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Place du médecin généraliste dans la prise en charge des difficultés sexuelles masculines

3 ème partie

A. Place du médecin généraliste dans la prise en charge des difficultés sexuelles masculines

1. Interlocuteur médical privilégié.

En interrogeant les patients, nous avons pu nous apercevoir qu’un seul patient n’en parlerait à personne et donc également à aucun médecin, spécialiste comme généraliste.

Parmi les autres patients, le médecin généraliste est le premier confident médical en cas de difficultés sexuelles dans 60% des cas. En effet, pour neuf des quinze patients de l’enquête, le médecin généraliste serait le médecin consulté prioritairement.

Citons ainsi Mr H.A, 35 ans pour qui la réponse à la question : « Préféreriez-vous en parler à

votre médecin traitant ou à un autre médecin ? » ne fait pas de doute : « Non, au médecin traitant. » ou Mr R.R, 62 ans : qui répond à la question : « En cas de question de sexualité ou de petites pannes, à qui vous adresseriez vous ? » par « Déjà mon amie, je pense. Et puis après le médecin traitant bien sûr. »

Par contre, pour quatre des hommes de ce sondage, il semble plus naturel de consulter un spécialiste, un sexologue pour trois d’entre eux et un urologue pour un seul d’entre eux.

Par exemple, la réponse de Mr F.S, 31 ans, à la question : « Dans le coté médical, j’ai cru

comprendre que vous vous dirigeriez plutôt vers un sexologue en première intention que vers votre médecin généraliste ? » est « Euh, oui. Oui c’est ce que je pense. » ou citons Mr F.M, 67 ans « Enfin, je sais que si vraiment j’ai un problème, j’irai voir un sexologue. Et puis c’est tout. »

Un des patients, ne peut se prononcer. En effet, il hésite entre la facilité qu’apporte le fait de connaitre son médecin généraliste et son probable manque de compétences dans ce domaine. Il n’arrive donc pas à se décider entre son médecin généraliste ou un sexologue comme premier interlocuteur médical.

Si l’on se penche sur les patients s’orientant spontanément vers un médecin généraliste, il est intéressant de noter que pour deux d’entre eux, ce médecin ne serait pas leur médecin généraliste. Cela représente 2/9 des patients qui consulteraient un médecin généraliste. Ainsi, pour Mr L.J, 66 ans, « Oui voilà. Mais quand c’est traitant, on le voit donc c’est mon médecin. On préfèrerait voir un autre médecin peut être. » Nous lui avons demandé quelques précisions : « Vous seriez plus à l’aise avec un médecin que vous ne connaissez pas ? » auxquelles il a répondu : « Un homme comme ça, oui. » Pour Mr O.E, 74 ans, le problème vient également de la gêne qu’il ressent face à son propre médecin : « Parce que le médecin que l’on a actuellement, c’est un homme d’un certain âge aussi et qui impose un peu quoi. » Ensuite, parmi les patients souhaitant consulter prioritairement un médecin généraliste pour ce motif, il faut signaler que 5/9 vont le solliciter afin d’être orienté vers un spécialiste. Parmi ces cinq patients souhaitant voir un spécialiste, 2 citent le sexologue, 2 autres l’urologue et un ne se prononce pas, avouant ne pas connaitre le spécialiste compétent dans ce domaine. Ainsi, nous pouvons citer Mr B.C, 68 ans « J’irai consulter. Je demanderai à mon médecin traitant qui faut aller voir. » ou Mr R.R, 62 ans : « Ben, ils sont en médecine générale, donc ça veut dire ce que ça veut dire. Donc je pense que peut être, aller voir un spécialiste, il serait plus compétent. » ou encore Mr G. JM, 54 ans : « Mais autrement, je verrai mon médecin quand même. Ou un spécialiste hein. Je pense qu’il m’orienterait quand même. »

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2. Influence du genre et de l’âge du médecin.

La très grande majorité des patients interrogés ne prêtent pas attention au genre ou à l’âge du médecin, celui-ci est vu comme un médecin et non comme un homme ou une femme.

Parmi les patients considérant le médecin comme un professionnel « asexué et sans âge »,

nous pouvons citer les dires de Mr S.L 32 ans : « En fait, moi ça ne me pose pas de problème,

donc n’importe. » ou Mr R.R 62 ans : « Non, du tout. C’est un médecin. Bon, on ne fait pas trop la différence. Ils ont leur compétence. » ou Mr D.M 62 ans : « Ah ben pas pour moi, non. Un médecin, c’est un médecin. »

Détaillons ces réponses. Concernant l’âge du médecin, 12 des patients interrogés, soit 12/15 de ceux-ci, considèrent que l’âge du médecin ne change rien quand à leur facilité à discuter de ce sujet.

Parmi les 3 autres, un seul, Mr F.S, 31 ans, se sentirait plus gêné face à un médecin de moins de 50 ans. Ainsi, il déclare : « Oui. Ben je dirais que je ferais plus confiance à un homme d’une cinquantaine d’année. Plus jeune, je serais moins à l’aise.»

A l’inverse, les 2 autres se sentent intimidés face à un médecin assez âgé.

