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politique et de son aspect confessionnel

Après 23 ans du mandat français au Liban, ce pays a obtenu son indépendance en 1943. Nous nous demandons si le Liban est devenu vraiment un pays indépendant après 1943. Malheureusement, et jusqu’à nos jours, le Liban souffre de l’ingérence extérieure dans ses affaires. Autrement dit, les autorités libanaises ne peuvent prendre des décisions politiques internes sans l’accord des pays dits « amis »55 du Liban.

Malgré l’indépendance, les conflits confessionnels internes ne se sont pas arrêtés, au contraire, ils se sont accentués. Citons, parmi ces combats, la crise politique de 1958 qui a eu lieu suite à la confrontation de la volonté des musulmans de se rapprocher de la Syrie et de l’Égypte qui formaient la République arabe unie (RAU) avec les chrétiens pro-occidentaux dirigés par le Président du pays Camille Chamoun. Ce dernier a sollicité l’intervention des États-Unis pour mettre fin à ces tensions internes (El Khoury et Chaigne-Oudin, 2010). Cette crise s’achève par le remplacement du Président Camille Chamoun par le chef de l’armée libanaise, le général Fouad Chéhab, et la formation d’un gouvernement présidé par Rachid Karamé.

Pourtant, les tensions internes à caractères religieuses continuent de s’intensifier aboutissant à la guerre civile de 1975. Deux éléments ont marqué l’atmosphère politique qui a précédé cette guerre : d’une part, la présence armée des Palestiniens avait des conséquences

55 Tels que la Syrie, l’Arabie Saoudite, l’Iran, la France, les États-Unis, etc… Tout dépend de l’appartenance des hommes politiques libanais. Toutefois, nous nous intéressons plus particulièrement à l’intervention de la Syrie qui a marqué le plus l’environnement politique au Liban.

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négatives sur le Liban qui représentait le champ de bataille entre Israéliens et Palestiniens ; d’autre part, la montée en puissance des Phalangistes56 avait des effets indésirables multiples touchant le pays, et leur politique était dénoncée par les élites chrétiennes, les maronites en particulier. Le 13 avril 1975, on assistait à l’événement qui a abouti à une explosion de conflits politiques57déclenchant ainsi la guerre civile : un bus transportant des Palestiniens a explosé dans la région d’Ain el Remmaneh dans laquelle réside une majorité chrétienne58. Suite à cet événement, des accrochages ont eu lieu entre les Phalangistes et les Palestiniens, donnant lieu au déplacement des camps de réfugiés palestiniens situés dans des zones chrétiennes et à l’explosion de conflits entre les partis chrétiens et musulmans. Cette tension s’est étalée tout au long des territoires libanais, entre les villes à majorité musulmanes et celle à majorité chrétiennes, et s’est transformée ainsi en une guerre civile. Ces événements ont revêtu un aspect confessionnel, et, bien entendu, politique comme toujours dans le système libanais et sa structure.

L’entrée de la Syrie en 1976 au Liban – sous le prétexte de protéger la communauté chrétienne du contrôle des forces de gauche qui aurait conduit, comme elle prétend, à diviser le Liban entre zones musulmanes et autres chrétiennes – a contribué à la diffusion du confessionnalisme. L’intervention militaire sous la forme de ce qu’on a appelé « la force de dissuasion », créée par la Ligue arabe pour protéger le Liban après les sommets de Ryad et du Caire, a rassemblé des forces arabes mais les « Syriens se sont trouvés dans une situation de prépondérance » (Feuer, 1976, p. 53), notamment après le retrait de ces forces arabes en

56 Un parti politique libanais fondé en 1936 par Pierre Gemayel, George Naccache (journaliste), Charles Hélou (devenu Président de la république), Hamid Frangié et Chafic Nassif.

57 À l’époque, le conflit politique se manifeste entre deux partis politiques: la gauche, à savoir les partis nationalistes, laïques qui regroupent différentes confessions (tels que : le Parti communiste libanais, le Parti Baas arabe socialiste, le Parti social-nationaliste syrien, l’Organisation de l’action communiste, le Parti d’action socialiste arabe (connu auparavant comme le Mouvement nationaliste arabe), le Parti socialiste progressiste, etc.) et la droite qui, bien évidemment, forme une alliance avec les autorités libanaises (tels que les Phalanges libanaises, le Parti national libéral, le Bloc national, etc.)

