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• Du point de vue du fonctionnement sur le terrain de cette phase de l’étude, la proportion de détenus revus à 1 mois atteint 72% sur l’ensemble des 4 établissements concernés, proportion très proche de celle attendue par le protocole (75%, proportion d’ailleurs atteinte à Lyon et à Marseille), En revanche, la proportion de détenus qui ont pu être revus à 9 mois est inférieure à celle de 30% attendue par le protocole, Ce résultat peut notamment s’expliquer par l’augmentation, entre le moment de la rédaction du protocole (2000) et la mise en place de l’étude sur le terrain (2004), des incarcérations de courtes durées pour des délits impliquant une libération des détenus avant 9 mois,

• Combinée à l’étude de prévalence réalisée sur une population représentative de la population carcérale française, cette étude «primo-incarcérés» apporte des informations sur une population particulière (celle des détenus primo-incarcérés) et offre plusieurs éclairages : - la description de détenus primo-incarcérés lors de leur entrée en détention, en termes de

caractéristiques socio-démographiques, d’antécédents personnels et familiaux, de personnalité et de troubles psychiatriques ;

- la comparaison de ces détenus avec une population carcérale tout-venant (analysée via l’enquête de prévalence), Lors de l’interprétation de ces comparaisons, il faut toutefois garder à l’esprit que le moment de recueil des données est différent dans les deux études : les données ont été recueillies seulement quelques jours après l’entrée en détention pour l’enquête «primo-incarcérés» (ce délai faisait partie des critères d’inclusion), alors que l’entretien a pu être réalisé après des mois, voire quelques années d’incarcération dans l’enquête de prévalence ;

- la description de ces détenus primo-incarcérés au bout d’un mois, puis de neuf mois, d’incarcération, pour ceux qui se trouvent toujours dans le même établissement (situation familiale, vécu de l’incarcération, relations avec les détenus, les codétenus, le personnel pénitentiaire…,) ;

- l’évolution observée entre les trois visites V0, V1 et V9, notamment en termes de troubles psychiatriques, Cependant, compte tenu du faible effectif de détenus revus à 9 mois, les évolutions observées à ce terme sont à interpréter avec beaucoup de prudence, L’évolution des troubles entre V0 et V1, qui porte elle sur plus de 190 personnes, doit plutôt être interprétée en terme de « concordance » de diagnostic,

D e s c r i p t i o n l o r s d e l ’ e n t r é e e n d é t e n t i o n e t c o m p a r a i s o n a v e c u n e p o p u l a t i o n c a r c é r a l e t o u t - v e n a n t ( m a i s o n s d ’ a r r ê t d e l ’ e n q u ê t e d e p r é v a l e n c e ) :

Les détenus primo-incarcérés vus en entretien sont jeunes (30 ans en moyenne contre 35 dans la population masculine des maisons d’arrêt étudiée dans l’enquête de prévalence), La moitié d’entre eux

ont déclaré avoir eu une activité professionnelle pendant au moins 2 ans sur les 5 précédant leur incarcération (7/10 dans l’enquête de prévalence),

52% sont prévenus et 53% sont incarcérés pour atteinte aux biens, Les deux tiers sont incarcérés pour moins de 6 mois, contre 11% dans l’enquête de prévalence, Ces détenus présentent de nombreux et lourds antécédents personnels et familiaux,

Concernant leur état de santé, les trois quarts des détenus s’estiment en bonne ou très bonne santé, même si 3 détenus sur 10 nécessitent un suivi d’un médecin ou un médicament requérant un renouvellement par un médecin, 9% ont déjà été hospitalisés pour raisons psychiatriques, soit deux fois moins souvent que dans l’enquête de prévalence,

84% des détenus présentent au moins un trouble psychiatrique, proportion similaire à celle observée dans l’étude de prévalence, La prévalence de troubles thymiques (51%) est comparable à celle observée dans l’enquête de prévalence (donc auprès d’une population a priori représentative de la population carcérale française, hors DOM), En revanche, celle des troubles anxieux est moindre (53%

contre 58%), ainsi que celle des troubles psychotiques (17% versus 22%),

Par ailleurs, un risque suicidaire est identifié pour 3 détenus sur 10, ce risque étant jugé élevé pour 1 détenu sur 10, Les enquêteurs ont jugé que 10% des détenus étaient gravement malades (15% dans l’enquête de prévalence) et 24% « manifestement malades » (même proportion dans l’autre phase d’étude), Au final, 1 détenu sur 5 a fait l’objet d’une procédure de signalement à l’équipe soignante, contre 1 sur 4 dans l’enquête de prévalence,

