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De la Place du Centenaire à la Tour : commémoration et commercialisation d’un espace

Inaugurée le 4 décembre 2008 pour célébrer la centième saison de l’équipe (et ses 99 ans), la Place du Centenaire se voulait « un véritable musée à ciel ouvert où l’histoire du Tricolore est inscrite à jamais dans la pierre » (Magazine de la Place du centenaire, 2008). Quatre bronzes à l’effigie de grandes « légendes » du club ont été érigés64, 20 000 briques personnalisées ont été posées au sol et

plusieurs plaques commémoratives décrivant les grands moments de l’équipe (les 24 coupes Stanley de l’équipe et les quinze grands joueurs dont les chandails ont été retirés au cours des années) ont

64 Il s’agit des statues de Howie Morenz, de Maurice Richard, de Jean Béliveau et de Guy Lafleur. Ces joueurs

127 été accrochées aux murs encadrant la place. C’est ainsi que de façon adjacente au Centre Bell, la Place du Centenaire sied à l'entrée de la boutique du club, rénovée et agrandie récemment.

Figure 17: Image promotionnelle de la Place du Centenaire dont la version finale était prévue au départ en 2009

Source : http://briques.centrebell.ca/briques (n.d.)

Selon le magazine qui y fut consacré (Magazine de la Place du centenaire, 2008), la Place était un projet mûri depuis 2006, dès les premières réflexions de la direction quant aux façons de marquer le centenaire de l’équipe. Selon Ray Lalonde, à l’époque vice-président marketing et ventes du Club de hockey Canadien et principal « chef-d’orchestre » des festivités entourant le centenaire, l’organisation s’est inspirée de ce qui se fait en matière de place publique adjacente aux amphithéâtres sportifs, notamment aux États-Unis, où la pratique d’inscription du nom et des encouragements des fans dans la brique constituant le parvis du centre sportif est supposément courante (Ibid, p.8).

En faisant mémoire à l’extérieur du Centre Bell, le Canadien s’est donc installé encore un peu plus dans la ville. En construisant la Place du Centenaire et la Tour des Canadiens, le Canadien s’est déployé hors glace, par l‘édification de monuments commémoratifs. La présente section interroge 1) comment les pratiques de commémoration par lesquelles la Place du Centenaire (plus particulièrement) et la Tour des Canadiens se sont constituées sont modulées par les logiques spectaculaires et commerciales du sport professionnel et 2) comment les composantes « publiques » d’un espace se retrouvent redéfinies par la monumentalisation du Canadien. Inspirée par l’analyse

128 des mémoriels (et de la memorial mania) d’Erika Doss (2010), cette section questionne les effets de cette monumentalisation particulière et les enjeux qu’implique faire mémoire en public, à l’échelle d’une ville.

Des mémoriels qui monumentalisent

Au sein de la littérature sur la mémoire, l’usage du terme « mémoriel » (memorial) côtoie et s’interchange fréquemment avec celui de « monument » pour décrire le « bâti » installé publiquement à des fins de commémoration. Ce « bâti », qu’il soit qualifié de mémoriel ou monument, a évolué, autant dans les formes par lesquelles il se manifeste que dans les pratiques de commémoration qu’il suggère. Comme le précise Doss (2010), l’usage du terme « monument » était plus fréquent au tournant du XXe siècle pour caractériser l’édification de statues et autres « bâtis » (arcs, fontaines, stèles, etc.) mis en place par l’état afin de favoriser l’unité nationale naissante. L’émergence du terme « mémoriel » dans les années 70 a par la suite permis d’intégrer au sein de ce type de médias de mémoire ceux qui prenaient une forme beaucoup plus artistique, en étant beaucoup plus de l’ordre de la sculpture abstraite que de la statue représentative. Comment alors l’usage et l’évolution des médias par lesquels se réalise la commémoration interpellent-ils différentes façons de la pratiquer et de prendre place spatialement? Il s’agit ici de décloisonner les façons d’appréhender la commémoration par un bâti, en discutant, à l’aulne de la Place du Centenaire et de la Tour, comment la pratique de commémoration y est renégociée et modifiée.

