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6 DISCUSSION

6.3 Autres perspectives du C-HEI

Une révision du HEI américain a été proposée en tenant compte de la révision des nouvelles recommandations alimentaires américaines de 2005. Le HEI révisé se nomme le HEI-2005 [146]. En 2009, Santé Canada a émis un rapport dans lequel l’on explique l’adaptation du HEI-2005 pour le Canada. L’adaptation canadienne du HEI-2005 tient compte des quelques différences qui existent entre les recommandations canadiennes du Guide Alimentaire Canadien et les recommandations américaines du Food Pyramid. L’ANNEXE 3 comporte les principes de calcul des sous-scores, les composants des scores des deux pays et leurs différences. Tout comme la révision américaine du HEI, les sous-scores du score révisé canadien tiennent compte des meilleurs choix alimentaires, soit la consommation de fruits entiers, de légumes vert foncé et orangés, de produits céréaliers à grains entiers, de lipides mono- et polyinsaturés donc la consommation de ces aliments avantage le score total. Une consommation de lipides saturés, de sodium qui dépasse les recommandations ou un pourcentage de l’apport énergétique total provenant des « autres aliments » pénalisent le score total de qualité alimentaire. Bien que le C-HEI utilisé dans ce projet de maîtrise tienne compte du GAC, soit des apports en modération des lipides totaux, des acides gras saturés et du sodium, il ne comporte pas de sous-scores comme ceux retrouvés dans la récente adaptation canadienne du score HEI de 2005, qui permettent d’évaluer si l’individu favorise les meilleurs choix de légumes et fruits et les types de gras consommés [207]. Aux États-Unis, une analyse a été faite sur les données de 8650 participants de l’étude NHANES de 2001-2002 afin de comparer la capacité du HEI et du HEI-2005 à distinguer deux groupes de personnes, fumeurs et non fumeurs,

reconnus pour avoir une qualité alimentaire différente. Les résultats démontrent qu’il y avait une différence statistiquement significative pour 9 des 12 sous scores du HEI-2005 entre les deux groupes alors qu’avec le HEI original, seulement 5 des 10 sous scores différaient entre les deux groupes [146]. Le calcul de ce nouveau score à partir des données du QF et une analyse comparative de ce dernier avec le C-HEI utilisé dans ce mémoire pourrait s’avérer intéressant en permettant d’évaluer la pertinence d’utiliser le nouveau score de qualité alimentaire et de savoir si d’autres barrières à la qualité alimentaire pourraient ressortir d’une telle analyse. Il faut toutefois souligner que les résultats trouvés dans le présent projet portant sur le C-HEI concordent avec les résultats trouvés dans la littérature et que le nouveau score canadien adapté du HEI-2005 est aussi sujet à des limites tout comme le C-HEI et tous les autres indices de la qualité alimentaire par le principe de leurs calculs et l’outil de mesure. Les composantes du C-HEI utilisé dans cette étude sont similaires à celles du nouveau score canadien adapté du HEI-2005. Les principes à la base de la construction des deux indices sont comparables mais d’autres études sont nécessaires afin de déterminer le niveau de précision supplémentaire obtenu avec l’ajout de l’aspect des meilleurs choix de légumes et fruits, de produits céréaliers, de l’apport d’ « autres aliments » et le remplacement des sous-scores de cholestérol, lipides totaux, acides gras saturés et de variété alimentaire par des sous-scores de lipides insaturés et de l’apport d’ « autres aliments ». Tel que déjà mentionné, les résultats de lipides insaturés et d’ « autres aliments » obtenus par un QF ne seront pas aussi précis que les résultats obtenus à partir de rappels de 24 heures ou de journaux alimentaires. Si c’est possible, il serait recommandé de déterminer le niveau de précision supplémentaire obtenu avec le nouveau score canadien adapté du HEI-2005 avec des rappels de 24 heures ou des journaux alimentaires.

Tel qu’expliqué par Garriguet et coll.: « pour le Healthy Eating Index original de 1995, le département de l’Agriculture des États-Unis avait classé les scores en catégories de qualité de l’alimentation : un score de plus de 80 points représentait une alimentation de bonne qualité, entre 50 et 80 points, une alimentation ayant besoin d’être améliorée et de moins de 50 points, une mauvaise alimentation. Ces catégories n’ont pas été utilisées pour la version de 2005 de l’Index. Toutefois, ces intervalles ont été appliqués à partir des

données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes-Nutrition de 2004 pour déterminer les scores faibles, moyens et élevés dans la version adaptée au contexte canadien » [207]. Cela confirme la possibilité d’évaluer le score de qualité alimentaire en continue ou en catégorie et valide notre décision d’avoir analysé le C-HEI en continu.

