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Sur certaines parties des territoires publics, des structures de gestion ont été mises en place

pour faciliter l’exploitation du gibier. Les différentes structures de gestion se distinguent en

fonction de leur rôle et de la gestion faunique qui est effectuée en leur sein.

Le territoire public peut être géré en Zones d’Exploitation Contrôlée (ZEC). Ces ZEC sont

développées « à des ins d’aménagement, d’exploitation ou de conservation de la faune ou d’une

espèce faunique et accessoirement, à des ins de pratiques d’activités récréatives » (Source Q art.

104 Loi sur la Conservation et la mise en valeur de la faune -LCMVF, 2010). Elles sont gérées

par des associations sans but lucratif par le biais d’un protocole d’entente passé avec le ministère.

Par exemple, en Gaspésie, la Zec Cap-Chat sert à organiser la chasse et les territoires de chasse.

Moyennant la location de parcelles du territoire public à l’association, les chasseurs ont des zones

de chasse délimitées et peuvent installer leur cabane de chasse sans avoir le souci que celle-ci soit

détruite. Les ZEC sont généralement utilisées par des chasseurs locaux.

En plus de ces ZEC, on trouve les réserves fauniques. Celles-ci sont vouées « à la

conservation, à la mise en valeur et à l’utilisation de la faune ainsi que, accessoirement, à la

pratique d’activités récréatives » (Source Q art 111-LCMVF, 2010). La chasse en réserve faunique

est normalement réservée aux chasseurs québécois, qui sont les seuls à pouvoir participer aux

tirages au sort organisés pour déterminer qui pourra venir chasser au sein de la réserve. Dans la

pratique, les personnes tirées au sort constituent librement des équipes de chasse. Des prête-noms

québécois permettent ainsi à certains étrangers de venir chasser en réserve faunique. Les réserves

fauniques sont le plus souvent gérées par la Société des établissements de plein air (Sépaq), qui

est un établissement para - public. La Sépaq gère également les parcs nationaux du Québec. La

gestion des populations animales en réserve faunique est plus stricte que la gestion pratiquée sur les

territoires libres. En réserve faunique, il s’agit d’une chasse contingentée : le nombre de chasseurs

venant chasser à l’intérieur de ces territoires est connu et déini à l’avance, le type d’animaux

à prélever également. Dans le cadre de ce travail, l’enquête de terrain s’est concentrée sur les

réserves fauniques de Matane et de Chic-Chocs. La principale chasse organisée dans ces réserves

fauniques était la chasse à l’orignal.

Enin, la dernière unité de gestion de la chasse est la pourvoirie. Une pourvoirie est « une

entreprise qui offre contre rémunération de l’hébergement et des services ou de l’équipement pour

la pratique, à des ins récréatives, des activités de chasse, de pêche ou de piégeages ». Il existe des

pourvoiries à droits exclusifs où les clients disposent de l’exclusivité d’exploitation de la faune sur

le territoire. La pourvoirie peut se ixer des règles de gestion du gibier qui lui sont propres et les

imposer à ses clients. Les pourvoiries sans droits exclusifs sont des territoires libres ouverts à tous

chasseurs, la pourvoirie offre simplement les aménagements nécessaires pour ses clients (guides

de chasse, matériels, logements…). Le système de pourvoirie est ouvert à tous ; dans le cadre

d’une pourvoirie de chasse, les chasseurs québécois ou étrangers peuvent réserver des séjours.

Sur le terrain gaspésien, nous n’avons pas eu le loisir de nous confronter à une telle structure

de gestion de la chasse en raison du faible nombre de pourvoiries de chasse en Gaspésie. Cette

structure était cependant présente sur notre autre terrain canadien au Nunavut.

1.3. La chasse au Nunavut : l’exemple de la chasse à l’ours polaire

Si « la co-gestion [du gibier et de la chasse] n’est pas appliquée pour la plupart des Indiens et

des Métis au Canada (…), elle l’est en revanche pour les Inuit du Canada » (Treseder et

Honda-Mc Neil, 1999 : 16). Depuis la seconde moitié du XXème siècle, ces populations autochtones sont

de mieux en mieux intégrées à la gestion de la faune. Par exemple, à la in des années 1960, les

territoires du Nord-Ouest instaurent des quotas de chasse à l’ours polaire. Initialement ces quotas

sont mis en œuvre pour contrôler la chasse de l’espèce dans la mesure où à l’époque celle-ci était

en forte augmentation en raison du commerce effectué sur la fourrure de l’animal. En 1973, le

Canada signe la convention internationale sur la conservation de l’ours polaire. Au sein de cette

convention, la chasse à l’ours est réservée exclusivement aux Inuit. Le Canada prévoit cependant

qu’une partie des quotas attribués aux populations pourra être réservée à la chasse sportive

touristique, envisageant ainsi un potentiel développement économique. Si cette décision semble

indiquer une prise en compte du peuple inuit, la situation est dans les faits un peu différente.

Les Inuit ont une relation culturelle privilégiée avec les animaux ; leur système de croyances

ne se déinit pas en termes de prélèvement et de protection de la faune mais se fonde sur une

relation spéciique à celle-ci. Cette relation permet à la fois le respect de la bête mais aussi sa

chasse. Or, le système de quotas imposé aux populations à l’époque, de même que la possibilité

de développer une activité touristique de chasse à l’ours, ne coïncide pas avec la culture en place

(Tyrrell, 2006). A cette époque, les Inuit étaient peu pris en compte dans les politiques adoptées.

Au il des années, ces derniers ont essayé de faire entendre leur voix. De la mise en œuvre des

recherches scientiiques, à l’établissement des quotas de chasse, les Inuit inissent par être intégrés

à l’élaboration des politiques publiques.

En 1999, le territoire du Nunavut est créé, une partie des territoires du Nord-Ouest passe

sous la juridiction de ce gouvernement. La population du Nunavut est alors composée à 85 %

d’autochtones. Un système de co-gestion entre ce qui est requis par les engagements du

gouvernement fédéral et le gouvernement du Nunavut se développe (cf. igure II.7). Un nouveau

système de quotas est mis en œuvre en 2005. Ceux-ci étaient jusque là établis à partir de données

collectées sur le gibier chassé et les recherches scientiiques menées telles que les inventaires.

En 2005, l’établissement des quotas intègrera en plus les observations inuit Qaujimajatuqangit

(IQ). Le concept Qaujimajatuqangit est un concept inuit regroupant différentes valeurs inuit,

« c’est un modèle regroupant les valeurs de service, de prise de décision, de coopération, de

débrouillardise, de suivi et de bonne intendance de l’environnement, d’amitié, de famille et d’esprit

de communauté, (…) l’ensemble de ces valeurs ayant des implications dans tous les aspects de la

vie inuit » (Arnakak 2000 in Wenzel, 2004b : 242). Ainsi, les plans de gestion sont établis par le

gouvernement du Nunavut en fonction des demandes formulées par les organisations locales de

chasse et pêche (appelé Hunters and Trappers organisation –HTO). Les HTO sont des bureaux élus

démocratiquement au sein de chaque communauté inuit. Ce sont eux qui allouent les quotas de

chasse au sein de la communauté ; ils participent également aux études scientiiques menées sur le

territoire. Par exemple, lorsque nous étions dans la communauté d’Arviat, le HTO organisait une

étude cartographique sur les zones de présence des ours polaires.

En plus des consultations régulières avec les HTO, le ministère de l’Environnement du Nunavut