Un des points importants des transformations qu’a entraînée l’arrivée du mémoriel a été d’inscrire des enjeux civiques (autres que nationaux) au cœur de la pratique de commémoration. Ce passage vers le « mémoriel » a influencé non seulement la forme matérialisée du média de mémoire, mais également l’objet de ce qui mérite d’être publiquement commémoré. Par conséquent, cette ouverture a permis d’accorder un statut de commémoration à (voire de se distinguer de) celles des plus communément pratiquées, comme celles vouées à la célébration des grands «hommes » de la nation :

129 « in 1973, architect James Wines announced, « The age of monuments […] is finished and most attempts to perpetuate the tradition are pretentious and extraneous no matter are well conceived [….] Such a declaration, of course, greatly exaggereated and failed to recognize a major shift in American commemorative practices from the monument to the memorial, from « official » national narrative to the subjective symbolic expressions of multiple American publics » (Ibid, p.43)

Par l’entremise des mémoriels, les victimes d’agression, les figures culturelles marquantes, les héros sportifs, les événements particuliers, etc. ont désormais la possibilité de s’incarner, au même titre que les monuments dédiés aux personnages politiques, au sein du territoire. L’émergence du qualificatif mémoriel advient donc conjointement avec une certaine forme de démocratisation de la commémoration généralement réservée aux gens de l’État. Néanmoins, malgré ses transformations, le mémoriel continue d’être un média de mémoire par lequel un hommage public est rendu, de même qu’il demeure très souvent la représentation d’une cause politique, comme le monument pouvait l’être. Comme Doss (2010) le souligne, l’association des mémoriels publics aux enjeux politiques est depuis longtemps considérée évidente dans la littérature comme dans le discours public. Que ce soit pour souligner les victoires héroïques de soldats ou pour présenter la grandeur des personnages historiques (présidents, gouverneurs, etc.) (Hobsbawm et Ranger, 1983; Doss, 2009) ou des figures de luttes sociales (travailleurs solidaires, esclaves libérés, etc.), les mémoriels illustrent très souvent des personnages et événements historiques (entendre politiques).

À la lumière des archives collectées à propos des pratiques de mémoire initiées par l’organisation du Canadien, la commémoration advenue par le biais de la Place du centenaire s’est effectuée sans référence explicite à la nation (ou du moins, en ne la mettant pas en premier plan) ou à un grand événement historique bouleversant le quotidien des gens. Au sein des discours proclamés ou des représentations produites, aucune mention n’est faite à l’histoire du Canada, ni à celle du Québec. Les monuments qui y prennent place ne mobilisent donc pas les mêmes formes de reconnaissance collective, qu’elles soient de l’ordre d’une histoire nationale ou de celle réclamée par des groupes sociaux marginalisés. La Place du centenaire me semble par conséquent contribuer à redéfinir les dimensions politiques de la pratique de commémoration. En analysant celles constituées par l’organisation du Canadien, le but n’est pas de proposer une dépolitisation de la commémoration, mais au contraire, de mettre en évidence de nouvelles formes, manières et lieux de politisation de ce

130 faire mémoire, qui se réalisent ainsi sans la représentation d’une cause ou d’un peuple. Car comme le souligne Doss, la commémoration, même celle qui advient par le biais des mémoriels les plus abstraits et contemplatifs, a toujours un effet de « place-bound identity » (Ibid, p.31), et c’est notamment à partir de cet effet, générateur de collectivités, que j’interrogerai ses dimensions politiques. Dé-nationalisée (ou du moins, n’étant pas automatiquement étiquetée comme « nationale »), la pratique de commémoration n’est pas moins dépourvue d’affect suscitant l’appartenance collective. Et la manière dont elle est expérimentée n’est pas moins sans effets.

