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Une politique énergétique bien pensée passe aussi par

des solutions de bon sens.

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Un régime de lumière réduit la nuit et le week-end est 43

également observé. Enfin, une sensibilisation de tous à une juste utilisation de l’énergie demeure un chantier quotidien. Affichette dans les locaux, informations dans le journal interne… chacun trouve ses canaux de communication et de persuasion.

Chaque service a son mot à dire : le service informatique veille à mettre à disposition du matériel informatique à faible consommation, l’équipe en cuisine apprend la cuisson à très basse température, le service technique réfléchit à récupérer la chaleur sur les groupes de réfrigération des installations qui fonctionnent en continu pour produire de l’eau chaude sanitaire. Ou tout simplement, les radiateurs sont sup-primés dans les circulations où les portes sont souvent ouvertes, ou les distributeurs d’essuie-mains avec piles sont remplacés par des dispositifs mécaniques.

Du bon sens !

Enfin, le service des achats est sur ce sujet en pre-mière ligne. Il lui incombe de veiller à intégrer le cri-tère de consommation énergétique, voire de réclamer une analyse de cycle de vie des équipements achetés pour une vision plus globale ou simplement pour renseigner le scope 3 du Beges. Réflexion avec les uti-lisateurs, charte et négociation avec les fournisseurs, recherche de solutions et d’innovation avec tous sont au programme.

L’ÉCOCONSTRUCTION DES BÂTIMENTS La conception et la construction d’un nouveau bâti-ment sont les mobâti-ments où les décideurs hospitaliers disposent du plus grand nombre de leviers pour bâtir

La marge d’amélioration des bâtiments est extrêmement prometteuse et leur empreinte carbone forcément à la baisse.

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des ouvrages durables : gestion verte du chantier, exposition adéquate du bâtiment au soleil et aux vents, politique énergétique sur le long terme, utilisation de la lumière du jour, réflexion sur l’acoustique, les matériaux et les flux, isolation astucieuse, intégration de la végétation extérieure dans le projet, etc. L’éco-construction est un axe essentiel d’une démarche de développement durable et une clé pour réduire la consommation énergétique. La marge d’amélioration des bâtiments est extrêmement prometteuse et leur empreinte carbone forcément à la baisse.

Mieux isolés, plus fonctionnels, plus agréables à vivre et plus sains, les bâtiments durables sont rentables.

L’investissement initial, en revanche, est souvent plus élevé. Dépenser plus aujourd’hui pour économiser demain est la formule gagnante de l’écoconstruction hospitalière.

Le CH d’Alès-Cévennes (30), premier hôpital HQE en France a coûté 5 % plus cher qu’un bâtiment clas-sique. « Quand on est appelé à construire un ouvrage voué à durer 40 ans, il y a quelques erreurs initiales que l’on ne peut pas faire », confie François Mourgues, ex-directeur du CH et président du C2DS. « En termes de coût global, il faut savoir investir un petit peu plus pour que cela dure plus longtemps et qu’au final, cela revienne moins cher, et au passage on se retrouve avec un ouvrage de meilleure qualité. »

La Polyclinique de Grande-Synthe (59) a opté pour une extension de ses locaux en bois et des panneaux solaires photovoltaïques. Ossature et bardage en façade, l’extension de 2 500 m2 de l’établissement est tout en bois. Un projet novateur pour accueillir la nouvelle unité de soins de longue durée de 90 lits. Si les conditions d’hébergement ont été particulièrement réfléchies, un autre objectif est clairement affiché : entrer de plain-pied dans une réelle transition énergétique. Les 200 m2 de panneaux photovoltaïques sur les toitures terrasses des nouveaux bâtiments permettent une économie d’énergie annuelle de 220 kWhep par m2. Outre la performance énergétique, le confort à la fois thermique, visuel, acoustique et sanitaire se trouve optimisé. Les bâtiments existants seront quant à eux Une unité de

mesure Le kilowatt/heure d’énergie primaire (kWhep) est une unité

de mesure utilisée lors d’un diagnostic

de performance énergétique. Il prend en compte l’énergie nécessaire

à la production et au transport de l’électricité. 1 kWh final utilisé dans un

bâtiment nécessite 2,58 kWhep (l’énergie

totale nécessaire à sa production et son

transport).

réhabilités aux normes bâtiment basse consomma-tion (BBC). Les travaux de rénovaconsomma-tion portent sur une isolation thermique extérieure, le remplacement des menuiseries, et la réfection des toitures terrasses.

Grande avancée également : les bâtiments seront rac-cordés au réseau de chaleur urbain. In fine, l’économie d’énergie annuelle devrait atteindre 88 tonnes de CO2.

« À l’Hôpital Privé Nord Parisien (HPNP) à Sarcelles (95), le bâtiment principal a bénéficié d’une double peau pour une isolation thermique efficace, les matériaux utili-sés pour les plafonds, sols et murs lors des rénovations sont garantis sans perturbateur endocrinien et sur le toit de l’hôpital des panneaux solaires ont été installés », détaille Rudy Taïb, directeur financier. « Pour ce qui est de la consommation d’électricité, les néons ont été totalement remplacés par les éclairages LED et les interrupteurs sup-primés au profit de détecteurs de présence. Enfin, pour ce qui est de l’eau, des détecteurs de mouvement actionnent les robinets automatiquement et il a été prévu d’enregistrer en temps réel par des capteurs installés directement dans les tuyauteries, la consommation pour détecter toute fuite ou consommation anormale. » Ces mesures ont permis une réduction de 20 % de la consommation d’eau et par ricochet de la facture. Ces choix ont participé en janvier 2020 à l’octroi pour cet établissement du label THQSE®

(Très haute qualité sanitaire, sociale et environnemen-tale), développé par l’agence Primum Non Nocere.

Un hôpital est un lieu de vie

Si les durées de séjour tendent à se réduire dans les établissements, notamment sous l’influence de l’ac-croissement de la chirurgie ambulatoire, le personnel et certains patients y passent une partie importante de leur vie comme les agents et les résidents des établisse-ments médico-sociaux. Ces espaces de vie et de travail sont confinés et directement exposés à la pollution intérieure. Il est donc essentiel d’utiliser des matériaux sains. La qualité de l’air intérieur fait partie prenante de l’écoconstruction d’un bâtiment. En France, un arrêté entré en vigueur le 1er septembre 2013, découlant d’une action prioritaire du premier Plan national santé et environnement (PNSE 2004-2008), a rendu obligatoire

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plus fonctionnels, plus agréables à vivre et plus sains, les bâtiments durables sont rentables.

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l’étiquetage des matériaux de construction. Un bâti-ment agréable à vivre prendra égalebâti-ment en compte la qualité versus pollution visuelle, le confort sonore, les champs électro-magnétiques.

RÉDUIRE LA FACTURE NUMÉRIQUE

Encore dans l’angle mort des établissements de santé, le numérique est bien énergivore. Information sur l’empreinte carbone des outils numériques et de leur utilisation auprès des utilisateurs, achat raisonné et responsable des équipements, recherche des inno-vations sont indispensables.

Depuis le 12 octobre 2020, le parlement débat d’une proposition de loi, rédigée à l’issue de la mission d’information de l’aménagement du territoire et du développement durable, visant à réduire l’empreinte environnementale du secteur informatique. Le

sec-teur de la santé doit participer au proces-sus engagé puisque les ordinateurs et les data