue le cœur de notre recherche :

¾ Comment a évolué l’évaluation de la composante linguistique de la compétence à écrire au sein des épreuves uniques de 5e secondaire?

Nous avons tenté d’y répondre à travers quatre objectifs: 1. Décrire les tâches et leur contexte

2. Décrire les paramètres de correction des épreuves

3. Décrire différents seuils de réussite et leur influence sur le cheminement scolaire de l’élève 4. Décrire l’évolution des résultats des élèves

Cette recherche procède d’une volonté de décrire l’évolution de l’évaluation qu’a faite le Ministère au fil du temps, sans porter de jugement de valeur. L'analyse de l’évolution des résultats des élèves a pour sa part comme seul objectif de fournir davantage d’information sur le sujet. Nous laissons le soin aux lecteurs et aux recherches futures de tirer leurs propres conclusions.

1.5.3 Apports de notre recherche

Un premier apport de notre étude concerne le débat sur la qualité de la langue des élèves québécois que nous présentions au début du chapitre. Nous avons déjà insisté sur l’utilité d’un regard longitudinal pour alimenter la discussion sociale sur l’évolution de la compétence à écrire des élèves québécois. En remontant le fil des épreuves uniques aussi loin que possible dans le temps, nous souhaitons documenter la manière dont le ministère de l’Éducation s’y est pris pour évaluer de façon centralisée cette compétence. À notre connaissance, aucune étude n’a à ce jour permis de décrire cette évaluation sur une si longue période. Une vision de ces épreuves sur un continuum élargi permettra non seulement d’alimenter en données probantes le débat, mais également, qui sait, d’offrir une perspective nouvelle aux décideurs du Ministère au moment d’apporter des modifications aux épreuves uniques.

À cet apport social s’ajoute un second, plus scientifique. Notre recherche implique de produire un cadre conceptuel nécessaire à l’analyse de l’évaluation de la composante linguistique de la compétence à écrire dans le cadre d’épreuves d’écriture. Nous présenterons au second chapitre de notre mémoire un condensé des balises scientifiques dont il faut tenir compte pour une telle analyse et qui, nous espérons humblement, pourra servir à quiconque souhaitera dans une recherche future reprendre le thème de l’évaluation de la compétence à écrire et de sa composante linguistique.

En plus d’un cadre scientifique, notre recherche apporte également un outil méthodologique pour qui voudra analyser en profondeur des épreuves servant à l’évaluation de la compétence à écrire. Une grille d’analyse thématique a été produite pour l’observation de quarante ans d’épreuves uniques. Nous souhaitons que son caractère reproductible lui permette d’être par la suite appliquée, dans d’autres études à venir, à n’importe quelle autre épreuve d’ici ou d’ailleurs.