P r o f i l d e s d é t e n u s r e v u s à 1 m o i s :

Les détenus revus à 1 mois sont très peu différents des non revus (cette population groupant à la fois des détenus transférés et des libérés), que ce soit au niveau des caractéristiques socio-démographiques, des antécédents personnels, judiciaires et familiaux ou des troubles psychiatriques, Les détenus revus semblent être plus souvent atteints de maladies chroniques que les autres (25%

versus 13%), Ils avaient également plus souvent consulté un psychiatre, un psychologue ou un médecin généraliste pour des motifs d’ordre psychiatrique avant leur incarcération,

S i t u a t i o n a u b o u t d ’ u n m o i s d ’ i n c a r c é r a t i o n e t é v o l u t i o n s r e p é r é e s :

7 détenus sur 10 ont été revus à 1 mois, Les trois quarts déclarent avoir conservé des relations avec leur conjoint depuis leur incarcération (surtout des courriers, visites au parloir pour certains), Plus d’un détenu sur deux se dit inquiet vis à vis des conséquences financières et sociales de son incarcération, pour lui-même et pour sa famille,

45% ont consulté un médecin généraliste ou un spécialiste depuis leur incarcération (en dehors de la visite médicale d’entrée) et 30% un psychiatre, un psychologue ou un infirmier de l’équipe psychologique, Cette dernière prise en charge n’apparaît pas particulièrement ciblée sur un type ou un

niveau de gravité des troubles, même si la plupart des détenus jugés « les plus graves » par les enquêteurs en ont bénéficié (13 sur 17), Ainsi, de nombreux détenus présentant des troubles jugés particulièrement graves ne sont pas pris en charge,

Au total, 16% des détenus revus ont fait l’objet d’un signalement à l’équipe soignante de l’établissement suite à l’entretien,

L’étude montre que différents éléments ont évolué en 1 mois :

• Les relations avec la famille proche se sont dégradées pour certains (14%) et améliorées pour d’autres (14%),

• Si la moitié des détenus estiment que leur état de santé est resté stable, 10% jugent qu’il s’est fortement dégradé et 28% qu’il est moins bon que lors de leur incarcération, Sur ce point, les avis des enquêteurs apparaissent différents puisqu’ils notent une amélioration pour 37% des détenus (échelle CGI) et une dégradation pour 21%,

• Globalement, la proportion de détenus présentant au moins un trouble psychiatrique est un peu plus faible à V1 qu’à V0 (75% versus 84%),

• Par grandes catégories de troubles psychiatriques et pour certains troubles, on observe déjà des évolutions à 1 mois, à la fois en termes de disparition de troubles et d’apparition, Ainsi, les troubles thymiques, et le syndrome dépressif notamment, sont moins fréquents au bout d’un mois, A l’inverse, la prévalence des troubles anxieux apparaît plus élevée (celle de l’anxiété généralisée), La prévalence des troubles psychotiques apparaît globalement stable entre V0 et V1 ; mais cette stabilité cache des évolutions individuelles pour 18% des détenus, avec des proportions équivalentes de détenus concernés par une apparition et une disparition de ces troubles,

• Enfin, on peut remarquer que la prévalence de la schizophrénie chez les détenus interrogés à leur entrée en incarcération est supérieure à celle estimée dans la population générale française (5% versus 3%), D’autre part, après un mois de détention, elle passe à 7% pour les détenus revus, On note que la même prévalence estimée chez les détenus incarcérés en maisons d’arrêt (cf, étude de prévalence) s’élevait à 8%, Les comparaisons entre ces différentes valeurs soulèvent des questions d’interprétation délicates qui devront faire l’objet d’approfondissements ultérieurs,