Dans l’exemple de la Place, les médias de mémoire par lesquels elle s’est constituée résonnent particulièrement avec ceux que Doss (2010) qualifiaient de statue mania du début du siècle dernier. La forme classique des quatre statues siégeant sur la place reproduisait avec exactitude les traits des joueurs afin de pouvoir bien les identifier et de représenter la fougue qui les animait, tout en suggérant leur grandeur et leur excellence :

Les quatre bronzes des grandes légendes du Tricolore sont des représentations des joueurs en pleine action, ce qui est plutôt rare pour des statues de la sorte. «Nous sommes vraiment fiers de ce que l’artiste [Marc André] Fortier a fait. L’impression de mouvement et de vitesse des joueurs est très réelle. On dirait vraiment qu’ils vont patiner jusqu’à l’extérieur de la place», a lancé M. Boivin [président de l’équipe à l’époque], arborant un large sourire. (Fragiadakis, 2008)

La Place ne met donc pas en scène une représentation abstraite de l’attachement à l’équipe qui se matérialiserait à travers une architecture formaliste, expérientielle et « évocative » comme les plus récents mémoriels produits65. On cherche, comme le soulignait M. Boivin, à traduire la réalité des

scènes de hockey et à exposer la reconnaissance de l’apport personnel de certains joueurs. La reconstitution précise des traits s’inscrivant dans de nobles matériaux, tel le bronze, constituait le défi pour le sculpteur Marc André Fortier, comme le rappelait aussi M. Boivin. En étant vue comme « musée extérieur », la Place, avec ses monuments, devait renseigner, exactement, les spectateurs. L’amphithéâtre sportif (du moins celui siégeant en sol « américain » duquel s’en est inspirée l’organisation de l’équipe) n’est donc pas un lieu de concours de design et d’avant-garde artistique comme l’ont pu l’être les mémoriels à partir des années 70; au contraire, dans cette Place sont

65 Je pense notamment à ceux consacrés à la commémoration d’événements traumatiques comme le mémoriel

131 réarticulées des manières de faire déjà existantes66, circulant à la fois dans le musée et dans

l’industrie du sport professionnel, mais également dans une esthétique de la culture de commémoration héritée d’une statue mania qui ne date pas d’hier.

Figure 18: L’ancien joueur Jean Béliveau devant sa statue sur la Place du Centenaire

Source : Roy (2011)

Si je reconnais bien entendu l’existence du tournant actuel vers une commémoration beaucoup plus subjective67, dont l’interprétation personnelle et la performance individuelle au sein du lieu sont

prédominantes, il me semble que les manières dont le Canadien s’installe sur la Place réitèrent en partie des façons conventionnelles de monumentaliser et que la voix de l’organisation du Canadien de même que sa signature sont prédominantes.

66Si plusieurs concours sont lancés publiquement par l’équipe, aucun ne concerne le design des lieux et de leurs

produits en vente. Et si, au cours des dernières années, la Ville de Montréal a lancé plusieurs concours d’architecture pour reconstruire les places et les bâtiments du Centre-Ville (et particulièrement du Quartier des spectacles qui a représenté un projet de revitalisation urbaine considérable (Bélanger, 2005)), le Canadien n’emboîte pas cette tendance. De façon générale, les récentes productions culturelles auxquelles le Canadien est associé, comme le film Pour toujours les Canadiens (Archambault,2009) ou le spectacle de l’OSM (2008) s’inscrivent dans des formes artistiques « mainstream » voire consensuelles. À part l’artiste Serge Lemoyne (Dryden, 1975) et les quelques déclinaisons de son œuvre (Hommage à Lemoyne, All’s Good Crew, 2012, par exemple), on n’essaie souvent que de dépeindre la joie associée à la pratique du hockey.

67 Cette attention fera l’objet d’ailleurs d’une dimension analytique importante au cours de la prochaine

132 Mais la Place du Centenaire ne se réduit pas qu’aux statues de bronze qui la composent; ces marques de reconnaissance prestigieuses de la part de l’équipe côtoient également des mémoriels commercialisés que sont les briques vendues aux fans, au sein desquelles ils peuvent inscrire leur nom et un message personnalisé. Cette juxtaposition de différents médias de mémoire témoigne ainsi du fait que, comme le propose Doss (2010), malgré leurs formes matérielles distinctives et leur évolution respective, les mémoriels plus contemporains et les monuments « traditionnels » matérialisent tous au sein d’un lieu des effets similaires, soit ceux de communiquer les enjeux, les préoccupations sociales et l’affect d’un moment:

