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Population et contexte Parmi les participants figuraient des membres des GPS et ceux en provenance de services externes qui avaient sollicité ou demandé des informations sur la façon de travailler avec des gens qui se sont automutilés. Les participants ont eu le temps

de terminer le questionnaire avant chaque présentation. Des questionnaires provenant de 387 participants ont été reçus, dont 378 disponibles pour l’analyse. 73% des participants étaient des hommes et 27% des femmes, avec une moyenne d’âge de 37,8 ans et une moyenne de 13,5 ans d’expérience. Dans le but de disposer de cellules statistiquement

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comparables mais divergentes, des groupes ont été formés. La police (n=210) et six magistrats (trois avocats, un greffier de la Cour, un juge de paix, et 1 employé des services de détention) ont été classés dans le groupe « police ». Le groupe « santé & aide sociale » (n=120) comprenait 42 médecins généralistes, 19 infirmières diplômées, 18 assistants sociaux, 12 assistants sociaux pour la protection de l’enfance, 10 personnes travaillant dans des centres d’hébergement, pour la sécurité sociale et dans un service tutélaire et 19 autres divers. Le personnel d’hôpital psychiatrique (santé mentale, 51) compose le troisième groupe. Il inclut des infirmières diplômées (n=34), des médecins psychiatres et des somaticiens (n=13), un psychologue et un assistant social.

Collecte des données

(outils) et analyse

Un questionnaire à 35 points a été conçu et complété par différents services avant qu’ils ne reçoivent une formation sur un modèle organisationnel et communautaire pour les personnes souffrant de BPD. La première partie contenait cinq questions sur les critères diagnostiques et le concept de suicide chronique ; il a uniquement servi à introduire le concept de BPD aux participants. Les trois parties suivantes, chacune contenant 10 questions, portaient sur les réactions émotionnelles, les préoccupations et la gestion. Les participants ont été invités à cocher l'une des cinq cases allant de «fortement d'accord» à «fortement en désaccord». Le demi-point a été considéré comme «incertain».

Une feuille de pointage a été développée. Les scores faibles reflétaient une forte réaction émotionnelle : être préoccupé lorsque l'on travaille avec des personnes ayant un BPD et une mauvaise compréhension des principes de gestion de l’OCM. Les réponses ont été analysées à l'aide du logiciel SPSS, version 10.2.

RÉSULTATS

Réactions émotionnelles : Les trois groupes varient statistiquement (p<0.001) pour les questions liées aux réactions émotionnelles. En particulier, le groupe

« police » percevaient plus probablement les personnes atteintes de BPD comme des sources de problèmes, tandis que le personnel en santé mentale était plus susceptible d’être réceptif. Contrairement à la police, le personnel en santé mentale ne ressentait pas la nécessité d’être disponible tout le temps. Le personnel de santé et de l’aide sociale étaient entre deux.

Préoccupations : A nouveau, chaque groupe varie statistiquement (p<0,001), la police était plus susceptible de se sentir responsable de la sécurité des

personnes. Le personnel de santé et de l’aide sociale était plus susceptible de s’inquiéter après le travail et, bien que tous soient d’accord, le personnel en santé mentale était plus susceptible de considérer les personnes comme responsables de leurs propres actions, incluant la criminalité et la suicidalité. Aucun groupe n’a ressenti de pressions à fournir des réponses, ni estimé que sa crédibilité professionnelle serait remise en question ou qu’il devrait faire face à des conséquences légales en cas de suicide. Aucun groupe ne s’est senti incapable de partager des informations ou qu’il était le seul concerné.

Gestion : Les trois groupes varient statistiquement (p<0.001), les réponses de cette partie séparant les groupes davantage que les réactions émotionnelles

et les préoccupations. En particulier, le personnel en santé mentale comprenait mieux que les patients souffrant de BPD sont le mieux gérés à l’extérieur de l’hôpital et sans médication, en étant vus régulièrement, sans recours à de multiples services et en se focalisant sur l’« ici et maintenant » plutôt que sur le

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passé. Le personnel en santé mentale comprenait probablement davantage pourquoi les personnes soit n’étaient pas admises soit étaient renvoyées de l’hôpital malgré des risques suicidaires persistants.

