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2 Apport des archives et de l’iconographie

4.6.2.20 Porcelaine blanche

La porcelaine est une céramique fine et blanche obtenue par le mélange de kaolin, une argile blanche très pure et grasse conte-nant de l’alumine et de la silice, et de deux roches, le quartz et le feldspath (fondant). Elle reçoit une couverte transparente dont la composition est presque identique à celle de la masse, mais avec beaucoup de feldspath auquel on ajoute du gypse et de l’albâtre qui sont très fusibles. Sa température de cuisson avoi-sine les 1200°C. La première porcelaine chinoise est mise au point dès le 3e siècle après J.-C. Cette technique n’est produite en Europe qu’à partir du début du 18e siècle : à Meissen (Meissen-Radebeul, D) dès 1710, puis à Vienne (A) dès 1717. Des ouvriers de Höchst (Francfort-sur-le-Main, D) apportent la formule en Suisse dans les années 1760 ; ainsi s’ouvre la première manufac-ture à Schooren près de Zurich en 1763, un peu plus tard à Nyon (1781). La première arrête sa production dès 1791, la seconde en 1813. Pendant le 19e siècle, la porcelaine est donc principale-ment importée, puisque la manufacture de Langenthal ne débute qu’en 1906-1908.

Les qualités physicochimiques de la porcelaine sont nombreuses : dureté (résistance à la lame), résistance à la pression, propriétés thermiques (difficile à chauffer, lente au refroidissement), inertie face aux acides, qualités hygiéniques (surface lisse). Associées à son adaptabilité formelle et à sa blancheur, ces qualités en ont fait une céramique recherchée dans beaucoup de domaines. En 1850, François Gosse reprend la manufacture de porcelaine créée et dirigée par la famille Langlois à Bayeux (Calvados, F) au début du 19e siècle. En 1878 lui succède la famille Morlent 436. Pendant ce laps de temps, Gosse a mis au point puis fabriqué en grande quantité des objets de chimie qui ont connu une renom-mée mondiale grâce à la qualité du gisement exploité dans le Cotentin. C’est sans doute à cette production spécifique que l’on peut rattacher le bol aux parois fines 165 doté d’une marque en vert de grand feu Gosse Bayeux, voire d’autres récipients du même type mais sans marque (166-171, 175). Leur usage en chimie est renforcé pour la pièce 168, car la paroi externe, non couverte et donc légèrement poreuse, a gardé la trace de coulures d’oxyde de manganèse. Leur présence dans un cadre artisanal aussi spécifique qu’une verrerie n’est donc pas étonnante. L’interprétation de la pièce 177 est plus problématique. Plusieurs hypothèses sont envisageables pour cet objet dont l’orientation repose sur le sens de l’inscription 1 ½ dont la signification nous échappe. Il pourrait s’agir soit d’une ventouse médicinale en céramique, objet attesté en Suisse dès la fin du Moyen Age 437 soit, plus prosaïquement, d’une douille de lampe pour un lustre tel que celui découvert à Hohenklingen ob Stein am Rhein 438. La seconde possibilité s’accorde mieux au contexte d’une verrerie. Plusieurs récipients représentent en outre la vaisselle d’usage : assiette (164) et coupelle (163), tasses (169 et 176) ainsi que coquetiers (172 et 173).

Deux objets demeurent énigmatiques : le récipient ouvert 162, de forme quadrangulaire plate ornée d’un filet doré, et le réci-pient 174 cylindrique (?).

Avec 5,3 % du corpus de la céramique, la porcelaine est assez bien représentée, témoignant de la démocratisation croissante

Chapitre 4. Mobilier archéologique de cette céramique au cours du 19e siècle. Toutes les pièces sont

d’importation probablement européenne, aucun décor particu-lier ne venant contredire cette hypothèse. Il s’agit principalement de matériel de chimie, de vaisselle de service et de quelques objets à la fonction mal déterminée, donc surtout de la porce-laine fonctionnelle, peu décorée, utile dans un cadre artisanal. 4.6.3 Synthèse

Dans le Jura, et en Suisse à notre connaissance, l’étude de la céramique d’usage en contexte artisanal constitue une première pour le 19e siècle. Elle représente l’occasion rare de questionner un mobilier secondaire à première vue, mais qui prend toute son ampleur lors de son analyse fonctionnelle. Une recherche similaire a déjà eu lieu dans le cadre de l’étude de l’atelier sidé-rurgique mérovingien de Chevenez - Lai Coiratte 439. Bien que les contextes chronologique et technologique diffèrent, il est remarquable de constater qu’il y a analogie dans l’usage des céra-miques dans ces deux sites. La provenance des céracéra-miques four-nissent d’intéressants indicateurs de la complexification de la relation entre l’usager et les objets du quotidien, car elle permet de mesurer la spécialisation toujours plus grande du matériau à la fonction recherchée dans un effort d’adaptation.