Memorials of all kinds – […] – are flourishing in America today. Their omnipresence can be explained by what I call memorial mania : an obsession with issues of memory and history and an urgent desire to express and claim those issues in visibility public context » […] If wildly divergent in terms of subject and style, contemporary American memorials are typified by adamant assertions of citizen rights and persistent demands for representation and respect. […] memorial mania is especially shaped by the affective conditions of public life in America today. (Ibid, p.2)

En s’établissant publiquement par le biais de statues, de plaques commémoratives et de briques personnalisées, le Canadien de Montréal rejoint ainsi cette « manie », cette tendance popularisée à ériger un mémoriel public pour exprimer une forme de reconnaissance individuelle (celle du fan ou du héros sportif), qui s’acquiert par une visibilité dans l’espace. Car au cœur de la Place du Centenaire, dans les briques qui pavent son sol, peut se manifester un geste de reconnaissance d’un passé de hockeyeur, mais également celui d’une entreprise qui remercie les services d’un employé apprécié :

Afin de ne pas passer sous silence la contribution du numéro 17 dans l'uniforme des Glorieux, cette année, le Canadien de Montréal célèbre ses 100 ans d'histoire. Au cours de ce centenaire, quelques hockeyeurs de la Mauricie ont porté les couleurs du Tricolore dont le Trifluvien Jean-Guy Talbot. La compagnie de télécommunications Captel lui a remis un certificat de reconnaissance attestant qu'une brique personnalisée parmi les Légendes aura sa place à la «Place du Centenaire» près du Centre Bell à Montréal. (Sylvestre, 2008)

La monumentalisation du Canadien devient ainsi une façon de remercier quelqu’un ̶ qu’il soit célèbre ou non. Et ce, en le stabilisant dans le sol, pour que tout le monde le voit, sans nécessairement que

133 l’organisation du Canadien l’ait planifié, bien qu’elle en ait tout de même déterminé certaines conditions de possibilité.

Au sein de la littérature, le mémoriel revêt plusieurs formes matérielles, allant de la statue à la sculpture en passant par la pierre tombale. L’analyse des commémorations englobe depuis la dernière décennie des hommages posthumes qui adviennent en ligne, notamment sur Facebook. Même si celle du Canadien intègre peu d’hommages posthumes, ces nouvelles formes de commémoration en ligne sont néanmoins pertinentes pour interroger les caractéristiques singulières de la commémoration et ses transformations, qui s’actualisent au sein de celles du Canadien et qui perdurent en dépit des formes qu’elle prend et des médias de mémoire qui la constituent au fil du temps. Bien qu’ils n’évoquent pas la même matérialité que les statues du XIXe siècle, ces nouveaux mémoriels réitèrent l’idée de la commémoration comme pratique devant être «publique », pourvue d’une certaine matérialité (même si pouvant être éphémère) et marquant un espace. Et en dépit des médias de mémoire divergents de ceux de la Place du Centenaire, cet exemple témoigne de la nécessité de l’aspect « public » de la commémoration, par laquelle adviennent diverses rencontres et se manifestent différentes marques de solidarité et d’attachement (Brubaker et al., 2013; Church, 2013).

Un point de rencontre comme cadeau pour les fans… et pour l’équipe

Bien entendu, la création de cette place avait pour objectif de rendre hommage aux grandes légendes du club et aux formations gagnantes qu’a connues au fil du siècle le Canadien de Montréal. Mais également, comme le stipulait le communiqué de presse de l’équipe au moment de l’inauguration de la Place, son édification avait pour but de « donner aux partisans des Canadiens la place qui leur revient dans l’histoire de l’équipe » (Site officiel des Canadiens de Montréal, 2008). Comment alors cette « place qui leur revient dans l’histoire », par le biais de la Place, se prend-t-elle par les partisans et que leur offre-t-on comme possibilité sur ce lieu, pour « prendre place dans l’histoire » de l’équipe? Et comment cette initiative croise-t-elle les formes de « démocratisation » contemporaine de la commémoration évoquées précédemment?