58 Sans toutefois oublier l’assassinat de Maarouf Saad en février 1975 dans la ville de Saida (région du sud à majorité sunnite), ancien député sunnite et fondateur de l’Organisation populaire nassérienne, une organisation prosyrienne et propalestinienne qui défend la cause palestinienne. Certains considèrent cet assassinat l’événement principal qui a déclenché la guerre civile au Liban (Jreige, 2014).

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1979 qui a renforcé la présence syrienne et son intervention exclusive dans l’affaire libanaise. Cette intervention a semé la discorde entre les forces politiques libanaises, notamment laïques et islamiques, et a créé des affrontements internes dans le même groupe : certains encouragent la présence de l’armée syrienne et la soutiennent alors que d’autres la refusent complètement et exigent son départ. Cette détérioration dans la situation libanaise a permis l’émergence de forces politiques à caractère confessionnel dont chacun cherche à protéger les intérêts de sa propre confession au détriment des autres. Tous ces conflits et ces guerres confessionnelles qui ont eu lieu dans l’histoire de ce pays prouvent que « le jeu politique

libanais consiste schématiquement en une succession de cycles de violence, où l’une des

confessions du tissu sociopolitique libanais cherche à acquérir une part du pouvoir plus large aux dépens des autres » (Hasbani, 2007, p. 44).

En octobre 1989, les accords de Taëf59sont signés visant à diviser le pouvoir de l’exécutif libanais entre le président de la République et le premier ministre. Ils stipulent le retrait total de l’armée syrienne du territoire libanais dans les deux ans qui suivent la constitution d’un gouvernement dit d’entente nationale. Pourtant, le régime syrien a cherché à perturber la mise en œuvre de l’accord de Taëf concernant le retrait de son armée du territoire libanais sous prétexte qu’Israël occupe « les fermes de Chebaa60» et que le Liban a donc besoin d’un soutien militaire. Or, certains considèrent que la raison réelle de la mainmise syrienne est que ce pays : « continue de considérer le Liban comme son arrière-cour, mais aussi comme son débouché naturel vers la

Méditerranée. Le refus de Damas de définir ses frontières avec son voisin libanais et d’établir

des relations diplomatiques, que ce soit avant ou après 2005, le démontre clairement » (Feki,

59 Négocié à Taëf en Arabie saoudite, c’est un traité inter-libanais dont le but est de mettre fin à la guerre civile qui a duré 16 ans. Des efforts politiques de plusieurs pays arabes (du roi Hassan II du Maroc, du roi Fahd d'Arabie saoudite, et du président Chadli d'Algérie, avec le soutien de la diplomatie des États-Unis.) ont conduit à une réunion à Taëf pour réussir enfin à finaliser cet accord. Plusieurs personnalités politiques libanaises étaient contre ce dernier : pour certaines, il visait à valider la présence de l’armée syrienne sur le territoire libanais et pour d’autres, il n’y avait pas eu de discussions sur le pacte nationale de 1943.

60 Les fermes de Chebaa forment une région de 40 km², comprenant 14 fermes et située au sud de la ville de Chebaa. Israël a pris le contrôle de cette région lors de la guerre israélo-arabe de 1967 et a considéré les fermes comme faisant partie intégrante du plateau du Golan, occupé depuis cette date. Pour Israël, la Résolution 425 (1978) du Conseil de Sécurité des Nations unies, qui a exigé son retrait du Sud-Liban en 1978, ne couvre pas cette région, alors que le gouvernement libanais considère que les fermes de Chebaa sont partie intégrante du Liban.

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2010, p. 39). L’intervention de la Syrie dans l’affaire libanaise a atteint l’élection du président de la République et le Premier ministre, l’imposition d’une loi électorale sur la base de laquelle on choisit les députés, la définition des fonctionnaires des administrations publiques, etc. Bien évidemment, toutes ces affaires étaient soutenues par une clientèle politique.