Synthèse fonctionnelle

La découverte de céramiques domestiques dans un contexte arti-sanal pose la question de leur usage, ce dernier s’imposant tant par la forme que par la qualité technologique associées à chaque pièce, ainsi que par les besoins des usagers (usage premier ou secondaire). La quantité de tessons retrouvés plaide en faveur d’un usage premier, d’autant plus que les preuves de réutilisation sont rares, mis à part le couvercle 5 qui a pu servir de conteneur maniable, par exemple pour un ouvrier chargé du rechapage d’un four (chap. 5.1, JU608).

La céramique remplit dix fonctions différentes (fig. 167). La vais-selle pour la cuisson et pour le service des boissons et des solides totalise 86 % des pièces identifiables quant à leur fonction. Le reste se partage à proportions égales entre ustensiles d’hygiène, de pharmacie, de laboratoire ou de jardinage.

Selon leurs aptitudes propres, les groupes technologiques sont représentés à divers degrés parmi ces fonctions : le rôle des pote-ries glaçurées, des faïences stannifères et des faïences fines se confine presque exclusivement au service des liquides (cafetières à couvercle, cruches, pots verseurs, bols, tasses, soucoupes, cru-chons) et des solides (assiettes, écuelles, plats), avec quelques exceptions pour l’hygiène (pots de chambre), voire pour l’horti-culture (cache-pots). Sans surprise en revanche, la poterie de

Bonfol est la seule à présenter de la vaisselle de cuisson (caque-lon avec couvercles, plat creux servant de casserole). Dans ce der-nier groupe cependant, toutes les formes ne sont pas dévolues à cette seule fonction (écuelles polyvalentes, pots de stockage), ce qui correspond à la palette des productions observée dans ce centre potier en général 440.

L’hygiène est représentée par les pots de chambre en poterie et en faïence stannifère, alors que la santé est évoquée, d’une part par des petits pots à onguent en poterie (105-106), en faïence (119, 121-122), en faïence fine (143-146) et en grès (154-156) qui ont peut-être un lien avec le soin aux brûlures, d’autre part par les cruchons d’eau médicinale de Pullna (160) et du Westerwald (157-159). Le bouchon de bouteille en grès 152 a peut-être contenu de l’ammoniac ou de l’acide ayant éventuellement été utilisée dans le cadre de la gravure sur verre à l’acide, alors que la panoplie de petits récipients de laboratoire en porcelaine (165-171) a pu ser-vir à mélanger les oxydes colorants. Enfin, la présence de l’imi-tation de basalte noir de Wedgwood, une céramique de grande qualité, reste difficilement explicable dans le contexte artisanal. L’arasement qui a eu lieu lors de l’abandon du site a pu don-ner lieu à des mélanges provenant de la zone de l’auberge et des habitations du directeur et des ouvriers.

Une dernière fonction pourrait expliquer la présence de cer-taines pièces de céramique tels les petits pots à onguent : celle de modèles pour des réalisations en verre. La ressemblance morpho-logique entre la version en verre et celle en céramique est en effet frappante, notamment dans le traitement du bord (pl. 13.334). Bilan des provenances