134 Tel un cadeau aux fans (« la Place du Centenaire offrira à la communauté comme aux visiteurs les plus grands chapitres de sa riche histoire » (Idem)), elle fut imaginée en tant que lieu de rencontre spécifique dans la ville, en tant qu’ « expérience unique » pour les visiteurs et les partisans (Magazine officiel du Centenaire, 2008, p.10). Bien que jamais vraiment réalisées, les ambitions de départ étaient grandes, comme l’évoque l’ancien directeur de l’équipe Pierre Boivin :

La Place du Centenaire sera un endroit de réunion formidable pour nos partisans, a déclaré le président Pierre Boivin. En été, nous installerons des bancs de parcs et les gens pourront venir manger, tout en admirant les faits marquants des 100 ans du Canadien. (Fragiadakis, 2008)

La Place du Centenaire était prévue pour devenir une attraction touristique d’envergure, un passage obligé pour les Montréalais comme les voyageurs. Partisans du Canadien, amateurs de hockey, touristes, citoyens «pourront se faire photographier devant différents éléments qui se trouvent sur la Place du Centenaire » (Magazine officiel de la Place du centenaire, 2008 p.8). Pouvoir exposer sa présence sur ce lieu et en garder la trace photographique, de la même manière que sont pratiqués les endroits touristiques, devenaient un privilège que l’organisation planifiait offrir à la « communauté ». La Place devait ainsi s’inscrire aux côtés des grandes icônes montréalaises, tels les parcs (Mont-Royal et Lafontaine), les vieux quartiers et les musées, en offrant par contre, comme le souligne Bavdige (2013), une charge émotive qui se veut plus forte, plus profonde que celle qui advient par ces autres lieux touristiques :

Memorials offer us an opportunity for a deeper emotional involvement, and a chance to show our human feelings in a way that is over and above the usual tourist thrills of being photographed with a beefeater or posing on the chopping block. (2013, p.331)

En souhaitant s’inscrire par le biais de la Place parmi les attractions touristiques reconnues de la ville, dont la gestion relève à la fois d’organisations publiques et privées, la façon d’expérimenter le territoire du Canadien se transformait. Dans le milieu du sport-professionnel où les événements publics tenus dans l’enceinte de l’amphithéâtre (comme assister aux parties ou visiter le musée) sont généralement payants et dont la circulation et la participation sont balisées par des horaires fixes, la Place du Centenaire offrait donc de nouvelles possibilités « publiques » d’activités, gratuites, « libres et spontanées » et pouvant rejoindre un public varié. Hormis lors des activités bénévoles des joueurs et des rares parades qu’organise l’équipe, cet accès est généralement limité et contrôlé. Toutefois, les bancs ne furent jamais installés et les pique-niques sur la place jamais concrétisés. Et les touristes,

135 maintenant que la place est démolie, n’immortaliseront pas leur passage devant les statues ni n’apprendront rien sur les 100 moments les plus signifiants des 100 ans de l’équipe de la manière dont c’était anticipée.

À défaut de se rencontrer autour de tables à pique-niques, les partisans du Canadien, tout comme les touristes, les « amateurs de Montréal », les personnalités publiques souhaitant exhiber leur attachement, etc. ont néanmoins pu prendre place dans l’enceinte du Centre Bell et s’inscrire sur le territoire Canadien de Montréal, à condition de moyenner au minimum 100$ si l’on désirait obtenir une brique. L’inscription de noms dans les 20 000 briques a ainsi personnalisé le territoire du Canadien et a rendu visible certains partisans, mis à profit en tant que représentants cette foule qui s’est succédée au fil des décennies. La disposition de la Place a rendu personnellement présents ceux qui ont participé à cette forme de commémoration, à côté des plaques et des statues des joueurs aimés et honorés. Dans un contexte où, comme le mentionnait Doss (2010), les citoyens demandent par le biais de l’érection de mémoriels représentation et respect, cette personnalisation des briques rompt avec l’anonymat et rend visibles certaines de ces voix multiples qui font vivre et exister le sport-spectacle. Bien que le Canadien soit loin de manquer de supporters, il n’empêche que par la co-