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Pollution particulaire et risques sanitaires

Nature des risques

Les machines portatives largement utilisées dans les entreprises artisanales, sur chantiers comme en ateliers, sont extrêmement polluantes car elles émettent des quantités importantes de pous-sières lors des opérations d’usinage. Les opérateurs sont donc exposés aux grandes quantités de poussières souvent avec un dépassement des seuils de concentration admissibles, ce qui peut causer de graves maladies professionnelles de nature respiratoire et cutanée, notamment l’ir-ritation des muqueuses, allergies (eczéma, asthme), fibrose pulmonaire incurable voire même cancer des cavités nasales et sinusiennes dans le cadre des poussières de bois.

Rappelons qu’au voisinage des voies respiratoires, les particules peuvent être inhalées avant de se déposer dans les bronches ou jusqu’au fond des alvéoles pulmonaires, ce qui peut provo-quer des lésions définitives graves. Le nez qui est un filtre efficace, bloque la majorité des grosses particules jusqu’à expulsion mécanique, au moment où la personne se mouche ou éternue. Cer-taines particules très fines réussissent à traverser la cavité nasale pour atteindre le larynx et les bronches. La fraction inhalée dépend du diamètre aérodynamique1 des particules, de la méthode de respiration selon que l’on respire par le nez ou par la bouche, des paramètres ana-tomiques et physiologiques qui varient considérablement d’une personne à l’autre ainsi que de la composition chimique, elle-même variable selon la taille et l’origine des particules. Seule une partie de l’aérosol ambiant est inhalée et seules les particules les plus fines atteignent le poumon profond (Renoux et Boulaud (1998) [14]). Ces particules, qui peuvent être stoppées à différents niveaux des voies respiratoires, peuvent avoir des effets plus ou moins graves sur l’organisme. La concentration dans l’air respiré, la quantité, la durée d’exposition, la profondeur de l’atteinte dans les voies respiratoires, la taille des particules ainsi que l’état des voies respiratoires sont déterminants pour le degré de sévérité des lésions et les effets des substances toxiques. Ces effets dépendent fortement des propriétés toxicologiques des particules et de leur site de déposition (Fabriès (1992) [15]). Certaines maladies se déclarent précocement, mais il faut aussi considérer que les symptômes de certaines maladies ne se manifestent qu’après une latence de plusieurs an-nées. On peut citer quelques exemples des atteintes aiguës ou chroniques des voies respiratoires et des poumons dues à une exposition professionnelle : irritation, infection, réaction allergique, asthme, brûlure des voies respiratoires, bronchite chronique, oedème pulmonaire, cancer du la-rynx et du poumon, fibrose pulmonaire, mésothéliome des plèvres, cancer des fosses nasales, etc. En milieu professionnel, il est classique de définir trois fractions de particules selon leur taille : la fraction inhalable, la fraction thoracique et la fraction alvéolaire (EN 481 et Norme NF X 43-276). La fraction inhalable correspond à la quantité de particules qui va pénétrer au cours de la respiration par le nez et/ou la bouche. La fraction thoracique pénètre dans les poumons par l’arbre bronchique et s’y dépose progressivement. La fraction respirable est constituée par les particules inhalées qui pénètrent dans la région alvéolaire. Le diagramme ci-dessous explique les différences entre ces fractions de poussières.

1. L’ensemble des conventions granulométriques se réfèrent au diamètre aérodynamique. Il correspond au diamètre d’une particule sphérique de densité égale à 1g.cm−3 ayant la même vitesse terminale de chute que la particule considérée. Ce diamètre aérodynamique diffère du diamètre réel de la particule, il en est de même pour d’autres diamètres propres à certaines techniques de mesure (optique, électrique).

Figure I.3Modèle de fractionnement d’aérosol suivant P. Görner et J.F. Fabriès

Mesures de prévention

Lutter contre la pollution dans les milieux de travail consiste à réduire la quantité de polluants dont les effets sont néfastes sur la santé des travailleurs. Différentes mesures de prévention sont ainsi proposées, limitant l’exposition des salariés à la pollution des lieux de travail :

– L’exposition ne doit pas dépasser les valeurs limites imposées.

– Les zones de travail à risque doivent être correctement délimitées et signalées.

– La mise en place des mesure d’hygiène et information des travailleurs sur les risques. – Amélioration de la conception des machines.

– Captage des poussières au plus près de leur zone d’émission : cela demande la conception d’un dispositif de captage adapté à la machine qui génère les polluants. C’est la trajectoire du jet des polluants et la fraction inhalable associée qui doit déterminer l’emplacement et la géométrie du système de captage.

– Confinement des procédés générant des quantités importantes de poussières lorsque cela est possible.

– Garantir une bonne aération des lieux de travail.

– Garantir les mesures de protection individuelle : Si l’air respirable ne peut être maintenu exempt de poussières nocives, des équipements de protection individuels doivent être utilisés (masques filtrants, masques à adduction d’air comprimé).

– Ventilation des locaux : il existe deux techniques de ventilation, la ventilation locale par aspiration à la source et la ventilation générale ou ventilation par dilution :

– Ventilation locale : le captage des polluants se fait au plus près possible de leur source d’émission, avant qu’ils ne soient dispersés dans les locaux de travail et pénètrent les voies respiratoires des opérateurs. Les polluants ne sont pas dilués mais évacués. – Ventilation générale : il s’agit de diluer les polluants émis en apportant de l’air neuf dans

les locaux de travail. Cette technique ne permet pas une réduction du polluant émis, mais permet juste une diminution de la concentration. C’est pour cette raison qu’elle doit être utilisée en complément de la ventilation locale, notamment pour assurer un apport d’air neuf dans les locaux et diluer les polluants non captés par les dispositif de captage à la source.

Le guide de ventilation [25] traite de manière plus approfondie les principes généraux de la ventilation.