Nommé président de la République libanaise le 5 novembre 1989, René Moawad est considéré comme étant la dernière victime de la longue guerre civile après son assassinat le 22 novembre, dix-sept jours après son élection61. Le 24 novembre, Elias el Hraoui, qui avait des liens étroits avec le régime syrien, est élu président de la République libanaise et par la suite, le 25 novembre, le gouvernement est formé avec, à sa tête, le premier ministre Salim el Hoss. La guerre du Golfe de 1990 (à savoir, l’invasion du Koweït par l’Irak) a mis fin à la crise libanaise et a déclenché le fonctionnement de la nouvelle République issue des accords de Taëf.

Malgré la fin de la guerre et le fonctionnement de la nouvelle République libanaise, le conflit n’a jamais pu prendre fin, vu la spécificité communautariste de ce pays. Nous ne pouvons pas cacher la complexité et les malaises qui existent depuis longtemps, comme présenté ci-dessous, entre les deux grandes catégories de communautés (les communautést chrétiennes et les communautés musulmanes). Ce n’est pas seulement la mésentente des deux catégories entre elles mais aussi celle régnant à l’intérieur de chaque communauté. Chacune d’entre elles cherche à former des partis forts et essaie d’inclure dans ses rangs la plus grande partie de la population, dans le but de gagner le pouvoir intrinsèque sur le territoire. Ces malaises se traduisent par des conflits entre les deux catégories d’une part (conflit islamo-chrétien, par exemple), et au sein de la même communauté d’autre part (conflit ˝sunno-chiite˝, par exemple). Ces conflits sont à la base de tous les problèmes politiques qui persistent au Liban62 et cette division communautaire et confessionnelle « facilite, sinon encourage, l’intervention des puissances étrangères, qu’elles

soient internationales ou régionales, dans les affaires na tionales. Ainsi, les chefs des factions

61 Certains considèrent que la Syrie est la seule responsable de cet assassinat car, bien que son élection a été soutenue par le régime syrien (à sa tête Hafez El-Assad), René Moawad a refusé d’être dirigé par ce dernier. 62 De même, nous ne pouvons pas oublier que la situation géopolitique de ce pays (situé au sud de la Syrie, au nord de la Palestine occupée et de la Jordanie, et à l’est de l’Irak) enfonce le Liban dans une spirale de conflits qui ne s’arrête jamais.

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n’hésitent pas à demander la protection étrangère pour affirmer ou confirmer le contrôle sur

leurs propres factions et celles des autres si possible » (Hafez, 2009, p. 97).

La période qui a suit la guerre civile et l’accord du Taëf était caractérisée non pas seulement par l’ingérence syrienne de plus en plus critique dans les affaires libanaises mais aussi par la montée en flèche du pouvoir d’un mouvement particulier qui représente la confession chiite : le Hezbollah.

3. Le Hezbollah ou le « parti de Dieu » : un État dans

l’État

Au cours de la guerre civile et de la tutelle syrienne, différents mouvements libanais se formaient dont chacun tenait à défendre les intérêts de sa confession. Le mouvement qui a marqué le plus l’environnement libanais et dont le Liban supporte jusqu’aujourd’hui les conséquences (qu’elles soient positives ou négatives) de ses opérations est celui du « Hezbollah » ou le « parti de Dieu ». Celui-ci est aujourd’hui inscrit sur la liste des mouvements terroristes de l’Union Européen.

3.1. Les fondements idéologiques du mouvement de

résistance

Au départ, le Hezbollah faisait partie du mouvement « Amal » (Afwâj al-muqâwama al-lubnâniyya, les unités de la résistance libanaise) (Catusse et Alagha, 2008) – un mouvement armé fondé en 1975 par le leader chiite, l’Imam Mousa Al-Sadr, un religieux chiite libanais née en Iran – qui, d’une part, fait appel à la « résistance » contre Israël et d’autre part, défend les opprimés, les délaissés et les pauvres de la communauté chiite, d’où son appellation : le mouvement des « déshérités » (ibid.). La faiblesse de l’État et son incapacité à couvrir les besoins des libanais en services sociaux étaient toujours présentes dans les discours des cadres du mouvement (ibid.) et cela pour argumenter, sans doute, la présence de celui-ci et « la nécessité d’ériger un « Etat humain » (dawlat al-insân) par opposition à un Etat non seulement tyrannique mais inefficace à assurer la sécurité sociale de ses citoyens » (ibid., p. 3). Plusieurs associations et organisations sociales se sont créées à l’époque de Mousa Al-Sadr et Mohammad Hussein Fadlullah, un autre leader chiite. Ce

