n'estjamais nettoyé. Ses parois, son fond sont sales, couverts
de germes innombrables provenant du lait
altéré
oude
l'extérieur.
» Dès qu'on le présente au veau, le lait a perdu, enoutre de
ses qualités de pureté, une partie de sa température de
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à 39°, si favorable à la digestion, si agréable à la déglutition.
» Au lieu de prendre son repas à petits coups, c'est par ondées volumineuses que le lait se dirige, non insalivé, vers
l'appareil digestif; c'est une noyade qu'éprouve l'estomac si
frêle du jeune animal, d'où des indigestions de la caillette et
de l'intestin, des congestionset des inflammations de l'appareil digestif, lesquelles sont d'autant plus graves que le lait qui en est causeest moins pur et plus infecté de germes nombreux.
» Le jeuneveau lui-même, par samanière de boire, aggrave le mal.
»Toutesces infractionsauxloisphysiologiquess'escomptent
pour l'élevage par desmaladies etparfois de la mortalité. »
Les inconvénients du baquet sont atténués par une rigou¬
reusepropreté, onle conçoit, difficile à obtenir.
L'emploi du biberon pourl'allaitement artificiel des animaux domestiques ne remonte pas à plus de dix ans et l'introduc¬
tion de cet appareil dans la pratique de l'élevage constitueun véritableprogrès.
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Le biberon de M. Massonnat, de Nérondes (Cher), paraît
avoir la faveur des éleveurs.
Il se compose essentiellement d'un vase en porcelaine très forte, en fer émaillé ou en fer étamé. Ce récipient estmuni à
sa partie supérieure d'une ouverture large fermée par un oper¬
cule, à sa partie inférieure d'un goulot sur lequel s'engaine
une tetine en caoutchouc très épais.
L'appareil peut être tenu à la main et présenté ainsi au
jeune animal. Ou bien il est fixé sur un bâti de boisqu'onpeut
accrocher au mur(biberon mural).
La tetine porte à son extrémité libre une incision cruciale
dont les lèvresnes'écartent quesousl'effort de succion duveau.
Après chaque repas, le récipient est retiré de son support, désinfectéetmaintenu dans l'eaupure ou additionnée de bicar¬
bonate de soudejusqu'à la buvée suivante. La tetine est aussi soigneusement rincée.
Le biberon a sur le baquet et le seaudes avantages incon¬
testables :
Nettoyage complet rendu possible;
Régularité de la succion;
Distribution mesurée etéconomique du liquide; Facilité du sevrage.
Le baquet ou le seau, le biberon dans les étables mieux tenues, servent doncde récipient à du lait préalablement trait.
Ce laitprovient d'une ou deplusieurs vaches,ordinairement
de la mère même du veau qu'on allaite.
Les éleveurs s'appliquent, du moins dans les premiers temps de l'allaitement, à donner ce breuvage immédiatement après la traite, et avant qu'il soit refroidi.
La quantité de lait qu'il convientde donner aujeune animal n'est pasabsolue ; elle est exactement mesurée à son appétit.
Leveau doit boire deux, ou mieux trois fois dans la journée;
ilest mêmenécessairependant lasemainequi suit la naissance
de présenter le biberon au nourrisson cinq fois par jour.
Abstraction faite des inconvénientsque nous avonsreconnus
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à l'usage du baquet et de ceux qui résultent de la
malpropreté
desbiberons, l'alimentation au lait pur distribué en quantité
suffisante et pendant une période assez prolongée donne des
résultats excellents.
Les veaux élevés dans ces conditions ne diffèrent pas des
animaux dela même espèce nourris par leur mère, etceuxqui
sont sacrifiés de bonne heure pour la boucherie « tombent
blancs à Vabattoir».
« Leur chair estblanche, tendre, savoureuse et leur graisse
est excellente à manger.» (Delafond, cité par M. G. Baillet.)
Ce qui vient d'être dit s'applique surtout aux animaux
destinés à laboucherie ou à l'élevage; mais voici, décrite par
son auteur, la méthode suivie par M. Grollier-Dehaynin, qui
élève des veaux de la race Durham pour en faire plus tard des reproducteurs.
A dessein, nousla reproduisons intégralement,parce qu'elle
résume les précautions auxquelles les éleveurs s'astreignent
dans lapratique de l'élevage artificiel.
Élevage
artificiel des veaux d'élite au lait non écrémé. — Lait seuljusqu'à trois mois, puis additionné deriz etde grainede lin.
«Dès que le veau est né, on le porte devant sa mère, qui le
lèche pour sécher sonpoil; pendantcetemps, ontrait la mère,
et après avoir mis ce premier lait dans le biberon, tenu à la main, on le présente au veau : il prend alors sans difficulté la
tetine encaoutchouc et commence à teter.
» Lorsque le veau est bien séché, on le retire à la mère (qui se préoccupe fort peu, généralement, de cet enlèvement)
et onl'installe dans le box où il doit être élevé en lui laissant la liberté la plus entière jusqu'à l'époque de son sevrage.
» Pendant les premières vingt-quatre heures, on trait la
mère cinq ou six fois et on fait boire le lait aussitôt trait, toujours en tenantla bouteille à la main, le veau n'étant pas
assezfort pour allertrouver l'appareil mural.
» Dès le deuxièmejour, onl'habitue doucement à aller teter
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-seul, et bientôt onn'a plus qu'àouvrir saporte à l'heure du
repas. A partir de cejour, on règle lesrepas: le premier à six
heures du matin, le deuxième vers midi, et le troisième vers six heures du soir.
