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6 DISCUSSION

6.4 Pistes de recherches

Bien que le QF soit capable d’évaluer l’alimentation habituelle avec exactitude [140] il serait intéressant de voir à quel point les mêmes barrières à une bonne qualité alimentaire en ressortiraient ou si d’autres barrières pourraient ressortir lors d’un recalcul du score de qualité alimentaire en se basant sur celui proposé par Garriguet et coll. [207], suivi par le relancement des mêmes analyses que celles employées dans la présente étude. Une série d’analyses semblables basée sur le C-HEI calculé à partir de données provenant d’un outil d’évaluation alimentaire quantitatif comme les rappels de 24 heures ou des journaux alimentaires pourraient aussi s’avérer révélatrice.

Des comparaisons avec d’autres études pourraient s’avérer utiles. L’étude de Dean et coll. (2008) n’a pas différencié les sexes et a utilisé un autre score, celui de la variété alimentaire, ce qui rend difficile la comparaison entre les études. Cependant, l’accès à la voiture et les disponibilités des ressources dans l’environnement de vie des participants sembleraient des aspects intéressants à étudier en lien avec la qualité alimentaire. Dean et coll. [185] rapportent que les personnes ayant la possibilité de se déplacer avec une voiture pour faire l’épicerie parvenaient à acheter et à consommer une plus grande variété d’aliments [185]. L’accès à une voiture, la capacité de conduire et la proximité aux épiceries n’ont pas été évaluées au T1 dans NuAge mais il pourrait être intéressant d’explorer si ces facteurs constituent des barrières à la qualité alimentaires des participants.

Une autre suggestion de recherche serait d’analyser les facteurs qui influencent chacun des sous-scores qui constituent le C-HEI. Dans un rapport de Santé Canada portant sur la qualité alimentaire des Canadiens, Garriguet et coll. (2009) suggère une comparaison entre les scores du HEI-2005 adapté au Canada avec d’autres indicateurs de la qualité alimentaire a révélé l’utilité que pourraient avoir d’autres variables moins difficiles à manipuler. D’après ce rapport, la consommation de légumes et fruits s’est avérée un assez bon reflet du score de qualité alimentaire globale. Selon les résultats, les scores globaux de l’indice de qualité alimentaire augmentaient avec le nombre de portions de légumes et de fruits consommés. Les personnes de 19 ans et plus qui déclaraient manger des légumes et fruits trois fois et moins par jour avaient un score moyen de la qualité alimentaire d’environ 52,2 alors que parmi les personnes qui déclaraient en consommer six fois et plus par jour avaient un score d’environ 65,1. Par ailleurs, 39% des participants qui déclaraient manger des légumes et fruits trois fois et moins par jour avaient un score inférieur à 50 alors que seulement trois pour cent des participants qui disaient consommer au mois six fois par jour des légumes et fruits avaient un score de 50 et moins [207]. Afin de cibler les personnes dont la qualité alimentaire doit être améliorée, une comparaison des sous-scores selon les quartiles du score total de C-HEI peut être suggérée. Il est donc important de continuer à promouvoir une saine alimentation globale mais aussi d’insister sur l’apport des légumes et de fruits qui contribuent grandement à la qualité alimentaire globale et de voir quels sont les facteurs et les barrières qui empêchent un apport adéquat en légumes et fruits. Étant donné les scores élevés des participants de NuAge (tableau VI), il serait recommandé de faire ce type d’étude auprès d’une population plus représentative des Québécois âgés ou de refaire les analyses en prenant uniquement les catégories de C-HEI les plus faibles dans NuAge.

D’après la littérature et les résultats de la présente étude menée sur la cohorte NuAge, il est clair que la qualité alimentaire des personnes âgées est influencée par l’entourage, la présence d’un bon système de support social, une bonne santé physique et mentale et la présence de ressources matérielles suffisantes. Une étude menée en Nouvelle-Écosse par Green et coll. [209] mettent en valeur l’importance d’avoir et d’améliorer le régime de retraite au Canada afin d’assurer aux personnes âgées de pouvoir se procurer des aliments

nutritifs afin de prévenir les maladies chroniques et favoriser leur qualité de vie. Il est estimé que la majorité des participants de NuAge bénéficient d’une bonne situation financière mais il serait souhaitable de pouvoir assurer un revenu suffisant de la part du gouvernement afin que l’argent ne constitue pas une barrière à une saine alimentation.

D’autres études de type longitudinale, qui comportent la mesure d’un nombre maximal de barrières potentielles freinant la qualité alimentaire, incluant celles de la détention d’un véhicule et la proximité des épiceries, qui utilisent un indice de qualité alimentaire plus précis que le C-HEI tel que l’adaptation canadienne du HEI-2005 pourraient confirmer et possiblement amener à trouver d’autres facteurs contribuant à freiner la qualité alimentaire chez les personnes âgées. Les facteurs individuels inclus dans la variable portant sur le nombre de facteurs qui influencent les quantités alimentaires pourraient être isolés et analysés séparément afin de voir si de nouvelles barrières à la qualité alimentaire pourraient être identifiées étant donné que ces facteurs ont été analysés dans leur ensemble dans cette étude. Ces variables (changements dans le goût, dans l'odorat, la quantité de sel permise dans la diète et autres restrictions liées à une diète, problème de transport pour se rendre à l'épicerie, manque d'énergie pour préparer, manger un repas ou pour faire l'épicerie, ne pas avoir faim, le fait de manger seul, la médication, problème d'essoufflement, nausée, sentiment de tristesse et de bouleversement, le fait d'être nerveux ou anxieux, se sentir seul, sensation de satiété après n’avoir mangé qu'une petite quantité de nourriture, mastication difficile, manque de variété alimentaire, goûts et aversions alimentaire ou autres raisons qui pourraient influencer la quantité alimentaire) pourraient fournir de nouvelles pistes pour comprendre les choix alimentaires. Les facteurs qui peuvent influencer l’alimentation sont aussi nombreux et complexes que les différentes possibilités de mesures et d’étude. D’un point de vue nutritionnel, adhérer aux recommandations du GAC devrait favoriser une « bonne » alimentation.