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CHAPITRE 2: MÉTHODOLOGIE

2.1. Population à l'étude

L'ESVC est une étude de cohorte nationale multicentrique de trois phases sur 10 ans, conçue dans le but de mesurer la prévalence et l’incidence de la démence tous types confondus et ses deux principaux sous-types (MA, démence vasculaire) au sein de la population âgée canadienne, et d’en déterminer les facteurs de risque (140). L’étude avait aussi comme objectifs d’établir le profil de prise en charge de soins par les proches-aidants pour les patients atteints de démence, ainsi que la création d’une base de données uniforme pour des études ultérieures sur la démence (14). Chapeautée par l’Université d’Ottawa et Santé Canada, cette étude de cohorte était basée sur un échantillon représentatif de la population âgée canadienne comprenant 10 263 participants en début d’étude (140).

Au total, 18 centres de recherche (au moins un centre pour chaque province) ont participé à cette étude. L’ESVC s’est étalée sur 36 zones urbaines et rurales à travers les 10 provinces, regroupées pour représenter cinq régions : l’Atlantique, le Québec, l’Ontario, les Prairies et la Colombie-Britannique (132). Les territoires du Yukon et du Nord-Ouest, ainsi que les réserves indiennes et certaines régions éloignées au Québec et en Ontario étaient exclus de l'étude (133). L'échantillon s'étendait sur environ 60 % des terres canadiennes habitées (14). Une méthode d’échantillonnage aléatoire stratifiée a été choisie. Les participants ont été recrutés selon trois strates d'âge : 65-74 ans, 75-84 ans et 84 ans et plus. Dans le but de minimiser les variances entre les différentes catégories d'âge, une procédure d'allocation optimale a été utilisée avec comme conséquence un sur-échantillonnage pour les deux dernières catégories d'âge. Dans la communauté, les listes électorales et les archives municipales ont été utilisées pour recruter les participants de l’Ontario, alors que dans les autres provinces, c'est la base de données de l'assurance-maladie qui a servi au recrutement. La liste des établissements de soins de santé de Statistiques Canada a été nécessaire pour la sélection des institutions d’où a été tiré l’échantillon pour 15 centres de recherche. Les maisons de soins infirmiers, des centres d'hébergement et de longue durée et les logements collectifs (couvents) ont servi au recrutement. En moyenne, 250 personnes par région ou 23 personnes par centre de recherche ont été sélectionnées aléatoirement dans

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ces institutions. Les participants des centres restants (Victoria, Vancouver et Calgary) ont été sélectionnés à partir des listes du régime d’assurance maladie. En communauté ou en institution, les participants refusant de participer ou étant non rejoignables ont été remplacés par d'autres personnes du même sexe, de la même catégorie d'âge et de la même région géographique (14). Chaque participant, ou son représentant légal, devait signer deux formulaires de consentement. Le premier appuyait la participation à l’étude et le second confirmait l’acceptation du participant pour l’utilisation et l’entreposage de son matériel biologique pour des fins de recherche.

2.1.1 Critères d'inclusion et d'exclusion

Pour être éligibles à l'étude, les sujets devaient être âgés de 65 ans et plus en date du 1er octobre 1990 (132). Les sujets sélectionnés dans la communauté devaient habiter chez eux pendant le recrutement. Les sujets présentant une condition leur empêchant de compléter le test de repérage (e.g. surdité, problèmes de vision, retard mental) sont passés directement à l'examen clinique (14). Toute personne ayant une condition nécessitant un suivi soutenu (e.g. cancer) était exclue de l'étude. De plus, tous les sujets devaient maîtriser la langue française ou anglaise. À cause du faible nombre de personnes âgées présentes au sein de ces organisations, les membres des forces armées et les prisonniers étaient exclus de l’étude.