Ainsi, pour Mr F.M, 67 ans « Un jeune, peut être qu’il serait plus à même d’en discuter, je ne sais pas. ». Pour Mr O.E, 74 ans, ne souhaite pas en parler à son médecin actuel car « Parce que le médecin que l’on a actuellement, c’est un homme d’un certain âge aussi et qui impose un peu quoi. » et il explique «Quelqu’un de plus jeune, c’est certain, ce ne serait pas pareil parce que bon ben c’est dans l’air du temps presque. » et « Non, quand même, les médecins jeunes, j’en ai eu avant. C’est vrai, ils sont beaucoup plus ouverts. On discute, presque comme des amis quoi, avec des médecins de maintenant, de médecins actuels. Alors que les anciens médecins, le médecin c’était comme le bon Dieu. Quand il arrivait chez vous, fallait faire le grand jeu dans tous les domaines. »

Concernant le genre du médecin, onze patients, soit 11/15, n’apportent aucune préférence quand au genre du médecin.

Quatre patients ont une préférence quant au genre du médecin avec lequel discuter de ce sujet. Parmi ceux-ci, un seul, soit 1/15 des personnes interrogées se sentirait plus à l’aise face à un médecin femme, mais sans grande conviction. Ainsi, Mr J.L 50 ans se demande : « Peut être plus facile envers une femme. Peut être. »

Les trois autres, soit 1/5 d’entre eux, avouent être plus à l’aise face à un médecin du même genre qu’eux. Ainsi, Mr F.S, 31 ans, avoue une préférence discrète : « Homme. Bien qu’en sachant que la femme serait peut être plus fine dans l’écoute ». A la question «Vous seriez plus à l’aise avec un médecin que vous ne connaissez pas ? » Mr L.J, 66 ans, répond spontanément « Un homme comme ça, oui. ». Enfin, pour Mr O.E, 74 ans, discuter de ce sujet à une femme, même s’il s’agit avant tout d’un médecin, ne semble pas envisageable : « Mais, pour une femme, non, cela ne me viendrait jamais à l’idée de parler de cela à une femme. »

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3. Interprétation des compétences du médecin généraliste.

Les patients ont un avis très partagé concernant la formation du médecin généraliste pour la prise en charge des difficultés sexuelles masculines.

Plusieurs patients considèrent le médecin généraliste comme un professionnel compétent mais ne connaissant que les généralités dans la majorité des pathologies et les patients préfèrent donc être orientés vers les spécialistes pour des domaines plus précis. Ainsi, sept des quinze patients considèrent que le médecin traitant n’est pas ou que partiellement compétent dans ce domaine. Ils supposent que leur médecin les orientera vers un spécialiste pour pouvoir explorer le problème de façon approfondie.

Citons ainsi Mr J.L 50 ans : « Dans les généralités, il peut être bon, mais dans quelque chose

d’assez pointu peut être qu’il ne sera pas aussi bon qu’un spécialiste. » ou Mr R.R 62 ans : « Ben, ils sont en médecine générale, donc ça veut dire ce que ça veut dire. Donc je pense que peut être, aller voir un spécialiste, il serait plus compétent. » ou encore Mr G.JM 54 ans : « Ben, compétent, non, c’est un généraliste. Bon, généraliste, je ne dis pas que c’est un mauvais médecin, au contraire, je ne me plains pas. Mais je pense que j’en parlerai avec lui pour qu’il m’oriente vers quelqu’un de compétent en la matière quoi. »

Nous pouvons également illustrer ceci par les propos de Mr A.M 58 ans : « Euh…je ne pense pas. Je pense que ce serait plus des expériences personnelles ou…je ne sais pas si ça fait partie des études. (…) Je pense que si elle ne sait pas, elle m’orienterait vers un spécialiste comme pour le reste. »

Un d’entre eux, Mr D.M 66 ans, a déduit la compétence limitée de son médecin de son expérience personnelle : « Je ne pense pas. Je ne pense pas. Parce que moi il m’a fait voir par l’urologue, il m’a redirigé vers l’urologue. »

Six des quinze patients supposent que le médecin généraliste est compétent pour prendre en charge leurs difficultés sexuelles. Donc pour 2/5 des hommes interrogés, la sexualité et ses difficultés fait partie des aptitudes du médecin.

Ainsi, pour Mr L.J, 66 ans : « Je peux penser parce qu’il est assez âgé. Donc, plus proche de la retraite, donc je pense…quoi je ne sais pas…la jeunesse est mieux formée aussi certainement aussi donc… »

Mr C.S, 58 ans pousse sa réflexion plus loin: « Je pense que oui. Je pense que oui. Disons que je mets du temps parfois à choisir. A chaque fois que j’ai eu à changer de lieu de …à me déplacer, j’ai du choisir mon médecin traitant. (…). Le généraliste, ben pourquoi ? Parce qu’il a une formation générale. Et il est passé par toutes les étapes. S’il est généraliste, c’est qu’il est capable de gérer n’importe quelles situations entre guillemets. Il est capable de détecter, même si après il va orienter vers un spécialiste, le généraliste, c’est le meilleur parce que c’est lui qui fait les diagnostics, c’est lui qui va orienter si besoin. Donc c’est lui qui doit être le meilleur. »

Deux hommes sur les 15 de notre échantillon n’ont absolument pas su se prononcer sur cette question.

Ainsi, Mr F.M 67 ans avoue: « Je ne sais pas. Alors là, je ne veux pas prendre position là-dessus. Je me trompe peut être vraiment beaucoup mais je n’en sais rien. » et Mr O.E 74 ans : « Ah ça je ne sais pas. Je ne peux pas vous dire. Je n’en ai pas la moindre idée. »

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