La compilation des informations fournies par les différents groupes technologiques et les quelques marques de fabrique répertoriées fournissent des indications quant à la provenance des céramiques découvertes à La Verrerie. Peu de marques sont à relever sur les tessons conservés, mis à part celles retrouvées sur des faïences fines et une porcelaine, une absence typique des poteries artisanales de l’Epoque moderne, généralement dépour-vues de signes d’identification. Les provenances (ateliers ou région de production) peuvent être déduites par comparaison avec des pièces emblématiques, mais la connaissance des lieux de production progresse surtout grâce aux études minéralogiques et chimiques menées conjointement aux études archéologiques. Ainsi, pour la première fois, les pièces de Heimberg à fond noir et mouchetées sur engobe blanc ont été caractérisées du point de vue archéométrique. Par association, on peut poser l’hypothèse que la plupart des poteries à revêtement d’engobe, glaçure trans-parente jaune ou jaunâtre et décors polychromes peuvent leur être assimilées. En outre, ces analyses archéométriques ont mon-tré que les provenances sont nombreuses et restent en grande partie indéterminées. De plus, il faut admettre que les différences compositionnelles des pâtes ne sont pas distinguables sur la base d’un simple examen à l’œil nu. Par conséquent, la distinction habituellement utilisée en archéologie se basant sur les groupes technologiques ne peut pas rendre compte de la diversité des provenances : ce classement n’aurait jamais abouti à la conclu-sion que les céramiques de Heimberg à fond noir ont la même origine que celles à fond jaune et celles à glaçure transparente jaune mouchetée sur engobe blanc.

Catégorie fonctionnelle NR % Céramique architecturale 20 1 Céramique horticole 17 1 Couvercle 90 6 Hygiène 155 10 Laboratoire 9 1 Pot 36 2 Vaisselle

– service des aliments 716 46

– service des boissons 472 31

– pour cuire 8 1

Pharmacie 11 1

Fig. 167. Représen-tation des catégories fonctionnelles en nombre de restes (NR) et en pourcen-tage.

L’observation des pourcentages des tessons selon leur région d’origine (fig. 168) montre que les céramiques de provenance indigène ou régionale sont majoritaires avec 56,5% des restes (Bonfol 10,89 %, Heimberg 9,53 %, autres poteries supposées bernoises 30,78 %). Les liens commerciaux régionaux sont donc privilégiés, ce qui s’explique certainement par une fabrication locale, voire régionale répondant aux attentes ordinaires de la vie quotidienne, aux goûts partagés par la population suisse au 19e siècle et par une situation qui pourrait trouver une explica-tion dans les barrières douanières cantonales qui n’ont été levées qu’en 1848. Les importations européennes représentent quant à elles 33,03 % (grès d’Allemagne ou d’Alsace : 3,14 %, faïence fine de France, d’Allemagne, voire d’Angleterre : 29,89 %).

le bas-fourneau dégageant une forte chaleur) 443, alors que les pots à cuire se retrouvent surtout à proximité des bas foyers pour la transformation du fer qui ont aussi servi de lieu de cuisson pour la nourriture 444. Dans le cas de La Verrerie, la répartition spatiale n’a pas pu être exploitée de façon si nette en raison de la méthode de prélèvement qui a dû être adaptée à un site indus-triel. Néanmoins, la prépondérance des récipients au sein de la céramique – les trois quarts – montre clairement le lien entre travail en continu devant les fours et consommation d’aliments liquides et solides.

Dans l’ensemble, le corpus des céramiques ne révèle pas de pièce hors norme, mais s’intègre au contraire parfaitement dans la qualité moyenne des autres ensembles de céramique utilitaire connus pour cette période en Suisse. Le statut économique des verriers ne se distingue donc en rien au travers de la céramique du reste de la population.

Enfin, il aurait été intéressant de fouiller les habitations des ver-riers, afin de pouvoir comparer la composition du vaisselier dans la partie non artisanale du hameau avec celui découvert dans la halle et dans le moulin.

4.7 Chaussures (pl. 62-68)

Marquita et Serge Volken 4.7.1 Introduction

Divers fragments de cuirs découverts sur le site de La Verrerie de Rebeuvelier en 2004 ont été remis fin 2011 au centre de cal-céologie et cuirs anciens Gentle Craft pour examen en 2012. Les premiers indices techniques et stylistiques, tels que la pré-sence de coutures à la machine sur quelques fragments, laissent entrevoir leur origine moderne aux environs du 19e siècle. Ils sont en accord avec le cadre chronologique du site duquel trois dates sont retenues : la construction de la halle en 1798, son abandon en 1867 et la survivance de l’auberge jusqu’en 1914 (chap. 2 et 3). Nous avons cherché à tirer le maximum d’infor-mations à partir des objets eux-mêmes, leur contexte archéolo-gique de découverte étant discuté ci-dessus (chap. 3.2).

