• Aucun résultat trouvé

Photo I.15 - Congélateur inuit : entre société de consommation et société traditionnelle, Arviat, mai 2011

Les bottes traditionnelles inuit sont en peau de phoque. Elles sont utilisées en hiver

en raison de l’isolation thermique et de leur étanchéité. Ain de mieux les conserver et

d’éviter qu’elles soient abîmées par les insectes, celles-ci sont conservées au congélateur

avec les produits de consommation courantes.

Aujourd’hui, les principaux emplois sont issus du gouvernement (incluant la construction,

les écoles, les services administratifs), et de l’industrie minière (Com. pers. responsable municipal

du développement économique, mai 2011) ; cependant, plus de la moitié des personnes en âge de

travailler est inactive ou au chômage (Source internet Q6 Statistique Canada, 2012). En termes

de développement touristique, lorsqu’on interroge les acteurs gestionnaires du territoire en leur

demandant dans quelle mesure le tourisme est développé à Arviat, la réponse est unanime :

« Maintenant précisément, le tourisme n’est absolument pas développé »7(Com. pers. responsable

municipal du développement économique, Arviat, mai 2011). Pourtant, une activité touristique est

présente au sein de la communauté, il s’agit du tourisme de chasse. La chasse sportive, en raison de

sa particularité n’est en effet pas totalement intégrée comme étant du tourisme dans les perceptions

des acteurs. Cela peut s’expliquer par le fait que les chasseurs sportifs ne sont que peu visibles

au sein du village dans la mesure où, à leur arrivée à l’aéroport, ils partent immédiatement sur la

toundra ou la banquise à la recherche de l’animal qu’ils souhaitent prélever. De plus, la chasse

sportive s’intègre en partie à une activité inhérente à la culture inuit : la chasse.

En parallèle des politiques touristiques menées au niveau du territoire du Nunavut, le

développement du tourisme de contemplation au sein de la communauté d’Arviat reste limité. Si

Arviat a bien bénéicié de la politique pro-active du gouvernement des territoires du Nord-Ouest

des années 1980 avec la construction d’infrastructures touristiques (un centre d’information et

un hôtel) et de la mise en œuvre de programmes de formation pour la qualiication de guides, ce

secteur d’activité connaît des dificultés à s’implanter dans l’économie du village (Com. pers.

Maire d’Arviat et responsable municipal du développement économique, Arviat, mai 2011). Seul

le tourisme de chasse a réussi à se développer dans la communauté d’Arviat. Ce tourisme de

niche est reconnu pour sa rentabilité, dans la mesure où même si le nombre de chasseurs est

limité, l’impact inancier pour la communauté est particulièrement important (Freeman et Wenzel,

2006 ; Notzke, 1999a ; Wenzel, 2008). Le tourisme de chasse reste cependant fortement dépendant

de l’évolution du système socio-écologique pouvant être de plus en plus restrictif vis-à-vis de

cette forme de tourisme. C’est pourquoi, le tourisme contemplatif peut apparaître comme une

alternative pour l’essor du secteur touristique au Nunavut. Cependant, cette forme touristique a

pour l’instant connu un développement sporadique. En effet, après quelques années d’un faible

développement touristique non-consomptif, les visiteurs n’étaient pas au rendez-vous. Aussi, le

centre d’information est aujourd’hui davantage utilisé pour des réunions associatives que pour

de l’information touristique et la clientèle de l’hôtel est composée de travailleurs intermittents

ou d’hommes d’affaires plutôt que de familles en vacances. Par manque d’infrastructures offrant

divers services et de personnes ressources impliquées dans le développement touristique, le

tourisme non-consomptif lancé dans les années 1980 au sein de la communauté a complètement

périclité. Ainsi, le responsable chargé du développement économique d’Arviat explique : « C’est

juste l’étape de départ. Nous ne sommes pour le moment pas une communauté très ouverte au

tourisme parce que nous sommes sous-développés en termes d’infrastructures et de services. Je

7

Traduit de : “Right now, tourism is not very developped at all”.

pense que pour développer les infrastructures, les services et les affaires cela prendra beaucoup

de travail, mais cela peut être fait »8 (Com. pers. agent pour le développement économique de la

municipalité, Arviat, mai 2011). Cette situation est aujourd’hui en train d’évoluer avec le projet

« Arviat Community Ecotourism ».

4.2. Une comparaison sur la grande faune emblématique

Le récréotourisme faunique s’organise autour d’animaux emblématiques, ce que nous avons

appelé dans le chapitre précédent la faune charismatique. Les terrains d’études sélectionnés disposent

de mammifères emblématiques qui se trouvent au fondement des pratiques récréotouristiques tels

que la chasse, la chasse sportive ou le tourisme de contemplation (Stoeckl et al., 2005). Ainsi, dans

les Bauges, notre travail a principalement porté sur les activités développées autour du chamois ;

en Gaspésie, c’est l’orignal et le caribou qui ont été au centre de nos recherches ; enin au Nunavut,

nous avons porté notre attention sur l’ours polaire. Avant de revenir sur une présentation de ces

animaux permettant aux lecteurs de se familiariser avec eux, il est important d’indiquer que le

récréotourisme faunique ne porte pas uniquement sur ces espèces. Il englobe aussi les autres

animaux de l’écosystème. D’autres espèces ont donc été en partie étudiées dans le cadre de cette

recherche. Par exemple, dans les Alpes, nous avons été amenée à porter notre attention sur le

moulon pour ce qui est des activités récréotouristiques de chasse. Nous avons aussi intégré le

loup à notre recherche même si comme nous l’avons vu cet animal n’est pas présent de manière

permanente sur notre terrain d’études. Les rélexions développées sur ce prédateur ont trouvé un

écho au regard du terrain gaspésien avec l’ours noir (cf. chapitre 8).

4.2.1. Le chamois : symbole des montagnes françaises

Le chamois est l’animal emblématique de la montagne européenne (cf. photo I.16). C’est un

ongulé ruminant de la famille des bovidés et de la sous-famille des caprinés. Son nom scientiique,

Rupicapra Rupicapra est composé de rupes (rocher) et capra (chèvre), ce qui signiie littéralement

« chèvre des rochers », ou en bas latin « celui qui bondit ». Ce nom fait référence à sa grande

agilité en milieu de montagne. Il vit à des altitudes situées habituellement entre 800 et 2300 mètres

d’altitude. Il peut gravir près de 1000 mètres de dénivelé en 15 minutes grâce à de larges poumons

et à un cœur résistant, d’une taille plus grande que celle des hommes (Dal’Secco, 2009).

Le chamois est essentiellement un animal européen, allant de l’Europe centrale et

méridionale, des monts Cantabriques à l’Ouest, jusqu’aux Carpates et Balkans de l’est. Des

tentatives d’introduction en Norvège en 1862 et 1891 se sont soldées par la mort de l’ensemble des

8

Traduit de ‘It’s just the beginning stages. We are not a tourist friendly community at the moment, because we are un

-developped in terms of the infrastructure and services. I think developping the infrastructure, developping the services

and the business to develop tourism would take a lot of work but, yeah it could be done’.

animaux, alors que l’introduction de 10 animaux en Nouvelle Zélande en 1906 a été un succès, au