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dernier « a mis en place, dès les années 1970, un dense réseau d’hôpitaux, de dispensaires, puis d’écoles, de centres culturels, d’institutions pour les sourds, les aveugles, etc. gérés par l’association Mobarrât (Jam’iyyat al-mabarrât al-khayriyya, fondée en 1978) et un bureau des services sociaux (Maktab al-khidmât al-ijtimâ’iyya, créé en 1983). Aujourd’hui ce réseau

est le plus important dans la Dâhiyya63 » (ibid.). Les leaders chiites ont réussi à transformer la communauté chiite d’une communauté marginalisée en une communauté hégémonique au niveau nationale et régionale.

La disparition de Mousa Al-Sadr64 lors d’une visite officielle en Libye en 1978 (Blachez, 2011) a permis à Nabih Berri65 de conduire par la suite le mouvement Amal. Un an plus tard, en 1979, la révolution iranienne a eu lieu transformant ainsi l’Iran en une république islamique dont l’objectif principal est de « restaurer l’islam chiite au sein du monde musulman dans une perspective d’islamisation générale du monde » (Feki, 2010, p. 11). Des cadres chiites se sont alors séparés du mouvement Amal formant ainsi, grâce au grand soutien de l’Iran avec qui ils partagent des idéologies politiques et religieuses, « un

embryon d’organisation du Hezbollah » (Mervin, 2008, p. 79). Celui-ci s’est développé en 1982, au moment de l’invasion israélienne au Liban dans le but de combattre l’État Hébreu, lorsque : « l’Iran avait envoyé 1500 Gardiens de la révolution, les Pasdaran, dans la Bekaa,

pour y former les premiers bataillons de combattants de la Résistance islamique. […]. Les

Pasdaran, eux, stationnèrent dans la Bekaa et dispensèrent un entraînement militaire aux combattants des différents groupes, venus du Liban-Sud ou de la Banlieue de Beyrouth, qui se référaient à la République islamique ceux-là qui, une fois unifiés, formeraient le Hezbollah» (ibid.). C’est ce qui nous permet de définir le Hezbollah comme une « extension de la révolution iranienne » (ibid., p. 78) et « l’un de ses plus sûrs instrument d’influence »

63 La Dâhiyya de Beyrouth ou la banlieue sud de Beyrouth est une région à majorité chiite.

64 Certains ont considéré le gouvernement Libyen (présidé par Mouammar Kadhafi à l’époque) responsable de la disparition d’Al-Sadr et l’ont accusé de l’avoir assassiné. D’autres, notamment les chiites, refusent l’idée d’assassinat, et considèrent Al-Sadr un personnage « absent » et attendent ainsi son retour (Blachez, 2011). 65 Nabih Berri est élu Président du Parlement libanais en 1992 et réélu 4 fois pour des mandats consécutifs (1996, 2000, 2005, 2009). Il garde ce poste jusqu’à nos jours.

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(Louër, 2009, p. 51). Mais ce n’est qu’en 1985 que le Hezbollah a été officiellement créé en fixant ses dirigeants et en publiant sa première lettre ouverte (Ghorayeb et Sueur, 2007, p. 41) dans laquelle il dévoile sa loyauté totale non pas au Liban mais à l’État iranien :

