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Une approche hybride RANS-LES : la DES

La simulation numérique directe DNS (Direct Numerical Simulation ou Simulation numé-rique directe) est théonumé-riquement la méthode la plus précise pour étudier numénumé-riquement les écoulements turbulents. Cette approche permet de résoudre complètement les équations de Navier-Stokes et aucun filtrage ou modélisation de la turbulence n’est appliqué. Le maillage considéré doit par conséquent être capable de discrétiser l’ensemble des échelles turbulentes en espace, ce qui s’en suit que la grille de calcul doit être suffisamment dense. On peut estimer que le nombre de mailles nécessaires est proportionnel àRe9/4, c’est à dire que pour un écoulement ayant un nombre de Reynolds de 104, le nombre de mailles nécessaires est de l’ordre de 109. Cette approche est donc principalement utilisée pour caractériser les phénomènes fondamen-taux à faibles nombre de Reynolds.

Dans une simulation de type LES (Large Eddy Simulation ou Simulation aux grandes échelles), une partie du spectre de la turbulence associée aux grandes structures tourbillon-naires est résolue, tandis qu’une partie correspondant aux petites structures reste non résolue. La séparation entre les échelles de l’écoulement est réalisée par une opération de filtrage per-mettant la résolution de la majorité du spectre d’énergie cinétique turbulente (portée par les plus grosses structures). Des études sur le coût numérique de la LES en présence de parois (Chapman (1979) [10]) indiquent qu’une résolution satisfaisante complète de l’écoulement re-quiert un nombre de mailles correspondant àRe1.8 et un nombre de pas de temps proportionnel àRe2.4. Cela rend donc la LES inapplicable dans la plupart des cas industriels.

Les modèles de turbulence RANS (Reynolds Averaged Navier Stokes) fournissent une des-cription statistique des grandeurs de l’écoulement à un coût modéré. Il s’agit de résoudre les équations de Navier-Stokes auxquelles on applique l’opérateur de moyenne. Dans d’autres si-tuations où dominent les larges structures anisotropes, les valeurs moyennes sont souvent moins satisfaisantes quand le modèle RANS est employé. Dans ces situations, la simulation aux grandes échelles fonctionne mieux en apportant moins de modélisation ainsi que des données

instation-naires indispensables dans de nombreux cas. Malheureusement, la LES est 10 à 100 fois plus coûteuse en temps de calcul qu’une approche RANS (Breuer et al. (1996) [34]) : la LES exige un maillage plus fin et fournit des données instationnaires de l’écoulement avec un faible pas de temps et pour un temps de calcul assez long.

De là, il semble naturel de tenter une combinaison des deux approches numériques et d’ap-pliquer la LES uniquement dans les zones où elle est nécessaire tout en utilisant la RANS là où elle est la plus efficace. Le couplage d’une simulation aux grandes échelles avec une approche statistique fondée sur l’utilisation de la moyenne de Reynolds, constitue sans doute un moyen pour réduire radicalement le coût prohibitif de la LES et ce pour une large gamme d’applications industrielles. Il s’agit d’une technique de simulation hybride, proposée en premier par Spalart

et al. (1997) [53] pour la prédiction des écoulements turbulents à haut nombre de Reynolds (Spalart (2000) [54]). Le développement de cette technique a été motivé par le coût prohibitif de l’emploi de la LES pour des configurations complexes, qui nécessitent une haute résolution de la couche limite. Cette méthode hybride qui combine la LES et la RANS, est devenue ces dernières années de plus en plus populaire car elle offre une réduction en ressources de calcul en comparaison avec la LES. Il s’agit de la DES (Detached Eddy Simulation), définie comme une méthode tridimensionnelle qui fonctionne comme un modèle de sous maille dans les régions où la taille du maillage est suffisamment fine pour l’application de la LES, et qui emploie la méthode RANS ailleurs. La conception du maillage pour une DES correctement résolue devrait être différente de celle de la LES, mais uniquement au niveau des conditions limites (Spalartet al. (2005) [44]) où la DES opère comme un modèle RANS. C’est la seule raison pour laquelle les exigences au niveau de la résolution spatiale sont beaucoup plus faibles que la LES. Cette approche est beaucoup moins coûteuse car l’effort de discrétisation spatiale ne se fait que dans la direction normale à la paroi. Une des particularités de cette approche est que le passage d’une méthode de modélisation à l’autre est déterminé localement et théoriquement de manière dynamique grâce à une évaluation des échelles de longueur caractéristiques des deux méthodes (figureII.21).

Figure II.21Transition du modèle RANS au modèle LES : introduction du concept de la région grise -grey

area-Comme s’est présenté sur la figure II.21, la zone de transition entre les modèles RANS et LES, communément qualifiée dezone grise-Grey Area- est uniquement imposée par le maillage. La stratégie de la division du domaine de calcul est résumée succinctement dans (Spalart (2001) [55]). Ainsi, l’échelle de longueur est défini comme :

LDES =min(LRAN S, CDES∆) (II.13)

CDES une constante égale à 0.65, similaire à celle définie dans le modèle de Smagorinski de la LES. LRAN S est l’échelle de longueur turbulente du modèle RANS à appliquer à la DES et ∆ la taille de la grille (la distance maximale entre deux noeuds définissant un volume de contrôle). Le but est d’appliquer la RANS au niveau des parois et la LES en dehors de la couche limite dans les zones de séparation. Ainsi, le modèle est sensible à la finesse du maillage condui-sant, dans la pratique, à une diminution de la dissipation du modèle RANS au-delà des régions de proche-paroi, où l’approche statistique standard est utilisée. Bien que la DES ne nécessite pas, a priori, la prescription d’une interface entre les régions de l’écoulement simulées par LES ou approche statistique, un défaut majeur de l’approche fondée sur le modèle de Spalart et Allmaras (1992) est que cette transition est essentiellement gouvernée par des considérations géométriques (dépendance de la distance à la paroi).

2.3 Étude des performances du modèle de turbulence DES sur