4.7.2 Conditions de conservation, traitement et conditionnement

Le cuir peut résister au temps sous certaines conditions qui impliquent une absence de lumière, un environnement stable, constamment humide ou sec, de préférence dans un milieu isolé dépourvu de destructeurs biologiques tels qu’insectes, rongeurs, autres micro-organismes et moisissures. Les cuirs soumis ici pour examen proviennent de sols gorgés d’eau. Une fois mis au jour, ils ont été congelés jusqu’à leur transmission pour étude et conser-vation. Après une décongélation à température ambiante les frag-ments ont été dégagés des impuretés et résidus de terre. Leur état de conservation est satisfaisant. Bien que fragiles par endroits, ils sont fermes et relativement stables et ont partiellement conservé leur souplesse. L’examen débute par un nettoyage accompagné des premières investigations. Les souillures sont enlevées avec un pinceau doux sous un léger courant d’eau amené directement sur la surface du cuir à l’aide d’un tuyau souple. Ceci élimine toute pression ou impact pouvant être causé par un jet.

NR % Provenance Catégorie

1 0,05 Indéterminée Imitation Wedgwood

637 29,89 Europe Faïence fine

18 0,84 Indéterminée Faïence stannifère 112 5,26 Régionale

67 3,14 Allemagne, Alsace Grès 113 5,30 France, indét. Porcelaine

92 4,32 Indéterminée Poterie de service 656 30,78 Régionale

203 9,53 Heimberg, indét.

232 10,89 Bonfol Poterie culinaire type Bonfol 2131 100

Fig. 168. Tableau résumant la pro-venance des diffé-rentes catégories céramiques.

Parmi les groupes moins représentés, on trouve d’autres impor-tations : imitation de basalte noir anglais, grès allemands et alsa-ciens et porcelaine française. Ces derniers groupes sont liés à des fonctions spécifiques, de prestige, d’emballage de produits phar-maceutiques ou de récipients de laboratoire. On a donc cherché à s’approvisionner en céramique adaptée à l’usage que l’on voulait en faire. La représentation des groupes ne peut être mise en rela-tion directe avec la distance entre le pays producteur et le lieu de consommation puisque la faïence fine, toujours importée dans la région, se rencontre massivement comme produit d’usage cou-rant produit en masse et vendu à des prix concurrentiels partout en Europe. Nous pouvons donc conclure de l’observation des provenances de ces céramiques que la fonction et les caractéris-tiques propres à la qualité des produits priment sur l’éventuelle répercussion du prix de transport sur le prix de vente.

Conclusion

Les considérations qui précèdent démontrent que la présence de vaisselle n’est pas fortuite en ces lieux de production de verre, mais qu’au contraire tout porte à croire que la vie quotidienne envahissait ainsi la halle de fabrication. Par conséquent, elles sont représentatives des activités quotidiennes des verriers. En effet, lorsque le processus de fonte est en cours, le travail au four de fusion est continu, ce qui implique que les ouvriers mangent et surtout s’hydratent sur place pour assurer le suivi du travail. Ainsi peut-on comprendre la présence de poteries de Bonfol dans le foyer Fy1 : elles ont sans doute servi à chauffer de la nourriture 441. A titre de comparaison, l’étude de la répartition spatiale des récipients dans l’atelier sidérurgique du Haut Moyen Age de Chevenez - Lai Coiratte a pu montrer, pour la première fois, une corrélation entre travail continu autour de structures de combustion et consommation de liquides et de solides 442. Ainsi, les récipients pour le service des boissons sont-ils associés princi-palement aux structures de réduction (travail en continu devant

Chapitre 4. Mobilier archéologique Chaque fragment est enregistré après un égouttage et séchage