Certains aspects de nos résultats ressemblent étroitement à des données publiées. Par exemple, dans une étude menée en 2005, 3200 participants de 65 ans et plus vivant à domicile ont été recruté dans huit pays européens dans huit pays européens : la Pologne, le Portugal, le Royaume Uni, l’Allemagne, la Suède, le Danemark, l’Italie et l’Espagne. L’objectif était d’étudier l’impact des ressources et des objectifs reliés à l’alimentation sur la variété alimentaire. La variété alimentaire a été évaluée avec un score qui tient compte de la nature biologique et botanique de l’aliment. Une analyse de régression hiérarchique a démontré que c’est le revenu, l’état de santé, le fait de vivre seul(e) ou pas, d’avoir accès à une voiture qui affectaient le plus la variété alimentaire. La perception de la suffisance des ressources reliées à l’alimentation avait plus d’impact que la réelle disponibilité des ressources. Ces ressources incluaient le revenu, l’accès à des électroménagers qui facilitent la préparation de repas, l’accès à des aliments à bons prix, faciles à préparer, de qualité surtout. Les résultats démontrent également que les personnes qui voulaient avoir une alimentation variée, ceux qui voulaient contrôler leur poids ou ceux qui désiraient cuisiner pour les autres avaient de meilleurs scores de variété alimentaire. Par contre, avoir comme objectif de minimiser les dépenses, de bien manger, de faire des choix alimentaires faciles et commodes, d’avoir du plaisir à manger, de ne pas manger seul(e), de ne pas recevoir d’aide et de maintenir les coutumes en mangeant dans une ambiance agréable ne se sont pas révélés comme ayant une influence sur la variété alimentaire. La variabilité expliquée par ce modèle s’établissait à environ 7 % (R2) chez les femmes et les hommes confondus [185]. Une telle variabilité expliquée par le modèle peut valider celles trouvés dans la présente étude avec le C-HEI des hommes et des femmes (tableaux XV et XVII). Bien que les indices utilisés pour évaluer l’alimentation n’étaient par les mêmes, les résultats reflètent la difficulté de regrouper l’ensemble des facteurs qui peuvent influencer l’alimentation.

Lorsqu’on compare les apports des participants à la présente étude aux données populationnelles provenant de Statistiques Canada (2004), l’on constate que les hommes canadiens de 65 ans et plus consommaient en moyenne 1948 kcal et les femmes en consommaient 1544 kcal. Les hommes de 51 ans et plus avaient un apport approximatif de 5 portions de légumes et fruits, 5,6 portions de produits céréaliers et 1,5 portions de produits laitiers. L’apport en viandes et substituts était évalué en grammes, ce qui rend la comparaison pour ce groupe alimentaire difficile. Chez les hommes, elle était évaluée autour de 200 g par jour. L’alimentation des canadiennes comprenait environ 5 portions de légumes et fruits, 5,5 portions de produits céréaliers, 1,2 portions de produits laitiers et autour de 150 grammes de viandes et substituts. Ces données proviennent de la même année que celle durant laquelle les données du T1 de NuAge ont été colligées (Tableau V). On peut donc remarquer que les apports d’un point de vue quantitatif des participants de l’étude sont quand même très similaires à ceux de la population canadienne du même âge et du même sexe. Le nombre de portions de chacun des quatre groupes du GAC consommé est également comparable à celui des participants NuAge, les deux sexes confondus, de 51 ans et plus [208].

Quand on compare les scores de C-HEI de cette étude à celle de l’étude de Garriguet et coll. de Santé Canada avec les résultats de HEI adapté aux recommandations canadiennes, on remarque que les C-HEI des participants de NuAge sont en général bien plus élevés que ceux du reste de la population canadienne. D’après les résultats de Garriguet et coll., les hommes de 51 ans et plus ont en moyenne un HEI d’environ 57-59 alors que le C-HEI des hommes de la présente étude varie autour de 76. De même, le HEI des femmes de 51 ans et plus de l’article de Garriguet et coll. est d’environ 61 alors que le C-HEI des femmes de cette étude est plutôt de 79. Selon les résultats de l’étude de Garriguet et coll., le score des femmes était supérieur à celui des hommes à tous les âges, tel qu’observés avec le C-HEI des participants NuAge. Il faut pourtant signaler que les groupes d’âge des deux séries de données diffèrent. Les données provenant de Santé Canada portent sur les canadiens de 51 ans à 70 ans puis de 71 ans et plus tandis que les données provenant de l’étude NuAge portent sur des participants de 67 ans et plus. Tel que mentionné dans le rapport de Garriguet et coll., le score de qualité alimentaire augmente progressivement

avec l’âge et la moyenne du score s’établit autour de 60 à 71 ans [207] . La différence des groupes d’âge utilisés dans les deux études peut expliquer les meilleurs scores globaux des participants de NuAge qui sont plus âgés que les participants de l’étude nationale canadienne.

Cela démontre que la généralisation des résultats de nos analyses à la population doit être faite avec précaution car les participants de NuAge semblent mieux manger que la majorité des Canadiens de leur âge et sexe.