Analyse de la fonction discriminante : Une analyse discriminante du questionnaire a montré que les 30 questions originales étaient réductibles à 12

questions, qui classeraient correctement 80% des réponses. 62% de la variance pouvait être classifiée à partir d'une seule question, qui demandait si la personne borderline devrait rester à l'hôpital jusqu'à ce qu'elle aille mieux. Cette analyse suggère un facteur global de sécurité et de conservatisme.

DISCUSSION ET CONCLUSION

Un clinicien isolé, qui travaille avec un patient souffrant de BPD, peut se sentir débordé et au final sentir qu’un travail persistant et inutile n’est pas supportable dans la durée. Cependant, en tant qu’acteur d’un réseau de soins, tant la personne souffrant de BPD que le personnel devraient bénéficier d’un soutien. Avant le développement et la mise en œuvre de l’OCM, on observait à la fois du scepticisme thérapeutique et de l’antipathie envers les personnes souffrant de BPD. Cela se passait à l’intérieur et entre les institutions. Dans le but de favoriser de « bons soins cliniques », une initiative de formation a été entreprise dans toute la région, touchant de multiples prestataires de service, sur une période de 12 mois. Une collecte de données a été faite auprès des participants qui assistaient à la formation. Ce document est une analyse des réponses des participants qui provenaient de trois différents services, la police, la santé et le social ainsi que la santé mentale. Des observations ont été faites.

Les résultats confirment l’expérience clinique selon laquelle les divers services répondent de différentes manières à l’égard d’une même population. En particulier, la police tendait à adopter une approche prudente et conventionnelle. Ils étaient d’accord sur le fait que l’aspect le plus important de la gestion de cas consistait à hospitaliser la personne et à lui donner une médication jusqu’à ce qu’elle ne soit plus suicidaire. Ce point de vue était soutenu par deux autres conclusions. Des trois parties testées dans le questionnaire, les groupes se distinguaient le plus pour le domaine de la gestion. Le même conservatisme a été trouvé dans les analyses de fonctions discriminantes, où 62% de variance s’expliquait par ce seul point. En contraste, les travailleurs de

santé mentale préféraient travailler avec une personne qui est vue régulièrement hors de l’hôpital, plutôt que de subir une hospitalisation prolongée et

un traitement médicamenteux, comme cela est exposé dans un modèle de soins institutionnel et communautaire. Ce questionnaire se focalise par conséquent sur les deux attitudes envers les patients souffrant de BPD et sur leur gestion.

La seconde observation est un corollaire de ce qui est dit ci-dessus, à savoir que les deux services de santé et celui de non-santé montraient moins de différences sur les réactions émotionnelles et sur les préoccupations que sur la gestion. En cohérence avec ces conclusions, on peut observer que, bien qu’aucun groupe n’ait admis un sentiment de colère, une réponse émotionnelle était suggérée en concordance avec les autres descripteurs. En particulier, les personnes atteintes de BPD étaient perçues comme des sources de nuisance et de perte de temps, des manipulateurs et des maîtres-chanteurs émotionnels. Un cadre à partir duquel ces observations peuvent être comprises est l’usage du concept de la haine contre-transfert. Des travailleurs ont rapporté de l’hostilité envers les personnes ayant un BPD, y compris parmi le personnel infirmier, les psychothérapeutes et les psychiatres. Malsberger et Buie ont décrit la haine contre-transfert avec des patients suicidaires comme ceci : « … nous ne croyons pas qu’il soit possible de traiter un patient sans contre-transfert, et, dans le cas de patients à tendance suicidaire, sans la haine contre-transfert… ». Ils ont décrit les différentes façons avec lesquelles le

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personnel se protège lui-même contre une telle haine contre-transfert, incluant le professionnel qui au départ est empli d’espoir et d’attentes et ensuite désespéré et sans espoir. La personne tombe ensuite dans la malveillance, la vengeance et l’aversion en raison d’une inévitable déception. Bien que conforme aux théories développées à l’université de Harvard en référence au premier psychothérapeute, le phénomène est considéré comme étant une réponse humaine universelle et peut par conséquent s’appliquer autant aux professionnels de la santé qu’aux autres, dans les régions non urbaines de l’état de Victoria en Australie.

