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3. La maintenance dans les systèmes de production

3.2. Les politiques de maintenance

Dans la définition de la maintenance, nous trouvons deux mots-clés : maintenir et rétablir. Le premier fait référence à une action préventive, soit avant la survenue de la panne. Le but de la maintenance préventive est d’exécuter des tâches (selon un programme établi) permettant d’anticiper et donc d’éviter une panne. Le deuxième fait référence à l’aspect correctif. Ce dernier permet de réagir (par des dépannages ou des réparations) juste après l’occurrence d’une panne (Fig. 1.5). Il en découle donc deux principales catégories [BAR60, VAL89]: la Maintenance Préventive (MP) et la Maintenance Corrective (MC). Nous présentons dans les paragraphes qui suivent les définitions de chacune.

Figure 1.5: Typologie de la maintenance

MAINTENANCE

MAINTENANCE PREVENTIVE MAINTENANCE

CORRECTIVE

Ensemble des actions permettant de maintenir ou de rétablir un bien dans un état spécifié ou en mesure d’assurer un service déterminé Maintenance effectuée après défaillance Maintenance effectuée dans l’intention de réduire la probabilité de défaillance d’un bien ou d’un service rendu

Maintenance comprenant les interventions de type réparation Maintenance comprenant les interventions de type dépannage MAINTENANCE CORRECTIVE PALLIATIVE MAINTENANCE CORRECTIVE CURATIVE

3.2.1. La Maintenance Corrective

La Maintenance Corrective (MC) est «l'ensemble des activités réalisées après la défaillance

du bien ou la dégradation de sa fonction pour lui permettre d’accomplir une fonction requise, au moins provisoirement. Ces activités comportent notamment la localisation de la défaillance partielle ou complète et son diagnostic, la remise en état avec ou sans modification, et enfin le contrôle du bon fonctionnement» [NFX60-010].

Elle intervient après la panne et devra s’appliquer automatiquement aux défaillances complètes et soudaines (défaillances catalectiques). Ce type de maintenance est réservé au matériel peu coûteux, non stratégique pour la production et dont la panne aurait peu d’influence sur la sécurité.

Trois politiques de maintenance corrective sont distinguées (maintenance corrective directe, différée et globale) et en tout, cinq types sont proposés :

- Maintenance corrective palliative. Elle regroupe les activités de maintenance corrective

destinées à permettre à un équipement d’accomplir provisoirement une fonction requise. Appelée couramment dépannage, cette maintenance palliative est principalement constituée d’actions à caractère provisoire qui devront être suivies d’actions curatives.

- Maintenance corrective curative. Elle regroupe les actions de maintenance corrective

ayant pour objet de rétablir un équipement dans un état spécifié ou de lui permettre d’accomplir une fonction requise. Le résultat des activités réalisées doit présenter un caractère permanent. Ces activités peuvent être des réparations, des modifications ou des aménagements ayant pour objet de supprimer la ou les défaillance(s).

- Maintenance corrective directe. C’est une opération de maintenance effectuée juste après

la détection (localisation) de la défaillance, destinée à remettre la machine dans un état de fonctionnement normal. Elle peut avoir un caractère provisoire (palliative) ou définitif (curative).

- Maintenance corrective différée. C’est une opération de maintenance corrective (palliative ou curative) qui n’est pas déclenchée immédiatement après une détection de défaillance mais est retardée conformément à certaines règles définies préalablement. Par exemple, attendre que r équipements parmi m soient défaillants.

- Maintenance corrective globale. Elle est effectuée lorsque tout le système (toutes les

machines) tombent en panne et sa remise en marche (provisoirement ou définitivement) ne peut être réalisée qu’après une intervention de durée importante.

La Maintenance Préventive (MP) est définie comme une «maintenance ayant pour objet de

réduire la probabilité de défaillance ou de dégradation d’un bien ou d’un service rendu.»

[NFX60-010].

Elle permet d'éviter les défaillances des équipements en cours d'exploitation. Elle ne consiste pas à réparer les pannes mais à les anticiper. Elle est caractérisée par les actions suivantes :

Î L’inspection qui consiste en une activité de surveillance s’exerçant dans le cadre d’une mission définie et qui n’est pas obligatoirement limitée à la comparaison avec des données préétablies. Cette activité peut s’exercer au moyen de rondes;

Î La vérification de conformité avec des données préétablies, suivie d’un jugement. Elle peut comporter une activité d’information, inclure une décision (acceptation, rejet, ajournement) et déboucher sur les actions correctives;

Î La visite (de maintenance) consistant en un examen détaillé et prédéterminé de tout (visite générale) ou d’une partie (visite limitée) des différents éléments de la machine et pouvant impliquer des opérations de maintenance de premier niveau. Certaines opérations de maintenance corrective peuvent être effectuées suite à des anomalies constatées lors de cette visite;

La maintenance préventive s’adresse aux éléments provoquant une perte de production ou des coûts d’arrêts imprévisibles jugés importants pour l’entreprise. L'analyse de ces coûts met en évidence un gain important dû aux arrêts qu'elle permet d'éviter. La figure 1.6 présente la réduction de l’accroissement du taux de panne de l’équipement par l’application d’une

«bonne» maintenance préventive. Cependant, cet accroissement n’est pas réduit suffisamment

par l’application d’une «mauvaise» maintenance préventive.