partiel. L’enregistrement consiste à dessiner les contours de chaque fragment et d’y indiquer les différentes traces d’ouvrage, empreintes ou usures selon la norme Goubitz 445. Le but est de relever chaque indice avant tout traitement de conservation. Celle-ci consiste en une immersion dans une solution de poly-éthylène glycol (PEG 600 et d’eau) 446. Le temps d’immersion dépend de la qualité du cuir, de son épaisseur et de sa condition. Ce traitement fait d’avantage appel à l’expérience, au toucher et à l’observation du restaurateur, qu’à des données mesurables. Les cuirs sont ensuite égouttés. Le PEG, par ses qualités hygrosco-piques, agit comme un régulateur du taux d’humidité et garantit une souplesse des fibres. Les pièces contenant des clous et autres pointes métalliques n’ont pas subi ce traitement (8, 62, 63, 67, 70). La légère acidité naturelle du cuir combinée avec l’humidité appor-tée par le produit de conservation accélère la corrosion du métal. De ce fait, nous préférons simplement sécher ces cuirs. La véritable conservation est à mettre en lien avec les conditions de stockage puisqu’il s’agit de trouver un compromis entre une atmosphère idéale pour le cuir et des conditions défavorables pour les moi-sissures et autres destructeurs biologiques. Les cuirs devraient être entreposés à l’abri de la lumière dans des récipients permettant un mouvement d’air, à des températures comprises entre 12o et 15oC et un taux d’humidité ambiante aux environs de 45 %.

4.7.3 Vestiges

Avant d’entrer plus avant dans l’étude et afin de clarifier la lecture de ce chapitre, un schéma permet de détailler les différentes par-ties qui composent une chaussure du 19e siècle (fig. 169). L’ensemble compte 62 pièces de cuir et une chaussure en caout-chouc. Trois chaussures en cuir sont suffisamment bien conser-vées pour autoriser une reconstruction graphique. D’autres fragments permettent de reconnaître des styles ou des techniques de fabrication datables.

4.7.3.1 Chaussure d’enfant (pl. 62.1-10)

L’exemple le plus complet est un soulier pour enfant entièrement cousu main (fig. 170, pl. 62). Sa pointure, 30, correspond à une taille moyenne pour un individu âgé de 10 à 12 ans, donc en pleine croissance. A cette période un soulier devient trop petit en peu de temps. Plusieurs réparations témoignent d’un usage prolongé laissant supposer qu’il a été porté successivement par plusieurs enfants.

L’empeigne, pourvue d’un décolleté* arrondi (2), est doublée sur les côtés par deux larges ailettes (1, 3). La partie arrière du dessus est formée par deux quartiers (4-5) et doublée (6). Cette dou-blure, ou glissoir, est placée de manière asymétrique par rapport au centre du talon du pied : le quartier latéral* est entièrement doublé alors que le quartier médian ne l’est qu’en partie. Il s’agit donc d’une chaussure gauche, doublée en fonction du frotte-ment de la tranche et du talon du pied. La semelle ne permet pas de distinction entre soulier droit et gauche.

Le semelage coupé de manière symétrique se compose de la semelle première (7) et de plusieurs pièces de semelage mainte-nues fermement par des clous ajoutés ultérieurement lors d’un ressemelage (8). Il s’agit d’une semelle d’usure bordée à l’avant d’une trépointe plate et à l’arrière d’une trépointe repliée par-dessus la tranche de la semelle. A cela s’ajoute le talon chiquet constitué de deux couches de cuir épais maintenues par de gros clous.

Le montage* dit cousu trépointe est fait de deux manières dif-férentes entre l’avant-partie* et la partie arrière. A l’avant, l’em-peigne, la semelle première et la trépointe sont reliées par une première couture horizontale. Celle-ci est piquée à travers le mur de gravure* de la semelle première et passe près de la tranche de l’empeigne et de la trépointe. Une deuxième couture verticale relie la semelle d’usure à la trépointe. Le soulier a été entièrement ressemelé ultérieurement. La nouvelle semelle est maintenue

L’ensemble des pièces recouvrant le pied est nommé le dessus: 1 le bordage

2 les quartiers

3 l’empeigne avec la languette remontant sur le cou du pied 4 le glissoir ou la doublure au talon

5 les ailettes 6 la doublure au bout

Les parties qui se trouvent sous le pied composent le semelage: 7 la trépointe

8 la semelle première avec une gravure en dessous 9 éventuellement une semelle intercalaire 10 la semelle d’usure avec le cambrillon Le talon bottier composé de diverses pièces: 11 le couche point

12 un ou plusieurs sous-bouts 13 une ou plusieurs hausses 14 le bon-bout Le dessus Le semelage 7 8 9 10 11 12 13 14 4 5 6 2 3 1

Fig. 169. Schéma de montage d’une chaussure du 19e siècle.

à l’aide de clous dont les pointes ont été rabattues vers