Compte tenu de cette découverte, à savoir une réponse commune à une difficulté partagée, la possibilité d'une collaboration entre les divers services a été suggérée par les réponses à trois questions de la section « Préoccupations ». Spécifiquement, tous les groupes se sentaient capables de partager des informations, aucun groupe n’a estimé qu'il était livré à lui-même, et aucun groupe n’a estimé qu'il serait individuellement blâmé si un suicide se produisait. De plus, les services étaient d’accord avec le fait que la personne avec un BPD était responsable en cas de criminalité et en cas de suicide.

La gestion de la relation selon Dawson et MacMillan comprend la prémisse que la personne souffrant de BPD est un adulte responsable et capable de discernement. Ce point de vue ainsi que ceux de Gutheil et Krawitz et al. ont indiqué que la prise de risques à court terme de façon professionnelle contourne divers écueils lorsque l'on travaille avec la personne borderline. Comme Kernberg l’a commenté lorsqu'on le lui a demandé, "il serait triste mais ne se sentirait pas responsable si le patient se donnait la mort".

Bien que ces trois groupes aient partagé une compréhension commune, on peut noter des différences idéologiques fondamentales. En particulier, le personnel en santé mentale et celui de santé-social pensait chacun qu’il connaissait la meilleure façon de gérer la personne borderline. Cependant, seul ce dernier groupe s’inquiétait après le travail et s’accordait à dire qu'il était nécessaire de répondre à tous les événements suicidaires, et estimait enfin qu'il devait être disponible en tout temps. Avec la police, ils partageaient l’avis que les personnes ayant un BPD sont mieux gérées dans la sécurité de l'hôpital et avec des médicaments. En revanche, le modèle OCM des soins est d’avis que le contact en cas de crise renforce involontairement un comportement inadapté. Au lieu de cela, il est préférable de voir la personne avec un BPD régulièrement en dehors de l’hôpital et sans traitement médicamenteux. Si elles ne sont pas reconnues ni prises en charge, ces différences idéologiques peuvent contribuer à créer des divisions entre les institutions, dans lesquelles la personne souffrant de BPD peut tomber.

PERSPECTIVES/IMPACT POUR LA PRATIQUE

Voir les remarques personnelles !

ETHIQUE

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CRITIQUES MÉTHODOLOGIQUES ET REMARQUES PERSONNELLES

Selon les auteurs

Il y a un certain nombre de limites à cette étude. Elle dépend d’un questionnaire qui n’a pas été validé par des tests psychométriques. Deuxièmement, elle accepte sans conteste que les personnes envisagées par les participants au moment de répondre au questionnaire souffraient réellement d’un BPD. En outre, la population de l'échantillon se composait à la fois de membres de la police qui ont dû participer, tandis que le groupe de soignants en santé mentale et le groupe santé et aide sociale ont participé par intérêt.

Remarques personnelles

Dans cette étude, est souligné que le personnel en santé mentale montre plus d’intérêt pour les patients borderline, alors que le groupe police les considérait essentiellement comme étant des sources de problèmes. Mais tous ont rapporté des sentiments d’hostilité envers les BPD. Les BPD étaient perçus comme des sources de nuisance et de perte de temps, des manipulateurs et des maîtres-chanteurs émotionnels. Un autre point qui nous paraît important est que le personnel en santé mentale considère les personnes avec un BPD comme étant responsables de leurs propres actions, incluant la suicidalité. D’autre part, il estime que ces patients sont mieux gérés à l’extérieur de l’hôpital, sans médication, mais avec un suivi régulier, en se focalisant sur l’« ici et maintenant »(TCC) plutôt que sur le passé. Et l’article souligne le besoin d’un soutien non seulement pour la personne souffrant de BPD mais également pour le personnel soignant.

Au niveau de la méthodologie, nous constatons qu’il y a de nombreux participants (387), mais l’étude n’indique pas combien de questionnaires ont été envoyés. 53 participants sont des infirmières. Pour ce qui est de la structure, autant le résumé que l’article sont bien organisés. L’étude est récente ; elle date de 2010. Les auteurs n’ont pas mentionné le devis de celle-ci. Un élément qui nous a surpris est que l’éthique n’est pas évoquée tout au long de l’étude. Nous avons donc estimé qu’il y a un manque de rigueur dans la méthodologie. De plus, les résultats apportent peu de réponses à notre question de recherche. C’est pour cela que nous avons décidé de l’exclure.

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