» 11 faut traire la vache chaque fois, afin de donner toujours
le lait àsa température naturelle.
» L'appétit du petit animal augmente rapidement; il n'est
pas rare de voir unveau prendre, par repas, quatre litres de laitj au bout de trois ou quatre jours, parfois même on est obligé de modérer l'appétit de quelques-uns ; mais en général
il faut que le veautette à soncontent, etil doit toujours y avoir
un peu plus de lait qu'il n'est nécessaire dans le biberon pendant les premiers jours.
» On continue durant toute la première semaine à donner le
lait de la mère, lespropriétésrafraîchissantes de ce lait étant
nécessaires au nouveau-né.
» Au bout de ce temps, leveau suit le régime de ses aînés :
on le mène au pré, il y reste nuit et jour et rentre seulement à
l'étable pourteter son biberon trois fois par jour, aux heures
dites plushaut. •
» Pendant la préparation des biberons, les veaux sont tous réunis dans unegrande box dontles râteliers doiventtoujours
être garnis de luzerne fraîche oude bon foin renouvelés deux
fois parjour. . . . .
)) Lacrèche reçoit des auges dans lesquelles on met un peu de farine d'orge mélangée de son.
» Les veaux, depuis leur naissance jusqu'à trois mois, ne tettent que du lait pur, non écrémé; ils ont chacun six litres par repas, soit dix-huit litres par jour, jamais plus, quel que soitleur appétit.
» Il est important, lorsqu'on a un certain nombre de vaches à traire, de ne pas attendre que la traite soit entièrement terminée pour commencer le repas, le lait ne devant pas refroidir.
» Aubout de huit à dix jours, suivant la qualité du lait, il n'y a pas d'inconvénient à mélanger ensemble celui de
plu-— 26 —
sieurs mères: cela a même le grand avantage de compenser les qualités différentes des laits.
» Vers lafin du troisième mois, lelait est additionné d'une
certaine quantité de riz; on commence par unlitre de lait cuit
que l'on substitue à une égale quantité de lait supprimé, ceci
à chacun des troisrepas ; puis on augmente petit à petit l'ad¬
dition de riz et, au bout de huit jours, on ajoute de la graine
de lin mélangée par moitiéauriz et cuite aveclui.
» Vers la fin d'octobre, on réduit à deux parjour le nombre
des repas, un le matin, un le soir; les jours étant plus courts,
on netraitplus les vaches quedeux fois et lesveauxprennent
aupacage une nourriture assez substantielle pour ne pas souf¬
frir de cette diminution du breuvage.
» Les veaux, qui ne naissentpour la plupart qu'à partir du
1ermai, ont généralement de cinq à cinq mois et demi vers cetteépoque.
» La proportion du mélange dans le biberon a augmenté progressivement, et on donne alors dans chaque repas à peu
près quatre litres, composés de riz, de lin, de farine d'orge et
deux litresdelait.Cesproportionsnedoivent plusêtrechangées.
» A six mois et demi, on sèvre complètement les veaux de
leurbiberon. »
Les résultats brillants obtenus par ce mode d'élevage ne
sontpas pour nous surprendre; les jeunes animaux ont reçu,
en effet, pendant la période correspondante à' l'allaitement
maternel :
1° Le colostrum; *
2° Une alimentation rationnelleimmédiatement en rapport
avecleursbesoins, comme:
Quantité: volume ou poids.
Qualité: composition chimique, propreté, température.
Quatrième mode : Le veau est nourri au baquet, seau ou biberonavec du lait écrémé qu'on complètepar l'addition de
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-farineux ou de matières grasses.—L'écrémage du lait ne
prive ce liquide que de la majeure partie de samatière grasse,
lui laissantson albumine, ses sucresetses éléments minéraux.
C'est pour mener de pair l'industrie du beurre et la produc¬
tion des jeunes quel'on a songé à transformer la crème et à la remplacer dans le lait pour la nourriture des élèves.
Les substances sontnombreuses qui ontété employées dans
ce but. Nous empruntons à l'ouvrage de M. Boutin, agricul¬
teur des Deux-Sèvres, la liste de plusieurs méthodes qui ont fait leurspreuves.
Première méthode: Lait écrémé additionné de farine de
viande. — La farine de viande est le résidu de la fabrique des
extraits Liebig desséché et pulvérisé. C'est un aliment extrê¬
mement riche en azote, puisque 600 grammes suffisent pour
remplacerla totalité de la graisse de 10 litres de lait.
Son addition ne modifie pas la réaction des urines, norma¬
lement acide pendant le régime lacté. M. Gouin, un agricul¬
teur distingué de la Loire-Inférieure, qui a expérimenté ce mode d'élevage, écrit dans leJournal d'Agriculture pratique:
« Quelque régime que l'on adopte, le veau, pendant les dix premiers joursaumoins, ne seranourriquedu lait desamère.
» Si l'animal est bien venant, on substituera alors chaque jour à 5 litres de lait naturel 5 litres de lait écrémé avec
250 grammes de farine de viande. Le lait écrémé sera donné à latempérature du lait sortant du pis de lavache. Cette nourri¬
ture étant facilement acceptée et digérée, chaque semaine on
augmentera la quantité de lait écrémé de 2 à 3 litres et la
quantité correspondante de farine de viande de 100 à 150 grammes.
» Le moment ne tardera pas à arriver ainsi où le laitnaturel
se trouvera totalement supprimé ; toutefois, si l'on vise à produire de très beaux animaux, il sera préférable de conti¬
nuer à leur faire avaler tous les jours quelques litres de lait à la fin des repas.... »
Dans un autre article du même journal l'auteur affirme que
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