« Nous sommes les enfants de la nation du Hezbollah et nous nous considérons

comme une partie de la nation de l’Islam au moment où le monde fait face à la pire des

agressions de l’arrogance de l’Occident et de l’Orient, qui visent à vider [notre culture] de son contenu prophétique dont Allah a fait don afin qu’elle devienne la meilleure nation – qu’elle ordonne le Bien et qu’elle sanctionne le Mal et qu’elle croit en Allah – afin de spolier

ses biens et trésors et se servir de l’énergie et des compétences de ses enfants et dominer

toutes leurs affaires. Nous sommes les enfants de la nation du Hezbollah dont Allah a permis la victoire en Iran, où elle a mis en place de nouveau germe d’un Etat islamique central dans

le monde. Nous sommes fidèles aux ordres de la sage, juste et unique autorité du velayat-e faqih66 qu’incarne le vénérable imam et ayatollah suprême Ruhollah Khomeyni (Que son ombre soit éternelle) provoquant la révolution des musulmans et la résurrection de leur gloire. Et sur cette base, nous [le Hezbollah] ne sommes pas au Liban un [simple] parti replié sur lui, ou un cadre politique étroit, mais une [véritable] nation unie aux musulmans

du monde entier par le lien religieux et politique solide qu’est l’Islam dont l’œuvre a été achevée par Allah et par l’intermédiaire de Muhammad (Que la bénédiction d’Allah soit sur lui)[…]. Notre combat est ainsi une obligation religieuse primordiale qui doit être accomplie

dans le cadre d’une vision politique générale sous l’autorité du velayat-e faqih »67 (Feki, 2010, p. 129)

Le Hezbollah se définit alors clairement comme un combattant islamique chiite, politiquement encadré, qui reçoit directement ses ordres de l’État de Khomeiny et défend une vocation internationaliste. En plus, sa lettre ouverte identifie bien ses ennemis,

66C’est un terme qui concerne uniquement les chiites duodécimain et qui signifie la tutelle qu’exerce le Guide suprême de la Révolution islamique sur sa communauté.

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principalement l’Amérique et Israël, qui constituent, selon lui, un danger pour l’islam ou, en d’autres termes, un obstacle à la propagation de l’islam chiite du velayat-e faqih :

« Nous devons combattre le Mal à sa source, et la principale racine du Mal c’est l’Amérique. Toutes leurs tentatives visant à nous inciter [à nous consacrer] à des actes

[terroristes] relativement marginaux par rapport à la confrontation avec l’Amérique n’aboutiront pas. L’imam Khomeiny, notre chef, a assuré à maintes reprises que l’Amérique est la source de tous nos maux et qu’elle est la mère des intrigues. En la combattant, nous

exerçons notre droit légitime de défendre notre islam et la fierté de notre nation. Nous

déclarons clairement et sincèrement que nous sommes une nation qui ne craint qu’Allah et qui n’accepte point d’injustice, d’hostilité ou d’humiliation. L’Amérique et ses alliés de

l’OTAN68 ainsi que l’entité sioniste occupante de la Palestine islamique sacrée nous ont agressés et continuent à nous agresser et à nous humilier en permanence. C’est pourquoi nous sommes en état d’alerte permanente et croissante afin de faire face aux hostilités et

défendre la religion, l’existence et la dignité » (ibid., p. 131).

Il précise que la seule raison de sa création est d’affronter Israël (et ceux qui le soutiennent) qui a exploité les graves divisions internes sur la présence des Palestiniens au Liban pour envahir le pays en 1982 et éliminer les combattants de ces derniers qui ont trouvé refuge au Liban. Devant le silence de l’État libanais et de la communauté mondiale sur les crimes d’Israël contre l’humanité et le soutien de certains partis politiques libanais (les Phalangistes) pour l’État Hébreu, la présence d’une organisation armée comme le « Hezbollah » était, selon lui, indispensable pour protéger le pays :

« Ils ont attaqué notre pays, détruit nos villages, égorgé nos enfants et violé notre intimité. Ils ont incité contre nous des tortionnaires criminels qui ont commis des massacres

atroces contre notre nation, et ils continuent à les soutenir, ces alliés d’Israël qui nous privent de notre droit à l’autodétermination. Leurs bombes étaient larguées sur les nôtres

comme de la pluie durant l’invasion sioniste de notre pays [en 1982] et l’encerclement de

68L’Organisation du traité de l'Atlantique Nord est une force armée politique et militaire dirigée par les pays de l’Occident.

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Beyrouth. Leurs avions bombardaient nuit et jour nos civils enfants et femmes et nos