Figure 1.6 : Effet d'une bonne maintenance préventive

Evolution sans MP Taux de panne Age de l’équipement Evolution avec MP Réduction du nombre de défaillances

On peut distinguer quatre types de maintenance préventive : Maintenance Préventive Systématique, Maintenance Préventive Conditionnelle, Maintenance Prévisionnelle et Maintenance Proactive. Ces deux dernières représentent les nouvelles formes de MP.

- Maintenance préventive systématique. « La maintenance préventive systématique comprend l’ensemble des actions destinées à restaurer, en totalité ou partiellement, la marge de résistance des matériels non défaillants, lorsque ces tâches sont décidées en fonction du temps ou de la production, sans considération de l’état des matériels à cet instant» [NFX60-010].

Cette méthode nécessite de connaître : le comportement des équipements, les usures et les modes de dégradation. Elle intervient à intervalles fixés sur la base du minimum de vie des composants donnés par l’expérience ou par le constructeur. C’est pourquoi ce type de maintenance est aussi appelé maintenance préventive basée sur la durée de fonctionnement [BOU88].

La maintenance préventive systématique se traduit donc par deux types d’actions :

- des interventions planifiées qui consistent à nettoyer, réparer ou remplacer certains matériels tels que des composants ou sous-ensembles d’équipements ;

- des inspections périodiques qui consistent à contrôler ces mêmes composants et sous- ensembles, d’effectuer des révisions, mineures ou majeures, d’équipements, voire d’ateliers entiers lors d’arrêts généraux.

- Maintenance préventive conditionnelle. C’est une maintenance préventive subordonnée

à un type d’événements prédéterminé (autodiagnostic, information donnée par un capteur, mesure d’une usure, etc.) révélateur de l’état de dégradation d’un bien [BOU88]. C'est donc une maintenance qui dépendant de l’expérience et fait intervenir des informations recueillies en temps réel [BOI90]. La pratique de la maintenance conditionnelle consiste à ne changer l’élément que lorsque celui-ci présente des signes de vieillissement ou d’usure mettant en cause, à brève échéance, ses performances.

- Les Nouvelles formes de maintenance préventive. La maintenance préventive

conditionnelle a évolué vers la maintenance prévisionnelle (prédictive). Celle-ci est définie par la norme NF X 60-010 comme étant une «maintenance préventive subordonnée à l’analyse de l’évolution surveillée de paramètres significatifs de la dégradation d’un bien, permettant de retarder et de planifier les interventions».

D’autre part, un nouveau type de maintenance a vu le jour aux Etats-Unis, il repose sur une démarche proactive. La maintenance proactive est une «forme avancée de maintenance

prévisionnelle consistant à déterminer les causes initiales de défaillances à partir de l’état de défaillance potentielle ».

La figure 1.7 présente la contribution des différents types de maintenance en ce qui concerne la fonction de fiabilité et la durée de vie utile de l’équipement. Il va sans dire qu’une réduction du taux de panne entraîne une amélioration de la fonction de fiabilité R(t). C’est dans cette optique que la maintenance améliorative a été instaurée. La maintenance préventive, avec toutes ses variantes, va en revanche tenter de ramener le taux de panne à son niveau le plus bas en remplaçant la composante usée sans améliorer les caractéristiques de l’équipement.

Figure 1.7 : Impact de la maintenance sur la fiabilité des équipements [KAF01]

3.2.3. Commentaire

Traditionnellement, on attend qu’un équipement tombe en panne avant de lancer des actions correctives pour le remettre en service. L’une des principales caractéristiques de la maintenance consiste à s’approcher des objectifs « zéro panne » et « zéro défaut ». Pour parvenir au « zéro », dans n’importe quel domaine que ce soit, il faut éviter qu’il y ait une première fois. C’est pourquoi une action préventive doit être envisagée. Si on attend qu’un problème surgisse pour le résoudre, c’est trop tard.

En résumé de cette section nous dirons que la maintenance préventive s’adresse aux éléments stratégiques provoquant une perte de production ou de coûts d’arrêts imprévisibles jugés importants pour l’entreprise. L’analyse de ces coûts met en évidence un gain important dû aux arrêts qu’elle permet d’éviter. Elle se traduit par deux types d’actions : des interventions planifiées et des inspections périodiques. La maintenance corrective est utilisée soit seule, soit en complément de la maintenance préventive [MON96]. Elle est utilisée seule pour les équipements peu coûteux et non stratégiques de l’entreprise : leurs « défaillances n’ont pas d’impact significatif sur le fonctionnement du procédé » [ZWI96]. Elle est toujours utilisée en complément car, quel que soit le niveau de maintenance préventive mis en œuvre sur un équipement, des défaillances catalectiques subsisteront toujours, ce qui requiert l’application de la maintenance corrective [MON96, BOU88].