2.1.2 Phases de l’étude

La première phase (ESVC-1) a été réalisée en 1991-92 (14). La population de départ était composée d'un échantillon de 10 263 sujets dont 9 008 ont été recrutés dans la communauté et 1 255, dans les institutions. Les sujets étaient d'abord interviewés sur leurs antécédents familiaux, certains aspects de leur santé et leurs capacités fonctionnelles (140). Le 3MS était ensuite administré à tous les sujets de l’étude, à l’exception de ceux qui avaient des problèmes de vision ou d’audition. Le seuil de positivité étant fixé à 77/78 sur 100, les sujets avec un score <78 étaient invités à subir une évaluation clinique médicale et neuropsychologique. Un échantillon aléatoire de personnes considérées non-démentes (score >77) ont été invitées à l’évaluation clinique. Enfin, les sujets vivant en institution

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étaient invités à passer directement à l’évaluation clinique médicale. Cet examen clinique comprenait trois parties. D'abord, une infirmière ré-administrait le test du 3MS et recueillait les informations sur l'historique médical personnel et familial du participant. Ensuite, un médecin révisait l'évaluation de l'infirmière, puis procédait à un examen physique et neurologique standard. Chez les sujets dont le score au 3MS était supérieur ou égal à 50, une batterie de tests neuropsychologiques étaient administrés par un psychométricien et, les résultats étaient interprétés par un neuropsychologue. Le médecin et le neuropsychologue établissaient un diagnostic clinique séparément, puis décidaient du diagnostic final par consensus, selon les critères de la troisième édition révisée du DSM (DSM-III-R) pour la démence, les critères du NINCDS-ADRDA pour la MA (14), et ceux de la 10ième édition de la International Classification of Diseases (ICD-10) de l'Organisation mondiale de la santé pour le diagnostic de la démence vasculaire et des CIND (14). Les diagnostics possibles étaient: aucune atteinte cognitive, CIND, MA probable, MA possible, démence vasculaire, autre forme de démence spécifique et démence non classifiée (140). Dans 9 des 18 centres de recherche, tous les sujets ayant complété l’examen clinique étaient invités à fournir un échantillon sanguin; les 9 autres centres ont refusé de participer à cet ajout au protocole. Au terme de ces rencontres, un questionnaire auto-administré portant sur plusieurs hypothèses de facteurs de risque de la démence était remis aux sujets considérés aptes à répondre (cognitivement normaux et CIND), et ces derniers devaient le renvoyer via la poste, après l'avoir complété. Ce questionnaire traitait des caractéristiques sociodémographiques, de l'exposition environnementale et occupationnelle, des habitudes de vie et d'autres facteurs de risque reliés à la MA. Il est à noter qu’aucun questionnaire sur l’alimentation habituelle ou au cours d’une certaine période n’a été recueilli.

La seconde phase de l'étude (ESVC-2) a eu lieu cinq ans plus tard en 1996-97 (17). Le même processus diagnostique a été utilisé avec quelques ajouts au niveau des critères diagnostiques. D’abord, les mêmes critères diagnostiques ont été utilisés pour le diagnostic final afin de mesurer correctement les données d’incidence de la démence en général. Un second diagnostic a ensuite été effectué selon des critères plus récents. La quatrième version du DSM (DSM-IV) a servi au diagnostic de la démence et de la MA, alors que les critères du NINDS-AIREN ont été utilisés pour la démence vasculaire (132). À cette

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deuxième phase de l’ESVC, tous les centres de recherche ont invité les participants ayant complété l’évaluation clinique à fournir un échantillon sanguin, sauf ceux qui l’avaient donné lors de l’ESVC-1.

La troisième phase de l’ESVC (ESVC-3), réalisée en 2001-02, avait comme but plus particulier d’évaluer les sujets CIND ainsi que les facteurs de risque associés (140). Les chercheurs ont suivi une procédure diagnostique similaire à celle des phases précédentes. Par contre, le seuil de positivité, rapporté à 89/90 sur 100, a été augmenté pour améliorer le repérage des CIND. Le diagnostic final des troubles neurocognitifs a été fait selon les mêmes critères que l’ESVC-2.

Les comités d’éthique des 18 centres de recherche, du centre coordinateur de l’Université d’Ottawa et de Santé Canada ont approuvé les trois phases de l’ESVC.

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