P r o f i l d e s d é t e n u s r e v u s à 9 m o i s :

A l’entrée en détention, les détenus revus à 9 mois présentaient un profil très proche de celui des détenus non revus à cette échéance, Seul leur profil judiciaire était différent : plus d’infractions sur des personnes et de procédures criminelles, cette situation expliquant la durée de leur détention et leur présence dans l’établissement 9 mois après l’entrée, alors qu’une large majorité des détenus vus à

l’entrée étaient libérés à cette date (84%), Les détenus revus à 9 mois présentent également un peu plus d’antécédents de mise en examen sans détention avant cette première incarcération,

S i t u a t i o n a u b o u t d e 9 m o i s d ’ i n c a r c é r a t i o n e t é v o l u t i o n s r e p é r é e s :

Parmi les 267 détenus inclus dans l’étude, seuls 42 étaient encore dans le même établissement 9 mois après leur incarcération, Parmi eux, 32 détenus ont été revus à 9 mois (4 ont refusé cet entretien et 6 n’ont pu être réalisés pour des problèmes de disponibilité du détenu), Compte tenu de son faible effectif, ce groupe de détenus a fait l’objet d’analyses qualitatives qui doivent être interprétées avec une grande prudence,

Comme au bout d’un mois de détention, les trois quarts des détenus déclarent avoir conservé des relations avec leur conjoint depuis leur incarcération (courriers essentiellement, visites au parloir pour certains) et plus d’un détenu sur deux se dit inquiet vis à vis des conséquences financières et sociales de son incarcération, pour lui-même et pour sa famille, Les détenus concernés estiment que cette inquiétude s’accroît avec le temps,

Depuis leur incarcération, 24 détenus sur 32 ont consulté un médecin généraliste ou un spécialiste (en dehors de la visite médicale d’entrée) ; 14 ont vu un psychiatre, un psychologue ou un infirmier de l’équipe psychologique et 2 ont été hospitalisés (mais aucun dans le service psychiatrique de l’établissement), Au total, 5 détenus ont fait l’objet d’un signalement à l’équipe soignante de l’établissement suite à l’entretien à 9 mois,

Différents éléments semblent avoir évolué en 9 mois :

• Selon les déclarations des détenus, les relations avec la famille proche se seraient dégradées pour certains détenus (6 sur 32) et améliorées pour d’autres (5 sur 32),

• L’état de santé se serait amélioré pour 10 détenus et, à l’inverse, dégradé pour 9 autres, Les avis des enquêteurs apparaissent relativement proches sur ce point puisqu’ils notent une amélioration sur l’échelle CGI pour 13 détenus et une dégradation pour 10 autres,

• Globalement, les détenus sont un peu moins nombreux qu’à l’entrée à présenter au moins un trouble psychiatrique (21 contre 26 à l’entrée),

• Par grandes catégories de troubles psychiatriques et pour certains troubles spécifiques, on observe des évolutions de diagnostics en 9 mois, sans pouvoir définir s’il s’agit d’une évolution de la situation du détenu ou d’un changement de perception des enquêteurs, Les troubles thymiques, et en particulier le syndrome dépressif, sont moins fréquents au bout de neuf mois, Les troubles anxieux et les troubles psychotiques apparaissent globalement stables entre V0 et V9, Mais cette stabilité cache un certain nombre d’évolutions individuelles, Ainsi, parmi les troubles anxieux, les névroses traumatiques ont quasiment toutes disparu et l’agoraphobie est moins fréquente à V9, les autres troubles restant stables, Pour les troubles psychotiques, les nombres de détenus concernés à V0 et à V9 sont globalement stables,

Enquête sur la santé mentale des personnes

détenues primo-incarcérées

( p h a s e 2 d e l’ é tu d e é p id é m io lo g iq u e )

R a p p o rt f in a l - A n n e xe s

* C o m p a r a i s o n d e s r é s u l t a t s o b s e r v é s d a n s l e s q u a t r e é t a b l i s s e m e n t s

* E v o l u t i o n d e s t r o u b l e s p s y c h i a t r i q u e s à 9 m o i s

Décemb re 2005

1 Comparaison des résultats observés dans les 4